Annexe:Verbes hamzés en arabe

En arabe, les verbes hamzés sont ceux dont l'une ou l'autre des consonnes radicales est un hamza. Cette hamza peut porter sur la première, la deuxième ou la troisième radicale.

Ils ne sont pas irréguliers par eux-mêmes, mais il faut prendre en compte les règles d'écriture et de transformation du hamza :

  • (écriture) À l’intérieur d’un mot, le support de la hamza dépend de son environnement de voyelle, les priorités étant « i » > « u » > « a » > « ° » ;
  • (transformation éventuelle) La hamza radicale disparaît lorsqu’elle se trouve en position quiescente derrière une hamza instable, et peut se transformer alors en lettre de prolongation.
  • (écriture) Un alif-hamza se prolonge par l'apparition du madda : c'est un signe que l'on place au-dessus de l'alif : آ () pour indiquer qu'il faut le prononcer comme une hamza ayant pour voyelle un "â" long.
  • (transformation éventuelle) Devant un « Â » long, et précédée d’une voyelle, la hamza peut s’écrire avec un madda (آ) ou (au choix) provoquer la transformation de la hamza en waw (وَا).

Verbes à première radicale hamzée

Les verbes dont la 1ère radicale est un alif-hamza أ, comme أَثَرَ (‘athara, il a raconté), se conjuguent généralement de manière régulière.

  • La forme (vi) a une variante régulière et une irrégulière dans toutes ses parties, à cause de sa séquence « a’â ». D’après les règles particulières d’écriture de la hamza dans ce cas, la hamza pourra se réécrire normalement au profit d’un alif madda, conservant la hamza comme consonne, ou se transformer pour s’adoucir en un waw. L’accompli actif [Ta’Â*a*a] fera تَآسَرَ (ta’âsara) ou تَوَاسَرَ (tawâsara), etc.
  • Une même syllabe ne peut pas être à la fois ouverte et fermée par une hamza. Lorsque la hamza radicale est quiescente (sans voyelle) et est précédé par une hamza instable portant une voyelle initiale, la hamza radicale se transforme normalement en lettre de prolongation.
    • Les formes « ‘i’° » et « ‘u’° » transforment la hamza radicale pour former des syllabes longues « ‘î » ( إِي ) et « ‘û » ( أُو ). On trouve de telles séquences à l’impératif, dans le nom verbal de la forme (iv), et dans la forme (viii).
    • Dans le cas « ‘a’° », qui apparaît dans diverses formes à la première personne du singulier, l’arabe n’admet pas que l’on écrive deux alif de suite, et cette syllabe longue « ‘â » s’écrit au moyen d’un alif madda ( آ ).
    • Cependant, dans la troisième forme, à la première personne singulier de l’inaccompli, la séquence théorique [‘a(’Â*i*)u] ne peut pas subir cette transformation. La hamza radicale s’adoucit en un waw pour donner [‘a(WÂ*i*)u].
  • Une difficulté d’écriture découle d’un alif hamza contigü à une voyelle longue « â » : l’arabe n’admet pas que l’on écrive deux alif de suite. Au participe actif de la forme (i), la hamza suivie d’un « â » long s’écrit (régulièrement) avec un alif madda, qui se lit « ‘â ».
  • Les séquences « ‘â » de la forme (iii) et « ‘a’° » de la forme (iv) se réduisent toutes les deux à un alif madda. Il n’est donc pas possible de les différencier à l’accompli et à l’impératif, sauf à transformer dans la forme (iii) la hamza initiale en waw.
  • Transformation de « ‘â » en «  » (S195, W136) : Spécifiquement dans la forme (iii), d’après la variante des formes en « a’â », l’inaccompli peut devenir [‘a(WÂ*i*)u] à la première personne. C’est ce même infixe que l’on retrouve ensuite par contamination dans la forme en « u’â », qui peut perdre sa hamza et prendre la forme adoucie « uwâ », dans les autres formes de l’inaccompli [Yu(WÂ*i*)u] et dans le nom d’agent [Mu(WÂ*i*)]. De là même parfois, la substitution s’étend (vulgairement) à l’accompli : [(WÂ*a*)a], comme dans وَاخَى (wâxâ, racine ‘xw, être comme frère) ; وَاكَلَ (wâkala, racine ‘kl, manger ensemble).

(W137) Les verbes أَخَدَ (aKada) (prendre), أَكَلَ (akala) (manger), أَمَرَ (amara) (commander) forment leur impératif de manière irrégulière en supprimant la hamza (mais أَمَرَ admet aussi la forme régulière derrière les conjonctions وَ et فَ (W138)).

NB :

  • Dans la forme (iii), noter que pour la séquence u’â de يُؤَاثِرُ (yu’âthiru), le alif long est celui du schème et ne porte pas de hamza.
  • Dans la forme (viii),le verbe أخذ (prendre) réalise la coupure vocalique en assimilant la hamza quiescente au T suivant : يَتَّخِذُ‎ (yattaḵiḏu) ; la même assimilation se rencontre parfois dans d’autres verbes (W139) .

Verbes à seconde radicale hamzée

Ces verbes sont entièrement réguliers (en dehors des irrégularités éventuelles dues à d’autres radicales), leur seule particularité découlant des règles d’écriture de la hamza. La hamza étant au centre de l’infixe, sa lettre support ne varie pas avec la conjugaison d’un temps et d’un mode donné.

  • La hamza prend pour support la consonne homologue à la voyelle prioritaire de celles qui l’entourent. Dans les voyelles, le « i » est prioritaire sur le « u », lequel est prioritaire sur le « a ». On a donc :
    • La hamza prend pour support un alif ( أ ) dans trois cas : a’°, a’a et °’a.
    • La hamza prend pour support un waw ( ؤ ) dans cinq cas : u’°, u’a, u’u, a’u, °’u.
    • La hamza prend pour support un ya sans point ( ئ ) dans sept cas : i’°, i’a, i’u, i’i, u’i, a’i, °’i.

Dans cette recherche de priorité, on ne tient pas compte de ce que la voyelle qui précède est longue (ce qui la fait suivre d’un sukûn implicite ou non), ou de ce que la hamza est redoublée (ce qui rend théoriquement quiescent sa première occurrence).

  • Le seul cas particulier est celui de l’écriture d’un alif hamza contigü à une voyelle longue « â » : l’arabe n’admet pas que l’on écrive deux alif de suite.
    • Dans le cas « â’a », qui apparaît dans les formes (iii) et (vi), la hamza s’écrit alors sur la ligne : سَاءَلَ (sâ’ala, forme iii).
    • Dans le cas « °’â », qui apparaît dans le nom verbal des formes (iv) et (x), la hamza est portée par un alif madda : dans la forme (iv) on aura donc إِسْآل (‘is’âl).

NB :

  • Le support de la hamza à l’accompli et l’inaccompli (et l’impératif) de la première forme, un alif dans l’exemple, s’accorde en réalité avec la voyelle portée par la seconde consonne radicale. On trouve par exemple des verbes en (u,u) بَؤُسَ (baʾusa, être brave) ; en (i,a) بَئِسَ (baʾisa, être triste), سَئِمَ (saʾima, s’ennuyer) ; en (i,i) يَئِسَ (yaʾisa, désespérer) ; en (a,a) ثَأَرَ (ṯaʾara, se venger) رَأَسَ (raʾasa, présider) سَأَلَ (saʾala, demander) ; et en (a,i) وَأَى (waʾā, promettre).

On notera que le support (alif, waw ou ya) peut donc suivre une voyelle courte (fatha « a », dhamma « i » ou kesra « u ») ; mais n’est pas dans ce cas-là une lettre de prolongation, ce que marque la hamza. Ainsi, دَنُؤَ danu’a, non * danûa ou سَنِئْتَ shani’ta et non shanîta. Cependant, les verbes qui ont pour deuxième radicale un hamza se conjuguent quelquefois comme les verbes creux, c’est-à-dire comme si la hamza était un simple signe de prolongation sans marquer l’arrêt vocalique associé.

On notera également que la hamza joue le rôle d’une consonne normale, qui peut prendre une voyelle propre et un signe de redoublement : la lettre support s’écrit dans ce cas avec trois diacritiques.

سَأَلَ (saʾala, demander) fait également son impératif en سَلْ‎ (sal).

Verbes à troisième radicale hamzée

L’écriture des verbes à troisième radicale hamzée varie suivant le suffixe de la conjugaison. Lorsque ce suffixe comporte des consonnes, la hamza suit les règles d’écriture de milieu de mot, et son support dépend des deux voyelles qu’elle sépare. En fin de mot, l’écriture de la hamza ne dépend que de la voyelle qui le précède : il prend comme support la consonne homologue de cette voyelle, et est écrit en ligne sinon.

Les verbes dont la dernière radicale est un hamza se confondent aussi assez souvent avec les verbes nommés proprement défectueux, c'est-à-dire, dont la dernière radicale est un ي ou un و.

Accompli

verbes en « a »PlurielDuelSing
1ère–a’NÂــــَأْنَا ‎–a’Tuــــَأْتُ ‎
2ème M–a’TuMــــَأْتُمْ ‎–a’TuMÂــــَأْتُمَا ‎–a’Taــــَأْتَ ‎
2ème F–a’TuN2aــــَأْتُنَّ ‎–a’Tiــــَأْتِ ‎
3ème M–a’Ûــــَأُوا‎ ou ــــَؤُوا–a’Âــــَآ ‎–a’aــــَأَ
3ème F–a’Naــــَأْنَ ‎–a’aTÂــــَأَتَا ‎–a’ aTــــَأَتْ ‎

La difficulté porte principalement sur l’écriture de la troisième radicale et la détermination de sa lettre support. Dans l’exemple, la voyelle de l’accompli est un « a », si bien que la hamza est généralement sous la forme d’un alif hamza. Dans les verbes en « i » et en « u », le support de la hamza sera respectivement un ya et un waw.

  • Lorsque la hamza est quiescente (1ère et 2ème personne, et 3FP) son support s’accorde régulièrement avec la voyelle de l’accompli.
  • Lorsque la hamza porte un « a » bref (3MS, 3FS et 3FD) son support s’accorde régulièrement avec la voyelle de l’accompli.
  • À la troisième personne masculin du duel, pour les verbes en « a », l’alif hamza du radical est suivi d’un alif long du suffixe, et il s’écrit régulièrement avec un alif madda.

La seule irrégularité dans l’écriture est la troisième personne masculin pluriel, et son suffixe en «  », pour les verbes en « a » : dans la séquence « a’û », le support de la hamza peut être (au choix) un waw (écriture régulière mais présentant deux waw de suite) ou un alif (privilégiant dans ce cas la voyelle interne à celle de la finale).

Inaccompli

(en a)PlurielDuelSing
1èreNa–(...)–a’uنَــلْجَــأُ ‎’a–(...)–a’uأَــلْجَــأُ ‎
2ème MTa–(...)–a’ÛNaتَــلْجَــأُونَ ‎ ou تَــلْجَــؤُونَTa–(...)–a’ÂNiتَــلْجَــآنِ ‎Ta–(...)–a’uتَــلْجَــأُ ‎‎
2ème FTa–(...)–a’Naتَــلْجَــأْنَ ‎Ta–(...)–a’ÎNaتَــلْجَــئِينَ ‎
3ème MYa–(...)–a’ÛNaيَــلْجَــأُونَ ‎ ou يَــلْجَــؤُونَYa–(...)–a’ÂNiيَــلْجَــآنِ ‎Ya–(...)–a’uيَــلْجَــأُ ‎
3ème FYa–(...)–a’Naيَــلْجَــأْنَ ‎Ta–(...)–a’ÂNiتَــلْجَــآنِ ‎Ta–(...)–a’uتَــلْجَــأُ ‎
  • Lorsque la hamza est quiescente (2ème et 3ème FP) son support s’accorde régulièrement avec la voyelle précédente.
  • Lorsque la hamza finale porte une voyelle brève, son support s’accorde régulièrement avec la voyelle précédente.
  • Au duel, pour les verbes en « a », l’alif hamza du radical est suivi d’un alif long du suffixe, et il s’écrit régulièrement avec un alif madda.
  • À la deuxième personne féminin singulier, la hamza est en position médiane, et s’accorde régulièrement avec le « î » long du suffixe, le support est donc toujours un ya.

L’irrégularité dans l’écriture est sur les 2ème et 3ème personnes masculin pluriel : dans la séquence « a’û », le support de la hamza peut être (au choix) un waw (écriture régulière mais présentant deux waw de suite) ou un alif.

Autres formes

Les autres formes verbales sont régulières et ne posent qu’un problème d’écriture de la hamza.

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