Syndrome d'Ekbom
Le syndrome d'Ekbom, également appelé délire dermatozoïque ou délire d'infestation cutanée ou délire de parasitose, est, au sein du groupe des psychoses, une forme particulière de délire chronique, apparaissant généralement à l'âge adulte et centré sur la conviction délirante d'être infesté de parasites corporels.
Spécialité | Psychiatrie et psychothérapie |
---|
CISP-2 | P72 |
---|---|
CIM-9 | 300.29 |
DiseasesDB | 9622 |
eMedicine | 1121818 |
eMedicine | derm/939 |
MeSH | D063726 |
Ce syndrome de nature comportementale est généralement bien plus observé et découvert par les dermatologues que par les psychiatres[1]. Il affecte le plus souvent des personnes âgées (deux ou trois femmes pour un homme) vivant seules dans des conditions matérielles précaires.
Description
Il s'agit d'un syndrome rare, touchant préférentiellement le sujet adulte ou âgé, les femmes plus souvent que les hommes.
Le diagnostic nécessite la collaboration du psychiatre et du dermatologue[2].
Le patient est convaincu de l'infestation parasitaire, mais il n'y a aucun signe objectif constatable. Il décrit des picotements cutanés, des sensations de grouillement, etc. Il existe parfois des lésions de grattage. Il pense amener des « preuves » au médecin, mais ce sont en général de petits bouts de laine, ou bien des squames qu'il montre victorieusement comme une preuve de la réalité de ses allégations. Le patient n'est pas accessible au raisonnement, et s'il a le sentiment de ne pas être cru, il va avoir tendance à consulter un autre médecin. Typiquement, il n'y a pas d'autre élément délirant, le patient est cohérent en dehors de cette conviction délirante très précise.
Pour la nosologie psychiatrique, il s'agit donc d'un trouble délirant non schizophrénique. Rarement, on peut l'observer au cours de la schizophrénie ou d'un épisode dépressif, mais il est le plus souvent isolé.
Historique
Karl Axel Ekbom (1907-1977) neurologue suédois qui a décrit ce tableau clinique en 1938, n'est pas, en fait le premier à avoir isolé ce type de délire qu'Henri Ey intitulait « obsessions hallucinatoires zoopathiques ». C'est un dermatologue français, Georges Thieberge qui a donné la description la plus précise en 1894[3], en différenciant les parasitophobies secondaires à une réelle parasitose cutanée, mais guérie et les parasitophobies primitives. Les critères cliniques constamment retrouvés depuis lors sont : apparition chez une femme, après 60 ans (rôle de la xérose cutanée ménopausique ?) de sensations de démangeaisons, de fourmillements superficiels ; la conviction inébranlable d'un parasitisme exogène ; la recherche constante de ces petites bêtes indésirables et des tentatives répétées pour les détruire. L'entourage peut participer à ces tentatives en adhérant ou pas au délire mais pour satisfaire affectueusement leur proche. De multiples prestataires de service peuvent être sollicités pour désinfecter la maison et l'environnement domestique, avec parfois des abus de prestations et de facturations auprès de personnes âgées vulnérables[4].
Traitement
Le traitement, qui demande une étroite collaboration avec un dermatologue et un psychiatre, nécessite généralement un traitement médicamenteux. Un neuroleptique, tel que le pimozide est généralement le plus souvent recommandé actuellement[Quand ?][5], éventuellement associé à un antidépresseur.
Le traitement apporte généralement des rémissions suivies de rechutes. Il est également nécessaire de fournir à ces patients un appoint psychothérapique[5], et de favoriser les mesures sociales visant à réduire la solitude.
Dans les arts
Film
- Old Boy de Park Chan-wook, d'après la bande dessinée du même nom de Garon Tsuchiya (dessin de Nobuaki Minegishi).
- Bug de William Friedkin, d'après la pièce de théâtre du même nom de Tracy Letts.
- A Scanner Darkly de Richard Linklater, d'après le roman du même nom de Philip K. Dick.
- Dans le film Shutter Island de Martin Scorsese la femme du personnage de Leonardo Di Caprio dit avoir tué ses enfants car elle ressentait et entendait des « cliquetis d'insectes » dans son crâne.
Autres
- X-Files, saison 3, épisode 12.
- Épisode de la série américaine dénommé « La Guerre des coprophages » de Kim Manners (scénario de Darin Morgan).
- Esprits criminels, Saison 10, épisode 4
- Épisode de la série américaine dénommé : « Sous la peau » de Larry Teng, qui relate de cette maladie. Celui-ci présente, sous la forme d'une fiction, ce syndrome sous la forme d'un délire psychopathologique pouvant conduire à des actes criminels. Cet épisode se déroule précisément à Atlanta et fait référence aux investigations du CDC[Quoi ?].
Notes et références
- Site EM consulte, page sur les délires d’infestation cutanée parasitaire.
- Site « Médecine tropicale, page sur le syndrome d'Ekbom ».
- Université Lille 2 Thèse de doctorat en médecine par Sophie Huysentruyt.
- Site cercle d'excellence sur les psychoses, page sur le syndrome d'Ekbom.
- P. Bourée, B. Benattar et S. Périvier, « Syndrome d'Ekbom ou délire à ectoparasites », La Revue du praticien, vol. 57, no 6, , p. 585-589 (PMID 17593780).
Voir aussi
Bibliographie
- A. Aït-Ameur, P. Bern, M.-P. Firoloni et P. Menecier, « Le délire de parasitose ou syndrome d'Ekbom », Revue de médecine interne, vol. 21, no 2, , p. 182-186 (PMID 10703075).
- (de) Ekbom K. « Der Praesenile Dermatozoenwhan » Acta Psych. et Neur. 1938;13:227-259.
- Thibierge G. « Les acarophobes » Revue Générale de clinique et de thérapeutique 1894;32:373-376.
Articles connexes
Liens externes
- Portail de la psychologie
- Portail de la médecine
- Portail de la parasitologie