Sophrologie
La sophrologie est une approche de développement personnel[1],[2] qui s'intéresse à l'étude de la conscience individuelle dans une démarche phénoménologique et qui vise à tenir compte de l'histoire de chacun[3]. Cette méthode est parfois comparée à l'hypnose[4] ou qualifiée de psychothérapie[5],[6],[7],[8], de méthode de relaxation[5],[9],[10],[11],[12], voire de médecine alternative[13]. De multiples écoles et pratiques sont apparues depuis la fondation en 1960 de la sophrologie par Alfonso Caycedo.
Selon le mensuel Psychologies : « Inspirée de l’hypnose et de disciplines orientales telles que le yoga ou le zen, la sophrologie est une méthode de relaxation […] dynamique qui a pour objectif de transformer nos angoisses ou phobies en pensées positives. Cette pratique psychocorporelle s’appuie essentiellement sur la détente physique, obtenue grâce à des exercices de respiration, et la visualisation d’images apaisantes. » La discipline peut également « se travailler sur le long terme » et amener « le patient à privilégier l'instrument de la parole »[14].
« En France, la sophrologie a pénétré le secteur de la santé, notamment le domaine des pathologies chroniques. Ainsi, il n’est pas rare que des patients atteints de cancers se voient proposer, pendant ou après des traitements de chimio- ou radiothérapie, la pratique de la sophrologie comme « soin de support ». Cette offre provient le plus souvent du secteur associatif d’aide aux malades, mais parfois aussi des institutions médicales », d'après le Centre d'information et de prévention sur les psychothérapies abusives et déviantes[4]. Elle est également utilisée dans le sport et le monde de l’entreprise[4].
Toutefois, sans efficacité thérapeutique prouvée, la sophrologie n'est pas « une activité thérapeutique à promouvoir » pour les autorités médicales en France et a une « quasi-absence de crédibilité [auprès de] la communauté médicale » en 2013, toujours d'après le CIPPAD[4]. Elle est donc considérée comme une pseudo-science[15].
Étymologie
Étymologiquement, venant du grec, « sophrologie » se compose selon 3 racines : Sos qui signifie harmonie, Phren qui signifie esprit, conscience et Logia qui signifie science. La sophrologie se définit donc comme la science de la conscience qui permet l’harmonie du corps et de l’esprit, œuvrant ainsi à l’étude de la Conscience Humaine et la conquête des valeurs de l’homme. La devise de la sophrologie, dont l'objectif est la recherche de la conscience et des valeurs de l'existence, est « Ut conscientia Noscatur »[16] [« Pour que la conscience soit connue »].
Histoire
Le mot sophrologie vient du grec ancien σῶς / sôs (« bien portant »), φρήν / phrến (« conscience ») et -λογία / -logía (« étude »). La devise de la sophrologie, dont l'objectif est la recherche de la conscience et des valeurs de l'existence, est « Ut conscientia Noscatur »[17] [« Pour que la conscience soit connue »].
La sophrologie a été créée en 1960 par Alfonso Caycedo, médecin neuropsychiatre colombien ayant étudié l'hypnose, après un voyage en Inde avec sa femme adepte du yoga[4]. Il l'a ensuite renommée en sophrologie caycédienne pour se distinguer d'autres courants de la même méthode apparus par la suite. En 2010, Alfonso Caycedo remet à sa fille Natalia Caycedo le soin de poursuivre l'enseignement et la diffusion de sa méthode. Il meurt en 2017.
Divers courants
Le mot « sophrologie » n'a jamais été protégé dans son usage public[18] et diverses écoles de formation à la sophrologie se sont ouvertes, variant le contenu des apprentissages, sans l'accord de Caycedo. Ce dernier a alors trouvé une nouvelle appellation, « sophrologie caycédienne », cette fois déposée à La Haye[19] breveté à l'OMPI (organisme de protection mondiale des propriétés intellectuelles et droits d'auteur).
Ainsi s'est constitué au fil du temps des mouvements multiples présentant des similitudes et divergences selon la volonté de l'organisme (écoles, syndicats, observatoires, instituts de formations, cabinets de sophrologues…) au vocable proche mais aux pratiques plus ou moins éloignées des fondements et de celles de Caycedo[20].
Sophrologie caycédienne
La sophrologie caycédienne (d'abord créée sous l'appellation de « sophrologie » par Alfonso Caycedo en 1960, le qualificatif « caycédienne » a été ajouté et labellisé en 1989) est présentée entre autres comme méthode de développement personnel et de gestion du stress par son créateur lors de sa déclaration à Récife en 1977[21].
La sophrologie caycédienne comprend aujourd’hui[Quand ?] la phase préparatoire, les douze degrés et les actualisations faites de 1999 à 2002, les techniques associées, les techniques abrégées et les techniques clés.
Alfonso Caycedo a été guidé, entre autres, par sa rencontre avec Ludwig Binswanger[22] pour bâtir, à partir de 1968, sa méthode des « Relaxations dynamiques ». La sophrologie caycédienne se déroule en trois cycles et composés de 4 degrés chacun, soit 12 degrés au total (RDC pour Relaxation Dynamique de Caycedo) :
- le premier cycle appelé cycle fondamental, de base ou réductif. Il vise à une meilleure connaissance de soi qui permet de mieux gérer nos grandes dimensions : conscience corporelle, mentale, émotionnelle, intuitive et créative. Il amène à un schéma corporel renforcé et surtout plus positif.
- le deuxième cycle est appelé cycle radical. Conscience énergétique, renforce l'aspect énergétique et cellulaire.
- le troisième cycle est appelé cycle existentiel. Conscience existentielle, projette notre conscience élargie sur le monde extérieur[23].
Afin de se démarquer des pratiques de l'hypnose, la psychothérapie, la physiothérapie[24], Caycedo a inventé la « vivance phronique » qui est présentée comme l'essence de toute la démarche sophrologique.
Caycedo a annoncé en 2010 une nouvelle théorie qu’il nomme la Cyber-Conscience Phronique et qu'il considère comme dernière et meilleure réussite des 50 années de travail vivantiel permanent, qu'il a consacrées à la sophrologie depuis son début en 1960.
La sophrologie se pratique seulement debout ou assis. Selon les cas et les circonstances, le sophrologue est tenu d’adapter la méthode selon le « principe d’adaptabilité ». La position couchée est alors acceptée, mais à titre exceptionnel. Déconseillés aussi la mise en « ambiance » fond musical, voix suave, lumière tamisée, décor rêveur, encens, parfums pour agrémenter la séance, le sophrologue participe en même temps qu'il dirige la séance.
Diplômes et praticiens
En Belgique, en 2010, la profession de sophrologue n'est ni protégée ni réglementée. Il existe toutefois des formations, délivrées par des écoles reconnues ou des associations privées, sanctionnées par une attestation de réussite, sans que celle-ci ait une valeur légale[25].
En 2015, ce métier n'est pas réglementé et son exercice est libre en France (« accessible sans diplôme particulier » selon la fiche Rome K1103 de Pôle Emploi[26]). Toutefois, ce genre de praticien ne peut légalement procéder à aucun acte médical, tel que le diagnostic, la thérapie ou la prescription de médicaments, et encourt le cas échéant des poursuites pour exercice illégal de la médecine[4]. L'utilisation de cette méthode par des médecins contrevient selon un rapport de l'Assemblée Nationale au code de déontologie médicale[27].
Certaines formations de sophrologie bénéficient depuis le 25 novembre 2011 d'une inscription au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP, nomenclature de 1969)[28]. Cette inscription permet de bénéficier d'une prise en charge au titre de la formation professionnelle et de la validation des acquis de l'expérience (VAE).
Le titre de Master spécialiste en sophrologie caycédienne est le titre déposé et protégé juridiquement pour l'emploi légal des méthodes de l'école de recherche sophrologique. Il est délivré par la Fondation Alfonso Caycedo. Il nécessite deux années d'études discontinues dans des centres agréés (250 heures), puis obligatoirement quatre sessions, étalées sur deux ans, pour l'étude des degrés supérieurs (5 à 12) auprès de l'université mondiale de sophrologie d'Andorre (environ 70 heures de cours et entraînement, dirigées par le fondateur de la sophrologie et sa fille, Nathalia Caycedo). La formation continue est spécifiée comme indispensable pour valider un cursus de formateur, enseignant ou directeur d'école ou d'académie. Le premier cycle est donné par les écoles déléguées officiellement par la Fondation, France, Belgique et Grand-Duché de Luxembourg, Suisse, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Portugal. Les deuxièmes et troisièmes cycles sont dispensés uniquement à Andorre sous la direction de Natalia Caycedo[29].
Critiques
Le ministère de la Santé en France a publié au Journal officiel du 21 septembre 2004 sa position sur cette méthode[27] :
« La sophrologie n’est pas une discipline définie ni reconnue dans le cadre du code de la santé publique. »
Le Centre d'information et de prévention sur les psychothérapies abusives et déviantes a mené une étude systématique de la littérature scientifique portant sur la sophrologie, qui a mis en évidence la pauvreté des études cliniques sur le sujet, et l'absence d'effet positif avéré[4]. Les recherches sur la sophrologie sont principalement le fruit de praticiens désirant promouvoir leur discipline par des études non-scientifiques, publiées généralement en marge des canaux scientifiques, mais régulièrement brandies comme arguments par les sophrologues. Cette étude a aussi mis en évidence le fait que la sophrologie est aujourd'hui une tradition principalement française, quasiment inexistante dans les autres pays (notamment du fait du français Patrick-André Chéné, héritier autoproclamé d'Alfonso Caycedo)[4].
En raison de l'existence avérées de dérives sectaire ou d'abus de faiblesse, la sophrologie est régulièrement pointée du doigt par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES)[4].
Selon Léon Chertok, la sophrologie ne serait que de l'hypnose, rebaptisée parce qu'il y aurait un tabou autour de ce terme dans les pays latins[30]. Une étude systématique publiée par Renaud Marhic et Emmanuel Besnier aboutit à la même conclusion[31].
Il est possible que d'autres techniques comme la méditation pleine conscience partagent des points communs[Lesquels ?] avec la sophrologie[32].
Notes et références
- Soulager la douleur: écouter, croire, prendre soin, par Patrice Queneau, Odile Jacob, 1998, p. 111 « incontestable réussite populaire »
- La sophrologie, de l’hôpital à l’école, par Laureline Duvillard, sur Le Temps « Bien que populaire, la sophrologie reste floue dans l’esprit du grand public »
- Claude Chatillon et Michèle Declerck, Manuel de Sophrologie et de Sophrothérapie, éd. Grego, 2009.
- Centre d'information et de prévention sur les psychothérapies abusives et déviantes, « Sophrologie : pratique, crédibilité, histoire et croyances », sur cippad.com.
- La sophrologie est classée parmi les relaxation et techniques à médiation corporelle (p. 522) puis parmi les psychothérapies à médiation corporelle (p. 599) dans le livre Thérapeutique psychiatrique, par J.-L. Senon, D. Sechter et D. Richard, Hermann éditeur, 2003 (ISBN 9782705662707).
- Place des psychothérapies contemporaines dans le traitement de la dépression, par Jean Cottraux, éditions Doin, coll. « Références en psychiatrie », 2006.
- La sophrologie et la sophrologie caycédienne ont été listées parmi les psychothérapies dans le RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs en 2006 durant la douzième législature de l'Assemblée nationale française. Dans ce même rapport, il est affirmé que la sophrologie est une activité « n'ayant fait l'objet d'aucune étude validée scientifiquement ».
- 1977, premier symposium panaméricain, et troisième congrès mondial de sophrologie à Recife (Brésil). Nomination du Pr et Dr A. Caycedo comme professeur honoris causa de l'université de Pernambouc et déclaration des valeurs de l'homme (ou Déclaration de Recife), création de la branche socio-prophylactique et du développement personnel pour contribuer à l'aide en faveur des pays en développement.
Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 1 : Fondements et méthodologie. - « Elle manque de validation scientifique, mais cela n'enlève rien à l'intérêt de la sophrologie que l'on peut considérer comme la véritable première technique intégrative de relaxation. » : Dominique Servant, p. 21 de La Relaxation : nouvelles approches, nouvelles pratiques, Masson éditeur, coll. « Pratiques en psychothérapie », 2009 (ISBN 2294706129).
- Page 596, la sophrologie est classée parmi les « méthodes de relaxation centrées sur les perceptions sensorielles » dans le Manuel de psychiatrie, sous la direction de J.D Guelfi et F.Rouillon, éditions Masson, 2007, (ISBN 229402107X).
- Psychologie: science humaine et science cognitive, par Jo Godefroid, De Boeck Université, 2001.
- Une approche psychosomatique: la bioénergie : de Wilhelm Reich à nos jours, par Françoise Elbaz, Éditions Ellebore, 1996.
- Médecines alternatives à l'hôpital, article publié par le quotidien Le Monde le 18 juin 2008.
- Psychologies.com, « La sophrologie, mode d'emploi », Mensuel, (lire en ligne)
- La Méthode Scientifique, « Pseudo-sciences : les raisons du succès », sur France Culture, .
- Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 1 : Fondements et méthodologie, p. 96.
- Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 1 : Fondements et méthodologie, p. 96.
- Alfonso Caycedo, Code déontologique de la sophrologie caycédienne, mars 2007, page 9 (texte en [PDF]).
- Revue de Sophrologie caycédienne, page 4 - 2e trimestre 1996
- La sophrologie ou le pouvoir des images en psychothérapie par Benoît Fouché, Éditions L'Harmattan, 2004. « Il est certain que la sophrologie telle que nous la pratiquons est assez éloignée de la sophrologie dite caycédienne (…) La sophrologie caycédienne a pour objet de se détourner de la part de l'ombre, alors que la sophrologie que nous pratiquons a pour objectif de prendre en charge la part de l'ombre et de l'amener à la conscience. »
- Patrick-André Chéné, op. cit., page 36.
- Michel Debelle, « Qu’est-ce que la sophrologie ? », sur www.sophrologie.be, Académie de Sophrologie Caycédienne (consulté le 7 avril 2010)
- Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 1 : Fondements et méthodologie, page 208 et suivantes
- Revue Officielle de la Fondation Caycedo, page 11 - 2e trimestre 1996.
- « Arnaque à la formation », sur rtbf.be, (consulté le 30 octobre 2016).
- « Fiche Rome K1103 - Développement personnel et bien-être de la personne », sur www.chambre-syndicale-sophrologie.fr.
- « Fiche Question », sur Assemblée nationale (consulté le 19 mai 2015).
- Le Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP)
- Revue Officielle de la Fondation Dr Alfonso Caycedo, no 60 - 1er trimestre 2010.
- L'hypnose entre la psychanalyse et la biologie: Le non-savoir des psy Par Léon Chertok, p. 194
- Renaud Marhic et Emmanuel Besnier, Le New Age – son histoire… Ses pratiques… Ses arnaques…, Paris, Le Castor Astral, (ISBN 2-85920-396-6).
- (en) Hayes (2004) S.C. Hayes, « Acceptance and commitment therapy, relational frame theory, and the third wave of behavioral and cognitive therapies » Behavior Therapy 2004;35:639–665.
Voir aussi
Bibliographie
- Bernard Santerre, Mais… qu’est ce que la sophrologie, Beltan, 1993
- Pierre Etevenon et Bernard Santerre. États de conscience, Sophrologie et Yoga, Éditions Tchou, 2006
- Patrick-André Chéné, Initiation à la sophrologie caycédienne, Livre de Poche
- Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 1 : Fondements et méthodologie (préface et code déontologique par Alfonso Caycedo), Ellébore Éditions, 1994 (ISBN 286898505X) 2003 (ISBN 286898049X), Rééditié en 2008 (ISBN 2868989020)
- Ouvrage collectif dirigé par Patrick-André Chéné, Sophrologie - Tome 2 : Champs d'application (préface et introduction d'Alfonso Caycedo), Ellébore Éditions 1999 (ISBN 2868985831)
- Renaud Marhic et Emmanuel Besnier, Le New age – son histoire… Ses pratiques… Ses arnaques…, Paris, Le Castor Astral, (ISBN 2-85920-396-6)
Articles connexes
- Alfonso Caycedo
- Société française de sophrologie
- Daseinsanalyse
- État modifié de conscience
Lien externe
- Chambre syndicale de la sophrologie, « Histoire de la sophrologie », sur chambre-syndicale-sophrologie.fr.
- Centre d'information et de prévention sur les psychothérapies abusives et déviantes, « Sophrologie : pratique, crédibilité, histoire et croyances », sur cippad.com.
- La Méthode Scientifique, « Pseudo-sciences : les raisons du succès », sur France Culture, .
- Site officiel de l'Académie internationale de sophrologie caycédienne
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