Signe de Frank
Le signe de Frank (ou « signe de Lichtstein »[1] ou DELC pour « diagonal ear lobe crease »[2], est un « signe cutané »[3] (ou « marqueur cutané »[4]) qui est un pli (une ride profonde et permanente) du lobe de l'oreille, qui va en diagonale du tragus à l’arrière du lobule, et « s'étendant sur au moins un tiers de la distance »[5]. Ce pli est souvent bilatéral (sur chaque oreille, au même endroit)[6]. Ce signe a été clairement associé (chez l'homme surtout, plus que chez la femme) à un risque plus élevé d'apparition de problèmes cardiovasculaires (au sein de la population générale). Ce signe a ensuite été associé à d'autres facteurs de problèmes touchant notamment l'artère carotide[7] ou d'effets morbides susceptibles d’apparaître en cas d'anesthésie générale[7] ou de risque (cérébrovasculaires notamment[8],[9]). Il est prédictif d'un risque cardiovasculaire accru en cas de diabète de type 2 mais ne signe pas un risque accru de rétinopathie chez ces mêmes patients (selon Davis et al. (2000)[10] bien que ces patients diabétiques présentent aussi un risque accru d'angiopathie).
Prévalence
Elle augmente avec l'âge et ce signe est plus fréquent chez l'homme que la femme.
Cause, origine
La plupart des études constatent une relation, mais n'établissent pas de chaine de cause à effet, ou ne proposent pas de cause à ce pli.
Ce pli serait dû à une ischémie chronique locale, avec dégénérescence des fibres élastiques et sclérose vasculaire[11]. Selon Griffing (2014) chez les personnes jeunes ou relativement jeunes, ce signe indiquerait un vieillissement prématuré de la peau, avec perte de derme et de fibres élastiques vasculaires[12]. Le lobe de l'oreille pourrait y être plus sensible car en fin de réseau artériel, et situé dans une des zones du corps où la température cutanée est naturellement parmi les plus basses.
Association à un risque accru de maladies coronariennes et d’athérosclérose
Selon des études statistiques, la présence de ce pli semble être prédictif de maladies coronariennes et d’athérosclérose[11],[13], chez un sujet de plus de 50 ans et de moins de 70 ans[14]. L'association est hautement significative ; « La sensibilité du signe de Frank atteint 75 %, sa spécificité 57,5 % et sa valeur de prédiction positive est de 80,3 %. Cependant la valeur la prévision dépend aussi du sexe de l'individu : elle est beaucoup plus faible chez les femmes (50 %) que chez les hommes (84,7 %) [15] ».
Une étude publiée par Cumberland & al. en 1987[16] a recherché l'existence d'une éventuelle relation entre la présence d'un signe de Franck et le mauvais état des coronaires à partir des observations faites sur pour 800 autopsies médicolégales faites sur le corps de personnes variées et décédées pour des raisons variées) ; elle a conclu a des résultats similaires (corrélation dans plus de 75 % des cas). Les auteurs de cette étude concluent que le signe de Frank peut et doit être utilisé en conséquence. Cette même année 1987, Lesbre a également estimé que son absence ne permet en aucune façon d'exclure le diagnostic de la maladie coronarienne, mais que sa présence est un signe fort : elle correspond dans les trois quarts des cas à une maladie coronarienne établie[15].
En 2012, Shmilovich et ses collègues ont aussi montré que plus le pli est marqué, plus il est associé à un risque accru de problème plus grave et plus étendu[2].
En 35 ans, quelques études (très minoritaires) n'ont pas réussi à identifier un lien avec l'athérosclérose[17],[18],[19] et quelques auteurs ont relativisé l’importance de ce signe d’alerte, car sa prévalence augmente naturellement avec l’âge[20], mais il semble aujourd'hui y avoir consensus concernant la pertinence de ce signe qui est associé à un risque accru, indépendamment d'autres facteurs de risques (âge, histoire de tabagisme, diabètes et hypertension).
Précautions
Avant toute opération chirurgicale nécessitant une anesthésie générale, les patients porteurs de ce signe devraient faire l'objet d'un bilan médical approfondi[7].
Personnes connues porteuses du signe de Frank
- George W. Bush : Article en ligne du Guardian avec photographie révélant le signe de Frank
- Barney Frank : Image de Wikimedia Commons indiquant le signe de Frank
- Steven Spielberg : Image de Rotten Tomatoes indiquant le signe de Frank
- Lech Wałęsa : Image du centre culturel polonais américain indiquant le signe de Frank
Notes et références
- Séméiologie, signe de Lichstein
- (en) Shmilovich, H., Cheng, V. Y., Rajani, R., Dey, D., Tamarappoo, B. K., Nakazato, R., ... & Berman, D. S. « Relation of diagonal ear lobe crease to the presence, extent, and severity of coronary artery disease determined by coronary computed tomography angiography » The American journal of cardiology 2012;109(9):1283-1287. (résumé)
- Aboud, K. A., Hawsawi, K. A., Ramesh, V., Aboud, D. A., & Githami, A. A. (2003) « Cutaneous signs » SKINmed: Dermatology for the Clinician, 2(2), 104-107.
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- Sparsa, A., & Doffoel-Hantz, V. (2012). « Affections cardiaques et pulmonaires » In Manifestations dermatologiques des maladies d’organes (p. 125-135). Springer Paris.
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- (en) Davis T.M.E., Balme M., Jackson D., Stuccio G & Bruce D.G (2000) « The diagonal ear lobe crease (Frank's sign) is not associated with coronary artery disease or retinopathy in type 2 diabetes : the Fremantle Diabetes Study » Australian and New Zealand journal of medicine, 30(5), 573-577 (résumé)
- Frank (signe de) | Glossaire | macirculation.com
- (en) Griffing G (2014) « Frank's Sign » New England Journal of Medicine, 370(10), e15. (résumé)
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- Lesbre, J. P., Castier, B., Tribouilloy, C., Labeille, B., & Isorni, C. (1987). [Frank's sign and coronary disease]. In Annales de cardiologie et d'angeiologie (Vol. 36, No. 1, pp. 37-41). Janvier 1987 (résumé)
- Cumberland, G. D., Riddick, L., & Vinson, R. (1987). Earlobe Creases and Coronary Atherosclerosis: The View from Forensic Pathology. The American journal of forensic medicine and pathology, 8(1), 9-11.(résumé)
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- Cheng T.O (2000) More research needed on the association between diagonal ear lobe crease and coronary artery disease. Arch Intern Med 160:2396
- Mark Lebwohl.Peau et maladies systémiques.p.60.
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
Bibliographie
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