Sensibilité électromagnétique
La sensibilité électromagnétique ou intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques (ou IEI-CEM, ou électro-sensibilité, ou électro-hypersensibilité ou HSEM ou EHS ou syndrome EHS (ou HSE, pour hyper-sensibilité électromagnétique) ou syndrome d'intolérance aux champs électro-magnétiques, SICEM) fait référence aux personnes qui souffrent de symptômes quand elles croient être en présence de champs ou d'ondes électromagnétiques.
Bien que les symptômes soient reconnus, les essais cliniques réalisés en double aveugle, où les patients sont exposés à des champs tantôt réels, tantôt factices, ont démontré que les personnes se jugeant hypersensibles étaient incapables de distinguer une exposition aux champs électromagnétiques réels d'une exposition simulée[1],[2],[3], suggérant qu'il s'agit de troubles résultant d'un effet nocebo. Dans l'état actuel des connaissances, aucune étude publiée ne permet de conclure à l'existence du moindre lien de causalité entre les troubles revendiqués et les ondes électromagnétiques.
Les symptômes décrits sont reconnus comme réels, par l'OMS notamment, sans toutefois qu'un lien de causalité avec l'exposition aux champs et ondes électromagnétiques ne soit établi[4]. Pour cela l'OMS recommande l'utilisation du terme d'intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électriques IEI-CEM, celui-ci étant d'étiologie neutre[5],[6]. Les effets thermiques des champs électromagnétiques sur le corps, et les seuils au-delà desquels ils sont censés se manifester, sont connus (ces limites sont ainsi prises en compte dans la définition des normes d'exposition du public). Mais les personnes qui déclarent souffrir d'hypersensibilité électromagnétique affirment réagir à des intensités bien inférieures aux limites.
Dans les cas les plus sévères, les personnes sont tellement affectées par ce qu’elles pensent être de l’électrosensibilité qu'elles s'isolent, quittent leur travail et changent leur mode de vie, alors que d'autres personnes rapportent des symptômes moins sévères qui entraînent un évitement de certaines sources de champs électromagnétiques[7].
Pour l'OMS « il existe aussi certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dus à des maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu'à des réactions de stress résultant de la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM, plutôt que de l'exposition aux CEM elle-même »[7]. Le concept d'exposition sociocognitive est avancé pour prendre en compte les éventuels effets d'une exposition chronique des populations à des informations préoccupantes quand diverses conséquences sanitaires des radiofréquences sont évoquées ou décrites[8].
L'Académie de médecine rappelle de son côté que « l’innocuité des ondes de radiofréquence dans les conditions règlementaires de leur utilisation est reconnue par la communauté scientifique »[9].
Description
Symptômes
Les symptômes rapportés sont divers, ce qui signifie qu'ils peuvent s'apparenter à d'autres troubles ou maladies.
Selon l’OMS, l’hypersensibilité électromagnétique « est caractérisée par divers symptômes que les individus touchés attribuent à l'exposition aux champs électro-magnétiques. Parmi les symptômes les plus fréquemment présentés, on peut mentionner des symptômes dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de brûlure), des symptômes neurasthéniques et végétatifs (fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques et troubles digestifs). Cet ensemble de symptômes ne fait partie d'aucun syndrome reconnu[7]. »
Le symptôme le plus fréquemment cité est la fatigue, suivie de problèmes dermatologiques au visage, de sensations de lourdeur dans la tête, d'irritation des yeux, de nez bouché ou encombré, de maux de tête, de difficultés de concentration[10]. D'autres auteurs décrivent en ordre décroissant des troubles du sommeil, des maux de tête, de la nervosité/angoisse, de la fatigue, des difficultés de concentration, des acouphènes, des vertiges, des douleurs dans les membres…
Ces auteurs n'observent pas de différences entre les symptômes cités par les hommes et les femmes. Selon Schüz et al. (2006), le symptôme cité le plus fréquemment est la fatigue, suivie de difficultés de concentration, de troubles du sommeil, de lassitude, de mauvaise humeur, d'inconscience, de maux de tête[11].
Pour les personnes se jugeant électrosensibles, les symptômes passagers peuvent évoluer vers la chronicité et présenter des conséquences diverses[12],[13] :
- souffrances physiques (impression de décharges électriques dans le corps, de fourmillements, oreilles qui chauffent, sensation cuisante dans la zone temporale, sensation de « pression dans le crâne », nausées, gorge « serrée », maux de tête…)
- psychologiques (anxiété, état dépressif) ;
- asthénie (fatigue), perte d'appétit, insomnie, douleurs musculaires, malaises ;
- troubles digestifs, dérèglement hormonal, baisse de l'immunité (état grippal) ;
- problèmes dermatologique : rougeurs, gonflement de la peau, démangeaisons, irritation oculaire, sécheresse de la partie supérieure de la trachée ;
- dyspnées, troubles du rythme cardiaque (palpitations), problèmes vasculaires (hypertension, sensations de froid ou de bouffée de chaleur), épistaxis ;
- dystonie musculaire (contractions involontaires), craquements articulaires, sensation de « crispation » au niveau mastoïdien ou maxillo-mandibulaire, bruxisme ;
- sensibilité aux odeurs, troubles visuels, baisse auditive (acouphènes), hyperacousie (augmentation de la sensibilité aux bruits)[14]
- maladresse, difficulté de langage et de raisonnement, troubles de l'attention et de la mémorisation à court terme, aboulie ;
- perturbation de la vie affective, apathie, isolement social, irritabilité ;
Avec pour conséquences :
- comportement d'évitement à la suite de la mise en cause d'une source ondulatoire, organisation de la vie du patient autour de ce problème ;
- déménagements au profit de zones non exposées aux influences de téléphones portables et lignes de distribution de courant électrique.
La présence d'éléments métalliques en contact régulier avec le corps est perçue comme pouvant favoriser la manifestation de ces signes :
- amalgames dentaires,
- implant dentaire en titane
- implant chirurgical métal
- monture de lunettes,
- boucles d'oreilles, boucles d’induction
- prothèses auditives,
- stimulateurs cardiaques et simulateurs cardiaques, etc.
L'incompréhension de l'entourage professionnel ou familial et la non reconnaissance du monde médical peuvent parfois aggraver l'isolement du sujet affirmant une intolérance aux champs électromagnétiques. Plusieurs auteurs parlent d'un cercle vicieux où symptômes, associations de ces derniers à une (des) source(s) suspectée(s) et anxiété liée à l'évitement se succèdent, s'amplifient et s’auto-entretiennent.
Diagnostic différentiel
- phobie
- attaque de panique
- psychosomatique
- syndrome de fatigue chronique
- allergie
Prévalence
Les estimations de prévalence de l’électro-sensibilité dans la population varient, de quelques individus par million, à des taux bien plus élevés. Pour l'OMS, environ 10 % des cas signalés d’électro-sensibilité ont été considérés comme graves[7].
Une étude européenne décrivait davantage de cas en Suède, au Danemark et en Allemagne et moins de cas en France, en Autriche et au Royaume-Uni (gradient Nord-Sud)[15]. Dans cette même étude, les sources d'exposition étaient intérieures (ex. : écrans d'ordinateur) dans les pays scandinaves et extérieures (ex. : lignes à haute tension et antenne GSM) dans d'autres régions.
Sur simples sondages, les proportions de personnes électrosensibles varient de quelques personnes par million à 8 % des personnes interrogées :
- 3,2 % de personnes électrosensibles parmi les personnes interrogées par Levallois et al. (2002)[16] en Californie ;
- 1,5 % des répondants se disent électrosensibles dans l'étude de Hillert et al. (2002)[10] en Suède ;
- 6 % de la population allemande se dit électrosensible dans l'étude de Schroeder (2002)[17] ;
- 4,2 % des femmes et 1,7 % des hommes dans la population étudiée sont « electromagnetic sensible » dans l'étude de Leitgeb & Schröttner (2003)[18]. Cette sensibilité est définie à partir d'un seuil de perception du courant ;
- 3,5 % des répondants se disent électrosensibles dans l'étude de Schrottner & Leitgeb (2008)[19] en Autriche ;
- 2,7 % de la population étudiée (en Suisse) par Schreier et al. (2006) rapportent des effets négatifs sur la santé attribués aux champs électriques et magnétiques ; 2,2 % rapportent avoir subi de tels effets dans le passé ;
- dans l'enquête de la Commission Européenne (Bergqvist et al. 1997[15]), les questionnaires ont été envoyés dans 138 centres de médecine du travail et 15 groupes d'entraide (taux de réponse de respectivement 49 et 67 %). La fréquence varie de quelques personnes par million (en Angleterre, Italie et France, selon les médecins du travail) à quelques dixièmes de pourcentage (au Danemark, en Irlande et Suède, selon les groupes d'entraide).
Mécanismes
En raison de personnes déclarant être électrosensibles, des études étiologiques ont été menées pour rechercher les causes de cette maladie. En particulier, des études en double aveugle ont été réalisées et n'ont pas pu démontrer que les champs électromagnétiques étaient à l’origine des symptômes constatés. Des fausses expositions à un champ électromagnétique ont été suffisantes pour déclencher des symptômes graves chez certains participants[20].
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère qu'il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de l'hypersensibilité électromagnétique à une exposition aux champs électromagnétiques[7]. Il existe aussi certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dus à des maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu'à des réactions de stress résultant de la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM, plutôt que de l'exposition aux CEM elle-même[7].
Résultats des études scientifiques
En 2005, une étude « exhaustive » de la littérature scientifique menée par l'équipe d'un chercheur en psychiatrie anglais a analysé les résultats de trente et une expériences qui testaient si les champs électromagnétiques causaient l’électrosensibilité. Chaque expérience exposait en laboratoire des personnes qui se déclaraient atteintes d’électrosensibilité à des champs électriques ou magnétiques, fictifs ou réels, à de multiples fréquences, dans des études en double aveugle (le sujet et l’agent expérimentateur à ses côtés ne savent pas si le champ est fictif ou réel. Le sujet doit déterminer s'il a été exposé (détection du champ) et rapporter d'éventuels symptômes, il est parfois soumis également à différents tests de mémoire et d'attention)[21]. Sur les trente et une études, vingt-quatre ne trouvaient aucune association entre exposition et symptômes ; sept en trouvaient mais, sur ces sept études positives, deux n'ont pas pu être reproduites même par leur auteurs initiaux, trois ont des biais méthodologiques importants, et les deux derniers présentaient des résultats contradictoires.
La conclusion des auteurs était que :
« les symptômes décrits par les personnes souffrant d'« électro-hypersensibilité » peuvent être sévères et parfois handicapants. Cependant, il s’est avéré difficile de montrer dans des études en aveugle que l’exposition à des champs magnétiques pouvaient déclencher ces symptômes. Ceci suggère que l’électro-hypersensibilité serait sans rapport avec la présence de champs électromagnétiques, bien que des recherches supplémentaires sur ce phénomène soient nécessaires[22]. »
D'autres études montrant que les personnes qui se déclarent atteintes de sensibilité électromagnétique sont incapables de détecter la présence de champs électromagnétiques et la probabilité qu’elles ressentent des symptômes de maladie est la même en présence d’une exposition fictive ou d’une exposition réelle[23],[24],[25].
Si ces conclusions ont fait l'objet de critiques, c'est en dehors du cadre scientifique, sans le contrôle de comités de lecture[26],[27].
Un rapport de 2005 de l’Agence de protection sanitaire (en) du Royaume-Uni concluait que l’électrosensibilité devait être prise en considération par d’autres voies que son étiologie : les souffrances sont réelles, même si les causes de ces souffrances ne sont pas définies[28]. Selon le groupe d'experts de la Commission européenne (Bergqvist et al. 1997[15]) et le groupe de travail de l’OMS[7], le terme « électrosensibilité » n'implique pas une relation entre les champs électromagnétiques et des symptômes sanitaires.
En 2015, l'enquête sociologique [29] de Maël Dieudonné auprès de 40 personnes sur la question de l'origine de l'attribution des symptômes de personnes se disant atteintes de sensibilité électromagnétique aurait tendance à démontrer que les symptômes surviennent avant leurs attributions aux champs électromagnétiques. La conclusion de la présentation [30] de cette étude est que « l'effet nocebo ne constitue donc pas une explication satisfaisante » à l'électrosensibilité.
Rapport bio-initiative
Le rapport Bio-initiative[31] publié en 2007 passe en revue plus de 1 500 publications internationales qui prétendent apporter des preuves scientifiques concernant les effets sanitaires (stress cellulaire, génotoxicité, risques de tumeurs au cerveau ou de leucémies) des champs électromagnétiques ; il estime que les normes sont inadaptées et définit des valeurs-seuil qui protégeraient mieux la santé.
Toutefois, l’analyse faite par diverses institutions sur ce rapport (réseau EMF-Net, dont fait notamment partie la Federation of French Electrical Electronic & Communication Industries[32], programme européen de recherche et de développement technologique, le Danish National Board of Health, l’Office fédéral allemand de radioprotection, le Conseil de Santé des Pays-Bas) en réfute la qualité. Le rapport d’octobre 2009 de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset)[33] en analyse ainsi le contenu : « Les différents chapitres du rapport sont de rédaction et de qualité inégales. Certains articles ne présentent pas les données scientifiques disponibles de manière équilibrée, n’analysent pas la qualité des articles cités ou reflètent les opinions ou convictions personnelles de leurs auteurs (…), il revêt des conflits d’intérêts dans plusieurs chapitres, ne correspond pas à une expertise collective et est écrit sur un registre militant. » Ce rapport Bio-initiative très médiatisé est à l’origine de quelques décisions judiciaires récentes, contre lesquelles l’Académie de médecine française s'est insurgée en mars 2009[34],[35].
La Bioelectromagnetics Society n’approuve pas non plus cette étude. Pourtant, les membres organisateurs et trois des signataires de ce rapport en sont membres[36]. Selon elle, « des recherches par des spécialistes de physique théorique suggèrent que l’exposition [à des champs de radiofréquence non-thermiques] ne provoquera rien d’autre sur les êtres vivants, que, s'ils sont suffisamment puissants, une élévation locale de la température. Mais les physiciens ne savent pas tout, aussi on se tourne vers les biologistes et on s'aperçoit que les bases de données ne contiennent aucune démonstration scientifiquement reproductible d’un effet néfaste sur la santé après 50 ou 60 ans de recherche scientifique[37]. » Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences (revue éditée par l'Association française pour l'information scientifique) dénonce aussi l'apparence de sérieux scientifique et le conflit d'intérêt d'une des coauteurs, Cindy Sage, propriétaire d'un cabinet homonyme proposant « des solutions pour « caractériser ou atténuer » les impacts des champs électromagnétiques[38]. »
Un contributeur de l'Agence européenne pour l'environnement, David Gee, a participé au rapport Bioinitiative[39] avec un chapitre tiré de l'étude de l'agence : « Signaux précoces et leçons tardives : le principe de précaution 1896–2000[40] » publié en 2002.
ARTAC
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Le professeur d'oncologie Dominique Belpomme (président de ARTAC, Association Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse) qui a ouvert une consultation destinée aux patients atteints du syndrome d'intolérance aux champs électromagnétiques, a mis au point une méthode de diagnostic par l'intermédiaire d'analyses sanguines et urinaires ainsi que d'un scanner cérébral (échodoppler pulsé centimétrique)[41][réf. insuffisante].
Type d'analyse | Marqueur biologique | % | Interprétation |
---|---|---|---|
sanguine | vitamine D diminuée | 71,9 % | anomalies métaboliques ? |
sanguine | HSP27 et/ou HSP70 augmentés | 45,0 % | stress cellulaire |
sanguine | anticorps anti-O-myéline augmentés | 27,5 % | stress cellulaire |
urinaire | mélatonine urinaire diminuée | 33,3 % | diminution de synthèse |
sanguine | S100B augmentée | 13,9 % | souffrance cérébrale |
sanguine | histaminémie augmentée | 35,8 % | inflammation (mastocytes) |
sanguine | anticorps IgE augmentés | 22,5 % | allergie humorale |
En 2007, l'ARTAC affirme dans un document, réédité en 2010, que « contrairement à ce que certains médecins ou scientifiques, en étroite relation avec les opérateurs téléphoniques affirment sans preuve, il ne s’agit pas de simulateurs ou de malades psychiatriques. » L'ARTAC a en effet trouvé des anomalies dans des analyses sanguines et les scanners cérébraux effectuées sur des personnes se déclarant intolérantes aux ondes[42][réf. insuffisante]. Cependant cela ne démontre pas qu'il existe un lien de cause à effet, mais simplement que les personnes affirmant souffrir de sensibilité électromagnétique présentent les anomalies présentées dans ce document. Par ailleurs, le traitement proposé par le professeur Belpomme consiste à administrer des « antagonistes des récepteurs de l'histamine » pour « fermer la barrière électro-encéphalique », une stimulation de la « régénération des astrocytes (des cellules cérébrales) qui ont été détruites par les champs électromagnétiques » et « des tonifiants du système nerveux ». « Un jargon scientifique, qui peut impressionner, pour une sorte de “démagnétisation des temps modernes” » commente la revue Science et pseudo-sciences[43].
Champs électromagnétiques et multiplication des organismes pathogènes
Les micro-ondes millimétriques favoriseraient la croissance des levures[44]. L'hypothèse est soutenue d'une corrélation entre les symptômes de l'électro-sensibilité et une exposition aux mycètes et à leur toxines[45]. Certaines des biotoxines stimulées par ces radiations peuvent altérer la structure génétique d'un fœtus[46][réf. à confirmer].
Ces radiations sont émises par tout appareil électroménager mais dans des ordres de grandeur différents.
Sources incriminées
Les sources incriminées sont nombreuses dans les sociétés modernes. Le rapport Bioinitiative[31] cite les moniteurs d'ordinateur, les antennes-relais de la téléphonie mobile et téléphones mobiles eux-mêmes, le WiMAX , les lignes à haute tension, les transformateurs électriques, la technologie CPL, les néons, ou encore les téléphones DECT.
Une étude par questionnaire de Röösli et al. (2004)[47] a analysé les causes suspectées par les personnes touchées par les symptômes.
Dans l'étude de Röösli et al. (2004), les causes suspectées citées par les 167 électrosensibles interrogés étaient, par ordre décroissant : les antennes de téléphonie mobile, suivies des GSM, des téléphones sans fil (type DECT), des lignes à haute tension, des transmetteurs de radiodiffusion, des écrans d'ordinateur, des lignes de train/tram, des transformateurs, des écrans de TV, des appareils électriques et de l'éclairage.
Il n'existe pas de réelle spécificité des symptômes en fonction de la source. Schreier et al. (2006)[48] notent que des inquiétudes sont plus souvent exprimées à l'égard des antennes de téléphonie mobile et des lignes à haute tension par rapport au GSM, appareils électriques et téléphone sans fil. Des résultats similaires ont été obtenus dans une autre étude (Siegrist et al. 2005[49]) et en Autriche (Hutter et al. 2004[réf. souhaitée]).
Recherche
Des recherches sont encore nécessaires, pour mieux comprendre les causes et d'autres aspects de la symptomatologie, et pour tester l'efficacité des méthodes thérapeutiques destinées à aider les personnes se plaignant d'électrosensibilité.
L'hypothèse selon laquelle les électrosensibles auraient une plus grande réactivité du système nerveux central (Wang et al. 1994[50] ; Sandström, 1997 ; Lyskov et al. 2001[51]) est également à suivre. Il s'agirait d'une prédisposition physiologique qui entraînerait une sensibilité plus grande aux facteurs environnementaux de stress.
Modèle animal
Chez l'animal sauvage, il a été démontré dans les années 1970 que les oiseaux ont une « boussole magnétique interne » qui leur permet de ressentir le champ magnétique terrestre[52],[53],[54],[55],[56]. Cette « boussole » peut être chez certaines espèces « étalonnée »[57] grâce à la lumière polarisée du soleil ou de la lune[58], ce qui est important pour la survie des oiseaux nocturnes ou migrant de nuit[59]. Des chercheurs ont montré en 2011 que le rouge-gorge qui est diurne (mais migre de nuit) possède un tel compas, associé à son système de vision[60]. On a aussi montré (en 2012) que tous les oiseaux nocturnes en possèdent[61].
Le rouge-gorge familier a été utilisé pour des tests de vulnérabilité au smog électromagnétique (étude en double-aveugle) par une équipe de chercheurs allemands et anglais[62] de l’université d'Oldenburg (Allemagne) qui a publié ses conclusions dans la revue Nature en mai 2014[63],[64]. Plusieurs expériences montrent que la boussole interne du rouge-gorge semble désorientée par certains champs électromagnétiques. Les auteurs ont testé les capacités à s'orienter de l'animal exposé à des champs de 50 kHz à 5 MHz (différence d'environ deux ordres de grandeur) et donc à des intensités similaires à celles issues d'équipements radio AM (modulation d’amplitude) ou de matériels de surveillance électronique, c'est-à-dire d'intensité 1 000 fois moindre que celles des téléphones mobiles, mais 400 fois plus intenses que celle d'une ligne à haute tension
Sa capacité d'orientation disparaissait quand l'oiseau était placé dans une cage de bois, mais non dans une cage de Faraday reliée au sol (où l'oiseau perçoit le champ magnétique terrestre et s'oriente alors sans difficulté vers sa direction migratoire). De même dès que l'on supprimait la mise à la terre de la cage métallique ou que l'on introduisait un émetteur de champ électromagnétique à large bande dans la cage métallique, l'oiseau perdait de nouveau sa capacité à s'orienter.
Les auteurs concluent que ces champs sont la cause d'une désorientation migratoire globale ; et ils alertent sur le fait que cet effet nuisible existe pour toute la gamme de fréquence et que ce sont les champs magnétiques de faible intensité dans les gammes d'ondes moyennes qui avaient le plus d'effet lors de l'expérimentation[65].
Le smog électromagnétique urbain pourrait avoir un effet sur d'autres espèces estiment les auteurs, ce que d'autres études pourraient confirmer. Ce phénomène n'est pas encore bien expliqué ; pour Hervé Cadiou « l’animal se servirait du cryptochrome pour s’orienter, un photorécepteur capable de détecter la lumière et le champ magnétique terrestre. Une autre piste réside dans la fonction des cristaux de magnétite, des petits aimants présents dans le cerveau. Quoi qu’il en soit, les recherches doivent continuer pour confirmer ou infirmer ces hypothèses »[66].
Traitement
La première étape consiste, par un diagnostic différentiel, à vérifier l'absence d'une autre pathologie médicale pouvant expliquer les symptômes. À partir de l'identification des conditions médicales, psychosociales et environnementales de la personne électrosensible, une prise en charge individualisée, multidisciplinaire et globale est recommandée.
Psychothérapeutique
Le choix d'une thérapie doit être individualisé. De nombreuses techniques thérapeutiques ont fait l'objet de publications et parmi celles-ci, les thérapies cognitivo-comportementales s'avèrent relativement efficaces[67],[68],[10].
Le pronostic est meilleur lorsque la prise en charge est réalisée précocement et lorsque les symptômes sont associés au travail sur écran de visualisation[10].
Modification de l'environnement
Röösli et al. (2004) ont analysé les moyens mis en œuvre spontanément par les patients pour éviter les symptômes[47]. Réduire l'exposition (évitement) est souvent considéré comme un moyen momentanément ou partiellement efficace dans l'amélioration de la symptomatologie par les personnes qui s'en plaignent. Mais la réduction de l'exposition semble entraîner la personne électrosensible dans une spirale d'évitements et d'aménagements qui ont des conséquences parfois importantes en termes de coûts, d'isolement social et professionnel et de qualité de vie.
Aide matérielle
En 2012, des chercheurs du Centre technique du papier associés à l'Institut polytechnique de Grenoble développent un papier peint fait de motifs imprimés avec une encre conductrice, capable de bloquer les ondes Wi-Fi et GSM[69],[70].
Justice
En juillet 2015 le tribunal du contentieux de l'incapacité (TCI) de Toulouse a réévalué le taux d'incapacité de 50 % à 85 % pour une personne se disant électrosensible en juillet 2015[71] ce qui lui permet de prétendre à percevoir l'allocation adulte handicapé. Cette démarche fait suite à un recours en contentieux après une décision datant d'avril 2014 de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de l'Ariège qui a fait appel. La cour nationale de l'incapacité a rejeté la demande de la MDPH pour vice de forme en novembre 2015[72]. D'après l'Académie de médecine, cette décision a été prise selon les troubles ressentis par la personne, « indépendamment de toute argumentation scientifique »[73].
Les tentatives de judiciarisation de la problématique des effets des champs électromagnétiques sont cependant vigoureusement dénoncées par des experts scientifiques [74],[75].
Culture populaire
- Dans la série américaine Better Call Saul, le personnage de Chuck McGill souffre d'une forme sévère de sensibilité électromagnétique[76].
Littérature
Dans Schproum[77], sous-titré « Roman avorté et récit de mon mal » (2013), Jean-Yves Cendrey décrit la découverte de son électrosensibilité et ses conséquences.
Notes et références
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- (en) M. Röösli, « Electromagnetic hypersensitivity (EHS) and subjective health complaints associated with electromagnetic fields of mobile phone communication », Science of The Total Environment, vol. 349, nos 1-3, , p. 45–55. (PMID 15975631, DOI 10.1016/j.scitotenv.2005.05.009).
- (en) M. Röösli, « Radiofrequency electromagnetic field exposure and non-specific symptoms of ill health : a systematic review », Environ. Res., vol. 107, no 2, , p. 277–87. (PMID 18359015, DOI 10.1016/j.envres.2008.02.003).
- Depuis 2005, aucun auteur n’a contesté la réalité du vécu des personnes qui attribuent leurs problèmes de santé à une exposition à des ondes radiofréquences. Mais, aucun n’a apporté la preuve d’une relation de causalité entre cette exposition et l’électrohypersensibilité (expertise collective 2009 de l’AFSSET sur les radiofréquences, page 308).
- (en) Hillert L, Leitgeb N, Meara J., « Working group report. In Hansson Mild K, Repacholi M, van Deventer E, Ravazzani P (editors). Electromagnetic Hypersensitivity. », Proceedings : International Workshop on EMF Hypersensitivity. Prague : WHO. pp. 15., .
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- Poumadère, M., & Perrin, A. (2011), Exposition socio-cognitive et évaluation des risques : le cas de la téléphonie mobile, Radioprotection, 46 (1) p. 59-73.
- « Électrosensibilité : L’Académie de médecine désapprouve le financement public de dispositifs “anti-ondes” ».
- (en) Hillert L, Berglind N, Arnetz BB, Bellander T. (2002) « Prevalence of self-reported hypersensitivity to electric or magnetic fields in a population-based questionnaire survey » Scand J Work Environ Health 28(1):33-41. DOI:10.5271/sjweh.644.
- (en) Joachim Schüz, Rune Jacobsen, Jørgen H. Olsen, John D. Boice, Joseph K. McLaughlin, Christoffer Johansen, « Cellular Telephone Use and Cancer Risk : Update of a Nationwide Danish Cohort », Journal of the National Cancer Institute, vol. 98, no 23, , p. 1707-1713 (ISSN 0027-8874 et 1460-2105, PMID 17148772, DOI 10.1093/jnci/djj464, lire en ligne).
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- (en) Rubin G.J. et al. « Are some people sensitive to mobile phone signals ? Within participants double blind randomised provocation study » BMJ 2006;332:886 DOI:10.1136/bmj.38765.519850.55.
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- Traduction libre de « The symptoms described by 'electromagnetic hypersensitivity' sufferers can be severe and are sometimes disabling. However, it has proved difficult to show under blind conditions that exposure to electromagnetic fields can trigger these symptoms. This suggests that 'electromagnetic hypersensitivity' is unrelated to the presence of electromagnetic fields, although more research into this phenomenon is required. ».
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- Chez ces malades, on a pu mettre en évidence l’existence d’une ouverture de la barrière hémato-encéphalique, en pratiquant des échodoplers cérébraux pulsés (ou encéphaloscans – voir encadré ci-après) qui montrent l’existence d’une hypoperfusion vasculaire cérébrale, une augmentation de différents biomarqueurs de stress ou de souffrance cérébrale dans le sang (protéines de choc thermiques HSP70 et HSP27, protéine O-myéline, S100B) et un certain nombre de perturbations biologiques, telles une augmentation de l’histamine circulante et une baisse de la mélatonine urinaire, ces différentes perturbations nous permettant sans conteste de reconnaître objectivement l’affection. (cf. Tableau 1).
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- http://www.esquire.com/entertainment/tv/a32673/better-call-saul-chuck-electromagnetic-hypersensitivity/
- http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/schproum.
Voir aussi
Articles connexes
- Champ électromagnétique
- Pollution électromagnétique
- Risques sanitaires des télécommunications
- Rayonnement électromagnétique
- Full Signal (documentaire)
Bibliographie
- Gérard Dieuzaide, Les maladies des ondes, Dangles, (ISBN 9782703310716)
- Jérôme Bellayer, Electrosensibles : Vivons-nous les prémices d'une catastrophe sanitaire ?, Book-e-book, coll. « Une chandelle dans les ténèbres », , 78 p., 14 cm x 21 cm (ISBN 9782372460217, présentation en ligne)
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- (en) Schuz, J., Petters, C., Egle, UT., Jansen, B., Kimbel, R., Letzel, S., Nix, W., Schmidt, LG., & Vollrath, L. « The "Mainzer EMF-Wachhund": results from a watchdog project on self-reported health complaints attributed to exposure to electromagnetic fields », Bioelectromagnetics, 2006, 27(4):280-7.
- Luc Verschaeve et Jacques Verschaeve « Champs et ondes, quel impact sur la santé ? » Pour La Science no 409 (novembre 2011), 128-133.
- (en) Wang T, Hawkins LH & Rea WJ. « Effects of ELF magnetic fields on patients with chemical sensitivities », Biomedical effects of electromagnetic fields, septembre 1994, 27-29; Graz, Austria. 123-132.
Liens externes
- Champs électromagnétiques, Thèmes de la santé, Organisation mondiale de la santé (OMS)
- Radiocommunication et santé, sur le site de l'Agence nationale des fréquences (ANFR)
- Champs électromagnétiques, étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), sur le site de la Commission européenne
- Champs électriques et magnétiques 50 Hz et santé: Électosensibilité, Belgian BioElectro Magnetics Group, et Dossier « Électrosensibilité » (sous GFDL)
- Comprendre les champs électriques et magnétiques, site d’Hydro-Québec
- (en) Mobile Phone Research Unit, King's College, (Université de Londres)
- Champs électromagnétiques HF BF et DATABASE santé : ONG Next-up organization BioInitiative report Vid et EHS Refuge Zone international web site
- Alain Azoulay. « Ondes et champs électromagnétiques : Mieux comprendre la notion de champ électromagnétique et de propagation des ondes » SPS no 285, avril 2009.
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