Manie dansante

La manie dansante, ou épidémie de danse de Saint-Guy, est un phénomène d'hystérie collective principalement observé en Allemagne et en Alsace entre les XIVe et XVIIIe siècles. Il s'agit d'un groupe de personnes se mettant subitement à danser de façon incontrôlable et étrange. Ce mal affectait des hommes, des femmes ou des enfants, ceux-ci se mettaient à danser jusqu'à s'écrouler de fatigue et continuaient à se tortiller même à terre.

La danse de saint-Guy.

Recensements du phénomène

Plusieurs manifestations importantes de manie dansante ont été répertoriées au cours des siècles, notamment le 15 juin 1237 à Erfurt[1], le 24 juin 1374 aux Pays-Bas et/ou à Aix-la-Chapelle, en 1417 et 1418 en Alsace[1], et en 1518 à Strasbourg, où elle aurait concerné les femmes[1] (voir l'article Épidémie dansante de 1518). D'autres cas furent répertoriés à travers toute l'Europe comme aux Pays-Bas, à Cologne, ou à Metz.

Le Monde indique que l'épidémie de Strasbourg de 1518 est « est l'une des mieux documentées. C'est même la seule à avoir pu être reconstituée aussi précisément. [...] Au total, une vingtaine d'épisodes comparables ont été rapportés entre 1200 et 1600. Le dernier serait survenu à Madagascar, en 1863 »[2].

Selon la tradition[1], cette épidémie, attribuée alors à l'influence du diable, serait apparue dès le Ve siècle « dans les couvents et chez les ermites ». La chapelle de Saint-Guy (Vitsgrotte) à Saverne était un lieu de pèlerinage pour les malades atteints de cette affection.

Stoeber mentionne à ce sujet[1] des rimes de Kleinlawel issues de la Chronique de Strasbourg :

Une étrange maladie en ce temps
A envahi le peuple
Beaucoup de gens, par folie
Se sont mis à danser
Tout le jour et la nuit
Sans repos
Jusqu'à en tomber évanouis
Plusieurs en sont morts.

Le terme de « danse de Saint-Guy » était passé dans le langage courant sous forme d'imprécations, et on disait par exemple « La danse de Saint-Guy te prenne le ventre et le nombril ! »

Paracelse nomma cette maladie « chorée » et refusa de mêler ces manifestations à saint Guy ou de dresser tout autre lien religieux. Dans la littérature anglophone, la manie dansante ou danse de Saint-Guy est appelée danse de Saint-Vitus, un autre nom du même saint.

Notes et références

  1. Auguste Stoeber, Légendes d'Alsace, collecte choisie et présentée par Françoise Morvan, Éd. Ouest-France, 2010 (ISBN 978-2-7373-4850-1)
  2. Sandrine Cabut, « Lorsqu'en 1518, les Strasbourgeois se mirent à danser jour et nuit », sur lemonde.fr, (consulté le 8 février 2018).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) John Waller, The Dancing Plague : The Strange, True Story of an Extraordinary Illness, Sourcebooks, 2009, 278 p. (ISBN 1402219431)
  • (en) John Waller, A Time to Dance, a Time to Die: The Extraordinary Story of the Dancing Plague of 1518, Icon Books Ltd, 2008, 267 p. (ISBN 1848310218)
  • Sandrine Cabut, Lorsqu'en 1518, les Strasbourgeois se mirent à danser jour et nuit, LE MONDE, (lire en ligne)
  • John Waller, Les danseurs fous de Strasbourg, La Nuée Bleue, 2016, 224 p. ( (ISBN 978-2-7107-8897-3)

Articles connexes

Liens externes

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