Médecins sans frontières
Médecins sans frontières (MSF) est une organisation caritative privée à but humanitaire d'origine française et dont le Bureau international siège à Genève (Suisse).
Médecins sans frontières | |
Devise : « Guérir » | |
Situation | |
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Région | |
Création | |
Type | Association à but non lucratif Organisation non gouvernementale internationale |
Siège | Genève, Suisse |
Langue | Français |
Organisation | |
Membres | 34 146 |
Fondateurs | Jacques Bérès Philippe Bernier Raymond Borel Jean Cabrol Marcel Delcourt Xavier Emmanuelli Pascal Grellety Bosviel Gérard Illiouz Bernard Kouchner Gérard Pigeon Vladan Radoman Max Récamier Jean-Michel Wild |
Présidents | Joanne Liu Mego Terzian |
Secrétaire général | Jérôme Oberreit |
Site web | msf.org |
Fondée en 1971, elle offre une assistance médicale d'urgence dans des cas comme les conflits armés, les catastrophes naturelles, les épidémies et les famines. Elle offre aussi des actions à plus long terme lors de conflits prolongés ou d'instabilité chronique, dans le cadre de l'aide aux réfugiés ou à la suite de catastrophes. Elle a reçu le prix Nobel de la paix en 1999[1].
Histoire
Origines
L'organisation caritative et humanitaire Médecins Sans Frontières a été créée le par le magazine Tonus[2] et des médecins français qui s'étaient rendus au Biafra avec la Croix-Rouge pour tenter d'y aider la population lors de la guerre du Biafra qui avait opposé cette région indépendantiste au gouvernement central nigérian entre 1967 et 1970. Estimant que la politique de neutralité et de réserve de la Croix-Rouge avait été une erreur, ils voulurent fonder une association qui allierait aide humanitaire et actions de sensibilisation auprès des médias et des institutions politiques[3].
Bernard Kouchner, le plus médiatique de ses cofondateurs, a créé en premier lieu l'Organisation pour la lutte contre le génocide au Biafra[4], et l'année suivante, le Groupe d'intervention médicale et chirurgicale en urgence (GIMCU) qui envoie des volontaires à la suite du séisme péruvien de 1970 et à Amman en Jordanie après le massacre de Palestiniens, le GIMCU formant l'ossature de MSF. En même temps, le cyclone de Bhola frappe le Pakistan oriental, actuel Bangladesh, et fait près de 500 000 victimes. Raymond Borel et Philippe Bernier, directeur et journaliste du journal médical Tonus ont commencé à y envoyer les médecins, sous le nom de Secours médical français (SMF). Bernard Kouchner a jugé qu'une association serait meilleure pour les deux organisations, et après quelques mois, MSF voit le jour[5].
Les cofondateurs de Médecins Sans Frontières sont au nombre de 13[6] :
- Dr Marcel Delcourt, médecin généraliste
- Dr Max Récamier, oto-rhino-laryngologiste
- Dr Gérard Pigeon, médecin-colonel de sapeurs-pompiers
- Dr Bernard Kouchner, médecin et homme politique
- Raymond Borel, de la revue Tonus
- Dr Jean Cabrol, chirurgien
- Dr Vladan Radoman, chirurgien
- Dr Jean-Michel Wild, chirurgien
- Dr Pascal Greletty-Bosviel, médecin généraliste
- Dr Jacques Bérès, chirurgien orthopédiste
- Dr Gérard Illiouz, chirurgien plastique
- Philippe Bernier, de la revue Tonus
- Dr Xavier Emmanuelli
Années 1970 - 1980
À l'occasion de l'opération « Un bateau pour le Viêt-nam » en 1979, le cofondateur le plus connu du public, Bernard Kouchner, a défendu l'idée d'affréter un bateau avec des médecins et des journalistes pour témoigner des violations des Droits de l'homme dans ce pays et aussi pour évacuer les Vietnamiens qui avaient fui leur pays après que le Viêt Nam fut devenu un pays totalement communiste. Il s'ensuivit une violente querelle à l'origine d'une scission au sein de MSF, certains estimant l'opération vaine ou trop coûteuse, dont Xavier Emmanuelli, auteur d'une attaque violente dans Le Quotidien du médecin intitulée « Un bateau pour Saint-Germain-des-Prés »[7]. Bernard Kouchner quittera alors définitivement MSF pour créer avec une quinzaine d'autres médecins l'organisation « Médecins du monde » en 1980[8].
Années 2010
En 2015, trente personne - dont treize membres du personnel de MSF et dix patients parmi lesquels trois enfants - ont été tuées dans le bombardement du centre de soins de MSF à Kondôz par l'US Air Force. MSF a demandé une enquête internationale indépendante.
En juin 2016, Jérôme Oberreit, secrétaire général international de l'organisation annonce le refus de MSF de recevoir des fonds européens. Cette décision vient en protestation contre les politiques européennes adoptées en matière de contrôle migratoire, et notamment contre l'accord signé avec Ankara, prévoyant le maintien ou le renvoi de demandeurs d'asile syriens vers la Turquie[9].
En décembre 2016, Frontex, l'agence européenne responsable de la coordination des activités des garde-frontières dans le maintien de la sécurité des frontières de l'Union avec les États non-membres, accuse les organisations caritatives, dont Médecins sans frontières, de collusion avec les passeurs migrants en Méditerranée. Un rapport confidentiel indique que des migrants avaient reçu « des indications claires avant le départ sur la direction précise à suivre pour atteindre les bateaux des ONG ». L'ONG récuse ses accusations et affirme refuser catégoriquement de travailler avec des passeurs[10]. En août 2017, c'est la justice italienne qui soupçonne Médecins Sans Frontière d’avoir joué un rôle dans la récupération illégale des migrants près de la Libye[11].
En juin 2018, des anciennes employées de MSF témoignent, à visage couvert, sur la BBC que plusieurs membres de l'organisation, notamment en Afrique, ont eu des comportements déplacés, certains y ayant par exemple recours à des prostituées beaucoup plus jeunes qu’eux[12].
La Charte
La Charte de MSF[13] rappelle que les interventions se font au nom de l'éthique médicale universelle et ne permet aucune discrimination de race, de religion, de philosophie ou de politique. Son auteur est Philippe Bernier.
Tous les Médecins Sans Frontières doivent adhérer aux principes suivants :
« Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d'origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, de philosophie ou de politique.
Œuvrant dans la neutralité et en toute impartialité, les MSF revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l'exercice de leur fonction.
Ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l'égard du pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse.
Volontaires, ils mesurent les risques et les périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront, pour eux ou leurs ayants droit, aucune compensation autre que celles que l’association sera en mesure de leur fournir. »
Organisation interne
MSF compte 23 sections implantées dans autant de pays (Allemagne, Afrique du Sud, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Chine (Hong Kong), Danemark, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Italie, Japon, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, et Suisse). Seules cinq sont dites opérationnelles, c'est-à-dire chargées d'opérations humanitaires sur le terrain. Celles-ci sont :
- MSF OCB (centre opérationnel de Bruxelles), basée à Ixelles (Bruxelles)
- MSF OCBA (centre opérationnel de Barcelone), basée à Barcelone
- MSF OCP (centre opérationnel de Paris), basée à Paris
- MSF OCA (centre opérationnel de Amsterdam), basée à Amsterdam
- MSF OCG (centre opérationnel de Genève), basée à Genève
En 2009, les MSF comptent 1453 adhérents. En effet, depuis quelques années, les sections sont devenues des centres opérationnels. On parle aujourd'hui par exemple de l'OCB (Operational Center of Brussels), l'OCA (Operational Center of Amsterdam) en utilisant l'acronyme anglais et ne se basant plus sur la section mais sur le siège où gravitent les sections satellites. Une nouvelle vague a débuté aussi en « décentralisant » les opérations des cinq sections opérationnelles vers les sections satellites (ou encore appelées « sections partenaires »). Il existe ainsi une cellule à Rome pour l'OCB, une à Berlin et à Toronto pour l'OCA, une à New York et à Tokyo pour l'OCP (Operational Center of Paris). Cette dernière abréviation n'est pas très utilisée, on parle encore de MSF France. Les deux autres abréviations sont OCG (Operational Center of Geneva) et OCBA (Operational Center of Barcelona). Les cellules opérationnelles de Luxembourg et Athènes sont respectivement liées à l'OCB et à l'OCBA. Elles ont été fermées après une évaluation interne.
Toutes les sections sont actives au niveau des campagnes de sensibilisation, recrutement et suivi des expatriés, et de mobilisations de fonds. Les sections non opérationnelles font partie à part entière d'un des cinq centres opérationnels.
Un Bureau international situé à Genève se charge de la coordination de l'action entre les différentes sections. Sur le terrain, une coordination inter-section plus informelle assure la cohérence des opérations. À titre d'exemple, les cinq sections opérationnelles de MSF sont présentes en République démocratique du Congo au cours de la Deuxième guerre, mais sur des projets différents quant à leur localisation, leurs actions dans la durée (des situations d'urgence au support au système de santé) ou leur nature (urgence, Sida, campagnes de vaccination, support au système de santé…).
En France, des « antennes régionales », animées par des bénévoles, participent aux activités d'information et de communication de l'association ainsi qu'à l'accueil et au recrutement des nouveaux volontaires au départ en mission.
Chiffres
2013[14] | 2014[15] | |
---|---|---|
Collectes | 230,1 millions d'euros | 283,3 millions d'euros |
Dépenses | 232,7 millions d'euros | 251,3 millions d'euros |
Total collecté par le mouvement dans son ensemble | 1 milliard d'euros, dont 900 millions (89 %) de sources privées | 1,281 milliard d'euros, dont 1,142 milliards de sources privées |
Effectif global des donateurs privés | 5 millions | 5,7 millions |
Episodes singuliers
A diverses reprises des membres du personnel et/ou les installations de MSF ont été l'objet d'actions hostiles : vols, braquages et enlèvements. Certains de ces épisodes ont été relayés dans les médias.
- Le 2 juillet 1997 Christophe A., un gestionnaire administratif effectuant sa première mission humanitaire, a été enlevé à Nazran ville de la république d'Ingouchie, (Caucase). Après 4 mois de détention il échappe à ses ravisseurs.[16],[17]
- En avril 2009 deux médecins de MSF, otages belge et néerlandais, sont libérés en Somalie.
- En 2013 Montserrat S. et Blanca Th., Deux membres de MSF enlevés au Kenya sont libérés après 650 jours de détention en Somalie. [18]
- Le 4 juillet 2013 quatre membres de MSF, Philippe B-M, Richard M-M, Romy Y-N et Chantal K. sont enlevés par le groupe ADF (Allied Democratic Forces) à Kamango (Nord-Kivu, RDC). Le 29 août 2014 Chantal a pu fausser compagnie à ses ravisseurs. En juin 2018 les trois autres ne sont pas encore libres. [19]
- La nuit du 2 au 3 octobre 2015 l'hôpital de Kunduz (Afghanistan) est bombardé par l'aviation américaine causant 30 morts dont 13 membres du personnel de MSF. voir Bombardement du centre de soins de MSF à Kondôz
Présidents
MSF France
- Marcel Delcourt (1971-1973)
- Max Récamier (1973-1974)
- Jacques Bérès (1974-1975)
- Max Récamier (1975-1976)
- Bernard Kouchner (1976-1977)
- Jacques Bérès (1977-1978)
- Claude Malhuret (1978-1980)
- Francis Charhon (1980-1982)
- Xavier Emmanuelli (1982)
- Rony Brauman (1982-1994)
- Philippe Biberson (1994-2000)
- Jean-Hervé Bradol (2000-2007)
- Marie-Pierre Allié (2008-2013)
- Mego Terzian (2013-en cours)
MSF International
- Rony Brauman (02/1991-01/1992)
- Reginald Moreels (01/1992-08/1992)
- Rony Brauman (08/1992-02/1994)
- Jacques De Milliano (02/1994-02/1995)
- Doris Schopper (02/1995-06/1996)
- Philippe Biberson (06/1996-09/1997)
- Doris Schopper (09/1997-06/1998)
- James Orbinski (06/1998-11/2000)
- Morten Rostrup (11/2000-12/2003)
- Rowan Gillies (01/2004-12/2006)
- Christophe Fournier (01/2007-06/2010)
- Unni Karunakara (06/2010-09/2013)
- Joanne Liu (10/2013-en cours)
Notes et références
- (en) Site officiel du prix Nobel.
- « La charte de Médecins sans frontières, magazine "Tonus" », sur www.msf.fr (consulté le 25 novembre 2016)
- Marie-Thérèse Neuilly, Gestion et prévention de crise en situation post-catastrophe. Prise en charge des traumatismes collectifs, De Boeck Supérieur, , p. 116
- Il fusionne en septembre 1969 avec l'association France-Biafra, dirigée par Robert Buron.
- Nathalie Affre, Les ONG et l'État. L'exemple du Guatemala, Éditions L'Harmattan, , p. 64
- (fr) « 1971 : La création de Médecins sans frontières », Médecins Sans Frontières, (consulté le 25 novembre 2016), Marie-Édith Alouf, « Médecins Sans Frontières : une histoire d'aventures », Politis, (consulté le 25 janvier 2009)
- Jean-Francis Pécresse, « MSF, une vie de révoltes », Les Échos, (lire en ligne)
- « Notre histoire », sur www.medecinsdumonde.org (consulté le 28 décembre 2017)
- Maryline Baumard, « Opposée à la politique migratoire de l’UE, MSF refuse l’argent européen », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne)
- (en) EU border force accuses charities of collusion with migrant smugglers, Financial Times, 15 décembre 2016
- Migrants. L’Italie enquête sur le rôle des ONG, ouest-france.fr, 6/08/2017
- Guyonne de Montjou, « Scandales sexuels, l'humanitaire en crise », Le Figaro Magazine, semaine du 29 juin 2018, p. 70-73.
- (fr) Charte de MSF
- « 2013 : Rapport financier », sur Issuu
- « Rapport annuel 2014 », sur issuu.com/msffr/docs
- Guy Delisle S'enfuir. récit d'un otage. Dargaud, 2016.
- Véronique Soulé Caucase: l'otage de MSF raconte sa fuite. Enlevé en juillet, Christophe André soupçonne les Tchétchènes Libération, 27 octobre 1997.
- Somalie : deux otages espagnoles de Médecins sans frontières libérées Le Monde 18 juillet 2013. (consulté en ligne)
- Communiqué MSF, 11 juillet 2017, mis à jour en juin 2018. consulté en ligne.
Annexes
Bibliographie
- Caroline Abu-Sada (dir.), Dans l'œil des autres. Perception de l'action humanitaire et de MSF, Antipodes, Lausanne, 2011, 205 p. (ISBN 9782889010677)
- Jean-Hervé Bradol et Claudine Vidal (dir.), Innovations médicales en situations humanitaires : le travail de Médecins sans Frontières, L'Harmattan, 2009, 193 p. (ISBN 978-2-296-10046-6)
- Jean Lacouture et Rony Brauman (textes), Rip Hopkins (phot.), Sept fois à terre, huit fois debout, Médecins sans frontières, Chêne, Paris, 2011, 126 p. (ISBN 978-2-8123-0508-5)
- Claire Magone, Michaël Neuman et Fabrice Weissman (dir.), Agir à tout prix ? : négociations humanitaires : l'expérience de Médecins Sans Frontières, La Découverte, Paris, 2011, 343 p. (ISBN 978-2-7071-6944-0)
- Louis Schittly, L'homme qui voulait voir la guerre de près : médecin au Biafra, Viêt Nam, Afghanistan, Sud-Soudan, Arthaud, Paris, 2011, 380 p. (ISBN 978-2-08-125841-9)
- Anne Vallaeys, Médecins Sans Frontières, la biographie, Fayard, 2004)
- Olivier Weber, French doctors : L’épopée des hommes et des femmes qui ont inventé la médecine humanitaire (Robert Laffont, 1995)
- Olivier Weber, Humanitaires (Le Félin, 2002)
Filmographie
- Une goutte dans l'océan, réalisé par Lise Ethier, Office national du film du Canada, 2001, 48 min (DVD)
- L'Aventure MSF, film documentaire en deux volets : 1. De l'utopie à la réalité (1968-1990) ; 2. Les Insoumis (1991-2006), réalisé par Patrick Benquet et Anne Vallaeys, Maha Productions/INA, 2006, 2 x 52 min
- Guerre et santé, réalisé par Olivier Weber, 1996, 52 min, France 5
- Revues des troupes : médecins sans frontières, réalisé par Marco Lamensch et Olivier Lamour, AMIP, Paris, 2007, 51 min (DVD)
- Chirurgie de guerre : médecins sans frontières, réalisé par Marco Lamensch et Olivier Lamour, AMIP, Paris, 2007, 57 min (DVD)
Articles connexes
- Médecins du monde
- SOS Méditerranée
- SGDQ (Summer Games Done Quick)
Liens externes
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