Granulocyte éosinophile
Les granulocytes éosinophiles ou polynucléaires éosinophiles (ou plus simplement « éosinophiles ») sont des cellules sanguines de la lignée blanche (ou leucocytes), ayant donc un rôle dans le système immunitaire.
Terminologie
On les appelle polynucléaires en raison d'une erreur historique : du fait du caractère lobé de leur noyau (deux lobes en général), on a longtemps cru que ces cellules possédaient plusieurs noyaux.
Le qualificatif d'« éosinophile » vient aussi d'une caractéristique visible en microscopie optique : après ajout des colorants vitaux usuels, ces cellules se colorent en rouge (leurs inclusions cytoplasmiques fixent l'éosine, ils sont acidophiles). Les autres granulocytes sont les granulocytes neutrophiles et basophiles.
Description
Leur taille varie de 12 à 14µm. Ils présentent un noyau bilobé ainsi que de nombreuses granules qui se colorent avec de l'éosine (d'où leur nom).
Leur répartition est surtout tissulaire car la fraction que l'on voit circuler ne représente que 1 % du nombre total qui est en transit pendant 3 à 8 heures au sortir de la moelle avant de trouver à se déposer dans les tissus (intestin, poumon, peau, utérus) où ils vivront une dizaine de jours...
Fonction
Leur rôle essentiel est de s'attaquer aux parasites de l'organisme, sans les phagocyter : ils se fixent dessus, déversent leurs granules qui contiennent des enzymes destinées à les détruire. Les vacuoles contenues dans leur cytoplasme contiennent des substances toxiques (histamine entre autres) pour les parasites (mais aussi contre l'organisme hôte).
Ils jouent aussi un rôle (mineur) dans l'allergie, et dans l'inflammation. Ils représentent de 2,5 à 5 % des leucocytes circulants (350 éléments par millimètre cube environ) impliqués dans la défense antiparasitaire, Ils sont également impliqués dans l'inflammation allergique, dont ils sont des cellules clés. En effet, ils possèdent dans leur granules de l'histaminase, une enzyme qui agit sur l'histamine et la neutralise. De plus, les polynucléaires éosinophiles ont la capacité de phagocyter les complexes Antigène-IgE, responsables de la libération de l'histamine par les polynucléaires basophiles et les mastocytes par fixation sur des récepteurs à immunoglobuline E.
Éosinophilie
Une augmentation de la population d'éosinophiles est appelée « éosinophilie », que l'on rencontre classiquement chez les individus atteints de maladie parasitaire. D'autres causes sont possibles :
- allergie (asthme, eczéma, urticaire, allergie médicamenteuse). Les éosinophiles se concentrent facilement dans les sites des réactions allergiques. On constate par ailleurs une hyperproduction de ces leucocytes ce qui se traduit par une éosinophilie sanguine parfois importante.
- leucémies, cancers,
- maladies inflammatoires : lupus, périartérite noueuse, sarcoïdose, syndrome de Churg-Strauss,
- maladies de la peau : pemphigus, polymyosite.
Sécrétions cytotoxiques et inflammatoires
À l'instar des mastocytes et basophiles, l'éosinophile s'est vu fort bien nanti par la nature puisqu'il dispose de tout un arsenal en vue de détruire les parasites qu'il pourrait rencontrer. On y distingue les substances granulaires et les substances membranaires.
Granulaires Propriétés MBP (protéine basique majeure)
Protéine cytotoxique (épithélium, parasites, cellules tumorales), histaminolibératrice EPO (peroxydase éosinophilique) Cytotoxique en présence d'H2O2 et d'ions halogènes (cellules pulmonaires), histaminolibératrice ECP (protéine cationique éosinophilique) Cytotoxique (parasites, système nerveux, cœur), histaminolibératrice, inhibiteur de la prolifération lymphocytaire EDN/EDX (neurotoxine) Cytotoxique (système nerveux, parasites), inhibition de la prolifération lymphocytaire T.
La protéine basique représente 50 % des protéines et est responsable de l'éosinophilie. Elle adhère aux groupements acides des membranes cellulaires et peut tuer des cellules et certains parasites. Elle entraîne la dégranulation des basophiles et des mastocytes et active les plaquettes.
Membranaires Propriétés CLC (cristaux de charcot Leyden)
Lysophospholipase qui forme des cristaux hexagonaux caractéristiques au microscope Enzymes Collagénase, catalase, arylsulfatase, histaminase, phospholipase D.
Ces substances semblent avoir un rôle d'amplification de la réaction allergique avec histaminolibération auprès des mastocytes et basophiles, hyper-réactivité bronchique dans l'asthme, etc. La persistance d'une inflammation à éosinophiles au sein de la lésion d'allergie est donc le gage d'une peau ou d'une muqueuse lésée qui pérennise l'inflammation allergique et de nouvelles sensibilisations. Dans l'asthme certains marqueurs biologiques récents sont parfois utilisés pour le suivi de cette inflammation comme l'ECP ou encore le NO expiré.
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