Coupe menstruelle
Une coupe menstruelle ou coupelle menstruelle est un appareil de protection hygiénique féminine utilisé lors des menstruations. Constitué d'une petite coupe en forme d'entonnoir aux bords arrondis et terminée le plus souvent par une petite tige, ce dispositif est le plus souvent composé de silicone médical. Placée à l'intérieur de vagin pour recueillir le sang, la coupe menstruelle se conserve jusqu'à douze heures en place, avant de devoir être vidée, rincée puis réinsérée. Réutilisable pendant plusieurs années, elle est ainsi perçue comme une alternative écologique aux protections hygiéniques jetables comme les tampons et les serviettes[1].
Histoire
Le premier modèle de coupe menstruelle date de 1867[2]. Les premiers brevets sont déposés dans les années 1930. En 1933, le Canadien Lester J. Goddard obtient un brevet sur le « réceptacle vaginal » pour la Coezene Company à Miami[3]. La première coupe commercialisée serait la Daintette distribuée par la Dainty Maid, Inc., de Middlefield, Connecticut (États-Unis)[4]. L'actrice et chanteuse américaine Leona Chalmers (en) se consacre avec des gynécologues à la conception de produits d'hygiène intime plus sûrs, plus propres et plus confortables pour les femmes. En 1937, elle lance la Tassette[5], qui a peu de succès, en partie à cause de la pénurie de caoutchouc[6]. Lors de sa commercialisation, Leona Chalmers promet que la Tassette remédie à l'impression de saleté et aux mauvaises odeurs pendant les règles, tout en assurant « tranquillité d'esprit et fraîcheur ». Cette coupe est commercialisée jusque dans les années 1960 sous d'autres noms comme Tassaway dans les années 1950[2]. À la même époque, les tampons avec applicateur sont créés et rencontrent quant à eux un large succès[7].
Une nouvelle coupe menstruelle en caoutchouc est conçue en 1987 aux États-Unis, la Keeper[8],[2]. En Europe, elle apparaît dans les années 2000[2]. Cependant, dans les années 1980, certaines femmes présentent des réactions allergiques à cause du latex qu'elle contient. La première coupe menstruelle en silicone, la Mooncup, est alors fabriquée aux États-Unis par la société The Keeper Inc. puis au Royaume-Uni. Elle est toujours fabriquée et commercialisée aux États-Unis, au Canada sous le nom de Divacup, et en Europe sous le nom de keeper silicone.
En 2016, un disque menstruel jetable sans latex au fonctionnement similaire à la coupe menstruelle est mis sur le marché aux États-Unis. Comme la coupe menstruelle, il est souple et peut être gardé douze heures dans le vagin. Il est possible de l'utiliser pendant les rapports sexuels[2].
Description
Les coupes menstruelles existent en différentes tailles adaptées au fait d'avoir déjà accouché ou non, et disposent d'une tige ou d'un anneau pour en faciliter le retrait. Elles sont composées de caoutchouc, de latex ou de silicone. Leur durée de vie est d'au moins cinq ans[2]. Une coupe est généralement conçue pour contenir entre 10 et 30 ml de fluides, ce qui correspond environ à un tiers de la quantité perdue lors d'une menstruation[réf. souhaitée].
Utilisation
La coupelle propre est insérée pliée dans le vagin. Elle s'y déplie ensuite seule et se plaque aux parois vaginales[6]. Elle peut être humidifiée au préalable pour glisser plus aisément, avec de l'eau ou du lubrifiant à base d'eau. Le bord rond de la coupe se retrouve plaqué sur les parois vaginales. La coupe est maintenue en place grâce aux muscles vaginaux et non par un effet ventouse, contrairement à la croyance populaire, car la coupe n'aspire pas, vu qu'elle a été ouverte grâce à l'air bombant la coupe[réf. nécessaire]. La coupe peut être conservée en place jusqu'à douze heures d'affilée. Une fois la coupe remplie, il est nécessaire de pincer la base de la coupe pour la retirer. Elle est alors vidée, rincée puis peut être réinsérée[6].
- Coupe bien positionnée dans le vagin.
- Coupe bien positionnée.
- Coupe positionnée trop haut, entraînant des risques de fuite.
Entretien
La coupe doit être stérilisée avant ou après les menstruations, par exemple en la plongeant dans de l'eau bouillante[6] ou en la stérilisant au micro-ondes dans une boîte dédiée pour certaines marques[2]. Elle peut aussi être soigneusement lavée à l'aide d'un nettoyant doux non parfumé et au pH équilibré. Certains fabricants mettent en garde contre l'usage de savon, car il pourrait laisser des résidus et endommager le silicone.
Avantages et inconvénients
La coupe menstruelle ne se sent pas lorsqu'elle est bien positionnée, et permet la poursuite d'une activité normale, y compris sportive, sans éprouver de gêne physique ni avoir de risque de fuite[2],[6]. Elle peut être laissée en place plus longtemps que les autres protections hygiéniques, tout en ne perturbant pas la flore vaginale. Réutilisable pendant plusieurs années, elle permet une économie financière liée au remplacement de l'achat de protections classiques jetables, ainsi qu'une réduction significative de la quantité de déchets produite par les serviettes et les tampons[2],[6]. Une diminution des crampes menstruelles est également rapportée[6].
En contrepartie, son usage nécessite un certain apprentissage concernant sa mise en place et son retrait, et requiert également le fait d'être à l'aise avec son corps et avec le contact du sang[2],[6]. La coupe nécessite d'avoir régulièrement accès à un point d'eau pour la rincer, ce qui peut s'avérer délicat dans des sanitaires publics[2],[6]. Enfin, elle peut ne pas convenir aux personnes ayant des problèmes gynécologiques compliquant l'insertion de la coupe[6]. Un applicateur pour faciliter l'insertion a été commercialisé en 2016 afin de répondre à la demande d'utilisatrice de tampons avec applicateur. La coupelle s'ouvre ainsi automatiquement au bon endroit sans avoir à se salir.
Commercialisation
En Europe, la coupe menstruelle est commercialisée à partir des années 2000, principalement en ligne[2]. La coupe menstruelle se vend en pharmacies, sur internet[9] ou depuis 2016 en grandes surfaces en France[2]. Plusieurs marques se partagent le marché en France : Amycup, Be'Cup, Dans ma culotte, DivaCup, Fleurcup, Lunéale, Lunette et Meluna[6].
Sécurité sanitaire
Composition
Aucune étude sur la composition des coupes menstruelles n'existe[10].
Syndrome du choc toxique
Le syndrome du choc toxique (SCT) est lié à plusieurs facteurs qui interagissent entre eux. Un de ces facteurs est la prolifération d'une toxine (nommée SCTT-1) produite par la bactérie Staphylococcus aureus. La production de cette toxine en présence de la coupe menstruelle de la marque Tassaway a été testé en 1994 [11] en mettant la coupe dans un bouillon de culture à 37 °C et en y ajoutant une quantité connue de S. aureus. Au bout de une nuit d'incubation la quantité de toxines produite a été mesurée : la présence de cette toxine n'était pas détectable. En revanche, cette toxine a été detectée dans tous les tests réalisés avec des tampons, sauf avec les tampons contenant uniquement du coton.
Un cas de SCT lié à l'utilisation d'une coupe menstruelle pendant les règles a été rapporté, en 2015[12]. Il s'agissait d'un cas de première utilisation de coupe qui a entraîné une irritation forte de la paroi du vagin lors de l'insertion. La patiente a pu être soignée grâce à un traitement antibiotique fort.
Le 4 juillet 2017, les Hospices civils de Lyon publient un communiqué de presse portant sur une étude expérimentale menée par des chercheurs du Centre National de Référence du staphylocoque[13]. De nombreux médias reprennent les informations de ce communiqué et mettent en cause la coupe menstruelle dans le syndrome du choc toxique[14]. Une polémique naît immédiatement[15],[16]. Ces résultats préliminaires ne sont ni vérifiés ni publiés dans la littérature scientifique[16], contrairement à l'étude de 1994 sur la coupe Tassaway[11]. Le 8 juillet, les Hospices de Lyon publient une mise au point et précisent qu'« aucune protection testée ne favorise la croissance et la production de la toxine » responsable des chocs toxiques[13].
Compatibilité avec un dispositif intra-utérin (DIU)
Les risques de l'utilisation d'une coupe menstruelle lorsqu'on porte un DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) sont discutés (risque de perte ou de déplacement du stérilet pouvant entraîner une grossesse non désirée). En France, ce sujet a fait l'objet d'une question du député Hervé Féron à l'Assemblée nationale[17], spécifiant notamment que « l'Agence du médicament a ainsi demandé aux professionnels de santé d'être vigilants face au « risque potentiel » du dispositif, bien que le contrôle de la coupe menstruelle, qui n'est pas considérée comme un médicament ni comme un « dispositif médical », ne relève pas de sa compétence. Elle a donc choisi de transmettre le dossier à la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). » Les résultats des conclusions ne sont pas encore connus. En attendant une législation sur le sujet, certaines compagnies, en Angleterre ou au Canada, où les coupes sont utilisées depuis plus longtemps, mettent en garde sur cette question[18],[19]. En France, de nombreux sites souvent partisans soutiennent qu'il n'y a pas de contre-indication et que la coupe menstruelle ne peut pas aspirer les organes internes puisqu’elle ne produit pas d’aspiration[réf. nécessaire]. L'« effet ventouse » ne survient que brièvement lors de l'insertion et lors du retrait de la coupe[20].
Notes et références
- « Les coupes menstruelles sont féministes, économiques et écologiques », sur slate.fr,
- Élise Thiébaut, Ceci est mon sang : Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, La Découverte, , 248 p. (ISBN 978-2-7071-9292-9), p. 128-XXX.
- http://brevets-patents.ic.gc.ca/opic-cipo/cpd/fra/brevet/344707/sommaire.html#Details
- http://www.mum.org/daincup.htm
- (en) The Menstrual Cup, Part 1: the Leona Chalmers Patent, at the Museum of Menstruation and Women's Health
- Jack Parker, Le grand mystère des règles, Flammarion, , 250 p. (ISBN 978-2-0814-0864-7), p. 68-75.
- Coline Clavaud-Mégevand, « La montée en puissance de la communauté de la cup », .
- (en) The Menstrual Cup, Part 4: The Keeper, at the Museum of Menstruation and Women's Health
- Lucile de la Reberdiere, « Coupe menstruelle on adopte ou pas ? », .
- « Tampons, serviettes, cups... lesquels choisir ? », sur www.francetvinfo.fr, (consulté le 11 avril 2018).
- P.M. Tierno, Jr. and B.A. Hanna, « Propensity of Tampons and Barrier Contraceptives to Amplify Staphylococcus aureus Toxic Shock Syndrome Toxin-I », Infectious Diseases in Obstetrics and Gynecology, vol. 2, , p. 140-145 (DOI 10.1155/S1064744994000542, lire en ligne).
- MA Mitchell, S Bisch, S Arntfield, SM Hosseini-Moghaddam, « A confirmed case of toxic shock syndrome associated with the use of a menstrual cup », Can J Infect Dis Med Microbiol, vol. 26(4), , p. 218-220 (lire en ligne).
- « Choc toxique : Enquête sur l'usage des tampons périodiques | Hospices Civils de Lyon », sur www.chu-lyon.fr (consulté le 31 juillet 2017)
- « Choc toxique : la coupe menstruelle plus dangereuse que les tampons, selon une étude », Franceinfo, (lire en ligne)
- Jadine Labbé Pacheco, « Choc toxique : non, la cup n'est pas plus dangereuse que le tampon », L'Obs, (lire en ligne)
- Elise Thiébaut, « Choc toxique: pourquoi la coupe menstruelle et les tampons bio sont mis en cause? », Club de Mediapart, (lire en ligne)
- Assemblée Nationale, « Question n°57974 - Assemblée nationale », sur questions.assemblee-nationale.fr (consulté le 30 mai 2016)
- (en) « Mooncup Menstrual cup FAQs », sur http://www.mooncup.co.uk/
- « Frequently Asked Questions | Softcup », sur softcup.com (consulté le 30 mai 2016)
- http://coupemenstruelle.net/cup-effet-ventouse-croyance/