Couleur des yeux
La couleur des yeux est un caractère polygénique qui est principalement déterminé par la quantité et le type de pigments présents dans l'iris de l'œil[1],[2].
Les humains et les animaux présentent de nombreuses variations phénotypiques relatives à la couleur des yeux[3]. Chez les humains, ces variations de couleur sont dues à la proportion variable d'eumélanine produite par les mélanocytes dans l'iris. Les couleurs chatoyantes des yeux de nombreuses espèces d'oiseaux sont généralement déterminées par d'autres pigments, tels que les ptéridines, les purines, et les caroténoïdes[4].
Trois éléments principaux à l'intérieur de l'iris contribuent à sa couleur : la teneur en mélanine de l'épithélium pigmentaire de l'iris, la teneur en mélanine du stroma irien, et la densité cellulaire du stroma irien[5]. Dans les yeux de toutes les couleurs, l'épithélium pigmentaire de l'iris contient le pigment noir appelé eumélanine[2],[5]. Les variations chromatiques entre différents iris sont généralement attribuées à la teneur de mélanine à l'intérieur du stroma irien[5]. La densité cellulaire à l'intérieur du stroma affecte la quantité de lumière qui est absorbée par l'épithélium pigmentaire[5].
Détermination de la couleur des yeux
La couleur des yeux est un caractère héréditaire influencé par plus d'un gène[6],[7]. Il existe deux gènes majeurs et d'autres plus mineurs qui permettent d'expliquer la variation chromatique des yeux chez l'être humain[8].
Chaque gène possède deux allèles, l’un qui provient du père, l’autre de la mère. Si les deux allèles sont identiques, la caractéristique issue de cet allèle s’exprimera (donc yeux bleus + yeux bleus = yeux bleus). S’ils sont différents, l’allèle que l’on appelle dominant s’imposera sur l’allèle que l’on appelle récessif, et c’est l’allèle dominant qui donnera sa caractéristique[9].
Actuellement, chez l'être humain, on connait plusieurs loci associés à la couleur des yeux : EYCL1, EYCL2, EYCL3[10],[11] et, plus récemment, OCA2 (en). Ces gènes permettent d'expliquer les trois grands types de couleurs phénotypiques des yeux chez l'être humain[3] : bruns, verts et bleus.
Il y a cependant des variations dans chaque cas : ainsi, on peut avoir les yeux « noisette » (le marron prédomine mais est mélangé à du bleu et à du vert), bleu-gris, d'un brun plus ou moins soutenu (du châtain, plutôt européen, au brun presque noir, couleur la plus répandue au niveau mondial), etc. À la naissance, les yeux des enfants d'origine européenne sont bleus. Ils prennent leur teinte définitive généralement à environ 6 mois[12]. La plupart des bébés d'origine africaine ou asiatique ont les yeux bruns dès la naissance[13].
La couleur des yeux peut être soit modifiée temporairement à l'aide de lentilles de contact colorées, soit de manière définitive, par des instituts spécialisés mais dont le procédé serait risqué[14].
Voir l'article iris pour la transmission héréditaire de la couleur des yeux.
Yeux bleus
Répartition de l'humanité aux yeux bleus
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Cette répartition n'est pas homogène. Tout d'abord, en Europe, on observe de grandes différences entre la moitié Nord (Scandinavie, Royaume-Uni, Islande, pays baltes, Russie de l'Ouest) où plus de 80 % de la population a les yeux bleus et dont la Finlande a le pourcentage le plus élevé au monde tandis que dans les pays méditerranéens, cette proportion chute bien en dessous des 20 % malgré une présence dans les pays Arabes, en Turquie, Tunisie, Jordanie, Maroc, ainsi que dans le Caucase.
Yeux bleus et gènes hérités
La couleur des yeux dépend des gènes des deux parents[15]. Le marron étant dominant, un parent ayant des yeux de cette couleur peut néanmoins être porteur d'un allèle « bleu ». En conséquence, et de façon synthétique :
- Si les deux parents ont les yeux marron la probabilité que les enfants aient des yeux marron est supérieure à 70 % ;
- Si l'un des deux parents a les yeux marron avec deux allèles « brun », la probabilité que l'enfant ait les yeux marron est à peu près certaine[16] ;
- Si l'un des deux parents a les yeux marron avec un allèle récessif « bleu » et que l'autre a les yeux bleus, la probabilité d'avoir les yeux marron est de 50 % ;
- Si les deux parents ont les yeux bleus, l'enfant aura les yeux bleus ; en pratique cependant, la couleur des yeux est un caractère complexe (non mendélien), et la probabilité qu'un enfant de deux parents aux yeux bleus n'ait pas les yeux bleus est d'environ 10%[17].
Origine de l'allèle bleu
Selon les conclusions d'une équipe scientifique danoise, les êtres humains aux yeux bleus seraient issus d'un seul et même ancêtre, apparu de 6 000 à 10 000 ans avant notre ère au bord de la mer Noire. Cet ancêtre commun aurait porté une mutation génétique spontanée soustrayant l'eumélanine[18] des yeux marron, alors dominants, pour donner du « bleu ». Au fil du temps, la mutation génétique se serait répandue parmi la population jusqu'à devenir aujourd'hui une particularité aux nombreuses variations : bleu-vert, vert, gris. Néanmoins, la question de l'ancêtre commun reste en suspens car rien n'indique qu'elle soit survenue une seule fois ni qu'elle soit seule en cause[19].
Plusieurs explications pourraient intervenir dans cette mutation : Elle pourrait être due au hasard, à la sélection sexuelle, ou peut-être bien associée au succès d'une peau claire par sélection naturelle, « devenue avantageuse dans les milieux faiblement illuminés[18] ».
Avoir les yeux vairons signifie avoir les yeux de couleurs différentes. Cette particularité est appelée « hétérochromie » médicalement.
Perception sociale
Dans la Grèce antique, il n'y avait ni en latin ni en grec, de mot pour qualifier le " bleu" du ciel ou de la mer, décrit "blanc" et "or"[20]. L'emploi du terme « kyaneos », regroupait aussi bien le bleu des yeux que le noir des vêtements de deuil, et « glaukos », qui se référait à la pâleur, s’appliquait aussi bien au bleu, qu’au jaune ou au vert[21].
Dans ces sociétés antiques, cela s'expliquait par la nomination colorée des phénomènes naturels uniquement sur un plan métaphorique. Ainsi le ciel est blanc, rouge ou noir, selon leur influence sur la vie des hommes. Dire qu'il est bleu ne revêtait alors pas de sens[réf. souhaitée].
Dans l'Égypte antique, si le bleu et le vert sont respectivement dans leur symbolique des couleurs d'immortalité ou de renaissance, Les chroniques égyptiennes décrivent du nom de Tamhou, ces mercenaires à la peau et aux yeux clairs, grands, et athlétiques. De ses propres aveux, Jean-François Champollion, père de l'égyptologie européenne, cite : « j’ai honte de le dire, puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série, les Européens qui, […], ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous les peuples de race blonde et à peau blanche habitant non seulement de l’Europe, mais encore l’Asie, leur point de départ […] Leur vue a toutefois quelque chose de flatteur et de consolant, puisqu’elle nous fait bien apprécier le chemin que nous avons parcouru depuis »[22].
Dans la Rome antique, avoir les yeux bleus est signe de débauche pour les femmes et de ridicule pour les hommes[23],[24].
Yeux bruns
Il s'agit d'un allèle dominant. En conséquence, si un des deux parents a un allèle « brun », l'enfant a plus de chance d'avoir les yeux marron.
Yeux verts
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Les yeux verts sont dus à la présence dans l’iris d’un pigment particulier de couleur verte fabriqué par des cellules appelées guanocytes que l’on trouve plus fréquemment chez les autres mammifères (ex. : le chat), alors que le pigment classique est la mélanine qui, en quantité faible, donne les yeux bleus, et, plus la quantité croît, les yeux marron clair puis foncés puis noirs.
Les yeux verts représentent 2 % (pas de sources pour appuyer) de la population mondiale et sont de fait la couleur la plus rare au monde. Bien qu'ils soient plus communs en Europe, ils se retrouvent aussi parmi des groupes variés à travers l'Europe, l'Asie, l'Afrique. Plusieurs civilisations originaires du Caucase ont une population aux yeux verts. Cela est dû au mixage de nombreuses ethnies implantées dans cette région, aussi connue sous le nom de Route de la soie[25].
Yeux rouges et violets
Les yeux des personnes souffrant de graves formes d' albinisme peuvent apparaître en rouge sous certaines conditions lumineuses due aux très faibles quantités de mélanine. Aussi, la photographie au flash peut parfois provoquer un "effet " yeux rouges", dans lequel la lumière du flash se reflète sur la rétine, qui est abondamment vasculaire, provoquant une perception rouge de la pupille sur la photographie. La couleur bleu foncé des yeux de certaines personnes comme Elizabeth Taylor[26] peut apparaître violet à certains moments, la coloration violette des yeux est seulement due à l'albinisme.[27]
Notes et références
- Wielgus AR, Sarna T. « Melanin in human irides of different color and age of donors. » Pigment Cell Res. 2005 Dec;18(6):454-64. .
- Prota G, Hu DN, Vincensi MR, McCormick SA, Napolitano A. « Characterization of melanins in human irides and cultured uveal melanocytes from eyes of different colors. » Exp Eye Res. 1998 Sep;67(3):293-9. .
- Morris, PJ. "Phenotypes and Genotypes for human eye colors." Athro Limited website. Retrieved May 10, 2006.
- Oliphant LW. « Pteridines and purines as major pigments of the avian iris. » Pigment Cell Res. 1987;1(2):129-31. .
- Huiqiong Wang, Stephen Lin, Xiaopei Liu, Sing Bing Kang. "Separating Reflections in Human Iris Images for Illumination Estimation." Proc. IEEE International Conference on Computer Vision, 2005.
- Sturm RA, Frudakis TN. "Eye color: portals into pigmentation genes and ancestry." Trends Genet. 2004 Aug;20(8):327-32. .
- (en) Grant MD, Lauderdale DS. « Cohort effects in a genetically determined trait: eye color among US whites » Ann Hum Biol. 2002 Nov-Dec;29(6):657-66. .
- Eye color mocks easy rules.
- http://www.wemoms.fr/blog/
- (en) Rebbeck TR, Kanetsky PA, Walker AH, Holmes R, Halpern AC, Schuchter LM, Elder DE, Guerry D. « P gene as an inherited biomarker of human eye color » Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2002 Aug;11(8):782-4. .
- "Eye color is more complex than two genes." Athro, Limited. Retrieved September 1, 2006.
- Why Babies Are Born with Blue Eyes.
- La couleur des yeux et autres secrets de l'iris.
- « Changer la couleur de ses yeux par laser est dangereux », sur Le figaro, (consulté le 5 août 2017)
- Site, expertadn : Probabilité de la couleur bleu, en fonction de la couleur des parents.
- What color your childen will have.
- Myths of Human genetics : Eye color, J. McDonald, d'après les données de Hurst (1908) et Boas (1918).
- « Quelle est l'origine des yeux bleus ? », sur Musée de l'Homme (consulté le 6 août 2017)
- Science-et-vie.com, « D'où viennent les yeux bleus ? », Science-et-vie.com, (lire en ligne)
- « En latin et en grec, il n'y a pas de mot pour dire bleu. », sur Libération, (consulté le 5 août 2017)
- « Dans la Grèce antique, il n’y avait pas de mot pour la couleur bleue ! », Le Saviez-Vous ?, (lire en ligne)
- « Les populations blanches aux temps de l'Égypte antique », Uhem Mesut, (lire en ligne)
- « Michel Pastoureau : « le bleu est la couleur la plus importante de notre drapeau » », sur www.europe1.fr, Europe 1, (consulté le 24 janvier 2016).
- « PASTOUREAU Michel (17/06/1947-) », sur http://www.plathey.net (consulté le 24 janvier 2016).
- (en-US) « Interesting Facts About Green Eyes - Medical Implications, Makeup Tips », Instah: Health and Wellness, (lire en ligne)
- (en-US) Roxanne Palmer, « Elizabeth Taylor: Beautiful Mutant », Slate, (ISSN 1091-2339, lire en ligne)
- « Violet Eyes - A Complete Eye Color Guide », sur www.eyedoctorguide.com (consulté le 30 avril 2018)
Bibliographie
- (en) Duffy DL, Montgomery GW, Chen W, Zhao ZZ, Le L, James MR, Hayward NK, Martin NG, Sturm RA (2007). A three-single-nucleotide polymorphism haplotype in intron 1 of OCA2 explains most human eye-color variation. American Journal of Human Genetics. 80(2):241-52. (doi:10.1086/510885, )
- (en) Liu F, van Duijn K, Vingerling JR, Hofman A, Uitterlinden AG, Janssens AC, Kayser, M (2009). Eye color and the prediction of complex phenotypes from genotypes. Current Biology. 19(5):R192-3. (doi:10.1016/j.cub.2009.01.027, )
- (en) Walsh S, Wollstein A, Liu F, Chakravarthy U, Rahu M, Seland JH, Soubrane G, Tomazzoli L, Topouzis F, Vingerling JR, Vioque J, Fletcher AE, Ballantyne KN, Kayser M (2012). DNA-based eye colour prediction across Europe with the IrisPlex system. Forensic science international: Genetics. 6(3):330-40. (doi:10.1016/j.fsigen.2011.07.009, )
Voir aussi
Articles connexes
- Couleur des cheveux
- Couleur de la peau
Liens externes
- La couleur des yeux sur www.cegep-ste-foy.qc.ca
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