Carcinome hépatocellulaire
Le carcinome hépatocellulaire (CHC), ou hépatocarcinome, est un cancer primitif du foie.
Spécialité | Oncologie |
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Symptôme | Hépatomégalie, amaigrissement, douleur abdominale, sueur et ictère |
CIM-10 | C22.0 |
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CIM-9 | 155 |
ICD-O | M8170/3 |
OMIM | 114550 |
DiseasesDB | 7547 |
MedlinePlus | 000280 |
eMedicine | 278354 |
eMedicine | med/787 |
MeSH | D006528 |
Épidémiologie
C'est par ordre de fréquence au niveau mondial le cinquième cancer le plus fréquent chez l'homme et le septième chez la femme. Il est aussi le plus fréquent des cancers primitifs du foie (loin devant le cholangiocarcinome et, plus rare encore, l'hémangioendothéliome). L'incidence annuelle mondiale est d'environ 500 000 nouveaux cas par an[1]. Dans les pays développés, son incidence a particulièrement augmenté ces vingt dernières années en raison de l’augmentation de l’incidence de la cirrhose due au virus de l’hépatite B ou de l'hépatite C. 85 % des cas se situent dans les pays en voie de développement dans les zones d'endémie des hépatites[1].
Il survient presque toujours sur une maladie hépatique préexistante, exceptionnellement sur un foie sain : cirrhose dans plus de 90 % des cas et plus rarement hépatopathie chronique non cirrhotique, le plus souvent virale (hépatite B ou C chronique) mais aussi alcoolique. Certaines souches de virus B ou C sont plus susceptibles de causer un cancer[2],[3]. Le risque dépend également de la cause de la cirrhose. Il est plus élevé en cas de cirrhose post hépatite C, post hémochromatose et post hépatite B. Le risque est un peu plus réduit lors des cirrhoses post alcoolique[4].
En Afrique et en Asie, l’aflatoxine, une mycotoxine sécrétée par Aspergillus flavus, parasitant les arachides, est aussi responsable de l'apparition du CHC[5].
Le surpoids, associé au diabète dans le cadre du syndrome métabolique, augmente sensiblement le risque de survenue du cancer du foie[6].
Au contraire, la consommation de café pourrait avoir un effet protecteur[7].
Une étude sur la girinimbine, un alcaloïde carbazole isolé à partir de Murraya koenigii, a constaté en 2011 que cette substance inhibe la croissance et provoque, in vitro, l'arrêt du cycle cellulaire pour le carcinome hépatocellulaire humain[8].
Causes
Les facteurs étiologiques incriminés (identiques à ceux de la cirrhose) :
- le virus de l'hépatite B ;
- le virus de l'hépatite C ;
- l'alcool ;
- l'hémochromatose ;
- d'autres causes moins fréquentes : déficit en alpha 1-antitrypsine, maladie de Wilson, cirrhoses biliaires, glycogénose de type 1, la thyrosinémie, la prise de certaines drogues et hormones (contraceptifs oraux fortement dosés, androgènes, stéroïdes anabolisants).
Le carcinome hépatocellulaire est donc la plupart du temps une complication d'une maladie hépatique déjà présente, il existe ainsi deux maladies, un cancer et un état précancéreux ; cette particularité conditionne le pronostic et la démarche thérapeutique car il faut prendre en considération les deux affections en même temps.
Le CHC se développe à partir d'un foyer initial localisé puis envahit les vaisseaux portes et métastase dans le foie lui-même par l'intermédiaire des branches portales, ce qui explique le caractère souvent multiloculaire du cancer et la tendance à la thrombose néoplasique des branches, puis du tronc de la veine porte.
Diagnostic
Clinique
Il est le plus souvent asymptomatique à ses débuts. Il doit être suspecté chez tout patient ayant une maladie du foie chronique avec une décompensation sans cause évidente.
Biologique
Il est suspecté devant une augmentation de l'alpha-fœtoprotéine. Au-dessus de 20 μg·l-1,Diagnostic certain si le taux est supérieur à 500 ng/mL, ou supérieur à 400 ng/mL en présence de cirrhose et de nodule de plus de 2 cm hypervascularisé à l'imagerie, sa spécificité dépasserait les 90 % avec une sensibilité autour de 60 %[9].
Imagerie
L'échographie, IRM, TDM permettent de le visualiser. L'échographie reste l'examen le plus simple, avec une très bonne sensibilité (un peu moindre dans les stades précoces)[10]. L'examen d'imagerie peut suffire pour établir le diagnostic si l'image est caractéristique.
Anatomo pathologique
L'analyse histologique d'un échantillon prélevé à la ponction-biopsie hépatique permet de lever tout doute sur le diagnostic.
Nouvelles méthodes
L'injection d'une bactérie probiotique modifiée, permet par un test d'urine ultérieur de détecter le cancer du foie[11] .
Formes
- expansive : Le CHC est encapsulé, uni ou multinodulaire
- infiltrante
- mixte (fréquente)
- diffuse : toujours observée sur cirrhose, elle se caractérise par de multiples nodules de petites tailles disséminés
Pronostic
La tumeur a un fort potentiel de croissance, avec un doublement spontané de sa taille entre un mois et un an[12]. Le pronostic global est mauvais en raison de l'existence de la cirrhose sur le foie non tumoral qui limite les possibilités de traitement. En fait, la détection de petites tumeurs et les progrès thérapeutiques modifient son pronostic. Les taux de survie atteignent, à cinq ans, de 50 à 70 %[13].
Si la tumeur n'est pas résécable, l'espérance de vie ne dépasse guère un à deux ans[14].
Traitement
La prise en charge des hépatocarcinomes a fait l'objet de plusieurs recommandations publiées par des sociétés savantes internationales : celles, américaines, datent de 2010[15], celles, européennes, de 2012[16].
Préventif
Il est celui de la prévention et du traitement des hépatopathies, dont le vaccin contre l'hépatite B.
Le traitement antiviral des hépatites virales pourrait diminuer l'incidence des carcinomes hépatiques. Cela semble être vrai dans le cas d'une hépatite B[17]. dans le cas d'une hépatite C, le traitement antiviral ne préviendrait l'apparition de l'hépato carcinome qu'en cas de réponse virale effective[18].
Le dépistage précoce de l'hépatocarcinome dans les population à risque peut, en théorie, en améliorer le pronostic. Il est fait par une échographie hépatique tous les six mois[15]. La preuve de l'efficacité de cette stratégie n'est cependant pas définitivement établie, certaines études prouvant un bénéfice en termes de mortalité[19], d'autres non[20]. L'échographie hépatique a une très bonne spécificité (supérieure à 90 %) et une moins bonne sensibilité (de l'ordre de 60 %)[21]. Il peut être complété par la recherche d'une élévation du taux sanguin d'alpha-fœtoprotéine, avec une sensibilité et une spécificité imparfaite[22].
Curatif
Il est valable pour de petites tumeurs, peu nombreuses, sans métastases non résécables. Il est dans ce cas chirurgical avec une résection de la (ou des) tumeurs. Dans certains cas (tumeur de petite taille), une ablation non chirurgicale est possible : thermoablation par radiofréquence, embolisation de la tumeur, la première technique semblant avoir de meilleurs résultats[23]. Le risque de récidive subsiste cependant, du fait de la persistance du terrain.
La transplantation hépatique est le choix préférentiel quand il existe une dysfonction hépatique, même sévère, sous-jacente ou en cas de tumeur non résécable[24]. Le taux de récidive est le moins élevé, d'autant que le tissu hépatique fibreux, terrain du cancer, est retiré. Le principal obstacle à la diffusion de ce type de traitement reste la pénurie de greffons. .
Palliatif
Si la fonction hépatique est conservée, une chimio-embolisation intra-artérielle (administration d'une chimiothérapie directement au sein de la tumeur, couplée avec l'obturation des artères nourricières de cette dernière) peut être proposée avec une augmentation de la survie de quelques mois[25]. La chimiothérapie systémique classique n'a pas d'efficacité[26].
L'emploi de sorafénib, un inhibiteur de tyrosine kinase multicible qui présente une double action anti-proliférative et anti-tumorale, a un intérêt qui s'avère être modéré (prolongation de trois mois de la durée de survie)[27]. Le regorafenib a des résultats comparables[28].
Notes et références
- (en) El-Serag HB, « Hepatocellular carcinoma » N Engl J Med. 2011;365:1118-1127
- (en) Yang HI, Yeh SH, Chen PJ et al. « Associations between hepatitis B virus genotype and mutants and the risk of hepatocellular carcinoma » J Natl Cancer Inst. 2008;100:1134-1143
- (en) Bruno S, Crosignani A, Maisonneuve P, Rossi S, Silini E, Mondelli MU, « Hepatitis C virus genotype 1b as a major risk factor associated with hepatocellular carcinoma in patients with cirrhosis: a seventeen-year prospective cohort study » Hepatology 2007; 46: 1350-1356
- (en) Fattovich G, Stroffolini T, Zagni I, Donato F, « Hepatocellular carcinoma in cirrhosis: incidence and risk factors » Gastroenterology. 2004;127:Suppl 1:S35-S50
- Klotz F, Debonne JM, Richecoeur M, « L’hépatocarcinome sous les tropiques » Acta Endoscopica Volume 1999;29 [PDF]
- (en) Calle EE, Rodriguez C, Walker-Thurmond K, Thun MJ, « Overweight, obesity, and mortality from cancer in a prospectively studied cohort of US adults » N Engl J Med. 2003;348:1625-1638
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- "Juin 2015: The Same Probiotic That’s In Your Yogurt Could Detect Liver Cancer"
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- (en) ASCO 2007 Sorafenib improves survival in advanced Hepatocellular Carcinoma (HCC): Results of a Phase III randomized placebo-controlled trial (SHARP trial)
- Bruix J, Qin S, Merle P et al. Regorafenib for patients with hepatocellular carcinoma who progressed on sorafenib treatment (RESORCE): a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 3 trial, Lancet, 2017;389:56–66
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- V. Laurent, F. Legou, M. Pernin, A. Oliver, F. Jausset, G. Oldrini, P. Olivier, D. Peiffert, Chapitre 7 : « Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires », Imagerie Post-Thérapeutique en Oncologie, 2014, pages 137-166 (extraits)
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