Éléphantiasis

L'éléphantiasis désigne une augmentation considérable du volume (plusieurs fois la taille normale) d'un membre ou d'une partie du corps. Il s'agit d'un lymphœdème, dur et chronique, qui est un épanchement de la lymphe en dehors du système lymphatique, dans les tissus sous-cutanés.

Éléphantiasis
Éléphantiasis des jambes dû à une filariose lymphatique.
Spécialité Angiologie
CIM-10 B74.0
(ILDS B74.01)
I89
CIM-9 125.9, 457.1
DiseasesDB 4824
eMedicine derm/888 
MeSH D004605

Mise en garde médicale

Dans les pays tropicaux, il s'agit d'une complication chronique et grave d'une filariose lymphatique, maladie parasitaire qui concernait, en 2007, plus de 120 millions d'êtres humains dont un tiers sur le continent africain. La maladie est causée par un ver nématode, dont les larves sont transmises par piqûre de moustiques.

Histoire

L'éléphantiasis est une maladie connue depuis au moins l'Antiquité, où des dessins égyptiens représentent des personnes atteintes de cette maladie. Cette affection est également décrite dans des textes médicaux chinois, hindous, japonais et perse[1]. Des statues nok font références aux symptômes de cette maladie[2].

Dans l'Antiquité occidentale, le terme « éléphantiasis » apparait, au moins, au IIIe siècle av. J.-C. pour désigner une maladie nouvelle, à savoir la lèpre (dans sa forme lépromateuse à basse résistance immunitaire, du point de vue moderne). Il est utilisé dans ce sens par des auteurs comme Lucrèce, Pline l'Ancien ou Plutarque[3]. Plutarque en fait mention dans son Livre VIII des Œuvres morales au chapitre 9 : « S'il est possible que des maladies nouvelles se produisent, et sous l'influence de quelles causes[4]. »

Les termes lepra et elephantiasis resteront synonymes jusqu'au haut Moyen Âge, où seul le terme lepra sera consacré.

Par la suite, le terme elephantiasis ne sera pas abandonné, mais ré-utilisé pour désigner la complication grave d'une filariose lymphatique[3]. On distingue alors elephantiasis græcorum (probablement lèpre) et elephantiasis arabum (probablement filariose de Bancroft)[5].

Causes

Dans le monde, les filarioses lymphatiques représentent la cause principale d'éléphantiasis : des vers filaires s'installent dans le système lymphatique et perturbent la circulation de la lymphe[6].

Les autres causes peuvent être cancéreuse (une tumeur fait pression sur un vaisseau lymphatique), congénitale (malformation du système lymphatique), infectieuse (inflammation de plusieurs vaisseaux lymphatiques, ou lymphangite), traumatique (la pénétration de particules de silicates, de sols d'origine volcanique, lors de microtraumatismes répétés, peut entraîner une obstruction des vaisseaux lymphatiques)[7].

Mécanismes

L'éléphantiasis survient après plusieurs années d'évolution.

Il existe plusieurs théories expliquant la formation d'un éléphantiasis par filariose : blocage lymphatique mécanique par les filaires adultes, notamment les filaires mortes, blocage infectieux (lésions tissulaires) notamment par les streptocoques, théories mixtes (actions conjointes parasite et microbe).

Ces perturbations entrainent une hypertrophie scléro-fibreuse des tissus sous-cutanées (pachydermie) pouvant aboutir à d'énormes difformités très handicapantes, dites parfois infirmités « monstrueuses »[8] (dans un sens médical désuet : anomalie « qui se montre », qui apparait à la vue de façon extraordinaire).

Traitement

Le , le directeur du contrôle des maladies tropicales négligées de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Lorenzo Savioli, estime possible l'éradication de la filariose lymphatique avant 2020 « en administrant systématiquement une fois par an une combinaison d'albendazole et de Mectizan ». Ce traitement vise à supprimer la cause de l'éléphantiasis. Un aspect chirurgical peut venir en complément pour traiter les malformations causées par l'éléphantiasis.

Le , l'OMS annonce que l'éléphantiasis a été éradiquée pour la première fois au Togo, avant même les géants africains (Nigéria et l'Afrique du Sud) ou des pays africains de population comparables mais économiquement plus avancés (Burkina Faso, Bénin et Ghana) et d'autres grands pays sur d'autres continents également touchés (Inde et Brésil), qui ont entrepris des plans ambitieux soutenus par l'OMS mais sans encore pouvoir y parvenir. Le dernier cas connu au Togo venait d'un migrant venu du Cameroun voisin, mais la mise en place d'un dispositif sanitaire efficace de contrôle et d'alerte, avec une vingtaine de centres médicaux supplémentaires mis en place par les autorités sanitaires togolaises pour couvrir des zones auparavant négligées par une cinquantaine d'organismes de santé (notamment des zones forestières et frontalières, et de petits villages traversés par les migrants), a permis de l'isoler et d'éviter une reprise épidémique (notamment via les moustiques qui sont les principaux vecteurs naturels de l'infection causant les très handicapantes filarioses lymphatiques)[9].

Notes et références

  1. « La lutte contre les filarioses lymphatiques », Revue de médecine tropicale (consulté le 24 janvier 2010) [PDF]
  2. (en) « History of Discovery: A Timeline », sur stanford.edu (consulté le 20 juillet 2009)
  3. Mirko Grmek, Les maladies à l'aube de la civilisation occidentale, Payot, (ISBN 2-228-55030-2), p. 249-255
  4. « Du texte à l'hypertexte - Plutarque, Œuvres morales, Propos de table, livre VIII - Chapitre 9 », Université catholique de Louvain - Faculté de philosophie et lettres, (consulté le 27 mars 2009)
  5. (en) T.L. Savitt, « Filariasis », dans K.F. Kiple, The Cambridge World History of Human Disease, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-33286-9), p. 724-730
  6. « La répartition géographique des filarioses lymphatiques », Association Amicale Santé Navale et d'Outre Mer (consulté le 26 août 2007).
  7. Encyclopédie Vulgaris Médical : Eléphantiasis.
  8. Marc Gentilini, Médecine tropicale, Flammarion médecine-sciences, (ISBN 2-257-14394-9), p. 199.
  9. (en) « Tiny Togo conquered elephantiasis », sur ozy.com, (consulté le 16 juillet 2018)

Voir aussi

Articles connexes

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