Archéozoologie

L'archéozoologie est la discipline scientifique qui vise à reconstituer l'histoire des relations naturelles et culturelles entre l'homme et l'animal (ethnozoologie ou domestication). Elle se distingue donc fondamentalement de la paléontologie, qui étudie l'histoire et l'évolution des espèces animales ou végétales fossiles.

Archéozoologue sur le terrain

L'archéozoologie est à la croisée de deux disciplines scientifiques : l'archéologie et la zoologie. Faisant partie des archéosciences naturelles, elle regroupe différents domaines : la zooarchéologie (étude de l'archéologie animale), la paléozoologie qui s'intéresse à l'histoire des animaux et l'ostéoarchéologie qui ne concerne que les vertébrés.

L'archéozoologie a pour but d'étudier les restes des animaux (os, dents, cornes, etc.) afin de comprendre les relations que les groupes humains entretenaient avec les métazoaires dans le passé (domestication, diffusion des animaux, etc.).

Historique

Les bases modernes de cette discipline sont dues à Ludwig Rütimeyer [1]. Elles ont été présentées dans un ouvrage écrit avec Hermann Christ et publié en 1861 : Die Fauna der Pfahlbauten in der Schweiz - Untersuchungen über die Geschichte der wilden und der Haus-Säugethiere von Mittel-Europa [2]. La discipline se développe particulièrement au cours des années 1970.

(La faune de l'époque des Maisons sur Pilotis en Suisse - Enquête sur l'Histoire des mammifères sauvages et domestiques d'Europe centrale)

Moyens

Éléments de squelettes du genre Aythya à l'ostéothèque du Musée zoologique de la ville de Strasbourg

L'archéozoologie met en œuvre un ensemble de techniques de lecture des informations fournies par les collections de vestiges animaux, essentiellement osseux, issus des sites archéologiques (caractéristiques macroscopiques, microscopiques et moléculaires) et par les données archéologiques qui leur sont associées (contextes chronologiques, spatiaux, fonctionnels).

L’apprentissage du métier d’archéozoologue commence par la maîtrise du corps de l’animal. Il faut apprendre et comprendre chaque ossements pour pouvoir les identifier lors des fouilles archéologiques. Il faut observer tous les indices qui sont visibles grâce aux traces de découpe, de fracturation. Les collections archéozoologiques de références sont des ensembles d'objets classés, dont les provenances et les caractéristiques biologiques sont connues, de telle manière qu'ils puissent servir d'une part de référence actuelle pour les déterminations taxinomiques, anatomiques, sexuelles et ontogénétiques des vestiges animaux issus des sites archéologiques, et d'autre part de matériel pour les recherches méthodologiques visant à établir et à valider les techniques de l'archéozoologie (critères squelettiques, morphométrie, histologie, molécules fossiles, isotopes stables).

Sur le terrain, les ossements retrouvés sont le plus souvent cassés. Ces derniers s’expliquent par les restes du repas laissées par les hommes. Les ossements sont généralement de petits fragments. En laboratoire, il faut déterminer chaque type ossement. L’étude des animaux nécessite la connaissance de plusieurs squelettes. On réalise également des analyses à partir de sédiment retrouvé à l’intérieur des ossements des animaux. Cela permet de retracer toutes les maladies possibles des animaux. Grâce aux analyses, on peut comparer les pathologies du passé avec celles du présent. Il faut voir l’évolution de ces dernières dans le temps. Grâce au travail en laboratoire, on pourra identifier ces caractéristiques puis améliorer les conditions de vie des animaux d’aujourd’hui. Les ossements de ces animaux peuvent résoudre soit des restes d’un repas des hommes, soit d’une maladie dans les élevages ou encore d’un animal abattu pour un rituel religieux… Il faut également pouvoir déterminer pendant quelle saison ces animaux sont morts. Ensuite, il faut compter le NMI (nombre minimal d’individus), pour déterminer le nombre d’animaux présent sur le site. Il faut regarder la taille des ossements pour déterminer le sexe de l’animal. Certains hommes également ont utilisé des os pour faire des parures de bijoux. Les ossements se conservent très bien et étaient très utilisés dans le passé.

En France, une nouvelle composante dite « Inventaires archéozoologiques et archéobotaniques de France » a été ajoutée par le Muséum national d'histoire naturelle[3] à l'inventaire national du patrimoine naturel (INPN)

Disciplines apparentées

Il existe de nombreuses spécialités apparentées à l'archéozoologie, comme la paléoparasitologie, l'archéoentomologie, l'archéomalacologie ou l'archéoichtyologie.

Paléoparasitologie

La paléoparasitologie étudie les parasites conservés dans les sites archéologiques et paléontologiques afin de connaître, comprendre et analyser les maladies qui touchaient nos ancêtres, et leur évolution au cours du temps. En France, le laboratoire Chrono-environnement (CNRS UMR 6249) héberge depuis 2009 la seule équipe de paléoparasitologie en France.

Archéoentomologie

Cette science découle de l'entomologie du Quaternaire. Elle permet :

  • d'une part d'étudier l'impact des groupes humains sur leur environnement en analysant les perturbations subies par les insectes vivant à proximité d'anciens habitats ;
  • d'autre part, de déterminer les modes de vie de nos ancêtres en analysant la composition des insectes contenus dans les sédiments anthropogéniques.

Archéomalacologie

L'archéomalacologie est une spécialité récente étudiant les fossiles des mollusques afin de connaître les habitudes alimentaires et culturelles (colliers, ornements, etc.) de nos ancêtres ainsi que l'évolution de l'impact des humains sur leur milieu naturel.

Archéoichtyologie

L'archéoichtyologie consiste en l’analyse morphologique des restes osseux de poissons, mais aussi l’histologie et les analyses moléculaires de ces restes, ainsi que l’étude de l’outillage (hameçons, poids, morceaux de filets…) nécessaire à la pêche, voire l’étude des textes anciens en lien avec ce domaine[4].

Zooarchéologie par spectrométrie de masse

La zooarchéologie par spectrométrie de masse, ou ZooMS (pour l'anglais Zooarchaeology by Mass Spectrometry), est une méthode d'analyse du collagène qui permet d'identifier rapidement à quelle famille (voire genre ou espèce) appartient un fragment d'os. La méthode est rapide et ne requiert que très peu de matériel osseux (10–20 mg).

Voir aussi

Bibliographie

  • Stéphane Batigne, « L'arche de Noé archéo », in Montréal insolite, Lanctôt éditeur, 2000, (ISBN 2-89485-133-2) (reportage sur l'ostéothèque de Montréal)
  • (en) Cornelia Becker et Norbert Benecke, « Archaeozoology in Germany. Its Course of Development », in Archaeofauna, no 10, 2001, p. 163–182
  • Louis Chaix et Patrice Méniel, Éléments d'archéozoologie , Errance, Paris, 1996, 112 p. (coll. « Archéologie Aujourd'hui ») (ISBN 2877721264)
  • Louis Chaix et Patrice Méniel, Archéozoologie. Les animaux et l'archéologie, Errance, Paris, 2001, 239 p. (coll. « Hespérides ») (ISBN 2-87772-218-X)
  • S. Harter et F. Bouchet, « Paléoparasitologie : Apports des méthodes de la Parasitologie médicale à l’étude des populations anciennes », in Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 2002, no 14 (3-4), p. 363-370
  • M.-P. Horard-Herbin et J.-D. Vigne (dir.), Animaux, environnement et sociétés, collection « archéologiques » dirigée par Alain Ferdière, Éditions Errance, Paris, 2006, 191 p.
  • Joséphine Lesur, Et la gazelle devint chèvre. Pré-histoires africaines d’hommes et d’animaux, Presses universitaires du Midi, 2017, 208 p.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Chaix L., Méniel P., 2001, Archéozoologie. Les animaux et l'archéologie, coll. des Hespérides, 2e éd.), 1re éd. : 1996, Ed. Errance, Paris, 239 p., (ISBN 2-87772-218-X)
  2. Verlag von Bahnmaier's buchhandlung, Basel, 248 p.
  3. Présentation de la nouvelle base de données « Inventaires Archéozoologiques et Archéobotaniques de France » (I2AF), à l’occasion du nouveau site Internet de l’INPN, 14 janvier 2010, Dossier de presse, MNHN
  4. « Analyse d'ouvrage : « Archéologie du poisson : 30 ans d’archéo-ichtyologie au CNRS » », sur MNHN (consulté le )
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