Zohra al-Fassia

Zohra Al Fassiya (en arabe : زهرة الفاسية) (née en 1905 à Séfrou près de Fès et morte en 1994), est une chanteuse et poétesse marocaine.

Sa contribution à la musique marocaine moderne, et plus particulièrement au genre du melhoun (chansons composées de longues strophes en arabe dialectal) est largement reconnue. Son répertoire inclut également bien d'autres genres comme le chaâbi, le gharnati, le dziri, le houzi, tous genres reliés à la musique arabo-andalouse du Maroc et de l'Algérie ainsi que des chansons populaires à caractère plus européen[1]. Juive, elle dut émigrer en 1962 en Israël, pays où ses talents furent ensevelis dans un oubli complet.

L'ascension au Maroc

Née dans une famille de condition sociale modeste, Zohra al Fassiya est célèbre dès les années 1930, et devient une légende marocaine, une artiste admirée autant par les musulmans que par les juifs. Elle chante à la cour du roi Mohammed V. Elle a été la première femme marocaine à écrire et composer des chansons puis à les chanter en public (et non pas seulement dans un cadre privé) ; la première femme marocaine aussi à enregistrer des disques pour de grandes maisons d'édition comme Columbia Records et Gramophone Company[1].

Zohra al Fassiya fait partie de la "toute première génération de "chikhates" qui ont construit leur carrière musicale sur fond de malheur. C’étaient des femmes marginalisées par la société, souvent rejetées par leurs parents, mais qui ont forcé l'admiration par leur liberté de ton[2]", dit Rita Stirn, auteur de Musiciennes marocaines (2017). Ses chansons célèbres, comme "Hak a Mamma", perdurent encore dans le répertoire musical marocain[2]

En Israël

A l'exemple de centaines de milliers de juifs des pays arabes ou musulmans, Zohra dut émigrer en Israël, où elle tomba dans l'obscurité.

En 1976, Erez Biton (en), Israélien d'origine marocaine, la rencontra et fut ému du délaissement dans lequel vivait cette artiste, ancienne star du Maroc[3]. Il composa un poème dans lequel il évoque la grandeur passée de Zohra et sa condition présente[4]".

Selon Edwin Seroussi, le destin de Zohra al-Fassia, tel que le retrace le poème, est représentatif de "la tragique expérience d'artistes juifs arabes, contraints de quitter leur pays d'origine, et qui n'obtinrent pas de reconnaissance dans leur nouveau pays[5]" : En Israël, la culture et la musique dominantes, ashkénazes, ont totalement occulté la culture orientale, et notamment la musique arabe (voir Juifs arabes et juifs ashkénazes en Israël) .

Un hommage posthume fut dédié à Zohra al-Fassia en 2009 au festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira[6] ; il a été l'occasion de "célébrer la symbiose musicale judéo-arabe au Maroc[7]".

Notes et références

  1. Edwin Seroussi, "Muslim-Jewish sonic encounters", dans The Routledge Handbook of Muslim-Jewish Relations, publié par Josef Meri, p.435-436. https://books.google.fr/books?id=zXF9DAAAQBAJ&pg=PA436&lpg=PA436&dq=zohra+el+fassia+erez+biton&source=bl&ots=QvUSGY3OF3&sig=GYBDEbWJQz_FVBx_My5TX3S_csM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjTk430pafVAhUJwxQKHQq5A1YQ6AEIUjAF#v=onepage&q=zohra%20el%20fassia%20erez%20biton&f=false
  2. http://www.huffpostmaghreb.com/2017/05/11/musiciennes-maroc-femme-portrait-rita-stirn_n_16538562.html
  3. "The poet Erez Biton wrote a poem about the court singer from Morocco who became a tenant in a poor neighborhood in Ashkelon" read more: http://www.haaretz.com/israel-news/culture/leisure/is-this-led-zeppelin-no-it-s-zahra-al-fassia-1.280576
  4. The poem was called “Zohra El Fassia” – the tale of a Jewish Moroccan singer about whom “It is said that when she sang / Soldiers drew knives / To push through the crowds / And touch the hem of her dress / Kiss her fingertips / Express their thanks with a rial coin.” Biton met her when he was a social worker in Ashkelon, happening upon her in the Atikot Gimmel slum of the city, and his depiction of her home and her predicament – “Near the welfare office / The odor of leftover sardine tins / On a wobbly three-legged table / Splendid kingly rugs stacked on a Jewish Agency bed / And she, clad in a fading housecoat / Lingers for hours before the mirror / Wearing cheap makeup / Saying: ‘Muhammad the Fifth, apple of our eyes’ / And we do not understand what she means” – captured a sentiment about the losses of Sephardic Jewry that was not yet acceptable in mainstream Israeli society, http://www.timesofisrael.com/erez-biton-wins-israel-prize-amid-surge-of-ethnic-strife/
  5. Edwin Seroussi, "Muslim-Jewish sonic encounters", dans The Routledge Handbook of Muslim-Jewish Relations, publié par Josef Meri, p.435-436. https://books.google.fr/books?id=zXF9DAAAQBAJ&pg=PA436&lpg=PA436&dq=zohra+el+fassia+erez+biton&source=bl&ots=QvUSGY3OF3&sig=GYBDEbWJQz_FVBx_My5TX3S_csM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjTk430pafVAhUJwxQKHQq5A1YQ6AEIUjAF#v=onepage&q=zohra%20el%20fassia%20erez%20biton&f=false
  6. « Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira du 29 octobre au 1er novembre 2009 », sur yabiladi.com (consulté le ).
  7. >Edwin Seroussi, "Muslim-Jewish sonic encounters", dans The Routledge Handbook of Muslim-Jewish Relations, publié par Josef Meri, p.435-436. https://books.google.fr/books?id=zXF9DAAAQBAJ&pg=PA436&lpg=PA436&dq=zohra+el+fassia+erez+biton&source=bl&ots=QvUSGY3OF3&sig=GYBDEbWJQz_FVBx_My5TX3S_csM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjTk430pafVAhUJwxQKHQq5A1YQ6AEIUjAF#v=onepage&q=zohra%20el%20fassia%20erez%20biton&f=false

Voir aussi

Lien externe

Notice biographique dans Mohamed Ameskane, Chansons maghrébines, une mémoire commune, éd. Awatar, p.15-16, lire en ligne :

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