Zimrî-Lîm

Zimrî-Lîm (ou Zimri-Lim) est le dernier roi de Mari. Il régna de 1775 à

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Origines

Bien qu'il se déclare fils de l'ancien roi de Mari Yahdun-Lîm, Zimrî-Lîm est plutôt son petit-fils ou son neveu. C'est en tout cas lui qui prend la tête de la dynastie de la ville chassée par le roi Samsî-Addu d'Ekallâtum. Un temps réfugié en Anatolie du sud-est, il est finalement appuyé par le roi Sumu-epukh du Yamkhad (Alep), ennemi de Samsi-Addu. Quand ce dernier meurt en 1775, Zimrî-Lîm part à l'assaut du royaume de Mari, que ses généraux reprennent en évinçant Yasmah-Addu, le fils de Samsî-Addu, lui permettant de remonter sur le trône de ses ancêtres. C'est peut-être cette série d'évènements que la plus vieille épopée sémitique connue nous a conservé la trace

Extraits de l'épopée de Zimri-Lim :

"Je veux glorifier Zimri-Lîm, le taureau sauvage du combat, je veux répéter partout la renommée du héros pour l'éternité. Zimri-Lîm, héritier de Yahdun-Lîrn, champion des Bédouins, celui qui a démoli le rempart de l'ennemi. Je veux exalter le héros... du dieu Mêr ! Écoutez ! Soyez attentifs à mes paroles sur celui qui a poursuivi jusqu'au bout l'adversaire celui qui a soumis ses ennemis ! (...) Dans le précieux ventre maternel, les dieux lui donnèrent son nom. Qu'il soit sanctifié le dessein d'Anum, taureau de son pays !

Entre Habur et Euphrate, là où Addu rendit son verdict à l'ennemi, il poussa son cri et anéantit son clan et éparpilla sa volonté aux quatre coins du monde. Le pays pilla les biens qu'il (l'ennemi) possédait, dans la ville de Bisan, tout l'or rutilant ! Il trancha l'ennemi tel un nœud de corde. La terre s'abreuva du sang des guerriers. Annunitum marchait à sa droite, Addu le tonnant poussa son cri. Il poussa son cri et brisa du coup la lance des ennemis. Il déversa son poison sur les pays. Zimri-Lîm qui brise les lances de l'ennemi, déversa son poison sur ses ennemis. Dès lors qu'Addu se fut ainsi manifesté de manière irrévocable, Zimri-Lîm, léopard des combats, puissant qui capture les méchants, qui réduit à néant les ennemis, prit la parole, il fit une déclaration. Il s'adressa à ses jeunes guerriers :

« Si une matrice vous a créés, tout comme vous, une mère m'a enfanté. La lutte étant tramée contre moi, mon plan est changé. Les quatre coins du monde sont en guerre contre vous. (...) le pays (...), libérez-le pour moi ! » (...)

Jusqu'à ce que le roi eût atteint son but et qu'il eût plié l'Ida-Maras à ses pieds, il ne buvait jamais que l'eau des outres. Assigné avec les soldats, il endurait vraiment tout. Grandioses étaient aussi les chasseurs en campagne avec lui : tel l'onagre de paille dans la steppe, ses guerriers se nourrirent de viande ; ils n'en acquirent que plus de courage et accrurent leurs forces. (...)

Une fois que le roi eut atteint son but, il entra devant Nunamnir. Dans l'Ekisiqqa il accomplit son sacrifice. Dans Terqa, la bien-aimée de Dagan, vie, prospérité et force, Zimri-Lîm réclama auprès de Dagan."[1]

La royauté de Zimrî-Lîm est double : il est roi de Mari et de son territoire, et aussi roi des nomades Bensimalites (alors qu'il est seulement suzerain de l'autre grande tribu de la région, celle des Benjaminites.

Son règne

Une fois sur le trône, il s'inscrit dans la continuité de Yasmah-Addu, dont il reprend l'administration et le harem (y compris son épouse principale Dam-hurasi, la fille du roi de Qatna qui devient ainsi son allié de fait), à la seule différence qu'il est l'allié du roi d'Alep, dont il épouse la fille Shibtu. Il soumet les dernières résistances, celles d'anciens partisans de Samsî-Addu, puis des tribus benjaminites, qu'il a délaissées après avoir bénéficié de leur aide lors de la conquête de Mari.

En 1772, Zimrî-Lîm lança une expédition victorieuse vers la vallée du Khabur. Mais il doit faire face immédiatement à un conflit l'opposant à Eshnunna, dont il a repoussé l'alliance, et qui s'est allié aux Benjaminites. Bousculé par une attaque se déroulant sur deux fronts (le long du Tigre et le long de l'Euphrate), le roi de Mari réussit finalement à l'emporter, et conclut la paix avec ses adversaires. Ceci aboutit à une réconciliation avec les Benjaminites.

La situation avec Eshnunna paraissait plus bancale. Aussi, quand le souverain élamite Siwepalarhuhpak attaqua cette ville, Zimrî-Lîm et Hammurabi de Babylone (autre adversaire d'Eshnunna) lui apportèrent leur soutien. Les Élamites réussirent à faire tomber Eshnunna. Zimrî-Lîm mène ensuite des expéditions occidentales en soutien au Yamhad, et séjourne à Ugarit. Mais c'est alors qu'il apprend que les Élamites envahissent au même moment le Triangle du Khabur et la Babylonie. Il noue alors une alliance avec Hammurabi, face à cette nouvelle menace. Si Shubat-Enlil tombe dans un premier temps, et que la Babylonie est sérieusement menacée, les Mariotes et les Babyloniens, rejoints par le roi d'Alep, repoussent in extremis leurs adversaires en Babylonie. Les Élamites ne représentent dès lors plus de danger.

La situation entre Zimrî-Lîm et son homologue d'Alep, Hammurabi (à ne pas confondre avec le souverain babylonien), s'envenime par la suite à cause de litiges à propos de domaines à Alahtum, mais cela reste sans gravité. Zimrî-Lîm apporte par la suite son soutien à Hammurabi de Babylone qui est en guerre contre Larsa. C'est ensuite du nord que les problèmes viennent.

Ishme-Dagan, fils aîné de Samsî-Addu, qui a conservé tant bien que mal le trône d'Ekallâtum, attaque les domaines septentrionaux de Zimrî-Lîm pendant qu'une partie de ses troupes sont en Mésopotamie du sud pour soutenir Hammurabi contre Larsa. La victoire des Babyloniens permet à Zimrî-Lîm de récupérer ses troupes, et de repousser son adversaire. Il fait alors face à de nouvelles révoltes dans la Khabur, qu'il mate avec difficulté.

La fin du royaume de Mari

Toutes ces révoltes ont sans doute affaibli la puissance de Mari, alors qu'à l'opposé Babylone n'a désormais plus d'adversaire en Mésopotamie du sud après les éliminations successives des Élamites, de Larsa, puis d'Eshnunna que Hammurabi prend en 1762. Mari et Babylone se retrouvent alors face-à-face, et le conflit se déclenche dans des conditions qui nous sont inconnues. La situation penche en faveur de Hammurabi. La chute de Mari survient en 1761, à la suite d'un conflit dont les détails nous sont inconnus. La ville est prise et pillée, puis son palais est détruit en 1759, au moment où les Babyloniens quittent la région.

Le royaume de Mari est dépecé. La partie nord-ouest est sans doute annexée par le roi d’Alep, Hammurabi, et il se forme dans la vallée de l’Euphrate un petit royaume (Hana), avec Terqa pour capitale (1761-).

Notes et références

  1. Michael Guichard, Florilegium Marianum XIV, L'épopée de Zimri Lim, Paris, SEPOA, , 167 p., p.12-24

Bibliographie

  • « Tell Hariri », dans Jacques Briend et Claude Tassin (dir.), Supplément au Dictionnaire de la Bible vol. 14, Letouzey & Ané, .
  • J.-M. Durand, Les Documents épistolaires du palais de Mari, 3 vol., Le Cerf, LAPO, Paris, 1997, 1998, 2000.
  • N. Ziegler, D. Charpin, Mari et le Proche-Orient à l’époque amorrite, Essai d’histoire politique, FM V, 2003
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