Zamor

Zamor, né vers 1762 à Chittagong (actuellement au Bangladesh) et mort le à Paris, baptisé sous le prénom de Louis-Benoît, a été le page de Madame du Barry. Zamor est probablement un Siddi (en) né au Bengale[1].

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Madame du Barry et le page Zamore, (Zamor, enfant, est représenté debout, tenant un plateau devant elle), portrait réalisé d'après un original de Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (vers 1775). Cette copie probablement du XVIIIe siècle, d’auteur inconnu, est conservée au musée Calouste-Gulbenkian de Lisbonne.

Biographie

Victime d'un trafic d'esclaves entre le Bengale et Madagascar, il retrouve la liberté en arrivant en France et entre à l'âge de 11 ans au service de la comtesse du Barry, favorite royale[2]. Elle espère ainsi faire de Zamor un instrument de séduction auprès de Louis XV. Bien plus tard, il évoque ses années d’adolescence en termes amers, disant que, si la belle comtesse l'avait recueilli et élevé, c'était pour faire de lui son jouet ; elle permettait qu'on l'humiliât chez elle ; il y était sans cesse en butte aux railleries et aux insultes des familiers du château[3].

Ayant reçu dans sa maison une certaine éducation, il s'intéresse entre autres à la philosophie de Jean-Jacques Rousseau[4].

Alors qu'il est membre du Club des jacobins, il se lie d'amitié avec Grieve à qui il invente des pamphlets sur sa maîtresse et presse son confrère de les publier. Reconnaissant la main de son domestique, l'ancienne favorite le chasse de son emploi en raison de ses activités révolutionnaires[réf. nécessaire]. Zamor la dénonce au Comité de salut public : la comtesse, dévastée, est emprisonnée, condamnée à mort et guillotinée mais Zamor passe plusieurs semaines en prison, soupçonné d'être son complice[2]. Libéré, il s'installe à Paris.

En 1811, il donne des leçons d'écriture et joue du violon pour des soirées dansantes[5]. Il meurt en 1820, au 13 de la rue Maître-Albert à Paris 5e où il vivait[6], âgé d’environ 58 ans. S'appuyant sur Lenotre, Jacques Levron écrira :

« Il vivait dans une petite chambre sordide, réprouvé et haï de tout le voisinage. Il mourut en 1820. On jeta son corps à la fosse commune. Personne ne suivit son enterrement[7]. »

Notes et références

  1. « Zamor (1762-1820) », sur Une autre histoire, (consulté le )
  2. (en) Abhijit Gupta, « Child from Chittagong », sur telegraphindia.com, The Telegraph (Calcutta), .
  3. G Lenotre, Vieilles Maisons, Vieux Papiers, vol. 1, Tallandier, , 368 p. (ISBN 979-10-210-0754-3, présentation en ligne)
  4. (en) Saroja Sundarajan, « For liberty and fraternity », sur thehindu.com, The Hindu, .
  5. Souvenirs d'un médecin de Paris, par le docteur Poumiès de la Siboutie (1789-1863), 1910, librairie Plon, page 29.
  6. G. Lenotre, Vieilles Maisons Vieux Papiers, Tallendier.
  7. Jacques Levron, Madame du Barry ou la fin d'une courtisane, Perrin, , p. 319.

Bibliographie

  • Ludovic Miserole (préf. Michel de Decker), Zamor : le nègre républicain, Saint-Romain-de-Colbosc, L'Atelier Mosésu, , 360 p. (ISBN 979-10-92100-50-1).
  • Ève Ruggieri, Le Rêve de Zamor, Plon, , 208 p. (ISBN 978-2-259-18647-6).
  • Gérard Saint-Loup, Zamor : le nègre de la Du Barry, Éditions L'Harmattan, , 176 p. (ISBN 978-2-7384-6077-6).
  • Jacques Levron, Madame du Barry : ou la fin d'une courtisane, Éditions Perrin, , 353 p. (ISBN 978-2-262-00193-3).
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