Wilhelm Frick

Wilhelm Frick, né à Alsenz le et mort exécuté à Nuremberg le , est un haut dignitaire (Reichsleiter) du parti nazi (NSDAP), premier des ministres de l'Intérieur du Troisième Reich, puis Reichsprotektor (en français : « gouverneur ») de Bohême-Moravie.

Wilhelm Frick

Au procès de Nuremberg.
Fonctions
Gouverneur de Bohême-Moravie

(1 an, 8 mois et 10 jours)
Prédécesseur Konstantin von Neurath
Successeur Fonction supprimée
Ministre de l'Intérieur du Reich

(10 ans, 6 mois et 21 jours)
Chancelier Adolf Hitler
Gouvernement Hitler
Prédécesseur Franz Bracht
Successeur Heinrich Himmler
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Alsenz (Royaume de Bavière)
Date de décès
Lieu de décès Nuremberg, Allemagne occupée
Nationalité Allemande
Parti politique NSDAP
Père Wilhelm Frick
Mère Henriette Frick
Conjoint Elisabetha Emilie Nagel (1910-1934)
Margarete Schultze-Naumburg (1934-1946)
Enfants Renate Günthert (de)
Diplômé de Université de Heidelberg
Profession Magistrat, haut fonctionnaire de police

Biographie

Carrière dans la police et vie de famille

Wilhelm Frick naît dans la petite ville d'Alsenz en Bavière : il est le dernier des quatre enfants du professeur Wilhelm Frick et de son épouse Henriette. Il poursuit des études de droit et obtient son doctorat de l'université de Heidelberg en 1901. En 1903, il rejoint la fonction publique bavaroise, où il travaille comme avocat à la préfecture de police de Munich. Il est nommé Bezirksamtassessor (en français : « magistrat d’arrondissement ») en 1907, il atteint la position de Regierungsassessor (en français : « magistrat du gouvernement ») en 1917 et devient chef de la police de Munich en 1923.

Il se marie une première fois en 1910 avec Elisabetha Emilie Nagel (1890-1978) dont il divorce en 1934. De cette union naissent deux fils et une fille. Il se remarie l'année de son divorce avec Margarete Schultze-Naumburg (1896-1960), née Margarete Karolina Berta Dörr, ex-épouse de Paul Schultze-Naumburg, qui lui donne un fils (Dieter) et une fille (Renate) .

Adhésion au NSDAP

Il rencontre Adolf Hitler en 1919, et dans les limites de ses pouvoirs de fonctionnaire favorise les actions du NSDAP. En , il prend part au putsch de la Brasserie à Munich, et tente de rallier les forces de police à sa cause. Arrêté puis jugé pour haute trahison, il est condamné à quinze mois de prison avec sursis et se trouve démis de ses fonctions de chef de la police. Cette condamnation modérée est dans l'ordre de celles habituellement appliquées aux putschistes d'extrême-droite dans les années 1920 en Allemagne et montre la complaisance des juges de la république de Weimar[1].

En 1924, il est élu député du NSFP au Reichstag, puis il rejoint le NSDAP en 1925 au moment de la levée de l'interdiction de ce parti. Associé à Gregor Strasser, il gravit les échelons au sein du parti et devient chef du groupe parlementaire du NSDAP en 1928. En 1930, dans le cadre d'une coalition de droite menée par Erwin Baum (de), il devient le premier nazi à obtenir un poste ministériel lorsqu'il est nommé ministre de l'Intérieur et de l'Éducation du Land de Thuringe. Il ne restera qu'un an à ce poste, le gouvernement du Land étant mis en minorité (), mais il a l'occasion de s'illustrer en créant la chaire d'anthropologie sociale de l'université de Iéna confiée à Hans Günther ou en mettant à l'index les œuvres dégénérées du musée de Weimar[1].

Ministre du Reich

Lorsqu'Adolf Hitler accède au pouvoir, en 1933, Wilhelm Frick est nommé ministre de l'Intérieur du Reich. Il fait ainsi partie des trois seuls nazis présents dans le premier cabinet Hitler. En , il met en place à la demande de Hitler une législation contre l'immigration des Juifs d'Europe de l'Est vers le Reich et un mois plus tard, le , il initie une loi qui exclut tous les Juifs de la fonction publique.

En Allemagne, l'application des lois a toujours été du ressort des autorités régionales, mais l'influence du ministre de l'Intérieur augmente après l'incendie du Reichstag et le vote du décret d'habilitation. Les lois de centralisation de l'Allemagne lui permettent de renforcer son pouvoir sur les administrations locales et lui donne le droit de nommer les maires de toutes les municipalités ayant une population supérieure à 100 000 habitants (à l'exception de Berlin et de Hambourg, où Hitler procède lui-même au choix).

Wilhelm Frick joue un rôle majeur dans la création et l'application des lois de Nuremberg, et participe activement au réarmement allemand. Il annonce en que les mariages entre aryens et non-aryens ne sont plus possibles jusqu'à nouvel ordre. Le , il nomme Heinrich Himmler chef de la police du Reich, placé sous la double tutelle d'Hermann Göring et de lui-même. Le , il propose d'instaurer l'aryanisation forcée de toutes les entreprises allemandes décrétées comme juives et promulgue les mois suivants de nombreux décrets visant à dépouiller les Juifs du Reich de toutes leurs valeurs mobilières et immobilières[2]. En , il se déplace à Koło (Warthbrücken) dans le Warthegau pour inspecter les opérations de déportation des Juifs vers le camp d'extermination de Chelmno[3]. Son influence et son autorité sur la police politique ayant décliné progressivement depuis la fin des années 1930, il finit par s'effacer en 1943 devant le Reichsführer Heinrich Himmler qui lui succède en tant que ministre de l'Intérieur. Il est alors nommé Reichsprotektor de Bohême-Moravie, et reste à ce poste jusqu'à la fin de la guerre. Simple représentant du Reich, il est progressivement dépossédé de l'essentiel de ses pouvoirs dont la réalité est exercée par Karl Hermann Frank[4].

La chute

Wilhelm Frick est arrêté puis jugé devant le tribunal militaire international de Nuremberg, où il est condamné à mort par pendaison pour crimes contre l'humanité, crimes contre la paix et crimes de guerre, conjointement avec d’autres hauts dignitaires nazis. Il est exécuté le .

Notes et références

  1. Jean-Paul Bled, Les Hommes d'Hitler, Perrin 20158 pp. 246-247
  2. Raul Hilberg (trad. de l'anglais), La Destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, coll. « Folio/Histoire », , 1095 p. (ISBN 2-07-032709-4), p. 113.
  3. Édouard Husson, Heydrich et la solution finale, Paris, Perrin, , 751 p. (ISBN 978-2-262-02719-3), p. 555.
  4. Bled, op. cit., pp. 254-256

Annexes

Bibliographie

  • (de) Gerhard Schulz, « Frick, Wilhelm », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 5, Berlin 1961, Duncker & Humblot, p. 432–433 (original numérisé).
  • (de) Joachim Bergmann: Die innenpolitische Entwicklung Thüringens in der Zeit von 1918 bis 1932. Europaforum-Verlag, Lauf an der Pegnitz 2001, (ISBN 3-931070-27-1).
  • (de) Günter Neliba: Wilhelm Frick: Der Legalist des Unrechtsstaates. Schöningh, Paderborn u. a. 1992, (ISBN 3-506-77486-7).
  • (de) Hans-Günter Richardi: Hitler und seine Hintermänner: Neue Fakten zur Frühgeschichte der NSDAP. Süddeutscher Verlag, München 1991, (ISBN 3-7991-6508-8).

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