Vote nul

Lors d'une élection, le vote nul consiste à mettre dans l'enveloppe une réponse qui n'est pas valable, comme :

  • un bulletin au nom d'une personne qui ne se présente pas (sauf cas particulier, par exemple pour les élections municipales françaises dans les communes de moins de 1 000 habitants, pour lesquels les habitants peuvent ajouter des noms de personnes non candidates aux listes proposées) ;
  • un bulletin au nom d'un candidat n'ayant pas le droit de se présenter ;
  • plusieurs bulletins ; mais en France il faut que ces bulletins soient différents pour être nuls, selon le code électoral français, «Si une enveloppe contient plusieurs bulletins, le vote est nul quand les bulletins portent des listes et des noms différents. Les bulletins multiples ne comptent que pour un seul quand ils désignent la même liste, le même binôme de candidats ou le même candidat.»
  • des rayures, des dessins ou des mentions sur le ou les bulletin(s) ;
  • bulletins déchirés ;
  • autre chose qu'un bulletin de vote.
Exemple d'un vote nul : un dessin et des annotations sont réalisées sur le bulletin, et toutes les cases sont cochées.

Interprétations

La raison d'un vote nul est difficile à déterminer, car il est n'est pas toujours possible de savoir si l'électeur a volontairement ou non effectué un vote nul.

À partir d'une étude portant sur des bulletins nuls issus des élections européennes, Jérémie Moualek[1] démontre que la grande majorité des votes nuls sont volontaires[2] et peuvent relever d'une expression politique[3]. De même, l'usage de bulletins nuls insultants traduit autant une hostilité politique qu'une tentative d'inversion du rapport gouverné/gouvernant qui caractérise l'acte de vote[4].

Selon Pascal Jan[5], le vote blanc exprime l’opinion d’un électeur qui manifeste son attachement à l’élection (contrairement à l'abstentionniste) et qui considère que l’offre politique ne lui permet pas de faire un choix, de pencher pour un candidat plutôt qu’un autre. Le vote nul manifeste davantage un mécontentement, dans la mesure où, généralement, l’électeur barre ou déchire son bulletin de vote[6].

En Belgique

En Belgique, le code électoral prévoit que sont nuls :

  1. tous les bulletins autres que ceux dont l'usage est permis par la loi;
  2. ceux qui contiennent plus d'un vote de liste ou qui contiennent des suffrages nominatifs soit pour les candidats-titulaires, soit pour les candidats-suppléants, sur des listes différentes;
  3. ceux dans lesquels l'électeur a marqué à la fois un vote en tête de liste et à côté du nom d'un ou de plusieurs candidats titulaires ou suppléants d'une autre liste;
  4. ceux dans lesquels l'électeur a voté à la fois pour un ou plusieurs candidats titulaires d'une liste et pour un ou plusieurs candidats suppléants d'une autre liste;
  5. ceux qui ne contiennent l'expression d'aucun suffrage; ceux dont les formes et dimensions auraient été altérées, qui contiendraient à l'intérieur un papier ou un objet quelconque, ou dont l'auteur pourrait être rendu reconnaissable par un signe, une rature, ou une marque non autorisée par la loi.

En Belgique, le code électoral prévoit que ne sont pas nuls :

  1. les bulletins dans lesquels l'électeur a marqué un vote à la fois en tête d'une liste et en faveur d'un ou de plusieurs candidats titulaires ou d'un ou de plusieurs candidats titulaires et suppléants de la même liste;
  2. les bulletins dans lesquels l'électeur a marqué un vote à la fois en tête d'une liste et en faveur d'un ou de plusieurs candidats suppléants de la même liste.

Dans les cas visés à alinéa précédent, le vote en tête est considéré comme non avenu.


En Belgique, le code électoral prévoit que les bulletins suspects et ceux qui ont fait l'objet de réclamations, sont ajoutés, d'après la décision du bureau, à la catégorie à laquelle ils appartiennent. Les bulletins de chaque catégorie sont comptés successivement par deux membres du bureau. Celui-ci arrête et fixe en conséquence le nombre total des bulletins valables, celui des bulletins blancs ou nuls et, pour chacune des listes, le nombre des bulletins de chacune des quatre sous-catégories visées à l'article 156, § 1, alinéa 2, ainsi que le nombre des suffrages nominatifs obtenus par chaque candidat]. Tous ces nombres sont inscrits au procès-verbal. Les bulletins déclarés non valables ou contestés, autres que les blancs, sont paraphés par deux membres du bureau et par l'un des témoins. Tous les bulletins, classés comme il est dit ci-dessus, sont placés sous des enveloppes distinctes et fermées.

En Belgique les votes nuls ne sont pas pris en compte dans le décompte des voix, tout comme les votes blancs[7].

En France

En France, le code électoral considère que si une enveloppe contient plusieurs bulletins, le vote est nul quand les bulletins portent des listes et des noms différents[8].

En France, le vote nul n'a pas de conséquences sur le résultat d'un scrutin public. Le vote électronique rend théoriquement impossible le vote nul, seul le vote blanc est autorisé[9].

Toutefois, si des pressions sont exercées pour l'utilisation de faux bulletins (comme en 1992 dans la commune de Rivière-Pilote ou en 2000 dans la commune d'Horgues) et qu'un nombre élevé de bulletins nuls est trouvé dans l'urne électorale, cela peut entraîner l'annulation de la totalité des résultats du bureau de vote. Selon la jurisprudence, il y a en effet, en pareille hypothèse, atteinte à la sincérité du scrutin[10].

La présence dans une même enveloppe de plusieurs bulletins identiques n'invalide pas le vote (article L 65 du Code électoral), mais un seul est compté, les autres sont détruits.

Le code électoral considère que les bulletins ne contenant pas une désignation suffisante ou dans lesquels les votants se sont fait connaître, les bulletins trouvés dans l'urne sans enveloppe ou dans des enveloppes non réglementaires, les bulletins écrits sur papier de couleur, les bulletins ou enveloppes portant des signes intérieurs ou extérieurs de reconnaissance, les bulletins ou enveloppes portant des mentions injurieuses pour les candidats ou pour des tiers n'entrent pas en compte dans le résultat du dépouillement. Ils sont annexés au procès-verbal ainsi que les enveloppes non réglementaires et contresignés par les membres du bureau. Chacun de ces bulletins annexés doit porter mention des causes de l'annexion. Si l'annexion n'a pas été faite, cette circonstance n'entraîne l'annulation des opérations qu'autant qu'il est établi qu'elle a eu pour but et pour conséquence de porter atteinte à la sincérité du scrutin.

Notes et références

  1. Jérémie Moualek finalise en 2012 une thèse en sociologie politique sur le vote blanc et nul, intitulée: « A la recherche des voix perdues. Contribution à une sociologie des usages pluriels du vote blanc et nul ». Sous la direction de Jean-Pierre Durand et Jean-Gabriel Contamin (CPN, Université d'Evry).
  2. Les votes nuls résultant d'une erreur de manipulation involontaire sont plus rares.
  3. Jérémie Moualek, « Votes blancs et nuls aux élections européennes de 1994. Des votes "euroconstructifs" ? », Abstentionnisme, euroscepticisme et anti-européisme dans les élections européennes de 1979 à nos jours (Martial Libera, Sylvain Schirmann, Birte Wassenberg (dir.)), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, , p.79-90 (lire en ligne)
  4. Jérémie Moualek, « "Tous pourris !" Formes et significations des gros mots de l’électeur au prisme des bulletins nuls. », Argotica, , https://www.academia.edu/30089470/_Tous_pourris_._Formes_et_significations_des_gros_mots_de_l%C3%A9lecteur_au_prisme_des_bulletins_nuls_Revue_Argotica_
  5. professeur de droit public à l’IEP de Bordeaux
  6. « Présidentielle : au fait, comment fait-on pour voter blanc ? », sur europe1.fr, .
  7. Vincent de Coorebyter, directeur du Crisp : « Pour déterminer le nombre de sièges obtenus par les candidats, on ne tient pas compte des votes blancs, des votes nuls et des électeurs absents. On ne tient compte que des votes valables qui ont exprimé un choix. Et l'idée qu'un vote blanc soutient le parti qui gagne est une légende. » in http://archives.lesoir.be/voter-blanc-et-voter-nul-c-est-kif_t-20061006-006L2T.html
  8. article 66 du code électoral français
  9. (fr) Article L57-1 du Code électoral français
  10. (fr) Questions sur les bulletins « blancs et nuls », sur le site du Conseil constitutionnel français

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Portail du droit
  • Portail de la politique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.