Vol Air France 009
L'accident du vol Paris-New York d'Air France aux Açores est survenu le sur l'île de São Miguel aux Açores. Il s'agissait d'un Lockheed Constellation (L-749-79-22)[1] qui assurait le vol régulier Air France 009 entre Paris-Orly et New York-La Guardia. La cause de l'accident serait une erreur de navigation en procédure d'approche à vue. Il provoqua la mort des 11 membres d'équipage et des 37 passagers dont le boxeur Marcel Cerdan, la violoniste Ginette Neveu et son frère Jean, pianiste ainsi que le peintre Bernard Boutet de Monvel.
Vol Paris-New York Air France | |||
Un L-749 semblable à celui qui s'est écrasé. | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Site | île de São Miguel | ||
Coordonnées | 37° 48′ 33″ nord, 25° 12′ 27″ ouest | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | Lockheed Constellation | ||
Compagnie | Air France | ||
No d'identification | F-BAZN | ||
Phase | Approche | ||
Passagers | 37 | ||
Équipage | 11 | ||
Morts | 48 | ||
Survivants | 0 | ||
Géolocalisation sur la carte : Açores
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Vol
L'avion décolle de l'aéroport d'Orly le à 20 h 5 en direction de l'aéroport LaGuardia de New York[2], avec une escale prévue à l'aéroport de Santa Maria sur l'île du même nom aux Açores. Depuis la création de cette ligne par Air France le , c'est la 1 973e traversée Paris-New York de la compagnie[2].
Le vol est prévu pour durer 17 heures[2]. Il a à son bord 11 membres d'équipage et 37 passagers. Après 7 heures de vol, l'avion débute son approche de l'aéroport de Vila do Porto[2]. À 2 h 51, le pilote Jean de la Nouë signale par radio à l'aéroport qu'il a la piste en vue. Cela sera le dernier contact avec l'avion. Mais dans la nuit et malgré le temps clair[2], le pilote se trompe, en fait l'avion survole non pas l'île de Santa Maria où se trouve l'aéroport mais l'île voisine de São Miguel. Il descend à 3 000 pieds (914 m). Si cette altitude lui permet de passer Chão de Bois, elle est trop basse pour franchir le Pico Redondo qui s'élève à 1 150 m[2]. À 2 h 59, la tour de contrôle essaye de contacter l'avion, en vain. Elle appelle alors le petit aérodrome de Santa Ana, sur l'île de São Miguel mais l'avion ne s'y est pas posé[2]. L'alerte est déclenchée mais les avions de secours ne peuvent décoller qu'à l'aube[2]. En France, les radios annoncent que l'on est sans nouvelles de l'avion[2]. À 11 h 30, un des avions de recherche, le G-250 de Paulo Gomes repère les débris de l'avion qui s'est écrasé entre le Pico Redondo et le Pico da Vara (pt) et croit voir des survivants — cette nouvelle sera reprise dans les médias en France[2]. Une colonne de secours, progressant dans la montagne à pied dans le froid et la brume, arrive finalement sur le lieu de l'accident et constate qu'il n'y a aucun survivant[2], l'annonce parvient au siège d'Air France à 17 h 30 et est bientôt reprise sur toutes les radios françaises[2] où l'annonce de la disparition de Marcel Cerdan, une immense célébrité nationale, crée un véritable choc dans le pays.
Victimes
Aucun des 11 membres d'équipage et des 37 passagers n'a survécu au choc et à l'incendie qui a suivi.
Parmi les 37 passagers se trouvaient :
- Amélie Ringler, une jeune ouvrière alsacienne qui partait pour Détroit hériter d'une tante d'Amérique[3] ;
- cinq bergers basques qui souhaitaient faire fortune au Texas[4] : Jean-Pierre Aduritz, Jean-Louis Arambel, Guillaume Chaurront, Thérèse Etchepare et Jean-Pierre Suquilbide[2] ;
- Guy Jasmin, éditeur en chef du journal montréalais Le Canada et sa mère Rachel Valois[5];
- Marcel Cerdan, 33 ans, boxeur ;
- Jo Longman, manager de Marcel Cerdan ;
- Paul Genser, ami de Marcel Cerdan ;
- Ginette Neveu, 30 ans, violoniste ;
- son frère le pianiste Jean Neveu, (31 ans) ;
- le peintre Bernard Boutet de Monvel, 68 ans ;
- Kay Kamen, 57 ans, inventeur des produits dérivés de la Walt Disney Company et son épouse Ketty ;
- René Hauth, secrétaire général des Dernières Nouvelles d'Alsace[6].
Les autres passagers sont : John et Hanna Abbott, Mustapha Abdouni, Eghline Askhan, Joseph Aharony, Françoise et Jenny Brandière, Edouard Gehring, Remigio Hernandores, Simone Hennessy, Emery Komios, Ernest Lowenstein, Yaccob Raffo, Maud Ryan, Philippe et Margarita Sales, Raoul Sibernagel, Irène Sivanich, Edward Supine et James Zebiner[7] ;
L'équipage était composé de[7] :
- Jean de La Noüe, 37 ans[8], commandant de bord ;
- Charles Wolfer, 28 ans[8], et Camille Fidency 25 ans[8], co-pilotes ;
- Roger Pierre, 36 ans[8], et Paul Giraud, 34 ans[8], radios ;
- Jean Salvatori, 37 ans[8], navigateur ;
- André Villet, 51 ans[8] et Marcel Sarrazin, 41 ans[8], mécaniciens ;
- Suzanne Roig, hôtesse ;
- Albert Brucker et Raymond Redon, stewards.
Enquête
Dès l'annonce de l'accident et pour aider aux recherches[8] (la nouvelle a aussi pris une ampleur médiatique et populaire immédiate en France), Air France fait décoller d'Orly un autre Constellation avec outre l'équipage, dont le chef-pilote de l'Atlantique Nord, M. Doulet, M. Genouillac, chef du service Opérations de la compagnie, M. Fabre, chef de la division Navigation et infrastructure, M. Baile, chef du service Opérations d'Orly et M. Marion, ingénieur d'Air-France[8]. À la demande du ministre des Travaux publics et des Transports, Christian Pineau, s'y joignent le duc Charles-Henri de Levis-Mirepoix, inspecteur général de l'aviation[2] (il avait été pendant la Guerre, le créateur et le commandant de la flottille d'aéronavale de la France libre) et l'ingénieur de l'Air, M. Fournier[8].
Ils apprennent pendant leur vol vers les Açores, que les débris de l'avion ont été retrouvés[8]. Conformément à la réglementation internationale aérienne, le Portugal, pays où s'est produit l'accident, décide d'envoyer sur place une commission d'enquête et demande donc à la mission française de ne déplacer aucun débris de l'épave du Constellation[8]. Quand l'équipe française arriva sur le lieu de l'accident, ils constatèrent que le choc avait été extrêmement violent et seuls quelques rares équipements comme des boites de récepteur, compte-tours, altimètre, tous très détériorés pouvaient être récupérés pour examen.
La mission portugaise arriva le lendemain et préleva une grande partie des instruments. La mission française s'attacha à déterminer la trajectoire de l'avion et fit ensuite un survol de la zone pour vérifier la position par rapport aux aides radios de l'île de Santa-Maria et de l'île de San Miguel[8].
Une commission d'enquête française est constituée par le ministre des Travaux publics et des transports et le secrétaire d'État aux Forces armées chargé des forces aériennes le , dirigée par Charles-Henri de Levis-Mirepoix[8].
Le Lockheed Constellation (L-749-79-22)[1] de la compagnie Air France immatriculé F-BAZN était récent, fabriqué en 1947.
Le pilote, Jean de la Noüe, totalisait 6 705 heures de vol (1 513 sur Constellation), dont 1 250 heures de nuit (600 sur Constellation)[8]. Il avait déjà effectué 41 traversées vers New York et atterri 23 fois aux Açores (dans les deux sens de traversée)[8].
L'enquête écarte l'hypothèse d'un problème mécanique. L'accident est une « collision avec le sol en vol contrôlé » (les pilotes avaient la maîtrise de l'appareil). L'enquête retient l'hypothèse d'une navigation inadéquate du pilote alors qu’il opérait dans des conditions de vol à vue, peut-être due à une mauvaise réception d'informations radiogonométriques[8] (l'équipage avait envoyé des comptes rendus de position inexacts et il n'avait pas identifié la position de l'aéroport).
Littérature
- Le roman Constellation d'Adrien Bosc (2014) est entièrement consacré à ce vol et a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française.
- « Il y a 60 ans, disparaissait Marcel Cerdan », titre de deux longs articles de près de 20 pages agrémentés de nombreuses photographies, à la suite de l'enquête menée sur la disparition du Constellation F-BAZZ d'Air France par l'auteur Philippe Castellano, et spécifique à « l'accident des Açores » dans la nuit du . L'article est paru en deux temps en 2010 dans la revue aéronautique Avions dans les numéros 173 de janvier-février et 174 de mars-avril aux éditions Lela-Presse, et dont le jeune romancier Adrien Bosc s'est largement inspiré.
Notes et références
- Aviation civile, « Immatriculation des aéronefs », sur (consulté le ) La commission d'enquête mentionne également le modèle 749-49-22 au point 2.2 du rapport
- Olivier Margot, Le Temps des légendes, JC Lattes, , 480 p. (ISBN 978-2-7096-5596-5, lire en ligne).
- "Les trajectoires brisées du « Constellation »" par Hervé de Chalendar, DNA 31 octobre 2014.
- Dominique Paulvé, « Un dandy en Amérique », Vanity Fair n°43, février 2017, pages 128-133.
- (en) Tom Hawthorn, « Yves Jasmin, 97, spread the gospel of Expo 67 to a world initially full of skeptics », sur The Globe and Mail, (consulté le )
- « Cote 19800035/444/59397 », base Léonore, ministère français de la Culture
- La fiche « F-BAZN », sur AviaTechno (consulté le ), fournit, outre la liste d'équipage et celle des passagers, la reproduction intégrale du Rapport de la commission d'enquête interministérielle sur l'accident survenu sur l'appareil Lockheed Constellation F-BAZN de la compagnie Air-France, le 28 octobre 1949, à Sao Miguel (Açores), publié au Journal officiel de la République française le 26 juillet 1950.
- Rapport d'enquête de l'accident publié au Journal officiel le 26 juillet 1950.
Liens externes
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