Victor de Compiègne

Louis-Alphonse-Henri-Victor du Pont, marquis de Compiègne, couramment appelé Victor de Compiègne, est un explorateur français du XIXe siècle, né à Fuligny le et mort en Égypte au Caire, le .

Avec son ami Alfred Marche, il a exploré le cours du fleuve Ogooué au Gabon, de 1872 à 1874.

Biographie

Victor est né à Fuligny, petit village de Champagne, proche de Bar-sur-Aube. Il est l'ainé de deux sœurs et un frère. En 1857, son père meurt à 34 ans. Sa mère, née Noémie de Meyronnet Châteauneuf, reste veuve à 30 ans. Victor est envoyé en pension à Paris chez les Jésuites.

Il fait des études brillantes et obtient son baccalauréat et une licence en droit. À 22 ans, il est reçu auditeur de seconde classe au Conseil d'État. Il est alors envoyé en mission en Algérie où il découvre un autre continent.

Il revient à Paris en 1868. À 22 ans il se laisse griser par la capitale et ses fêtes et se couvre de dettes. Un conseil de famille se réunit, efface les dettes, mais oblige le jeune homme à rentrer dans le rang.

Il décide alors de partir aux États-Unis pour plusieurs années. Sa vocation d'explorateur le saisit à New York, un soir de Noël 1869.

Il part pour la Floride qu'il explore avec peu de moyens, parcourt les Everglades, assurant sa subsistance par la chasse et découvrant les Américains. Il en fera la matière d'un livre.

Lorsqu'éclate la guerre de 1870, il revient aussitôt en France et s'engage comme simple soldat. Il est fait prisonnier et envoyé à Wesel, petite ville de garnison proche de la Hollande.

Libéré en mars de l'année suivante, il rentre en Champagne. Lorsqu'éclate l'insurrection de la Commune de Paris (1871), il rejoint Versailles et s'engage dans les rangs des Volontaires de la Seine. Il participe aux combats dans la capitale qui lui laisseront une impression tragique et inoubliable qu'il retracera dans ses écrits.

Une fois cette guerre terminée, il part pour l'Amérique du Sud, Panama, Nicaragua, lac de Maracaibo.

Il rentre en France au printemps 1872 et fait alors la connaissance d'Aimé Bouvier à qui il explique son projet d'exploration des sources de l'Ogooué en Afrique Équatoriale. Bouvier le présente au naturaliste Alfred Marche, qui a des ambitions similaires. Ils sont alors soutenus par la Société de Géographie qui leur accorde une subvention.

L'Ogooué a été évoqué dans les récits de l'explorateur Duchaillu, publiés en 1859 et qui ont aiguisé la curiosité de Victor. En 1867, Serval, officier de Marine, découvre le fleuve en venant par la terre. À la même époque, le lieutenant de vaisseau Aymar l'explore jusqu'à son confluent avec la N'Gounié, c'est-à-dire à 170 milles de son embouchure. L'Ogooué est alors considéré comme une des meilleures voies potentielles d'exploration pour accéder au centre de l'Afrique.

Le , Victor s'embarque à Bordeaux précédé par Alfred Marche de quelques semaines. Ils font alors le relevé de plus de 400 km de fleuve auparavant en blanc sur la carte. Ils étudient la langue M'Pongwé et celle d'autres tribus. Ils établissent un catalogue scientifique très précis des diverses pièces qu'ils rapportent.

Victor devient l'ami de N'Combé, le "Roi-Soleil", chef de tribu à Adanlinanlago, sur l'autre rive de l'Ogooué, en face de Lambaréné. À la pointe extrême de leur exploration, ils sont arrêtés par une attaque de cannibales qui massacrent la plus grande partie de leur porteurs. Ils doivent alors rebrousser chemin. Ils rejoignent Paris le .

Le , Victor fait le récit de son expédition devant les membres de la Société de Géographie. Sa santé est atteinte par ses tribulations. La malaria le mine. Il ne peut plus entreprendre de nouvelles explorations.

Pierre Savorgnan de Brazza reprendra ensuite les traces de Victor au Gabon, aidé de ses carnets, notes et observations, qu'il viendra chercher en personne dans la propriété familiale de champagne à Fuligny.

Le Docteur Georg August Schweinfurth, explorateur allemand ami de Victor lui propose le poste de secrétaire général de la Société Khédivale de Géographie qui vient d'être fondée au Caire. Victor accepte et arrive au Caire en par la paquebot Diemen. Il déploie alors une activité intense, se lie avec Lesseps et Mariette. Il revient en Europe pour le Congrès de géographie de Bruxelles le . Il est alors nommé membre du Comité pour abolir définitivement l'esclavage. Il retourne au Caire début .

À l'occasion d'un bal, le , un sujet allemand se prend de querelle avec lui "pour des questions géographiques" et insulte sa compagne. Le duel est inévitable.

Il a lieu le au matin, au pistolet d'arçon. Victor tire volontairement au-dessus de la tête de son adversaire, tandis que celui-ci lui loge une balle derrière l'omoplate où elle se bloque sans pouvoir être extraite. La blessure s'infecte et Victor meurt le à 30 ans après une longue agonie.

Œuvre

  • Voyage d'Exploration dans l'Afrique équatoriale, Paris 1874. (OCLC 162582077)
  • L'Afrique équatoriale. Gabonais, Pahouins, Gallois, Paris, E. Plon et cie., 1875. (OCLC 27819893)

« L'Afrique Équatoriale T1  »

  • L'Afrique équatoriale: Okanda, Bangouens, Osyéba, Paris, Plon, 1875. (OCLC 25949715)

« L'Afrique Équatoriale T2  »

Bibliographie

  • Louis Capperon, « Le Marquis de Compiègne et l'exploration de l'Ogooué (Gabon) : 1873-1874 », in Tropiques, no 56 (407), , pages 50–54. (OCLC 44480714)
  • M. de Tilly-Blaru, « Un explorateur au XIXe siècle : Victor, marquis de Compiègne (1846-1877) », in Acta geographica : bulletin officiel de la Société de géographie no 88, Paris, , p. 63-70.
  • M. de Tilly-Blaru (Tilly), "Bédouin tant qu'il vous plaira" - La vie de Victor de Compiègne - 1994 - Imprimerie Némont - Bar-sur-Aube

Article connexe

Liens externes

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