Une femme noire

Une femme noire (titre original : Their Eyes Were Watching God) est un roman de l'écrivaine afro-américaine Zora Neale Hurston, paru en 1937. Sa parution est à l'époque controversée, car l'action se déroule dans la Floride du début du XXe siècle où sévit encore la ségrégation et le racisme, mais il est depuis devenu un monument des littératures féminine et noire-américaine[1].

Une femme noire
Françoise Brodsky
Auteur Zora Neale Hurston
Pays États-Unis
Genre roman
Version originale
Langue Anglais américain
Titre Their Eyes Were Watching God
Éditeur J. B. Lippincott
Lieu de parution États-Unis
Date de parution 1937 en littérature
Version française
Éditeur Éditions de l'Aube
Lieu de parution Paris
Date de parution 1998
Nombre de pages 339
ISBN 978-2876782730
Chronologie

Le livre est traduit en français par Françoise Brodsky sous le titre Une femme noire en 1996 par les Éditions de l'Aube. En 2018, les éditions Zulma ont publié ce livre dans une nouvelle traduction de Sika Fakambi, sous le titre Mais leurs yeux dardaient sur Dieu[2].

Résumé

Le personnage principal est une femme noire d'environ 40 ans du nom de Janie Crawford. Elle raconte l'histoire de sa vie et de ses voyages à sa meilleure amie à travers un long flashback. Sa vie se découpe en trois grandes périodes correspondant chacune à un mariage avec un homme différent.

La grand-mère de Janie, Nanny, était une esclave qui tomba enceinte d'un homme blanc et donna naissance à une fille. Cette dernière fut violée lorsqu'elle était adolescente et accoucha de Janie qu'elle confia à Nanny. Le flirt de Janie avec un garçon de son quartier amène Nanny, qui ne veut pas qu'elle devienne sa "mule", à arranger son mariage avec Logan Killicks, un fermier plus âgé qui cherche une femme pour tenir sa maison en ordre et l'aider aux tâches de la ferme. Pour Janie, le mariage implique une relation amoureuse. L'idée qu'elle s'en fait découle d'un passage symbolique du début du roman où elle voit des abeilles polliniser un poirier ; elle voit dans le mariage un équivalent humain à ce processus naturel. Logan Killicks, à la différence de Janie, voit en sa femme plus une aide pour les tâches domestiques qu'une amante ou une partenaire, et c'est après l'avoir frappée pour tenter de la contraindre à l'aider dans les travaux de la ferme que Janie s'enfuit avec le séduisant Joe Starks (Jody) pour aller à Eatonville.

Quand Starks arrive à Eatonville (la première communauté des États-Unis constituée uniquement de Noirs), il y trouve des habitants dénués de toute forme d'ambition. Il s'arrange alors pour acheter des terres aux propriétaires alentour, puis engage quelques habitants pour lui construire un bazar avant de se faire élire maire. Janie se rend bientôt compte que Joe ne voit en elle qu'un trophée. Il se sert de l'effet qu'elle produit sur les autres hommes du village pour assoir sa position dans la communauté. Il lui demande de s'occuper du magasin mais lui interdit toute participation aux activités qui se déroulent sous le porche et durant lesquelles se règle le cours de la vie du village.

À la mort de Starks, Janie se retrouve financièrement indépendante et est assaillie de prétendants plus ou moins riches et influents. Mais elle tombe amoureuse d'un vagabond passionné par les jeux d'argent dénommé Vergible Woods mais qui se fait appeler Ptit-Four. Elle vend alors le bazar pour le suivre à Jacksonville et l'épouser, puis ils vont s'installer dans la région des Everglades pour que Ptit-Four puisse participer à la récolte des haricots. Bien que leur relation ait ses hauts, ses bas et ses crises de jalousie, Janie trouve enfin dans sa relation avec Ptit-Four le mariage qu'elle a toujours souhaité.

Mais la région des Everglades est ensuite touchée par l'ouragan Okeechobee. Ptit-Four et Janie y survivent, mais Ptit-Four se fait mordre par un chien enragé alors qu'il tente de sauver Janie de la noyade. Il développe alors lui-même la maladie. Il finit par devenir fou et tente de tirer sur Janie avec son pistolet mais elle se défend en lui tirant dessus au fusil. Elle est alors accusée de meurtre. Au procès, les amis noirs de Ptit-Four témoignent contre elle tandis qu'un groupe de femmes blanches vient la soutenir. Le jury, exclusivement composé de Blancs, finit par acquitter Janie et elle offre des funérailles somptueuses à Ptit-Four. Ses amis finissent par lui pardonner et désirent qu'elle reste dans les Everglades. Elle décide malgré tout de retourner à Eatonville, mais elle n'y retrouve que des habitants qui cancanent sur ses mésaventures.

Critique

Bien que Une femme noire soit de nos jours au programme de beaucoup de filières de littérature noire-américaine aux États-Unis, le livre ne fut pas toujours bien reçu par les contemporains de Hurston. La critique s'est attardée sur son utilisation d'une retranscription phonétique du dialecte des Noirs d'origine africaine et caribéenne du début du XXe siècle dans le Sud des États-Unis. Richard Wright parlait de Une femme noire comme d'une "jongle linguistique propre à amuser les Blancs" ("a minstrel-show turn that makes the white folks laugh") et qui ne montrait aucun effort dans le travail de la fiction ("[It shows] no desire whatever to move in the direction of serious fiction")[3]. Ralph Ellison, quant à lui, disait que le livre contenait "des passages ouvertement caricaturaux" ("a blight of calculated burlesque")[4]. D'autres auteurs réputés du mouvement de la renaissance de Harlem furent pour leur part irrités de voir Hurston décrire des divisions entre Afro-américains basées sur la couleur plus ou moins sombre de leur peau, comme avec le personnage de Mme Turner, ainsi que par la façon dont elle dépeint les relations homme-femme dans la communauté noire.

Les critiques émises sur l'utilisation qu'elle fait du langage vernaculaire, qui brosserait soi-disant le portrait d'une communauté noire inculte, ont également été opposées au Huckleberry Finn de Mark Twain. Mais la manière dont s'en sert Hurston lui permet de montrer que des relations humaines complexes et l'utilisation de métaphores sont possibles même dans un langage réputé inférieur aux standards de l'anglais.

Notes et références

  1. Henry Louis Gates, Zora Neale Hurston: Critical Perspectives Past and Present (New York: Amistad, 1993), p. xi.
  2. « Zora Neale Hurston, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu », sur zulma.fr (consulté le ).
  3. Burt, Daniel. The Novel 100. Checkmark Books, 2003. p. 365.
  4. Ibid., p. 366.

Liens externes

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