Tunnel Saint-Félix

Le tunnel Saint-Félix est un tunnel-canal situé dans la partie la plus en aval du cours de l'Erdre, à Nantes.

Pour l’article homonyme, voir Tunnel Saint-Félix (œuvre d'art).

Localisation

Le tunnel-canal est situé en enfilade sous la zone constituée successivement du Nord au Sud par le cours Saint-André, de la place Maréchal-Foch, du cours Saint-Pierre, la place Duchesse-Anne, puis enfin le cours John-Kennedy. Son entrée Nord, voûtée, se situe sur le plan d'eau de l'extrémité Est du quai Ceineray, à proximité du square du Maquis-de-Saffré, et débouche, au Sud, dans le canal Saint-Félix, permettant la navigation jusqu'à la Loire, à l'Ouest de l'ancien stade Marcel-Saupin, par l'intermédiaire d'une écluse.

Histoire

Entrée située côté nord
La fin du tunnel, sous le pont du quai Malakoff avant son débouché dans le canal.

Genèse

La construction du tunnel résulte de la réalisation d'un vaste plan de comblement des bras Nord de la Loire (ceux « de la Bourse » et « de l'Hôpital »), ainsi que du dernier kilomètre du cours de l'Erdre, décidé par la municipalité en 1926. Les principales raisons de ces travaux sont, notamment, de remédier aux problèmes d'ensablement du fleuve et à l'étroitesse des quais régulièrement emportés par les crues de celui-ci, notamment ceux qui se trouvent le long du bras de la Bourse et qui supportent la ligne de chemin de fer vers Saint-Nazaire depuis la gare de Nantes.

Le comblement de la boucle Ouest du cours inférieur de l'Erdre (qui laisse, ainsi, place au futur cours des 50-Otages) est nécessaire dans la mesure où le point de confluence avec la Loire se trouve justement au niveau du bras de la Bourse[coord 1]. Afin d'assurer l'écoulement satisfaisant de la rivière, il est donc indispensable de la dévier. On opte alors pour le creusement d'un canal à l'Est de l'ancien lit, sous les cours Saint-Pierre et Saint-André, ainsi que sous la place Duchesse-Anne, constituant la distance la plus courte et la moins onéreuse entre les deux cours d'eau, pour déboucher dans le canal Saint-Félix, sur des terrains non construits. Le choix d'un ouvrage souterrain est dicté par la volonté de préserver la configuration initiale du site.

Réalisation des travaux

En , il est décidé une modification du projet initial, qui prévoyait la construction d'une écluse au niveau du square Sully (devenu depuis square du Maquis-de-Saffré), pour gérer les crues de l'Erdre. Cet élément est remplacé par un rehaussement de 1 mètre du canal[1].

Dans le cadre du plan Dawes, mis en place en 1924 pour le règlement de la dette de guerre allemande à la suite de la Première Guerre mondiale, les travaux sous les cours Saint-Pierre et Saint-André sont confiés à la société Karl Brand, une entreprise de travaux publics de Düsseldorf, qui les exécute d' à . Ceux sous la place Duchesse-Anne sont conduits par une entreprise nantaise, les établissements Ducos, d' à .

L'ensemble du chantier (y compris l'aménagement du canal Saint-Félix), achevé, est inauguré le [1]. Une brochure éditée à l'occasion de la cérémonie d'inauguration indique que « les travaux qui ont nécessité l'extraction de 123 000 m3 de déblais, dont 75 000 de rocher, et la mise en œuvre de 46 000 m3 de maçonnerie ont présenté des difficultés du fait surtout de la grande profondeur de l'ouvrage sous le niveau de la rivière et du fleuve, de son exécution en plein centre-ville, et de reprises en sous-œuvre sous les monuments aux morts de la guerre de 1870 et de la guerre de 1914-1918, sous la chaussée du quai de Richebourg et sous les voies ferrées de la Compagnie d'Orléans »[2].

L'ingénieur allemand Karl Hotz est chargé de la supervision du projet pour la société Brand. Celui-ci reviendra 7 ans plus tard, durant la Seconde Guerre mondiale où, devenu officier de la Wehrmacht avec le grade de lieutenant-colonel (Oberstleutnant), il occupera la fonction de Feldkommandant der Stadt Nantes, c'est-à-dire de responsable des troupes d’occupation pour le département de Loire-Inférieure, ceci jusqu'à son assassinat par la résistance, en . Sa mort mènera à des représailles qui coûteront la vie à 48 otages, fusillés à Nantes, Châteaubriant (dont le jeune Guy Môquet) et Paris.


Histoire récente

Le tunnel de Saint-Félix est peu utilisé pour la navigation fluviale à cause d'un gabarit restreint qui limite la circulation, hormis durant une période comprise entre 2006 et 2009, où il est parcouru plusieurs fois par jour par le « Navibus Erdre », un service public de transport en commun par navette fluviale géré par la Semitan. Il sert aussi aux plaisanciers qui remontent le cours de l'Erdre qui est navigable sur une vingtaine de kilomètres depuis l'écluse de Saint-Félix.

Dans le cadre du projet de réaménagement des espaces publics autour de la gare SNCF nord, des travaux de démolition de l'ouvrage sur une dizaine de mètres seront entrepris entre et , afin d'ouvrir l’espace et la vue sur le canal Saint-Félix et la tour LU à partir des gradins végétalisés qui seront réalisés sur la rive côté gare nord. Un nouvel escalier et une nouvelle rampe seront également aménagés pour faciliter l’accès au Lieu unique[3].

Caractéristiques

La sortie sud du tunnel dans le canal Saint-Félix (au centre de la photo).

Le Projet du Tunnel est approuvé par le ministère des Travaux Publics le 23/12/1927. C'est un tunnel-canal, de 740 m de long, composé de 2 tronçons distincts. Le premier, au Nord, est constitué d'une partie voûtée située sous les cours Saint André et Saint Pierre, d’une longueur de 550 mètres. La voûte circulaire est en béton armé, de 5 mètres de rayon, avec une épaisseur de 0,60 m à la clé, de 1,00 m aux naissances, enveloppe une cuvette de 8,40 m de hauteur sur 7,90 m de largeur et d'une section de 50 m2, creusée dans la partie rocheuse du terrain et couverte par 3 à 6 m de remblais. Un trottoir court sur toute sa longueur côté Ouest. Le deuxième tronçon, vers le Sud, dans un terrain plus meuble, est composé d'une galerie/cadre en béton armé de 190 m de long, située sous la place Duchesse-Anne avec une section rectangulaire de 8,50 m de large entre des piedroits de 2,25 m d’épaisseur[4]. Ceux-ci sont renforcés de palplanches aux pieds des fondations.

Un trottoir d'm de large, avec garde-corps, court sur toute la longueur côté Ouest. La voûte Sud était fermée par des poutres transversales, en béton armé, supportant une mince épaisseur de terrain rapporté, cette partie a été démolie à la fin 2018. La largeur navigable est de m et la hauteur est variable suivant la saison : de 3,60 m, en hiver, à 3,80 m, en été, aux basses eaux. Cette galerie se prolonge jusqu'aux voies ferrées de la sortie Ouest de la gare de Nantes et débouche dans le canal Saint-Félix qui est un bassin à flot de 3,5 ha fermé par un barrage et une écluse latérale (écluse no 1 du canal de Nantes à Brest) de 50 m de long par m de large permettant l'accès à la Loire. Les travaux se termineront par la mise en eau du canal et du tunnel le 24/03/1934 et l'inauguration aura lieu le 05/04/1934.

L'accès du canal souterrain est régulé par 2 feux, rouge et vert, situés aux extrémités, car le croisement est impossible dans ce tunnel, sauf dans une zone d'évitage, créée en son milieu à la construction. La circulation dans l'ouvrage est contrôlée en permanence depuis le bureau de l'écluse de Saint-Félix par vidéo-surveillance et interphone. Un site internet donne des indications précises sur les tirants d'eau et d'air, sous les ponts et le tunnel, suivant l'heure et la saison ; le tunnel est éclairé en permanence et équipé d'un rail de guidage situés au-dessus du niveau de l'eau, sur le côté du trottoir.

Notes et références

  1. Dominique Bloyet, « Travaux de comblement » (consulté le ).
  2. Archives municipales de Nantes, Brochure éditée de 4/4/1934 pour la cérémonie d'inauguration du souterrain du 5/4/1934. Cité sur « Nantes - Détournement & comblement de l'Erdre », archives municipales de Nantes (consulté le ), p. 10.
  3. « Réaménagements autour de la gare : le tunnel Saint-Félix en travaux », Ville de Nantes, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Nantes - Les comblements - Le détournement de l'Erdre sous les cours : la construction du tunnel », archives municipales de Nantes (consulté le ), p. 2 ; ce fascicule reprend le livre de Maurice Denizeau, Nantes - Le fleuve, les îles, le port, Nantes, CDNP, coll. « Documents d'histoire régionale », , 31 p. (cet ouvrage présente des annexes non paginées).

Coordonnées des lieux mentionnés

  1. Ancien point de confluence entre la Loire et l'Erdre : 47° 12′ 51″ N, 1° 33′ 19″ O

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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