Tuerie de Courcelles

La tuerie de Courcelles ou tuerie du Rognac est l'exécution sommaire par des rexistes de dix-neuf civils, le au matin, en représailles de l'assassinat par la Résistance du bourgmestre rexiste du Grand Charleroi, Oswald Englebin.

Tuerie de Courcelles

Pro-justitia du 18 août 1944,
rédigé à Charleroi IV (Courcelles).

Date
Lieu Courcelles (Belgique)
Victimes Civils belges
Type Exécution par arme à feu
Morts 19
Survivants 2
Auteurs Rexistes
Motif Représailles
Guerre Seconde Guerre mondiale
Coordonnées 50° 26′ 05″ nord, 4° 21′ 38″ est
Géolocalisation sur la carte : Charleroi
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Toile de fond

Après l'invasion allemande de 1940, progressivement, les collaborateurs deviennent de plus en plus méprisés par la population et les attentats perpétrés contre eux sont en augmentation constante. C'est à Charleroi et ses environs, où le monde des ouvriers socialistes et communistes constitue un environnement idéal, que les attaques contre les sympathisants de Rex sont les plus intenses[1].

Au début, ce sont surtout les biens des rexistes qui sont touchés[2]. Jean Demaret, bourgmestre rexiste de Ransart, est le premier à être assassiné en . Au mois de novembre de la même année sont tués tour à tour un membre de la Garde Wallonne, un responsable important d'un organisme lié au ministère de l'Agriculture et du Ravitaillement et Prosper Teughels, bourgmestre rexiste de Charleroi[2].

À la suite de l'assassinat de Teughels, et pour éviter d'assister à la débandade de la collaboration, l'occupant est « contraint d'accentuer la répression ». Pour la première fois l'exécution d'otages est revendiquée comme telle : huit prisonniers sont fusillés à Breendonk[3].

Déroulement

Le mémorial au curé-doyen Pierre Harmignie, dans l’église Saint-Christophe, à Charleroi

Le , Oswald Englebin, qui a remplacé Prosper Teughels comme bourgmestre, sa femme et son fils sont victimes d'une attaque à la mitraillette à la limite des communes de Courcelles et de Monceau-sur-Sambre au lieu-dit « Bois du Rognac »[4]. L'État-major bruxellois de Rex et les membres de Charleroi décident de venger cette mort[5].

Dès que la nouvelle de la mort d'Englebin est connue, les rexistes tuent deux hommes, l'un près du lieu de l'attentat[alpha 1], l'autre dans les locaux de la police judiciaire de Charleroi[alpha 2], locaux qui seront incendiés. Trois personnes d'une même famille sont tuées le 17 au soir[alpha 3], trois autres personnes dans la nuit du 17 au 18[alpha 4].

Cette nuit-là, les rexistes de Bruxelles et de Charleroi décident d'arrêter cent dignitaires locaux, hommes et femmes[alpha 5]. Le nombre d'otages sera revu à la baisse, mais pendant cette nuit, 21 personnes sont arrêtées et emmenées à Courcelles. 19 de celles-ci sont abattues à l'aube du [alpha 6].

Parmi les victimes figurent plusieurs policiers, médecins, architectes, hommes de loi, et le curé doyen de Charleroi, Pierre Harmignie ; toutes personnes bien connues dans la région[6]. Au total, 27 hommes et femmes sont assassinés le 17 et [6].

Condamnation

Sur les 150 participants présumés à la tuerie, 97 sont identifiés, 80 capturés et jugés dont 27 exécutés le [5] parmi eux, Victor Matthys et Louis Collard considérés comme instigateurs du massacre[6].

Mémoire

Une place publique à Charleroi rappelle cet événement, le Square des Martyrs du , situé devant la gare de Charleroi-Sud.

Notes et références

Notes

  1. Il s'agit de Paul Van Den Berghe, directeur commercial des charbonnages de Monceau-Fontaine, de passage à cet endroit (Schaeffer 1995, p. 245-246)
  2. Raoul Jacquet, agent d'affaire de Chimay (Schaeffer 1995, p. 246).
  3. Claire Bousman-Francq, son fils Jean et sa belle-fille Paule (Schaeffer 1995, p. 246). Ces trois personnes sont la mère, frère et belle-sœur de Georgette Bousman, épouse d'Alphonse Darville.
  4. Jane et Marcel Barth (Schaeffer 1995, p. 247) et Germaine Dewandre-Van Hoegaerden (Schaeffer 1995, p. 247).
  5. La décision de s'en prendre aussi à des femmes vient du fait que l'épouse d'Oswald Englebin fut également tuée (Plisnier 2009, p. 201).
  6. Les 19 victimes sont : Charles Brogniez (commissaire de police), Joseph Bureau (agent principal de police), Léon Coton (architecte), Paul Coton (médecin), Raymond Delvaux (commissaire de police adjoint), Suzanne Lebas, Elisabeth De Ridder, Oscar Deulin (greffier), Léon Gilles (inspecteur de police), Pierre Harmignie (curé-doyen), Roger Hoslet, Edmond Huberland (médecin), Louis Jasmes (secrétaire général des mutualités socialistes), Augusta Longneaux, Léonce Mayence (avocat), Victor-François Michel, Auguste Nolard (commissaire de police), Arthur Stilmant (médecin), Marguerite Depasse (Plisnier 2009, p. 201).

Références

  1. Plisnier 2009, p. 195.
  2. Plisnier 2009, p. 197.
  3. Plisnier 2009, p. 199-200.
  4. Schaeffer 1995, p. 245.
  5. Plisnier 2009, p. 201-202.
  6. Maerten 2008.

Annexes

Bibliographie

  • Armand Delterne et Jean Louvet, La Nuit de Courcelles, Carnières-Morlanwelz, Lansman, , 86 p. (ISBN 2-87282-090-6)
    Pièce de théâtre fondée sur les événements du 18 août 1944
  • René-Pierre Hasquin, Charleroi, Éditions Scaillet, coll. « Les Villes Libérées », , 64 p.
  • Alfred Lemaire, Le crime du 18 août ou les journées sanglantes des 17 et 18 août 1944 dans la région de Charleroi, Couillet, Imprimerie S.C.,
  • Fabrice Maerten, « Tuerie de Courcelles », dans Paul Aron et José Gotovitch (dir.), Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille éditeur, , 560 p. (ISBN 978-2-87495-001-8), p. 119-120
  • Flore Plisnier, « L’ordre nouveau et le rexisme dans la région de Charleroi : Seconde partie : L’ordre nouveau à Charleroi durant la Seconde Guerre mondiale », Documents et rapports, Société royale d’archéologie, d’histoire et de paléontologie de Charleroi, t. LXIV,
  • Pierre-Jean Schaeffer, Charleroi 1830-1994, Histoire d'une Métropole, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Quorum, , 466 p. (ISBN 2-930014-42-3)

Articles connexes

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