Tous à Zanzibar
Tous à Zanzibar (titre original : Stand on Zanzibar) est un roman de science-fiction, écrit en 1968 par l'écrivain britannique John Brunner. L'édition française, dans une traduction de Didier Pemerle, est parue en 1972.
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Tous à Zanzibar | |
Auteur | John Brunner |
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Pays | Royaume-Uni |
Genre | Roman Science-fiction |
Version originale | |
Langue | Anglais britannique |
Titre | Stand on Zanzibar |
Éditeur | Doubleday |
Lieu de parution | New York |
Date de parution | 1968 |
Version française | |
Traducteur | Didier Pemerle |
Éditeur | Robert Laffont |
Collection | Ailleurs et Demain |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1972 |
Type de média | Livre papier |
Nombre de pages | 560 |
Résumé
En 2010, le nombre d'êtres humains est tel que, s'ils se tenaient au coude à coude sur l'île de Zanzibar, ils la recouvriraient en entier. La surpopulation entraîne la disparition de toute sphère privée, un contrôle génétique draconien et une anarchie urbaine généralisée. La pollution fait qu'à New York, des distributeurs d'oxygène sont à la disposition de ceux qui ont besoin de faire le plein avant de traverser les rues. La consommation de tranquillisants, pour limiter les nécessaires tensions sociales dues à la promiscuité et les velléités révolutionnaires, s'est généralisée.
Les radiations ont entrainé l'augmentation du taux des maladies héréditaires à un tel point que des mesures draconiennes sont prises : les individus porteurs sont automatiquement stérilisés et seuls se reproduisent ceux qui ont des caryotypes sains. L'eugénisme est développé. Évidemment, la liberté individuelle est résolument refusée.
À New York, Norman, un jeune Afro-Américain[pertinence contestée], travaille pour la toute-puissante General Technic Corporation dont le superordinateur Shalmaneser organise l'achat pur et simple d'un pays africain. Son compagnon d'appartement, Donald, apparemment un simple étudiant, est en fait recruté par les services secrets qui l'envoient s'emparer de la découverte d'un généticien d'un pays du tiers monde qui ferait de tous les nouveau-nés des génies prédéterminés.
Commentaire
À l'origine, John Brunner avait écrit un très court récit paru en 1967 et qu'il reprit et amplifia jusqu'à en faire un livre trois fois plus long qu'un roman normal. C'est en effet un livre-monde, qualifié de non-roman par son auteur. Le récit traditionnel est déconstruit, car la narration court sur quatre pistes différentes, imbriquées les unes dans les autres, mais séparées au sommaire afin que des lecteurs désireux de ne pas lire telle ou telle partie puissent le faire sans inconvénient. Cette écriture se rapproche de celle d'un John Dos Passos dans la trilogie U.S.A..
D'abord le contexte qui, comme le mot l'indique, permet de se faire une idée de ce monde de 2010. Puis le monde en marche, composé de très rapides vignettes, des instantanés aux phrases parfois inachevées, sur l'époque, qui ne permettent pas non plus d'en avoir une vision d'ensemble, mais de le regarder par le petit bout de la lorgnette comme les gens qui y vivent. Ensuite, jalons et portraits où, cette fois, l'auteur nous présente des êtres vivants, ne faisant généralement pas partie de l'intrigue, mais habitant ce monde et le vivant au sens le plus quotidien du terme. Enfin, la continuité raconte l'histoire proprement dite de Stand on Zanzibar. Pour rendre la panique qui s'empare de cette humanité, John Brunner a une langue exubérante, déploie une remarquable invention dans le langage, fort bien rendue par le traducteur français.
Le procédé narratif est annoncé d'emblée dans le court chapitre intitulé "Contexte 0" servant d'exergue au roman, citation d'une page de "La Galaxie Gutenberg" du sociologue et théoricien des médias Marshall McLuhan. Cette page décrit la méthode d'Innis et selon cette méthode, le roman qui suit est une mosaïque, une configuration ou une galaxie destinée à éclairer le monde futur imaginé par l'auteur.
C'est une œuvre maîtresse. On peut considérer qu'avec les œuvres de Philip K. Dick, c'est l'un des fondements du cyberpunk. L'univers de Stand on Zanzibar avait tellement marqué John Brunner qu'il écrivit un second roman se déroulant dans le même cadre, L'Orbite déchiquetée (The Jagged Orbit, 1969).
Prix littéraires
Tous à Zanzibar de John Brunner a reçu le prix Hugo du meilleur roman de science-fiction 1969, le prix British Science Fiction du meilleur roman 1969 et le prix Apollo 1973.
Classique de la science-fiction
Ce roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants :
- Annick Beguin, Les 100 principaux titres de la science-fiction, Cosmos 2000, 1981 ;
- Jacques Sadoul, Anthologie de la littérature de science-fiction, Ramsay, 1981 ;
- Jacques Goimard et Claude Aziza, Encyclopédie de poche de la science-fiction. Guide de lecture, Pocket, coll. Science-fiction, no 5237, 1986 ;
- Denis Guiot, La Science-fiction, Massin, coll. « Le monde de... », 1987 ;
- Cité dans La Bibliothèque idéale de la SF (1988) ;
- Enquête du Fanzine Carnage mondain auprès de ses lecteurs, 1989 ;
- Lorris Murail, Les Maîtres de la science-fiction, Bordas, coll. « Compacts », 1993 ;
- Stan Barets, Le science-fictionnaire, Denoël, coll. Présence du futur, 1994 ;
- Bibliothèque idéale du webzine Cafard cosmique.
Critiques spécialisées
Dans son Histoire de la science-fiction moderne, parue en 1984, Jacques Sadoul déclare à propos de ce roman :
« En un mot, nous croyons réellement avoir vécu à l'époque de Stand on Zanzibar quand nous refermons le livre. Ajoutons-y enfin une remarquable invention dans le langage, qui a été fort bien rendue par le traducteur français [...] et nous aurons un ouvrage peut-être un peu trop artificiel, un peu trop fabriqué, mais absolument passionnant. C'est un tour de force et une œuvre maîtresse. »
— Jacques Sadoul, Histoire de la science-fiction moderne. 1911-1984, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-04464-3), p. 297
Prédictions historiques
L'action du livre, située en 2010, narre maints aspects du monde futur qui correspondent étrangement à des évolutions bien réelles de notre monde actuel, ce qui a conduit à de récentes discussions sur internet suggérant que ce livre de 1968 serait « davantage prophétique que de la science-fiction »[1] :
- La société est minée par les actes de violences commis par des déséquilibrés, souvent à l'intérieur d'écoles.
- L'autre grande source d'instabilité et de violence vient des terroristes, qui menacent les intérêts des États-Unis et parviennent à s'en prendre à des gratte-ciels sur le sol américain.
- Les prix ont été multipliés par six entre 1960 et 2010 en raison de l'inflation (l'augmentation réelle des prix aux États-Unis pendant cette période a été multipliée par sept, mais Brunner n'était pas loin).
- Les États-Unis ne sont désormais plus en rivalité avec l'Union soviétique mais avec la Chine, et leur affrontement se situe plus sur l'économie, le commerce et la technologie que sur le plan militaire.
- Les Européens ont formé une union de nations pour améliorer leurs perspectives économiques et leur influence sur le monde des affaires. Sur les questions internationales, la Grande-Bretagne tend à se rallier aux États-Unis, alors que les autres pays d'Europe sont souvent critiques à l'égard des initiatives américaines.
- L’Afrique demeure loin derrière les autres continents sur le plan du développement, tandis qu'Israël reste le centre des tensions du Moyen-Orient.
- Les modes de vie des homosexuels et des bisexuels se sont généralisés.
- Un médicament pour améliorer les performances sexuelles a été mis sur le marché, ses publicités sont diffusées sur les médias et il est devenu largement utilisé.
- Le mariage est en déclin, et la jeune génération préfère les relations de courte durée sans engagement officiel.
- Plusieurs décennies de discrimination positive ont permis aux Noirs d'accéder à des postes de pouvoir, mais des tensions racistes continuent de couver dans la société.
- Les véhicules à moteur fonctionnent de plus en plus à l'aide de piles à combustible électriques. Honda (principalement connu comme fabricant de motos lorsque Brunner a écrit son livre) est un constructeur important, avec General Motors.
- Pourtant, Detroit n'a pas prospéré, et est quasiment une ville fantôme avec toutes les usines fermées. Cependant, un nouveau type de musique — avec une étrange ressemblance avec le mouvement techno actuel de Detroit des années 1990 — a vu le jour dans la ville.
- Les chaînes d'informations télévisées sont devenues mondiales grâce au satellite, et il est possible de regarder une émission en différé.
- Les sièges d'avion sont équipés d'écrans de télévisions sur lesquels les passagers peuvent visionner les nouvelles ou des vidéos.
- Les documents informatiques sont générés par des imprimantes laser.
- La cigarette a été socialement et politiquement marginalisée, tandis que la marijuana a été dépénalisée.
- Des entreprises privées proposent aux particuliers des services de recherches généalogiques, via séquençage génétique
Éditions
- Stand on Zanzibar, Doubleday, 1968, 505 p.
- Tous à Zanzibar, tome 1, J'ai lu, coll. « SF » no 1104, 1980, trad. Didier Pemerle, 412 p. (ISBN 2-277-21104-4) (réédition en 1987)
- Tous à Zanzibar, tome 2, J'ai lu, coll. « SF » no 1105, 1980, trad. Didier Pemerle, 406 p. (ISBN 2-277-21105-2) (réédition en 1987)
- Tous à Zanzibar, Robert Laffont, coll. « Ailleurs et Demain », 1972, trad. Didier Pemerle (rééditions en 1975, 1979 (ISBN 2-221-00084-6) et 1981)
- Tous à Zanzibar, Edito-Service, coll. « Les Chefs-d'œuvre de la science-fiction » no 6, 1974, trad. Didier Pemerle
- Tous à Zanzibar, Le Livre de poche, coll. « SF » no 7180, 1995, trad. Didier Pemerle (ISBN 2-253-07180-3) (rééditions en 1999, 2004 (comporte une préface de Gérard Klein (ISBN 978-2-253-07180-8)), 2007 (ISBN 2-253-07180-3) et 2009 (ISBN 978-2-253-07180-8))
- Tous à Zanzibar, dans le recueil La Tétralogie noire, Mnémos, , trad. Didier Pemerle, 1 198 p. (ISBN 978-2-35408-691-6)
Notes et références
- The Weird 1969 New Wave Sci-Fi Novel that Correctly Predicted the Current Day The Millions, 25 mars 2013.
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