Togden Rinpoché

Togden Rinpoché aussi écrit Togdan Rinpoché (tibétain : རྟོགས་ལྡན་རིན་པོ་ཆེ, Wylie : rtogs ldan rin po che) est un Choje (maître du Dharma), le chef spirituel de la tradition Drikung Kagyu au Ladakh[1]. Les Chojes du monastère de Drikung Thil au Tibet furent envoyés en divers endroits tels que le Mont Kailash, Tsari, Lapchi et le Ladakh. Puisque l'incarnation précédente de Togden Rinpoché était originaire du Ladakh, il devint une tradition que ses réincarnations successives fussent nommées Chojes pour le Ladakh.

Togden Rinpoché serait la neuvième réincarnation de l'Indien Mahasiddha Hungchen Kara[2] qui s’incarna, plusieurs siècles plus tard, en la personne de Kongbo Togden Tulku, un disciple du 17e détenteur du trône de la lignée Drikung, Rinchen Phuntsog (1509-1557). Les sept réincarnations suivantes sont nées au Tibet et la huitième, au Ladakh.

Konchog Tenzin Thubten Tenpé Gyaltsen, neuvième réincarnation, est le Togden actuel.

Biographie

Togden Rinpoché (à gauche) avec le représentant de Drikung en France, le lama Konchog Tharchin Rinpoché (à droite).
Kyabjé Togden Rinpoché et Konchog Tharchin Rinpoché.

Fils de Konchog Tsultrim et Kelsang Dolma, il est né le [3], dans une famille pauvre de Durbuk (en), petit village situé à 110 km de Leh au Ladakh. Sa mère est morte deux heure après sa naissance[2]. Sa tante le nourrit au lait de chèvre. Lorsqu'il eut un an et demi, il laissa l'empreinte de son pied dans un rocher[2]. Plusieurs événements miraculeux, autour de sa naissance et après, révélèrent clairement ses qualités supérieures.

Le précédent Kyabgon Chetsang Rinpoche, Shiwe Lodro (1886-1943) le reconnut comme l'incarnation de Togden Rinpoché[2]. En 1943, il fut intronisé en tant que Choje Togden Rinpoché au monastère de Sharchukhul, l'un des trois principaux monastères de la lignée Drikung au Ladakh, situé à proximité de son lieu de naissance[2]. Il reçut la formation traditionnelle à un très jeune âge. En 1951, il accompagna son tuteur Gegan Sonam au monastère Yangrigar, à Drikung, au Tibet, où il bénéficia d'une instruction supérieure dispensée par de nombreux maîtres spirituels. Jusqu'en 1954, il étudia au College Drikung Nyima Changra (Institut des Hautes Études Bouddhistes). Lorsque la Chine s'empara du Tibet en 1959, il revint au Ladakh avec son tuteur et de nombreux moines ladakhis. Depuis lors, Rinpoché assuma ses responsabilités en prenant en charge les cinquante monastères Drikung du Ladakh tout en y maintenant la tradition Drikung Kagyu.

Rinpoché est détenteur de transmissions spéciales Drikung Kagyu : de Gongchig, Yamantaka, Phowa (en) et Dharmapalas. Il possède également la transmission du Rinchen Terdzo.

Dans les années 1960, Togden Rinpoché rencontra son lama racine Dudjom Rinpoché à Kalimpong. Au début de l'année 1967, Rinpoché prit des dispositions pour que l'habilitation du Rinchen Terdzö (de) ait lieu au lac de Tso Pema, à Rewalsar (Inde), un des lieux les plus sacrés de Guru Rinpoché[4]. Dudjom Rinpoché donna cette habilitation à une grande assemblée de plusieurs milliers de personnes et de trente tulkous. Par la suite, Dudjom Rinpoché initia Togden Rinpoche afin qu'il devienne son successeur en transmettant à son tour cette grande habilitation du Rinchen Terdzo.

Quelques années plus tard, Rinpoché découvrit plusieurs "lieux sacrés cachés", et révéla également des textes trésors cachés de l'esprit (dgongs gter). Ses œuvres sont rassemblées dans un volume lequel comprend un bref commentaire sur le Gongchig.

Dans les années 1960, Rinpoché fut le seul chef spirituel de la lignée Drikung détenant toutes sortes de transmissions de pouvoir de la tradition Drikung. Aussi, donna-t-il plusieurs habilitations et transmissions orales aux Drikungpa vivant en Inde et à l'étranger, dont Sa Sainteté Drikung Chetsang Rinpoche, à qui il transmit oralement l'œuvre de Rigzin Chodrak (1595-1659).

En 1974, Togden Rinpoché invita Kyunga Rinpoché (1911-1980) au Ladakh où il ouvrit un centre de méditation à Chushul. Plus tard, le centre de méditation fut déplacé à Lamayuru. Après avoir reconstruit le monastère d’Atitse, situé au nord-ouest de Lamayuru, en 1981, Rinpoché y établit une école pour jeunes moines.

En 1978, sous l’autorité de Togden Rinpoché, une grande cérémonie eut lieu à Leh, en l’honneur de Drikung Kyabgon Chetsang Rinpoche, après sa fuite du Tibet et son retour des États-Unis. Ce fut la première fois que Chetsang Rinpoché et Togden Rinpoché travaillaient ensemble pour renforcer la lignée Drikung Kagyu, au Ladakh. En 1979, le 800e anniversaire de la fondation du monastère de Drikung Thil fut célébré au monastère Phyang, en présence des deux leaders spirituels.

Togden Rinpoché fut le président de l'Association Gompa, de 1972 à 1975. Durant cette période, il assista à des conférences internationales bouddhistes organisées en Espagne, Allemagne, Suisse, France et à Taïwan.

Activités sociales

Depuis 1959, Togden Rinpoché entreprit diverses activités tant religieuses que sociales au Ladakh et devint une personnalité populaire. Il travailla sans relâche à élever la conscience spirituelle parmi la population ladakhi en répondant aux besoins d'une meilleure éducation, parvenant à envoyer de nombreux étudiants à Srinagar et Jammu. La mission principale de Togden Rinpoche à son retour du Tibet, fut de réorganiser la cinquantaine de monastères Drikung du Ladakh.

Durant les enseignements de l’année du Serpent, en 2000 et 2001, au Drikung Kagyu Institute de Dehradun (Inde), il livra de précieuses transmissions orales. Du au , le 18e jour du dernier mois du calendrier tibétain - qui se trouve être un jour auspicieux important pour les Drikungpa - il accorda la transmission orale des 101 volumes des préceptes du Bouddha, en présence de Drikung Kyabgon Chetsang Rinpoche, de Taklung Shabdrung Rinpoché, d’autres Tulkus et Khenpos ainsi que d'une assemblée de plus de 400 moines, moniales et laïcs.

Activités politiques

En 1967, Togden Rinpoché fut élu président du Comité d'action du Ladakh[5], visant à soutenir les demandes du Ladakh auprès du gouvernement indien. Sous sa direction, le Comité put faire accepter dix demandes par le gouvernement. Ainsi Togden Rinpoché devint-il également un responsable politique réputé. Durant quatre années, Togden Rinpoche fut aussi désigné vice-président du Conseil de développement du Ladakh. Au cours de cette période, plusieurs plans d'aménagement furent réalisés dans des lieux isolés du Ladakh. Parmi les réalisations majeures, nous pouvons noter le canal Durbuk, le pont Alchi, des lycées et plusieurs collèges, des centres d'aide médicale à Temisgam, Sumoor, Man Merak et Skurbuchen.

Par ailleurs, Togden Rinpoché devint président du National Conference Party à Leh, et fut nommé Membre du Conseil Législatif à l'assemblée du Jammu et Cachemire. Après les élections de 1996 (1996 Jammu and Kashmir Legislative Assembly election (en)), il accéda au poste de Ministre d'État pour les Affaires et la Planification du Ladakh[1] au sein du cabinet de Farooq Abdullah (en), premier ministre indien. En sa qualité de ministre d'État, Togden Rinpoché prit diverses mesures pour un développement plus rapide du Ladakh. Il fit de son mieux pour accroître les subventions budgétaires pour la région du Ladakh. Il œuvra pour la construction d'une piste d’atterrissage dans la région reculée de Zanskar et l'édification de la centrale hydroélectrique de Nimoo-Basgo. De même, il proposa d'ouvrir la route de Kailash-Mansarovar pour les pèlerins (Kailash Yatra), malheureusement ce projet ne put aboutir.

En , Togden Rinpoché démissionna de son poste de ministre d'État qu'il avait occupé pendant six ans[5]. Néanmoins, il continue de travailler pour les ladakhis et la société tibétaine, ainsi que pour tous les êtres en général avec un dévouement sincère envers le Dharma.

Films

Il apparaît dans The Yogis of Tibet, un documentaire de Jeffrey M. Pill tourné en 2002[6] et dans The Tibetan Book of the Dead: A Way of Life de Yukari Hayashi et Barrie McLean tourné en 1994[7].

Publications

  • (bo) gsuṅ ʼbum thor bu, 1985
  • (bo) Chos-rje ʼBri-guṅ-paʼi gdan rabs mdor bsdus : bźugso, 1969 (histoire concise de l'école Drikung Kagyu)
  • (bo) Mang-yul La-dwags kyi rgyal rabs zla snang gsar pa, 2015 (Histoire détaillée du Ladakh et de ses dirigeants ; comprend également des informations biographiques sur des personnages importants et des récits de différents monastères au Ladakh)

Références

  1. Pascale Dollfus, Phu Mkhar Rdzong, Un Lieu De Pèlerinage Au Ladakh. Bulletin De L'École Française D'Extrême-Orient, vol. 86, 1999, pp. 33–64. et
  2. (en) Prem Singh Jina, Cultural Heritage of Ladakh Himalaya, , 372 p. (ISBN 978-81-7835-745-4, lire en ligne), p. 209.
  3. Philippe Ronce, Guide des centres bouddhistes en France, Éditions Noêsis, 1998, p. 183 : « Konchock Thoubten Tempa Gyaltsen ( le neuvième Togdan Toulkou ) . Né le 5 janvier 1938 au Laddakh , il est considéré comme une émanation de Humtchenkara , un des huit maîtres de Padmasambhava . »
  4. His Eminence Choje Togdan Rinpoche
  5. (en) « Lotus King Trust - H.E. Togden Rinpoche | Political Life » (version du 26 décembre 2016 sur l'Internet Archive), sur lotuskingtrust.com,
  6. https://www.imdb.com/title/tt1429400/
  7. https://www.imdb.com/title/tt0227652

Liens externes


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