Theresa Berkley

Theresa Berkley ou Berkeley (morte en ) est une dominatrice anglaise du XIXe siècle. Elle dirige une maison close sur Hallam Street, juste à l'est de Portland Place dans le quartier de Marylebone à Londres, où elle se spécialise dans la flagellation. On lui attribue l'invention du « cheval de Berkley », un instrument du BDSM .

Carrière de dominatrice

Le cheval de Berkley

Theresa Berkley tient une maison de passe de luxe au 28 Charlotte Street[1] (l'actuel 84–94 Hallam Street )[2]. C'est une « gouvernante », c’est-à-dire qu’elle s’est spécialisée dans l'application de châtiments, de fessées, flagellations, etc.[3] Ses talents ès instruments de torture et sa discrétion absolue lui assurent une carrière rapide et lucrative auprès de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie de l'époque[4].

Elle invente le Berkley Horse, une sorte de chevalet : cet appareil aurait assuré sa fortune en lui permettant de fouetter des hommes et des femmes de la haute société d'alors[5]. À l'étage de son officine, elle a fait installer un crochet et une poulie, qui lui permettent de suspendre par les mains un homme au plafond[6].

Selon une source anonyme citée par Henry Spencer Ashbee[7] :

« Ses instruments de torture étaient plus variés que ceux de toute autre gouvernante. Elle possédait un large stock de verges, qu'elle conservait dans l'eau pour qu'elles restent vertes et souples. Elle avait des martinets avec une douzaine de lanières, une dizaine de tailles différentes de chats à neuf queues, dont certains avec des aiguilles, divers sortes de cannes flexibles, de larges lanières de cuirs, des battoirs parfois renforcés de clous, et de rudes étrilles rendues calleuses par des années d'usage. Des branches de houx, des ajoncs, des tiges de ronce appelées « balai de boucher », etc. L'été, elle gardait dans des vases de Chine des orties vertes, renouvelées régulièrement, avec lesquelles elle vous ressuscitait un mort. Qui venait chez elle avec beaucoup d'argent pouvait être battu, fouetté, flagellé, percé d'aiguilles, à demi pendu, frotté avec du houx, brossé aux ajoncs, caressé par les ronces, agacé de piqûres, étrillé, bref torturé jusqu’à plus soif. »

Il ne subsiste pas de portrait de Theresa Berkley ; les descriptions évoquent une femme attirante, d'un fort tempérament. Un auteur dit d'elle[8] :

« Elle avait la qualité première d'une courtisane, la lubricité. Car si une femme n'est pas vraiment lubrique, elle ne peut guère le simuler longtemps et il apparait bien vite qu'elle ne bouge les mains ou les fesses qu'au son des livres, des shillings et des pence[9] »

Elle accepte parfois de se soumettre à certains clients, pour autant que ceux-ci soient disposer à en payer le prix. Quand leurs exigences deviennent trop grandes, elle emploie à cet effet plusieurs femmes[10],[7].

Sa renommée est telle qu'on lui attribue, probablement à tort, un roman pornographique contemporain, Exhibition of Female Flagellants[11].

Postérité

Peu de temps après sa mort en 1836, son frère, missionnaire depuis 30 ans en Australie, arrive en Angleterre. Lorsqu'il apprend de quel commerce elle avait tiré la propriété qu'elle lui lègue, il y renonce et retourne en Australie. Son auxiliaire médical et exécuteur testamentaire, le docteur Vance, refuse à son tour d'administrer le domaine, évalué à 100 000 £[12], qui revient finalement à l'Etat.

Ce docteur Vance aurait été en possession de sa correspondance, plusieurs boîtes contenant des lettres de la plus haute aristocratie masculine et féminine du pays. Celles-ci auraient finalement été détruites[réf. nécessaire].

Bibliographie

  • Anil Aggrawal, Forensic and Medico-Legal Aspects of Sexual Crimes and Unusual Sexual Practices, CRC Press, 2008, (ISBN 1-4200-4308-0), p. 150
  • Patricia J. Anderson, When Passion Reigned: sex and the Victorians, BasicBooks, 1995, (ISBN 0-465-08991-7), p. 98
  • Åke E. Andersson, Nils-Eric Sahlin, "The complexity of creativity", Synthese library: studies in epistemology, logic, methodology, and philosophy of science v. 258, Springer, 1997, (ISBN 0-7923-4346-8), p. 59
  • Ashbee, Henry Spencer Ashbee (alias "Pisanus Fraxi") (1969) Index of Forbidden Books (écrit dans les années 1880 sous le nom Index Librorum Prohibitorum ). Londres: Sphère
  • Iwan Bloch, Le Marquis de Sade et Son Temps, Editions Slatkine, repr. 1970, p. 196
  • Iwan Bloch, The Sexual Life of Our Time in Its Relations to Modern Civilization, BiblioBazaar repr. 2009, (ISBN 1-113-13717-7), p. 573
  • Iwan Bloch, Sexual Life in England, Past and Present, F. Aldor, 1938, p. 353
  • Bernhardt J. Hurwood, The Golden Age of Erotica, Sherbourne Press, 1965
  • Marcus, Steven (1966) The Other Victorians: a Study of Sexuality and Pornography in Mid-Nineteenth-Century England . Londres: Weidenfeld & Nicolson (ISBN 0-393-30236-9)
  • John K. Noyes, The mastery of submission: inventions of masochism, Cornell studies in the history of psychiatry, Cornell University Press, 1997, (ISBN 0-8014-3345-2), pp. 12–14
  • Mike Pentelow, Marsha Rowe, Characters of Fitzrovia, Chatto & Windus, 2001, (ISBN 0-7011-7314-9), p. 97
  • Geoffrey Leslie Simons, A Place for Pleasure: the history of the brothel, Harwood-Smart Publishing, 1975, (ISBN 0-904507-02-5), p. 52
  • Autumn Stanley, Mothers and daughters of invention: notes for a revised history of technology, Volume 36", Rutgers University Press, 1995, (ISBN 0-8135-2197-1), pp. 585–586

Références

  1. Edwin Beresford Chancellor, The Pleasure Haunts of London During Four Centuries, B. Blom, , p. 187
  2. Pentelow, Mike et Marsha Rowe, personnages de Fitzrovia , Felix Dennis, Pimlico, 2002, p. 97 note de bas de page.
  3. Kathryn Hughes, The Victorian Governess, Continuum International Publishing Group, , 278 p. (ISBN 1-85285-325-5, lire en ligne), p. 137
  4. Hurwood (1965) p. 160.
  5. Simons, G. L. (1974), The Illustrated Book of Sexual Records, repr. Random House Value Publishing, 1983, (ISBN 0-517-42800-8), p. 125, quoted by « The history of flogging » [archive du ] (consulté le )
  6. The Flogging Whores of Old London « https://web.archive.org/web/20040406093617/http://public.diversity.org.uk/deviant/ssflg1.htm »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  7. Hurwood (1965), p. 161.
  8. cité dans Hurwood, B. J. The Golden Age of Erotica.
  9. Most famous female flagellant « https://web.archive.org/web/20060716122934/http://www.world-sex-records.com/sex-287.htm »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  10. Au nombre desquelles des femmes qui répondent aux pseudonymes de Miss Ring, Hannah Jones, Sally Taylor, One-eyed Peg, Bauld-cunted Poll ainsi qu'une Noire surnommée Ebony Bet
  11. (en) Bradford Keyes Mudge, The whore's story : women, pornography, and the British novel, 1684–1830, Oxford, Oxford University Press, coll. « Ideologies of desire », , 276 p. (ISBN 0-19-513505-9, lire en ligne), p. 246
  12. Leo Markun, Mrs. Grundy : a history of four centuries of morals intended to illuminate present problems in Great Britain and the United States, D. Appleton and Company, , p. 236
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