Théorie des cycles réels

La théorie des cycles réels (en anglais, Real Business Cycle Theory) est une théorie économique qui vise à expliquer les cycles économiques par des fluctuations des niveaux de productivité.

Concept

La théorie des cycles réels est une théorie développée par Finn E. Kydland et Edward C. Prescott en 1982, qui ont obtenu le Prix Nobel d'économie en 2004 pour leurs travaux. Elle appartient au courant de la nouvelle économie classique.

Le modèle des cycles réels soutient que les cycles sont liés à des fluctuations aléatoires du niveau de productivité. Les périodes de croissance économique et de récession économique ne sont alors que des réponses de l'économie à des chocs exogènes[1].

Ces chocs ne sont pas des chocs monétaires liés à la politique monétaire, mais bien des chocs réels. Un choc réel est lié à la productivité ; ce peut donc être un choc dû à l'innovation, c'est-à-dire au progrès technologique qui améliore la productivité d'un secteur[2]. Il peut aussi s'agit de l'augmentation ou de la diminution de dépenses publiques[3]. Ce rejet de l'explication monétaire est dû à des recherches qui, dans les années 1980, ont montré le peu d'impact des politiques monétaires face aux changements technologiques[2],[4].

Les fluctuations économiques sont ainsi la réponse optimale des agents économiques à ces chocs. La fluctuation signifie qu'ils se repositionnent vis-à-vis de la nouvelle configuration de l'offre[2]. Par exemple, en cas d'accroissement de sa productivité, le travailleur peut décider d'augmenter sa consommation pour dépenser le surplus obtenu (effet transitoire et limité) ou alors, de modifiant son offre de travail en effectuant un arbitrage entre le présent et le futur : il décide alors de travailler plus aujourd'hui pour partir à la retraite plus tôt. Cette théorie soutient donc la thèse du chômage volontaire[3].

Son enjeu est de tenir compte de la critique de Lucas en intégrant dans les modèles des comportements micro-fondés pour les agents économiques.te théorie reste toutefois compatible avec l'hypothèse d'un ajustement continu des marchés. Cette théorie refuse toute légitimité économique à l'intervention de l'État[3].

Débats et critiques

La théorie des cycles réels n'est que peu soutenue par la profession des économistes[5].

Gregory Mankiw se montre très critique envers la théorie. Il considère qu'il est impossible d'expliquer le chômage dû à certaines crises, comme celle de 1982, avec cette théorie. Il écrit : « Quel conjoncturiste ou chef d'entreprise prendrait au sérieux l'idée selon laquelle la récession américaine de 1982 résulta d'une baisse brutale du progrès technique ! »[3].

Une étude de 2004 de Galí et Rabanal met en lumière des critiques relatives à la pertinence empirique de cette approche à propos des États-Unis[1].

Références

  1. Agnès Bénassy-Quéré, Benoît Cœuré, Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Politique économique, De Boeck, 3e édition, 2012
  2. Valérie Mignon, La macroéconomie après Keynes, La Découverte, impr. 2010 (ISBN 978-2-7071-5775-1 et 2-7071-5775-9, OCLC 690788640, lire en ligne)
  3. Marc Montoussé, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0658-6, lire en ligne)
  4. Charles R. Nelson et Charles R. Plosser, « Trends and random walks in macroeconmic time series », Journal of Monetary Economics, vol. 10, no 2, , p. 139–162 (ISSN 0304-3932, DOI 10.1016/0304-3932(82)90012-5, lire en ligne, consulté le )
  5. Michael Burda et Charles Wyplosz, Macroéconomie: A european text, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8041-8403-2, lire en ligne)

Voir aussi

Liens internes


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