Test de virginité
Un test de virginité est un test effectué sur une femme afin d'établir si elle est vierge ou non. Pratiqués par un médecin, une sage-femme, ou encore une autorité coutumière ou religieuse, ces tests se basent généralement sur l'observation de l'hymen. Ils n'ont pas de base scientifique (il est impossible de déterminer si une femme a eu des rapports sexuels en observant son corps)[1] et sont discriminatoires envers les femmes. Ils représentent souvent une expérience traumatisante pour les femmes qui y sont soumises[1].
Les tests de virginité sont encore pratiqués au XXIe siècle dans de nombreux pays[2]. En , les Nations Unies et l'organisation mondiale de la santé ont appelé à l'arrêt de ces tests[3].
Cause
Les tests de virginités sont prévalents dans les cultures qui accordent une valeur importante à la virginité d'une femme avant le mariage. La virginité est liée directement à l'honneur de la femme et de sa famille, et dans certains cas la famille de la jeune femme ou celle de son futur mari peuvent exiger une preuve de sa virginité. Les tests de virginité sont souvent liés aux mariages arrangés. Ils peuvent également être demandés par la famille qui souhaite savoir si la femme est devenue active sexuellement[1].
Déroulement
À l'époque moderne, certaines filles ont recours à un médecin, gynécologue ou généraliste, pour obtenir un certificat de virginité avant leur mariage. Après un examen, le praticien délivre un certificat à la femme attestant qu'elle est supposée être vierge. L'examen se fait généralement par observation directe de l'entrée du vagin, complétée par l'insertion des doigts du médecin ou d'un objet servant à détecter l'hymen[1]. Le test peut donner lieu à la remise d'un certificat de virginité à la famille de la femme (ou pour son futur époux).
Dans le monde
Afghanistan
En Afghanistan, ces tests sont ordonnés par la justice et peuvent conduire les femmes en prison si elles ont eu un rapport sexuel en dehors du mariage, y compris en cas de viol. À la suite du combat des militantes des droits de femmes, le président Ashraf Ghani a promis en 2016 l'interdiction de la pratique, mais elle reste largement répandue[4]. Ces tests sont souvent pratiqués sur des femmes soupçonnées d'adultère, ayant fui leur famille, ou en cas d'agression sexuelle[5]. Ils sont réalisés de force dans des conditions hygiéniques précaires[4].
Afrique australe
Dans plusieurs pays d'Afrique Australe (Afrique du Sud, Zimbabwe, Ouganda, Eswatini), les tests de virginité ont connu une recrudescence à la suite de l'épidémie du Sida. Ils ont été présentés comme un moyen adapté aux cultures locales pour limiter la transmission du VIH. Ainsi, des jeunes filles peuvent recevoir des bourses pour entrer à l'université si elles « réussissent » le test[6]. « [Ces tests] sont souvent justifiés comme un moyen traditionnel pour protéger les jeunes filles, leur familles et la société face à un ensemble de problèmes engendrés par le sexe et les maladies »[7]. Alors qu'ils étaient auparavant pratiqués de manière individuelle, ces tests sont maintenant conduits de manière collective, lors de grands évènements festifs à la suite desquels les jeunes filles repartent avec un certificat de virginité[7].
Culture zouloue
En Afrique du Sud, particulièrement chez les Zoulous, les tests de virginité peuvent rassembler plusieurs milliers de jeunes filles chaque année lors d'un rituel nommé Ukuhlolwa kwezintombi[8]. De manière plus générale, les jeunes femmes vierges se rassemblent tous les ans pour honorer la reine zouloue lors de la cérémonie de l'Umhlanga (danse des roseaux). Elles doivent se soumettre à un test de virginité pour pouvoir y participer[9].
Égypte
À la suite des manifestations place Tahrir lors du printemps arabe de 2011, plusieurs manifestantes égyptiennes arrêtées par l'armée ont été soumises à des tests de virginité effectués par des médecins militaires, devant des soldats. Ces tests, vus comme une violence sexuelle et une humiliation pour les manifestantes, ont été jugés illégaux en [10]. Ils s'ajoutent à de nombreuses formes de violence envers les femmes durant ces manifestations[10].
États-Unis
Une enquête du magazine Marie Claire et du Fuller Project a montré en 2019 que les tests de virginité sont répandus aux États-Unis et ne sont soumis à aucune régulation[1]. S'il est difficile d'avoir des chiffres, car les médecins réalisant cet acte cherchent à le cacher, la pratique est attestée[1].
France
En France, le conseil de l'Ordre des médecins s'oppose à ce qu'un tel certificat soit délivré pour des raisons de pressions familiales[11]. Le collège des gynécologues reprend les mêmes conseils, et rappelle que le médecin qui délivrerait un certificat de virginité dans l'intérêt de la femme le demandant, mais sans avoir pratiqué d'examen ou alors que l'examen a conclu dans le sens contraire, commet un faux susceptible de poursuites[12]. Un examen peut être pratiqué dans le cas d'une femme souhaitant faire constater qu'elle a subi des violences sexuelles, mais dans ce cas il s'agit plutôt de constater un rapport sexuel récent.
Indonésie
En Indonésie, des tests de virginité sont pratiqués sur les femmes voulant entrer dans l'armée ou la police, ou souhaitant se marier avec un militaire[5].
Maroc
Au Maroc, des certificats de virginité sont parfois demandés avant le mariage par les mariés, qui emmènent leur future épouse passer un test de virginité chez le gynécologue[13].
Royaume-Uni
Dans les années 1970, au moins 80 femmes originaires d'Inde et du Bangladesh ont été soumises à des tests de virginité par les services de l'immigration britanniques. En effet, une femme venant en Grande-Bretagne pour se marier dans les trois mois n'avait pas besoin de visa. Ces tests ont été imposés afin de vérifier que les femmes n'étaient pas déjà mariées. Ils ont provoqué une forte polémique en Inde à l'époque[14].
Références
- (en-US) Sophia Jones, « Why Are American Doctors Performing Virginity Tests? », sur Marie Claire, (consulté le )
- (en-US) Sophia Jones, « Why Do So Many Countries Still Allow Virginity Testing? », sur Marie Claire, (consulté le )
- (en) « United Nations agencies call for ban on virginity testing », sur www.who.int (consulté le )
- (en-US) Zahra Nader et Mujib Mashal, « Despite Ban, Invasive Virginity Tests Remain Prevalent in Afghanistan », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) Sophia Jones, « In Afghanistan, Women Are Winning the Fight Against Virginity Testing », sur Marie Claire, (consulté le )
- (en-GB) « South African mayor defends virgin scholarships », BBC, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Roy Richard Grinker, Stephen C. Lubkemann, Christopher B. Steiner et Euclides Gonçalves, A Companion to the Anthropology of Africa, Hoboken, John Wiley & Sons, , 469 p. (ISBN 978-1-119-25148-4, lire en ligne), p. 237
- (en-US) « Ukuhlolwa kwezintombi: Virginity testing amongst the Zulu tribe of South Africa | Hadithi Africa » (consulté le )
- Milena Ivanovic, Cultural Tourism, Juta and Company Ltd, , 340 p. (ISBN 978-0-7021-7185-7, lire en ligne), p. 155
- (en-GB) Riazat Butt et Abdel-Rahman Hussein, « 'Virginity tests' on Egypt protesters are illegal, says judge », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- Comment réagir en cas de demande de certificat de constatation de virginité ?
- [PDF] Faut-il faire des certificats de virginité ?
- « Au Maroc, la virginité à tout prix : « Ils veulent du sang, alors on leur en donne » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Alan Travis et home affairs editor, « Virginity tests for immigrants 'reflected dark age prejudices' of 1970s Britain », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
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