Taïno (langue)

Le taïno est une langue arawakienne qui était parlée par les Taïnos, un peuple indigène des Caraïbes.

Pour les articles homonymes, voir Taino.

Taïno
Extinction XIXe siècle[1]
Région Caraïbes
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-3 tnq
Glottolog tain1254
Carte

Leur aire géographique recouvrait l'île d'Hispaniola (Haïti et République dominicaine) dont le nom taïno était Ahatti, Porto Rico dont le nom taïno était Borink'en, la Jamaïque dont le nom taïno était Xamaïca ou Xaymaca, les trois-quart est de l'île de Cuba, dont le nom taïno était Cubanascan ou Coabana, et l'archipel des Bahamas dont le nom taïno était Lucayos (luku = les gens; cayo = les îlots, soit « les habitants des îlots »)[réf. nécessaire].

Il y avait au moins trois langues taïnos : le lucayo, au Nord dans l'archipel des Bahamas, au centre de Cuba et à la Jamaïque, puis, la plus répandu, désignée comme taïno principal, à Hispaniola et à l'est de Cuba et, finalement, celui de Porto Rico dit taïno oriental.

« Taïno » signifie « personne noble ». L'expression ne désignait en fait qu'une seule caste de toute la société. Parmi les autres castes, il y avait celle des esclaves ou captifs : naboria[réf. nécessaire].

Héritage linguistique

Ces langues sont les premières avec lesquelles Christophe Colomb est entré en contact. Elles ont généré de nombreux emprunts dans les langues européennes pour décrire les objets, les animaux, les plantes et les pratiques alimentaires des sociétés amérindiennes.

Frontières des 5 royaumes taïnos de St Domingue et villes principales[réf. nécessaire]

Entre autres mots taïno adoptés en français[réf. nécessaire] :

Hamac vient de Hamaca (le filet tendu pour dormir) ; Canoë vient de Canoa (l'embarcation creusée dans un seul tronc) ; Caïque vient de Cayuco embarcation plate ; Patate vient de Batata (Tubercule plus de 6 sortes sur Saint Domingue), Barbecue vient de Barbicu (La viande cuite au-dessus du feu), Cannibale vient de Caniba le nom que les Taïnos donnaient aux Caribes, Cacique vient de Caciga chef taïno ; Caïman vient de caïman (Crocodile américain) ; Tabac vient de Tabacu (le plant de tabac) ; Cohiba vient de Cohiba (la feuille de tabac séchée roulée à fumer) ; Colibri vient de Colibri (Le petit oiseau américain connu aussi sous l'onomatopée Zum-zum), Ouragan vient de U'Racan le dieu du vent ; Savane vient de Sabana (la prairie) ; Goyave vient de Guayaba (le fruit) Ananas de Yayama ; Iguane vient de Iguana ; Ménate vient de Manati (l'oiseau capable de parler) ; les Guyanais reconnaîtront des termes qui leur sont familiers Conuco veut dire Potager en taïno[réf. nécessaire].

Le taïno a bien sûr donné encore plus de mots en espagnol, langue par laquelle ils ont été transmis au français.

Noms Arawak des îles des Antilles et des Bahamas. Significations[réf. nécessaire].

Mani est le nom taïno de l'arachide, comme en espagnol ; Cayo veut dire île en taïno, a donné le nom espagnol comme le nom anglais de Key ou Cay ; Guacamayo est le terme taïno pour l'Ara ; Ceiba, l'arbre Fromager est un terme taïno[réf. nécessaire].

Histoire

Histoire précolombienne

Les Taïnos n'étaient pas les premiers arrivés dans les Antilles. Il y avait eu avant eux au moins deux vagues d'arrivées de population non Arawaks, dont les Guahanacabibes présents depuis au moins 1 000 ans. On rattache trois langues à ces populations pré-arawak. Le Guahanacabibe, le Ciguayo au Nord-Est de Saint Domingue dans l'ancienne province de Magua et le Macorix au Sud-Est de Saint Domingue dans l'ancienne province du Higüey[réf. nécessaire]. Sans en disposer de la preuve, les archéologues et les linguistes[Qui ?] pensent que ces 3 langues étaient apparentées et ont pu être isolées les unes des autres à la suite de l'arrivée des Taïnos vers 1200. Ces derniers ont chassé les populations vaincues vers l'Ouest de Cuba et aux extrémités est de Saint Domingue. Il reste trop peu d'éléments de ces langues antérieures pour conclure[réf. nécessaire].

La langue caribe était présente sur les petites Antilles et quelques îlots au large des grandes Antilles de l'Est dont l'île de Saona. Leur population arrivée après les Taïnos est entrée en compétition brutale avec les Taïnos pour le contrôle territorial. De nombreuses femmes taïnas étaient enlevées par les Kalinago pour assurer leur descendance. La culture matriarcale des Taïnos, et celle patriarcale des Caribes faisait que les deux langues étaient parlées au sein des familles caribes. Couramment les hommes et les garçons parlaient caribe, et les femmes et les filles parlaient taïno.

Aujourd'hui les linguistes considèrent que la langue caribe ou kalinago, comme les trois langues taïno fait partie des langues Arawaks. Le Garifuna qui a hérité d'une grande partie de la culture et de la langue des Caribes permet de se rendre compte de leur proximité. De nombreux mots élémentaires sont identiques aux mots taïno connus à la transcription près.

Contact européen et disparition

Les contacts entre les Européens et les Taïnos ont eu des conséquences dramatiques pour ces derniers. Alors qu'ils comptaient, en 1492, 3 000 000 habitants de langue taïno, les archipels des grandes Antilles et des Bahamas ont été entièrement dépeuplés, par massacre, mise en esclavage, déportation, travaux forcés dans les mines d'or et aussi à cause de la propagation des maladies couramment répandues en Europe et en Asie inconnues du continent Américain. En 1512, il n'y a plus de survivants d'origine entièrement taïno. Leurs trois langues sont devenues, du fait de la disparition de leurs locuteurs, des langues mortes.

Toutefois, il y eut des métissages lors des premiers contacts et en particulier lors du premier voyage de Colomb. Certaines communautés de Porto Rico se réclament de la double culture Espagnol et Taïnos. On trouve sur les sites internet de Porto Rico des précis de langue Espagnol-Taïnos[2].

Les recherches médicales récentes sur l'ADN des habitants des Antilles ont confirmé que 61 % des Porto Ricains et 18% des dominicains avaient au moins une aïeule taïno (ADN Mitochondriale : ancêtre par filiation matriarcale exclusivement)[réf. nécessaire].

Phonologie

La langue taïno ne disposait pas de forme écrite, sauf à s'être emparée de façon ponctuelle de glyphes d'origine maya, ce qui n'est pas établi. Les mayas Chontal qui commerçaient entre le Yucatan et Saint Domingue ne faisaient eux-mêmes pas partie d'une caste lettrée. Les Taïnos ont eu recours à l'usage de pétroglyphes encore visibles dans certaines grottes des Antilles que l'on pourrait considérer comme une forme de proto-écriture. Il y a eu peu d'études spécifiques sur leur interprétation à ce jour et les phonèmes présentés dans le présent chapitre correspondent à des informations collectés par les populations espagnoles auprès des derniers survivants au cours du XVIe siècle[réf. nécessaire].

Reconstitution des consonnes taïnos Bilabiales Alvéolaires Palatales Vélaires Glottales
Occlusives sourdes p t k
implosives b d
Fricatives s h
Nasales m n
Semi-Voyelles w l j

Il y avait aussi un (r) appuyé qui semble avoir été une variante du (d).

Reconstitution des voyelles taïnos
Antérieures Centrales Postérieures
Fermée i
Moyennes e

ɛ

o
Ouvertes a

La seule consonne que l'on peut trouver à la fin d'un mot est /s/[réf. nécessaire].

Grammaire

Les différents possessifs et pronoms utilisés sont placés sous forme de préfixe au nom ou au verbe auquel il se rapporte :

  • Mon, moi : "da-" Exemple mon île se dira "Dakera" prononcé dakeira ;
  • Notre, nous : "wa-" Notre île "Wakera" ;
  • Son, lui : "li-" Son île "Likera" ;
  • Sa, elle : "tu-" Son île, si c'est une femme "Tukera".

Il en est de même des conjugaisons: Exemple le verbe voir :

  • "Darike": Je vois ;
  • "Warike": Nous voyons ;
  • "Lirike": Il voit ;
  • "Turike": Elle voit.

La négation d'une proposition est également accolée à l'expression. La négation se dit : "ma-"

  • "Madarike": Je ne vois pas !.

Le verbe être et l'affirmation se disent "ka-". Ainsi le verbe être se conjugue :

  • "Daka", Je suis ;
  • "Waka", Nous sommes ;
  • "Lika", Il est ;
  • "Tuka", Elle est.

Dictionnaires taïno

Plusieurs dictionnaires taïno ont été créés par des associations ou des militants taïnos : un dictionnaire taïno-anglais[3], plusieurs dictionnaires taïno-espagnol[4],[5].

Notes et références

  1. Ethnologue [tqn].
  2. Feliciano-Santos 2017, p. 4
  3. (en) « The Dictionary of the Taino Language », sur taino-tribe.org (consulté le )
  4. (es) « EL diccionario del lenguaje taíno », sur taino-tribe.org (consulté le )
  5. (es) « Diccionario indígena », Dictionnaire taino-espagnol, sur proyectosalonhogar.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Sherina Feliciano-Santos, « How do you speak Taíno? Indigenous Activism and Linguistic Practices in Puerto Rico », Journal of Linguistic Anthropology, vol. 27, no 1, , p. 4–21 (ISSN 1055-1360, DOI 10.1111/jola.12139, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Julian Granberry et Gary Vescelius, Languages of the Pre-Columbian Antilles, University of Alabama Press, , 153 p. (ISBN 978-0-8173-5123-6, lire en ligne), considéré comme un ouvrage de référence par Keegan et Carlson (2008)
  • (en) William F. Keegan et Lisabeth A. Carlson, Talking Taino : Caribbean Natural History from a Native Perspective, University of Alabama Press, , 160 p. (ISBN 978-0-8173-5508-1, lire en ligne)
  • Hervé Gallet, Les Dévorés (roman), Cap Bear Éditions, .

Articles connexes

Liens externes

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