Syndrome douloureux régional complexe

Le syndrome douloureux régional complexe[1] (SDRC) est un état pathologique caractérisé par un syndrome associant des douleurs et d'autres symptômes touchant typiquement une extrémité après un traumatisme ou une intervention chirurgicale même minime. Ce syndrome pourrait être dû à des causes neurologiques, notamment une dysfonction des fibres de petit calibre des nerfs périphériques - qui protègent des stimulations douloureuses et thermiques et/ou de grand calibre qui détectent les stimulations tactiles.

Syndrome douloureux
régional complexe
Spécialité Physiothérapie et neurologie
CIM-10 M89.0
CIM-9 733.7
OMIM 604335
DiseasesDB 12635
MedlinePlus 007184
eMedicine 328054 et 793370
MeSH D012019
Médicament Ziconotide, gabapentine, duloxétine, prégabaline et fentanyl
Patient UK Complex-regional-pain-syndrome-pro

Mise en garde médicale

Classification et synonymes

Cette maladie comporte deux sous-types, I et II, et on trouve plusieurs noms pour la décrire[2] :

  • syndrome de Sudeck-Leriche ou maladie de Sudeck (1866-1945) qui le premier l'a décrite[3] ;
  • algodystrophie ou algoneurodystrophie ;
  • causalgie, décrite par Weir Mitchell en 1872 (traduction française en 1874) dans le cadre de certaines lésions nerveuses périphériques (correspond au sous-type II) ;
  • syndrome épaule-main ;
  • ostéoporose douloureuse post-traumatique ;
  • dystrophie sympathique réflexe (correspond au sous-type I).

Les types I et II sont parfois distingués (type II s'il y a une lésion nerveuse manifeste, comme dans la causalgie)[2],[4].

Définition

Le syndrome douloureux régional complexe est un diagnostic d'élimination. Les signes cliniques et les résultats des examens complémentaires ne sont pas spécifiques. Seul un faisceau d'arguments et l'élimination des diagnostics différentiels permet d'aboutir au diagnostic. Une scintigraphie est souvent la meilleure manière de déceler cette pathologie. L’évolution est spontanément favorable dans 90 % des cas, mais peut être prolongée (12 à 24 mois). Plus rarement (5 à 10 % des cas), l’évolution est plus lente avec persistance des douleurs pendant plusieurs années, associée à des troubles trophiques et des rétractions aponévrotiques. Le syndrome douloureux régional complexe se rencontre à tout âge chez l’adulte avec une prédominance féminine (trois femmes pour un homme). Le syndrome douloureux régional complexe peut entraîner certaines formes de raideur articulaire. Le syndrome douloureux régional complexe est possible chez l’enfant et l’adolescent[5],[6],[7] mais reste exceptionnel.

Le syndrome douloureux régional complexe est caractérisé par :

  1. douleur entraînant une impotence ;
  2. troubles trophiques avec des troubles vasomoteurs (œdème, modification de température et d'aspect de la peau) ;
  3. déminéralisation épiphysaire retardée aux examens radiologiques ;
  4. une migration fréquente vers d'autres localisations ;
  5. une évolution lentement régressive, et le plus souvent sans séquelle ;
  6. peut revenir des années plus tard au même endroit ou ailleurs.

Depuis 1999, le syndrome douloureux régional complexe (SDRC, Complex Regional Pain Syndrome, CRPS) est un syndrome douloureux très précisément défini[8]. Certaines algodystrophies sont des SDRC, d'autres pas[9].

Dans le cas du SDRC de type I avec dystonie, l'hyperacousie a été mesuré avec une prévalence de 38 % dans une étude récente. Cette hypersensibilité aux bruits est probablement une sensibilisation des voies auditives centrales. Elle se traduit par une intolérance aux bruits forts accompagnée de douleurs (otalgie)[10].

Traitement

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2012). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Il n'existe pas de traitement curatif de cette affection ; seule la calcitonine, une hormone, semblait avoir démontré une certaine efficacité. Cependant, depuis celle-ci a perdu l'autorisation de mise sur le marché en France dans cette indication et il n'existe plus de thérapeutique spécifique. Le syndrome douloureux régional complexe est souvent mal diagnostiqué, une scintigraphie osseuse donne la possibilité de diagnostiquer la maladie. Prise très tôt (souvent rare) la silice donne de bons résultats, éviter les blocs et autres thérapies douloureuses et souvent inutiles[réf. nécessaire].

Sans la calcitonine, les rhumatologues n'ont plus aucune autre molécule à prescrire. Ils continuent encore couramment à la donner puisqu'elle semble faire effet dans environ un cas sur trois. Elle est prescrite pour « prévention de la décalcification lors de l'immobilisation prolongée », une indication pour laquelle l'AMM est maintenue, ce qui revient finalement au même puisque l'algodystrophie entraîne une immobilisation. La calcitonine doit être stoppée au bout de 15 jours en cas d'intolérance ou d'absence d'effet, car lorsqu'elle fonctionne, elle fait effet très rapidement. En cas d'échec de la calcitonine, restent disponibles les bisphosphonates, eux non plus sans AMM dans le syndrome douloureux régional complexe mais néanmoins fréquemment utilisés.

Le traitement symptomatique quant à lui peut comprendre :

Expérimentations et méta-analyses

L'administration de biphosphonates en phase précoce, et de calcitonine durant une courte période en phase chronique, permet la prise en charge efficace du syndrome douloureux. À long terme, seuls les bisphosphonates, les analogues au NMDA et les vasodilatateurs montrent une action antalgique[17].

Administrer de la vitamine C diminuerait l'incidence de syndrome douloureux régional complexe d'environ 8 points (passant de 10,1 % dans le groupe contrôle à 2,4 % dans le groupe traité)[18]. La vitamine C prise quotidiennement à une dose minimale de 500 mg pourrait diminuer le risque d'apparition de syndrome douloureux régional complexe dans les fractures du poignet[19],[20],[21],[22].

Recherche

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2012). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Les techniques d'investigation du syndrome douloureux régional complexe sont limitées. Les chercheurs américains du NINDS (National Institute of Neurological Disorders and Stroke) étudient la possibilité d'utiliser chez les patients atteints, la microneurographie, une technique permettant d'enregistrer et de mesurer directement l'activité neurale des fibres nerveuses par lesquelles se propagent les influx nociceptifs.

Notes et références

  1. (en) Harden RN, Bruehl S, Galer BS, Saltz S, Bertram M, Backonja M, Gayles R, Rudin N, Bhugra MK, Stanton-Hicks M, « Complex regional pain syndrome: are the IASP diagnostic criteria valid and sufficiently comprehensive? », Pain, vol. 83, no 2, , p. 211-9. (PMID 10534592)
  2. Anne Barquin, « Progrès récents dans le diagnostic et le traitement du syndrome douloureux régional complexe [News in diagnostic and treatment of complex regional pain syndrome] », Rev med suisse, vol. 4, no 162, , p. 1518-9. (ISSN 1660-9379, PMID 18649598, lire en ligne, consulté le )
  3. (de) Sudeck, P.H.M. « Über die acute entzündliche Knochenatrophie » Archiv für Klinische Chirurgie 1900;62:147-156
  4. (en) Critères diagnostiques d'un syndrome douloureux régional complexe de type I et de type II Table I, page 175. (en) Rho, Richard H. et al. « Complex Regional Pain Syndrome », Mayo Clin Proc. 2002;77(2):174-180. PMID 11838651 DOI:10.4065/77.2.174
  5. (en) Wilder RT, « Management of pediatric patients with complex regional pain syndrome », Clin J Pain, vol. 22, no 5, , p. 443-8. (PMID 16772799, DOI 10.1097/01.ajp.0000194283.59132.fb)
  6. (en) Stanton-Hicks M, « Plasticity of complex regional pain syndrome (CRPS) in children », Pain Med, vol. 11, no 8, , p. 1216-23. (PMID 20704670, DOI 10.1111/j.1526-4637.2010.00910.x)
  7. (en) Liossi C, Clinch J, Howard R, « Need for early recognition and multidisciplinary management of paediatric complex regional pain syndrome », BMJ, no 351, , h4748. (PMID 26350549, DOI 10.1136/bmj.h4748)
  8. (en) Bruehl S, Harden, RN, Galer, BS. et al. « External validation of IASP criteria for Complex Regional Pain Snydrome and proposed research diagnistic criteria » Pain 1999;81(1-2):147-154. PMID 10353502
  9. Spicher C, Estebe JP, Létourneau E. et al. « Critères diagnostiques du syndrome douloureux régional complexe » Douleur analg 2014;27:62-64. DOI:10.1007/s11724-014-0368-x
  10. (en) « Hyperacusis in patients with complex regional pain syndrome related dystonia », sur J Neurol Neurosurg Psychiatry, (consulté le )
  11. (en) Roberto Perez, Paul Zollinger, Pieter Dijkstra, Ilona Thomassen-Hilgersom, Wouter Zuurmond, Kitty Rosenbrand, Jan Geertzen, « Evidence based guidelines for complex regional pain syndrome type 1 », BMC Neurology, vol. 10, no 1, , p. 20 (ISSN 1471-2377, PMID 20356382, DOI 10.1186/1471-2377-10-20, lire en ligne, consulté le )
  12. Deshayes P, Daragon A, Le Loët X, « L'algodystrophie du membre supérieur [Algodystrophy of the upper extremity] », Phlebologie, vol. 40, no 2, , p. 503-9. (PMID 2886999)
  13. (en) Breger Stanton DE, Lazaro R, Macdermid JC., « A systematic review of the effectiveness of contrast baths », J Hand Ther., vol. 22, no 1, , p. 57-69; quiz 70. (PMID 18945584, DOI 10.1016/j.jht.2008.08.001)
  14. (en) Shearer HM, Trim A. « An unusual presentation and outcome of complex regional pain syndrome: a case report » J Can Chiropr Assoc. 2006 Mar;50(1):20-6. PMID 17549166
  15. (en) Muir JM, Vernon H. « Complex regional pain syndrome and chiropractic » J Manipulative Physiol Ther. 2000 Sep;23(7):490-7. PMID 11004654
  16. Jean-Marie Landouzy, « L'algodystrophie », sur www.seret-medecine.org (consulté le )
  17. (en) Wertli MM, Kessels AG, Perez RS, Bachmann LM, Brunner F, « Rational pain management in complex regional pain syndrome 1 (CRPS 1)--a network meta-analysis », Pain Med, vol. 15, no 9, , p. 1575-89. (PMID 25234478, DOI 10.1111/pme.12466)
  18. (en) Zollinger PE, Tuinebreijer WE, Breederveld RS, Kreis RW « Can vitamin C prevent complex regional pain syndrome in patients with wrist fractures? A randomized, controlled, multicenter dose-response » J Bone Joint Surg Am. 2007;89(7):1424-31. PMID 17606778
  19. Cazeneuve JF, Leborgne JM, Kermad K, Hassan Y, « Vitamine C et prévention du syndrome douloureux régional complexe de type 1 après fracture du radius distal traitée chirurgicalement », Acta Orthopædica Belgica, vol. 68, no 5, (lire en ligne)
  20. (en) Malay S, Chung KC, « Testing the validity of preventing complex regional pain syndrome with vitamin C after distal radius fracture », J Hand Surg Am, vol. 39, no 11, , p. 2251-7. (PMID 25239047, DOI 10.1016/j.jhsa.2014.08.009)
  21. (en) Meena S, Sharma P, Gangary SK, Chowdhury B, « Role of vitamin C in prevention of complex regional pain syndrome after distal radius fractures: a meta-analysis », Eur J Orthop Surg Traumatol, (PMID 25488053)
  22. (en) Chen S, Roffey DM, Dion CA, Arab A, Wai EK, « Effect of Perioperative Vitamin C Supplementation on Postoperative Pain and the Incidence of Chronic Regional Pain Syndrome: A Systematic Review and Meta-analysis », Clin J Pain, vol. 32, no 2, , p. 179-85 (PMID 25654537)
  • Portail de la médecine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.