Susan de Vannes
Susan (en latin Susannus) fut évêque de Vannes de 838 à 849. Déposé à l'instigation du duc Nominoë, il était encore en vie en août 866.
Susan | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | VIIIe siècle | |||||||
Décès | ap. 866 | |||||||
Évêque de l’Église catholique | ||||||||
Évêque de Vannes | ||||||||
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Carrière
Son prédécesseur Rénier (Regnarius) est mentionné pour la dernière fois dans un acte daté du [1]. Le premier acte faisant mention de l'évêque Susan est du suivant[2].
Le , après s'être emparés de la ville de Nantes, des Normands massacrèrent l'évêque Gohard et de nombreux prêtres et fidèles dans la cathédrale, qu'ils incendièrent. Les habitants restaurèrent ensuite quelque peu l'édifice, et le suivant, l'évêque Susan de Vannes vint procéder à la cérémonie de reconsécration[3].
Susan fut accusé, avec d'autres évêques de Bretagne, de simonie[4]. Selon le récit des Gesta Sanctorum Rotonensium[5], l'abbé Conwoïon de Saint-Sauveur de Redon (sur le territoire du diocèse de Vannes) prit l'initiative d'aller dénoncer cette situation auprès du duc Nominoë, et lui demanda d'y remédier[6]. Le duc réunit alors une assemblée des « évêques, docteurs et juristes » de la province, qui décida que deux évêques élus par leurs pairs, accompagnés par l'abbé Conwoïon, se rendraient à Rome auprès du pape Léon IV. Les deux évêques choisis furent Susan et un autre nommé Félix.
L'auteur des Gesta Sanctorum Rotonensium prétend que le pape réunit un concile qui condamna sévèrement la simonie pratiquée. Selon l'auteur de la Chronique de Nantes, plus proche de la vérité sur ce point, Léon IV répondit que l'affaire relevait d'un synode provincial autour de l'archevêque de Tours, dont dépendait la Bretagne. Le souverain pontife envoya en tout cas deux lettres, une adressée à Nominoë, une autre aux évêques bretons[7].
La délégation envoyée à Rome rentra sans doute en février 849[8]. Au cours du printemps 849, Nominoë organisa une nouvelle assemblée dans une résidence officielle (aula) appelée Coëtlou[9] et fit déposer plusieurs évêques : selon la Chronique de Nantes, ce furent Susan de Vannes, Félix de Quimper, Salocon d'Aleth[10] et Libéral de Léon ; ces quatre accusés auraient tout avoué, mais sous la contrainte.
L'évêque Susan n'était toujours pas remplacé le [11]. Il l'était le , par Courantgen[12].
Les évêques francs s'assemblèrent en concile à l'été 850 autour de Landran, archevêque de Tours, et adressèrent une lettre à Nominoë pour lui reprocher un grand nombre de forfaits[13] : entre autres, le duc aurait refusé de recevoir et de se faire lire la lettre du pape[14], et aurait ainsi expulsé de leurs sièges des évêques légitimes.
Le concile franc de Soissons réuni du 18 au écrivit une lettre au pape Nicolas Ier à propos de l'affaire du « schisme » breton : on y apprend que Susan de Vannes était alors toujours vivant (sans doute installé en territoire franc), alors qu'un « intrus » (Courantgen[15]) occupait son siège.
Bibliographie
- Ferdinand Lot, « Mélanges d'histoire bretonne. V. Le schisme breton du IXe siècle. Étude sur les sources narratives », Annales de Bretagne, vol. 22, n° 3, 1906, p. 414-452.
Notes et références
- Dom Morice, Preuves, t. I, col. 271-272.
- Cartulaire de Redon, Append., n° 10, p. 357. Voir Arthur de La Borderie, « Examen chronologique des chartes du cartulaire de Redon antérieures au XIe siècle (second article) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 25, 1864, p. 393-434.
- Chronique de Nantes.
- Gesta Sanctorum Rotonensium, II, § 10 : « In tempore autem Nominoe principis Brittaniæ surrexit quædam hæresis quæ appellatur simoniaca per totam Brittaniam, fœdavitque omnem ecclesiam [...]. Hujus vero hæresis fautor maxime Susannus Venetensis episcopus exstitit. Nam nullus presbyter aut diaconus poterat manus impositionem ab episcopis sine pretio accipere [...] ».
- Histoire de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon sous l'abbé fondateur Conwoïon (832-868), rédigée peu de temps après la mort de ce dernier.
- Autre son de cloche dans la Chronique de Nantes (milieu du XIe siècle) : Nominoë, un homme ambitieux et fourbe, voulait se débarrasser des évêques d'obédience carolingienne de son territoire (« episcopos totius suæ regionis manu Francorum regia factos ») ; il manipula le pauvre Conwoïon, « un homme simple et innocent ».
- La réponse aux évêques bretons a pu être reconstituée (Philipp Jaffé, Reg. pontif. roman., 2e éd., n° 2599). La réponse à Nominoë est connue seulement par le résumé, peut-être tendancieux, qu'en fait l'auteur de la Chronique de Nantes, et par une citation dans une lettre conservée du pape Nicolas Ier à Salomon de Bretagne.
- L'abbé Conwoïon avait reçu de Léon IV, pour son monastère, des reliques du pape saint Marcellin. On sait qu'elles furent déposées dans l'église de l'établissement un dimanche de février, et d'autre part la première charte datée qui en parle est du 18 février 849 (Cartulaire de Redon, n° 59, p. 47).
- Cartulaire de Redon, n° 113, p. 87 : « illo anno quo synodus facta est in Brittania in aula quæ vocatur Coitlouh contra episcopos, temporibus Lotharii et Karoli seu Lodowico reges [sic], Nominoe gubernante Brittaniam ».
- C'est-à-dire Salacon de Dol.
- Cartulaire de Redon, n° 251, p. 202.
- Ibid., Append., n° 27, p. 363.
- C'est la lettre n° 84 de Loup de Ferrières.
- « Ne litteras quidem ipsas recepisti, et, quia nolebas a malo desinere, timuisti bene monentem audire ».
- Courantgen est mort en 869.
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