Sophie Poirier

Sophie Poirier, née Sophie Doctrinal, femme Lemarchand, le à Troissy (Marne) et morte le à Auberive (Haute-Marne), est une couturière qui fut une militante républicaine lors de la Commune de Paris en 1871. Elle est présidente du Comité de vigilance de Montmartre[1],[2].

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Biographie

Poirier arrive à Paris en 1868. Durant le siège de Paris, elle ouvre un atelier coopératif de confection d'uniformes qui compte 70-80 ouvrières[3],[4],[5].

En , Poirier soutient le manifesto de l'association féministe mené par André Léo Revendication des droits de la femme en signant citoyenne Poirier[6].

En 1870, son mari, couvreur, meurt[7],[8].

Après la fondation du Comité de vigilance de Montmartre en par Georges Clemenceau, Poirier le dirige et collabore avec ses adhérents qui comptent, entre autres, Louise Michel et Anna Jaclard[7],[2]. Michel raconte que Poirier, Blin et Béatrix Excoffon allèrent la chercher à la sortie de sa classe pour créer le comité[9]. Poirier obtient également un local du maire, Clemenceau, pour le comité[5]. Poirier signale à la police des proches des Versaillais dans le cadre de ce comité[10].

Poirier créa et présida[11] le club de la Boule Noire[1] et Beatrix Excoffon en fut la vice-présidente[12]. Pour ce club politique destiné aux femmes uniquement, un appartement rue des Acacias dans le XVIIe arrondissement de Paris fut réquisitionné à sa demande[7],[12],[13]. La prostitution, l’organisation du travail, ou l’éducation des jeunes filles sont autant de sujets débattus par ce club[1]. La mort de l'Archevêque de Paris, Georges Darboy, et le renversement de la colonne Vendôme y furent votés[14].

Son atelier coopératif ferme dû au manque de travail le [7]. Poirier, en compagnie des membres du comité Jaclard et Léo, réagit à la proclamation de la Commune au moment de sa proclamation et devient ambulancière[15].

Lors de son procès, le juge remarque un « passé exempte de tout reproche », d'une femme qui s'occupait des « moyens d'améliorer le sort des femmes en général »[16]. Pour cette raison, elle est accusée d'« avoir fait preuve d'une grande exaltation » et cela résulte dans sa condamnation[16]. Le , le 26e conseil de guerre la condamne à la déportation dans une enceinte fortifiée qui fut la prison centrale d’Auberive où elle resta jusqu’à la fin de sa vie[7].

Hommage

Une rue de La Rochelle porte son nom[17].

Références

  1. Jacques Rougerie, Paris insurgé - La Commune de 1871, vol. 263, Découvertes Gallimard / Histoire , nouvelle édition de 2003, première parution en 1995, 160 p. (ISBN 2-07-053289-5), p. 83
  2. « Les Femmes dans la Commune de Paris », sur www.commune1871.org (consulté le )
  3. Eugene W. Schulkind, « Le rôle des femmes dans la Commune de 1871 », Revue d'Histoire du XIXe siècle - 1848, vol. 42, no 185, , p. 16 (DOI 10.3406/r1848.1950.1467, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Edith Thomas, « The Women of the Commune », The Massachusetts Review, vol. 12, no 3, , p. 409–417 (ISSN 0025-4878, lire en ligne, consulté le )
  5. Edith Thomas, Les pétroleuses, Gallimard, (lire en ligne), p. 53
  6. Christine Fauré, Political and Historical Encyclopedia of Women, Routledge, , 359 p. (ISBN 9781135456917)
  7. « DOCTRINAL Sophie, femme Lemarchand, dite Poirier - Maitron », sur maitron.fr, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 21 avril 2019 (consulté le )
  8. Gérald Dittmar, Histoire des femmes dans la Commune de Paris, Dittmar, (ISBN 978-2-9519192-3-5, lire en ligne)
  9. Louise Michel, la Commune, Paris, Editions Stock, collection Stock+plus, 1978, (lire en ligne), chap. IX (« Les femmes de 70 »), p. 174
  10. Eugene W. Schulkind, « Le rôle des femmes dans la Commune de 1871 », Revue d'Histoire du XIXe siècle - 1848, vol. 42, no 185, , p. 20 (DOI 10.3406/r1848.1950.1467, lire en ligne, consulté le )
  11. Tristan Remy et Tristan Rémy, La Commune à Montmartre, 23 mai 1871, Éditions sociales, (lire en ligne)
  12. (en) Christine Fauré, Political and Historical Encyclopedia of Women, Routledge, (ISBN 978-1-135-45691-7, lire en ligne)
  13. Edith Thomas, Les pétroleuses, Gallimard, (lire en ligne), p. 227
  14. E. Guillemot, P. Gras, Ph. Du Verdier, Ministère de la Justice. Mélanges ; dossiers de recours en grâce. Inventaire sommaire (BB/24/725-BB/24/890), vol. 2, Archives nationales (France), (lire en ligne), Dossiers 11450 à 11772
  15. Edith Thomas, Les pétroleuses, Gallimard, (lire en ligne), p. 156
  16. « Violence des communardes : une mémoire à revisiter », Revue Historique, vol. 297, no 2 (602), , p. 526 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le )
  17. « La Rochelle : dix héroïnes dont vous ne savez (presque) rien », sur SudOuest.fr (consulté le )

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