Sotiates
Les Sotiates, Sottiates ou Sontiates[1],[2] étaient un peuple aquitain (Proto-Basques) sous influence celte[3] en aquitaine protohistorique, dans la région de Sos, dans l'actuel département de Lot-et-Garonne.
Origine du peuple
Son origine soulève différentes hypothèses. Selon Jean-Pierre Brèthes, le peuple des Sotiates, qui possède un oppidum (Oppidum Sotiatum), un site fortifié en cas d'attaque situé dans la région de Sos, vit, combat, bat monnaie[4] et s'administre comme un peuple gaulois[5].
Le fait que ce peuple se batte seul contre Crassus sous les ordres de son roi Adiatuanos (dont le nom signifie "ambition" en gaulois)[6],[7] alors que tous les autres peuples aquitains forment une coalition, émet l'hypothèse qu'il pourrait s'agir de Gaulois installés aux portes de l'Aquitaine[5]. Autre fait troublant est qu'ils ne furent pas nommés parmi les « Neuf Peuples » aquitains au IIIe siècle par l'administration impériale à la partie sud de l'Aquitaine antique[8] car rattachés aux territoires des Elusates, situés au sud de leur oppidum, avec pour capitale Elusa (Eauze), et future capitale de la région de Novempopulanie.
Cependant, d'autres linguistes tels que Theo Vennemann, José Ignacio Hualde ou Joseba Andoni Lakarra soulignent la présence de la langue aquitaine (proto-basque) dont le nom de la garde rapprochée d'Adiatuanos, composée de 600 soldats appelés les "Soldurii"[9] ainsi que les noms de deux dédicants trouvés à Sos : "Adehio" et "Harbelesteg"[10],[11].
Selon le linguiste Joaquín Gorrochategui : « L'Aquitaine a subi aussi une profonde influence gauloise, plus remarquable au fur et à mesure que l'on s’éloigne des Pyrénées vers le nord et l'est de la région. Les témoins de cette pénétration sont : les noms de personnes et de divinités gauloises, les noms de peuples en -ates, et postérieurement les toponymes romans en -ac[12]. »
Historique
Peuple aquitain mentionné entre les Elusates (Pays d'Eauze, Gers) et les Osquidates campestri (région de Houeillès, Lot-et-Garonne) par Pline[13]. Leur territoire correspond certainement à l'actuelle région de Sos-en-Albret (Lot-et-Garonne), ville qui pourrait avoir été leur chef lieu.
Vers , les peuples de la moyenne Garonne engage le combat pour la première fois avec les Romains. Ces derniers subiront une grande défaite, entrainant la mort d’un légat, Lucius Valérius Préconius et une armée taillée en pièces par les Aquitains, ainsi que la fuite du proconsul Lucius Manlius.
Les Sotiates apparaissent dans l'histoire lors de la Guerre des Gaules. En effet, en , sous la direction d'Adiatuanos (Adiatunnus), ils affrontèrent Publius Crassus qui possède douze cohortes de légionnaires, une cavalerie importante et de nombreux renforts de Toulouse, de Carcassonne et de Narbonne, pays dépendants de la province romaine[14]. Dans un combat de cavalerie, les Sotiates attaquent mais l'engagement se solde par un échec. Contraints de se réfugier dans leur capitale (Sos), ils furent assiégés et finirent par capituler après une résistance acharnée[15],[16].
Articles connexes
- Aquitains
- Adiatuanos, roi en
- Novempopulanie
Notes et références
- Sontiates chez Jules César et Sottiates chez Pline l'Ancien.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle (Naturalis Historia) : livre 4, [108]. Aquitani, unde nomen provinciae, Sediboviates. mox in oppidum contributi Convenae, Bigerri, Tarbelli Quattrosignani, Cocosates Sexsignani, Venami, Onobrisates, Belendi, saltus Pyrenaeus infraque Monesi, Oscidates Montani, Sybillates, Camponi, Bercorcates, Pinpedunni, Lassunni, Vellates, Toruates, Consoranni, Ausci, Elusates, Sottiates, Oscidates Campestres, Succasses, Latusates, Basaboiates, Vassei, Sennates, Cambolectri Agessinates (lire sur Wikisource)
- Achille Luchaire, Études sur les idiomes pyrénéens de la région française, p.39
- Carte des monnaies des peuples aquitains
- Et l'Aquitaine devint romaine par Jean-Pierre Brèthes
- Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise : Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Errance, , 440 p. (ISBN 978-2-87772-369-5, lire en ligne), p. 32
- (en) Ranko Matasović, Etymological Dictionary of Proto-Celtic, Leiden, Brill, , 543 p. (ISBN 978-90-04-17336-1, lire en ligne), p. 24 & 434
- Jean-Jacques et Bénédicte Fénié, Dictionnaire des Landes, Bordeaux, Éditions Sud Ouest, , 349 p. (ISBN 978-2-87901-958-1)
- (de + en) Theo Vennemann et Patrizia Noel Aziz Hanna, Europa Vasconica, Europa Semitica., Berlin, New York, De Gruyter Mouton - Walter de Gruyter, , 977 p. (ISBN 3-11-017054-X et 9783110170542), p. 695
- (en) José Ignacio Hualde, Joseba Andoni Lakarra et Larry Trask, Towards a History of the Basque Language, Amsterdam; Philadelphia, John Benjamins Publishing, , 365 p. (ISBN 9027236348 et 9789027285676, OCLC 709596553, lire en ligne), p. 49
- Harbelesteg (variante de Harbelex du Comminges) et qui a donné le nom basque de Arbeletxe = celui qui vit dans un lieu/abri de pierre noire = maison en ardoise
- Linguistisque et peuplement en Aquitania. par Joaquín Gorrochategui dans le cadre de L'âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges. Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l'âge du Fer, Actes du 35e, Colloque international de l’AFEAF (Bordeaux, 2-5 juin 2011) sous la direction de Anne Colin, Florence Verdin, Bordeaux.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, IV, 19, 108
- Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus par Firmin-Didot frères, fils et Cie, 1874, 727 pages
- Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules, livre III, 20-22
- Renée Mussot-Goulard, Histoire de la Gascogne, vol. 462, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 127 p. (ISBN 2130475191 et 9782130475194, OCLC 395108634, notice BnF no FRBNF36687834, lire en ligne)
Sources
- Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, page 824, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
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