Songhaï (peuple)

Les Songhaïs sont un peuple de la vallée du fleuve Niger vivant principalement du travail de la terre et de l'artisanat. Ils constituent un groupe ethnique important du Mali, du Niger et du nord du Bénin.

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Songhaï
Songhaï de Tombouctou (2012).

Populations significatives par région
Mali 1 940 000
Bénin 406 000
Niger 5 106 000
Population totale 7 452 000 environ
Autres
Langues Langues songhaï
Religions Islam
Ethnies liées Mandingue, Peul, Zarma, Dendi

Les Songhaïs sont un ancien peuple de l'Afrique occidentale. L'Empire songhaï a connu un rayonnement important à la fin du XVe et au début du XVIe siècle.

Ethnonymie

Selon les sources, on observe de multiples variantes dans l'orthographe : Songai, Songay, Songhaïs, Songhay, Songhays, Songhoi, Songhoy, Songhrai, Songhray, Songoi, Sonhrai, Sonhray, Sonrai, Sonray, Sonrhai, Sonrhay[1].

On trouve également le terme Hombori.

Histoire

Origine

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Les Songhaïs sont un peuple métissé, issu de plusieurs métissages – Soninkés, Peuls, Touaregs et Gourmantché, qui se sont effectués au cours des siècles. Culturellement ils sont très proches des Touaregs mais surtout des Zarmas et les Dendis avec lesquels ils partagent la même langue.

Au VIIe siècle, les Songhaïs animistes se sont installés dans la région de Koukia, puis plus tard, à Gao.

Jean Rouch distingue quatre.groupes de Songhaï : les maîtres de la terre (Kadoli), les maîtres des eaux (Sorko), les maîtres de brousse (chasseurs gow) et les descendants des Sonni et des Askia, auxquels s'ajoutent plusieurs groupes assimilés[2].

Ces différents groupes de Songhaïs entretenaient de mauvais rapports. Au XIe siècle des Berbères venus du Nord, fuyant les persécutions des Arabes, se fixèrent chez les Songhaïs, en particulier chez les « Maîtres des eaux ». Ils se métissèrent jusqu'à ne plus se démarquer des Songhaïs d'origine, et fondèrent la dynastie des dias. Les dias chassèrent les Songhaïs sorkos, ceux-ci remontèrent le fleuve Niger à la recherche de nouvelles terres. Ils se fixèrent et fondèrent la ville de Gao. Les Sorkos fondateurs de la ville de Gao, durent de nouveau l'abandonner aux Songhaïs dias. Les Sorkos se réfugièrent alors vers le lac Débo. Au début du XIe siècle, Dia kossoi ou zakosoi, issus de la dynastie Dia, fixèrent la capitale des Songhaïs à Gao. Les Songhaïs dias, firent de Gao un royaume puissant et prospère, qui rivalisait avec les empires du Ghana et du Mali.

Empire songhaï

Au cours du XVe siècle, le Songhaï devint un empire, qui s'étendait au Niger, au Mali et sur une partie de la Guinée et du Sénégal actuels. L'Empire s'éteignit vers la fin du XVIe siècle.

Son apogée eut lieu sous les règnes de Soni Ali de 1464 à 1492 et d'Askia Mohamed de 1493 à 1528. L'Empire songhaï s'effondra à la suite de la bataille de Tondibi contre les Marocains en 1591.

La première dynastie marquante fut la dynastie Za ou Dia. En 1009, le souverain Zakosoï se convertit à l'islam. Au XIVe siècle, l'Empire songhaï est la plus importante puissance commerciale de la région.

Soni Ali Ber le Si accède au pouvoir en 1464, fondant la dynastie des « Si ». Il fit de nombreuses guerres pour agrandir l'Empire.

La dynastie Askia commence avec Mohamed Touré plus connu sous le nom Askia Mohamed qui prend le pouvoir après une guerre de succession et fait de l'islam la religion d'État, ce qui provoque des tensions entre l'aristocratie musulmane et la population adepte des religions traditionnelles. Son fils Askia Musa le renverse en 1528. L'Empire songhaï connaît encore quelques souverains énergiques avant sa chute en 1591 face aux Marocains.

Hiérarchie sociale

  • La noblesse : constituée des nombreux parents de la famille impériale, ses membres occupaient les hautes fonctions de l'administration et l'armée et jouissaient de plusieurs privilèges[3] ;
  • Les classes maraboutiques : d'origine soninké et maure, ils étaient les détenteurs du pouvoir religieux, tous musulmans[3] ;
  • Les pêcheurs : craints à cause des pouvoirs qu'on leur prête, fabricants de pirogues et chasseurs de crocodiles, d'hippopotames et de lamantins. Ils sont divisés en deux grands groupes, les fono qui se mêlent aux pêcheurs bozos du fleuve Niger, et les faran[réf. nécessaire] ;
  • Les classes serviles :
    • les tyindikata : esclaves de la noblesse et des hommes libres ; anciennement pour la noblesse ils étaient chargés de l'occupation des cheveux[3],
    • les gabibi : pratiquant l'agriculture pour la noblesse askia à l'époque de l'Empire songhaï, ils étaient également chargés de l'escorte des Askia[3].

II existe de nombreuses castes d’artisans : forgerons, menuisiers, potières, tanneuses, cordonniers, tisserands, barbiers et coiffeuses ainsi que des griots, des captifs de guerre et des serfs[2].

De nombreux Songhaïs portent les patronymes Maïga et Touré.

Groupes liés aux Songhaïs

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  • Les Kourteys, nés des métissages entre Songhaïs sorkos pêcheurs et Peuls pasteurs. Malgré le métissage, les Kourteys restent très proches de la culture peule. On retrouve les Kourtey au Mali, Niger, et en petit groupe au Nigéria. Ils constituent presque une ethnie distincte ;
  • Les Wogos sont une division des Kourteys, plus proche des Songhaïs que des Peuls. Ils sont cultivateurs, pratiquent la riziculture, la pêche, l'élevage. Ils parlent la même langue que les Songhaïs ;
  • Les Zarmas, un sous-groupe songhaï, ils seraient à l'origine des Songhaï restés animistes, fuyant l'Islam en allant vers l'est, le pays dosso. Ils parlent un dialecte songhaï, on les retrouve surtout au Niger, où ils ont constitué de puissantes chefferies, rivalisant avec les Touaregs et les Haoussas. Ils sont d'excellents cavaliers et guerriers. Ils ont été dans le passé très liés aux Soninkés nobles. Les Zarmas sont désormais majoritairement musulmans ;
  • Les Armas, descendants des guerriers marocains ayant fait tomber l'Empire songhaï à la bataille de Tondibi puis ayant gouverné le Pachalik de Tombouctou. Ces Marocains ont épousé des femmes songhaïs nobles et ont adopté la langue et la culture songhaïs.

En plus des métissages, de nombreux Touaregs, Peuls, Mandingues, sont venus s'ajouter, s'assimiler aux Songhaïs.

Les Sonhraïs cohabitent avec les Mandingues, Touaregs, les Peuls, les Haoussas, les Dogons, les Bozos, les Mossis.

Les Songhaïs sont de grands agriculteurs, ils cultivent du mois de mai à octobre, le reste de l'année les Songhaïs sont artisans. Les Songhaïs pratiquent l'élevage, ils gardent leur troupeau, et ne vendent pas les bêtes.

Les Songhaïs sont pour la grande majorité des musulmans, mais la religion traditionnelle reste très forte dans la vie de tous les jours. Beaucoup de Songhaïs continuent la pratique du culte des ancêtres. Ils croient ancestralement aux esprits, les holey, et en un dieu créateur, Yarkoy. Askia Mohamed, même si l'Empire songhaï était islamisé, a beaucoup contribué à la sauvegarde des traditions africaines.

Localisation géographique

Parmi tous les groupes ethniques du Mali, les Songhaïs occupent une place particulière du fait de leur situation géographique.

En effet, installé à la frontière de l'Afrique blanche et de l'Afrique noire, le peuple songhaï a bénéficié des apports des pays méditerranéens, bien avant les autres, et de ceux des pays du sud avec lesquels ils entretiennent de longue date des relations commerciales[4].

Notes et références

  1. Source Répertoire d’autorité matière encyclopédique et alphabétique unifié, BnF [Bibliothèque nationale de France].
  2. Alain Froment, LE PEUPLEMENT HUMAIN DE LA BOUCLE DU NIGER, Paris, Éditions de I’ORSTOM, coll. « Collection TRAVAUX et DOCUMENTS », , 194 p. (ISBN 2-7099-0902-2, lire en ligne), p. 28.
  3. http://www.histoire-afrique.org/printarticle.php3?id_article=74.
  4. Ethnies du Mali sur www.lemali.fr.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Boulnois et Boubou Hama, L'empire de Gao : histoire, coutumes et magie des Sonrai, Librairie d'Amérique et d'Orient, Paris, 1954, 182 p.
  • Zakari Dramani-Issifou, « Les Songhay : dimension historique », dans Vallées du Niger, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1993, p. 151-161.
  • E. Paris, « Bijoux et paille et poupées de cire Sonrai de Tombouctou », Notes africaines, no 51, , p. 84-88.
  • André Prost, « Notes sur les Songay », Bulletin de l'Institut français d'Afrique noire, Série B, Sciences humaines. 16 (1-2), janvier-, p. 167-213.
  • André Prost, « Légendes Songay », Bulletin de l'Institut français d'Afrique noire, Série B, Sciences humaines. 18 (1-2), janvier-, p. 188-201.
  • André Prost, « Statut de la femme songhay », Bulletin de l'Institut fondamental d'Afrique noire, Série B, Sciences humaines. 32 (2), , p. 486-517.
  • Jean Rouch, « Aperçu sur l'animisme Sonraï », Notes africaines, no 20, , p. 4-8.
  • Jean Rouch, « Rites de pluie chez les Songhay », Bulletin de l'Institut français d'Afrique noire, 15 (4), , p. 1655-1689.
  • (en) Paul Stoller, « Social interaction and the management of Songhay socio-political change », Africa (Londres), 51 (3), 1981, p. 765-780.
  • (en) Paul Stoller et Cheryl Olkes, In sorcery's shadow: a memoir of apprenticeship among the Songhay of Niger, University of Chicago Press, Chicago, 1987, 235 p. (ISBN 0-226-77542-9).
  • (en) Paul Stoller, Fusion of the worlds: an ethnography of possession among the Songhay of Niger, University of Chicago Press, Chicago, 1989, 243 p. (ISBN 0-226-77544-5) (comptes-rendus en ligne et ).

Filmographie

  • Une série de films documentaires réalisés par Jean Rouch au cours de plusieurs missions ethnographiques ont été distribués par CNRS Images (Meudon) entre 2008 et 2010 (DVD).
    • Circoncision, 1948-1949, 15 min,
    • Les magiciens du Wanzerbe, 1948-1949, 33 min,
    • Initiation à la danse des possédés, 1948-1949, 21 min,
    • Les hommes qui font la pluie : Yenendi, 1950-1951, 28 min,
    • Architectes ayorou, 1970 ?, 30 min.
  • Tugumtugum : chants et danses d'Afrique, film documentaire de Patrick Kersalé, Éd. Musicales Lugdivine, Lyon, 2011, DVD + brochure (chansons en langue songhaï).

Articles connexes

Liens externes

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