Système d'information de gestion des ressources humaines et des moyens
Le système d'information de gestion des ressources humaines et des moyens (SIRHEN) vise à rénover les systèmes d'information du ministère de l'Éducation nationale française pour une meilleure gestion des moyens et du personnel.
Lancé en 2007, SIRHEN permet actuellement à la gestion administrative et financière de 18 000 agents. À terme, il est censé permettre de gérer le dossier administratif et financier des 1 100 000 agents du ministère ainsi que les moyens, c’est-à-dire la préparation de la rentrée scolaire.
Entre 2006 et 2017, les coûts de mise en place du SIRHEN sont quintuplés pour un déploiement extrêmement lent qui ne touche au terme de cette période que 1,8 % du personnel concerné.
Ce logiciel, inadapté et trop coûteux, est abandonné en à la suite « de nombreuses dérives », selon la Cour des comptes, et après avoir coûté 400 millions d'euros.
En , le Ministère de l'Education Nationale annonce la création de SEMSIRH (service de modernisation des systèmes d'information des ressources humaines pour l'éducation) afin de remplacer SIRHEN et toutes les autres applications de ressources humaines de l'Education Nationale[1].
Objectifs
Lancé en 2007, le programme SIRHEN développé se voulait un système d'information unifié, souple et efficace intégrant la gestion des ressources humaines (RH) et des moyens. Il visait à accompagner la modernisation de la gestion RH, développer sa dimension qualitative et renforcer les capacités de pilotage à chaque échelon.Ce système d’information était développé spécifiquement pour le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le programme SIRHEN était censé rénover les systèmes d'information de gestion des moyens et du personnel du ministère de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche en termes :
- de normes de développement,
- d’exploitation informatique,
- d’apport des nouveaux outils disponibles sur le marché,
- « d’agilité » face aux évolutions réglementaires,
- de dématérialisation et d’archivage.
Ce programme est en relation avec d'autres chantiers nationaux : Compte Individuel de Retraite (CIR), Contrôle Interne Comptable (CIC), Infocentre et système décisionnel interministériel.
Cette solution devait remplacer progressivement les applicatifs existants (EPP, AGORA, AGAPE...).
Enjeux
- Fluidification et enrichissement qualitatif des processus de gestion des ressources humaines en se fondant sur le concept de Dossier Unique Agent (DUA) dématérialisé.
- Continuité dans les services offerts aux utilisateurs actuels, y compris aux gestionnaires externes au ministère de l’éducation nationale (ministères de l’enseignement supérieur et de la culture) .
- Renforcement de l’intégration des processus de gestion des ressources humaines, de gestion des moyens (préparation de la rentrée) et de pilotage budgétaire, en consolidant les différentes évolutions conceptuelles et pratiques des systèmes existants.
Déploiement de populations par vague
18 000 dossiers d’agents sont actuellement gérés via SIRHEN dans toutes les académies et en administration centrale.
SIRHEN est utilisé pour gérer et payer le personnel :
- de direction,
- d’inspection,
- d’encadrement supérieur.
SIRHEN devait être utilisé par les gestionnaires du personnel, les hiérarchiques et les administrateurs des systèmes d’information. SIRHEN était censé offrir des fonctionnalités de gestion administrative individuelle et collective. La gestion du dossier de l’agent serait dématérialisée. Les arrêtés et les documents constitutifs du dossier de l’agent seraient désormais gérés au format numérique.
Trajectoire de déploiement
Le programme SIRHEN est intégré au programme interministériel de modernisation SIRH / paye piloté par la DINSIC.
La trajectoire du programme SIRHEN est organisée en versions successives, qui portent simultanément la migration dans le nouveau système de populations homogènes et la mise en exploitation d’un périmètre fonctionnel cohérent.
- 2014 : personnels d'inspection et d'encadrement supérieur
- 2015 : personnels de direction
Au départ, la prochaine population qui devait basculer dans SIRHEN était le personnel administratif, suivi des enseignants du second degré (public et privé) et enfin des enseignants du premier degré (public et privé) [2]. Finalement, afin de vérifier que les enseignants pouvaient bien être gérés par SIRHEN, l'ordre a été inversé et ce sont les personnels du 1er degré qui auraient dû être les prochains à y être gérés [3].
Évaluation du logiciel par la Cour des comptes
En 2016, la Cour des comptes réalise une enquête sur la conduite du programme SIRHEN entre 2006 et 2015[4] qui dénonce une dérive des délais et des coûts depuis le début de sa mise en place[5].
Explosion des coûts
Évalué initialement à 80 millions d’euros, son coût a été plusieurs fois réévalué pour atteindre 323,3 millions d’euros en 2017[6],[4], et 400 millions d'euros en 2020[7]
La Cour des comptes estime que le projet a été « engagé sans cadrage technique et financier précis »[4]. Elle note que le coût de ce programme a été arrêté à 60 M€ en 2008, son échéance de réalisation complète étant fixée à 2012[4]. Elle constate que « depuis 2008, des difficultés mal maîtrisées dans la conduite du programme ont entravé son bon déroulement jusqu'à provoquer un quintuplement du coût à terminaison, qui passe de 60 à 286 millions d'euros, un étirement du calendrier global jusqu'en 2023, et enfin un blocage du programme, le prestataire de réalisation ne parvenant pas à livrer une version de l'outil d'une qualité apte à la prise en charge des premiers agents. »[4]
Dans sa réponse au rapport d'enquête fourní par la Cour des comptes, Najat Vallaud-Belkacem fait état d'une enveloppe budgétaire allouée de 496 M€ incluant les dépenses de personnel de 103 M€ et les coûts liés à Sirhen de 323 M€[8] et le maintien en condition opérationnelle (70 M€)[9]. Le compteur s'arrêtera finalement à 320 millions d'euros à la suite de la décision de Jean-Michel Blanquer d’abandonner le développement de SIRHEN [10],[11]
Responsabilités
La Cour des comptes constate que les causes des dysfonctionnements sont diverses:
Elle souligne que la complexité du logiciel SIRHEN « a été sous-estimée par le ministère »[4]. Le ministère a mis en place une équipe interne trop réduite et n'a pas établi de dispositif solide et transversal de suivi[4], et « l'ampleur des prestations externalisées a privé le ministère d'une maîtrise suffisante de l'outil qu'il construisait »[7].
Critiques
En 2015, le logiciel générait un pourcentage d’erreurs important dont les conséquences sont « catastrophiques dans un ministère ayant de gros effectifs »[12],. Il nécessiterait une double saisie des données[12].
La Cour des comptes constate que « de fortes incertitudes demeurent », notamment la capacité du logiciel pour les prochaines années réside de prendre en charge de groupes de population beaucoup plus importants[4].
En 2020, la Cour des comptes indique que le coût du logiciel s'est élevé à 400 millions d'euros, et n'est mis en place que pour 2 % des agents[7].
Conception
Jusque 2016, deux tiers des personnels chargés de la conception du logiciel étaient des consultants externes, puis à partir de 2016 le ministère affiche la volonté de réinternaliser une partie du travail confié aux SSII[13]. La réalisation de l’applicatif et de certains pans touchant aux environnements d’exploitation était confiée à la société Capgemini[13].
Notes et références
- https://www.cio-online.com/actualites/lire-sirhen-ii-resurrection-12644.html
- https://personnels.ac-montpellier.fr/sections/personnelsen/intranet/sirhen
- http://www.synthese-informatique.fr/le-blog/derniers-articles-publies/entry/silicon-dsi/redressement-de-sirhen-la-cour-des-comptes-a-comme-un-doute
- Cour des comptes - Référé no S20 16-3915
- La Cour des Comptes épingle le grand projet informatique de l’Éducation Nationale, bfmbusiness.bfmtv.com, 6 mars 2017
- SIRHEN : l’Éducation Nationale se lance dans l’opération sauvetage, silicon.fr, 17 décembre 2015
- Marie-Christine Corbier, « Comment l'Education nationale a perdu 400 millions d'euros avec son logiciel de paie », sur Les Echos, Les Echos, (consulté le )
- La Cour des comptes tacle le SIRH à 323 M€ de l'Éducation Nationale, lemondeinformatique.fr, 8 mars 2017
- « La Cour des comptes étrille l'Éducation nationale », L'Opinion, 9 mars 2017
- 02 MINUTES L'Education nationale donne un coup d'arrêt à son mega-logiciel RH, lesechos.fr, 20 juillet 2017
- , Lise Garnier, Après avoir englouti 320 millions d'euros, le logiciel RH de l'Education nationale est abandonné, capital.fr, 20 juillet 2018
- SIRHEN : le mauvais élève de l'Éducation Nationale, silicon.fr, 1er décembre 2015
- « Progiciel SIRHEN : Le Louvois bis de l’Education Nationale qui refuse de sombrer », ZD Net, 16 janvier 2018, Reynald Fléchaux, https://www.zdnet.fr/actualites/sirhen-le-louvois-bis-de-l-education-nationale-qui-refuse-de-sombrer-39862796.htm
Liens internes
Liens externes
Articles connexes
- Décret no 2012-342 du 8 mars 2012 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « SIRHEN » relatif à la gestion des ressources humaines du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
- Projet de loi de règlement et RAP 2014 - Mission Enseignement scolaire
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