Siamon

Siamon est l'une des figures illustres de la XXIe dynastie. Manéthon lui compte neuf ans de règne, mais les recherches actuelles penchent plutôt vers un règne de 19 ans d'environ -978 à -959[1].

Siamon

Sphinx en bronze de Siamon – Musée du Louvre.
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXIe dynastie
Fonction Pharaon
Prédécesseur Osorkon l'ancien
Dates de fonction -978 à -959
Successeur Psousennès II
Famille
Grand-père paternel Psousennès Ier si père Aménémopé
Grand-mère paternelle Moutnedjemet si père Aménémopé
Père Aménémopé ? (filiation très incertaine)
Sépulture
Nom Tombe NRT III, Antichambre
Type Tombeau
Emplacement Nécropole royale de Tanis
Date de découverte
Découvreur Pierre Montet
Objets Sarcophage en bois désagrégé orné d'un uræus et d'yeux en bronze
momie à l'état d'ossements
débris de bijoux et parures funéraires
vases canopes en albâtre
374 ouchebtis

Règne

De tous les rois de cette dynastie, Siamon est sans aucun doute le plus actif. Sous son règne, l'Égypte retrouve une politique extérieure plus dynamique.

Il mène une guerre contre les Philistins qui menaçaient les accès aux ports, il prend et ravage Gezer (ou Gazara, aujourd'hui, Tell Gezer).

L'activité architecturale de Siamon est marquée par l'agrandissement du temple d’Amon de Tanis avec l'édification notamment d'un grand pylône qu'il fait orner d'une paire d'obélisques certainement prélevés sur le site de Pi-Ramsès. Selon Nicolas Grimal, le souverain doubla la taille du temple. Il fait construire ou déjà agrandir le temple de Mout situé au sud-est de l'enceinte d'Amon, parachevant ainsi l'urbanisme de la Thèbes du Nord.

Il entreprend aussi des travaux à Héliopolis et à Memphis où il favorise le clergé de Ptah en place et fait édifier un temple d'Amon.

Sous son règne se produit le dernier grand pillage de la nécropole thébaine qui conduisit le grand prêtre d'Amon Pinedjem II à ensevelir les momies royales dans la cachette de la tombe d'Ahmès-Inhapy (tombe DB320 au site de Deir el-Bahari).

Siamon et Salomon

Siamon est parfois identifié au "Pharaon" de la Bible qui serait contemporain des rois David et Salomon[2].

Selon la Bible, le roi David envahit le royaume d'Édom et contraint son roi, Had(d)ad, à prendre la fuite[3]. Celui-ci arrive alors en Égypte, où le pharaon l'accueille et lui donne une maison, pourvoit à sa subsistance, et lui accorde des terres[4]. Pharaon lui donne aussi en mariage une princesse égyptienne, la sœur de sa femme, la sœur de la reine Thachpenès[5]. De cette union naît un fils, Genoubath (ou Guenubath), qui est élevé à la cour de Pharaon, au milieu des enfants de celui-ci[6]. À la mort de David, vers 970 av. J.-C., et de Joab, chef de l'armée de David et responsable du massacre sur son peuple, Hadad dit à Pharaon : « Laisse-moi aller dans mon pays[7]. » Pharaon lui dit : « Que te manque-t-il auprès de moi, pour que tu désires aller dans ton pays ? ». Il répond : « Rien, mais laisse-moi partir[8]. » Hadad reprend alors son royaume, sous la protection des Égyptiens.

Entretemps, Salomon a succédé à son père David comme roi d’Israël, et il va régner de -970 à -931. Le pharaon passe également une alliance avec lui, qui se concrétise de nouveau par un mariage de cet autre roi avec une autre princesse égyptienne, union matrimoniale "diplomatique" et de bon voisinage que les successeurs de Siamon semblent avoir pérennisée par la suite, peut-être Psousennès II, mais plus sûrement Sheshonq Ier...

Titulature

Sépulture

Siamon meurt sans descendance et on ignore où précisément se trouve sa première sépulture. Il faut probablement la situer à Tanis car on y a retrouvé une nécropole royale contemporaine et des éléments significatifs du viatique funéraire du roi ont été découverts dans l'antichambre du tombeau de Psousennès Ier en compagnie de celles de deux autres rois réinhumés dans cette même pièce.

Le tombeau de Psousennès Ier est la troisième tombe découverte par la mission conduite par le Pr. Pierre Montet. Elle est mise au jour le [9].

L'Antichambre est la première pièce du tombeau de Psousennès Ier. Elle a été transformée en cachette royale a une date imprécise mais que l'on situe à la XXIIe dynastie, en raison de l'inhumation la plus récente qui est celle de Sheshonq II.

Contenant trois sépultures secondaires de personnages royaux dont les sarcophages royaux ont été installés sur une estrade constituée de blocs de granite remployés, le sarcophage de Sheshonq II est alors le seul identifiable du premier coup en raison de son bon état de conservation[10]. L'identification des deux autres compagnons royaux de Sheshonq ne fut possible qu'une fois étudié le mobilier restant de leurs viatiques funéraires trouvé sur les restes des momies royales et devant chacune d'entre elles au bas de l'estrade[11].

Certains égyptologues, dont Bill Manley, avancent donc que l'une des deux momies complètement décomposées qui encadraient celle de Sheshonq, serait la dépouille de Siamon.

Cette proposition est fondée sur la découverte d'ouchebtis trouvés avec les momies de l’antichambre de Psousennès et dont certains portaient en effet le nom de Siamon[12],[13].

La momie du roi était contenue dans un sarcophage en bois doré, disparu depuis longtemps avec les siècles et l'humidité ambiante. Seuls subsistaient les ornements en bronze qui formaient notamment les yeux et l’uræus du sarcophage, ainsi que des débris de feuilles d'or retrouvés sur place et quelques bijoux prophylactiques épargnés lors du premier pillage dont le sarcophage a été victime avant de reposer en sécurité dans l'antichambre du caveau de Psousennès.

Voici la relation de la découverte des objets et de l’identification de ces restes par Pierre Montet :

« J’ai fait des photos, copie de textes etc. et fini de récolter les ouchabtis dans le tombeau. La momie à gauche est celle de Siamon !

C’est donc bien une cachette. On a retiré les momies royales de leurs tombeaux respectifs, pour les mettre en sûreté chez Psousennès[14]. »

Désagrégée avec le temps et les mauvaises conditions de conservation du sol tanite, la momie du roi placée à la gauche de Sheshonq comportait encore un scarabée de cœur[15].

Devant l'estrade, outre les ouchebtis aux noms des rois[16], leurs vases canopes ont été également découverts.

Ainsi, si le tombeau original du roi est donc pour le moment perdu, sa momie a été découverte à Tanis, mise à l'abri des pillards par les prêtres égyptiens.

Chris Bennett pense que la reine Karimala est sa grande épouse royale[17].

Notes et références

  1. Selon von Beckerath, Grimal et Arnold.
    Autres avis de spécialistes : -984 à -965 (Redford), -968 à -948 (Redford).
  2. (en) Alberto R. Green, « Solomon and Siamun: A Synchronism between Early Dynastic Israel and the Twenty-First Dynasty of Egypt », Journal of Biblical Literature, vol. 97, no 3, (JSTOR 3266164)
  3. 1R 11,14-17
  4. 1R 11,18
  5. 1R 11,19
  6. 1R 11,20
  7. 1R 11,21
  8. 1R 11,22
  9. Nommée NRT III, pour « Nécropole Royale de Tanis, suivi du numéro d'inventaire de la découverte ».
  10. Ce sarcophage en argent massif a en effet résisté au temps en raison de sa matière même ; la momie du roi était quant à elle réduite à l'état de squelette comme les autres.
  11. L'inventeur de la tombe dénombre 365 ouchebtis qui portent « soit sur le dos soit sur les jambes soit sur le dos quelques signes tracés à l'encre presque toujours illisibles. En comparant les meilleurs exemplaires, je lirais avec réserve : l'Osiris roi, Siamon, l'aimé d'Amon » ; cf. P. Montet, p. 248-249.
  12. Les ouchebtis sont des statuettes représentant des serviteurs funéraires qui accompagnaient le défunt dans sa tombe et devaient être à son service dans l'autre monde.
  13. Cf. L. Aubert, Tanis, ..., cat. 18, p. 134.
  14. Lettre de Tanis, Lettre du lundi 20 mars 1939, p. 154, note 13 p. 155 et Appendice IV, no 29, p. 246.
  15. Celle de Siamon ; cf. Lettres de Tanis, Lettre du 7 février 1940, p. 199 et Appendice IV no 58, p. 249.
  16. Cf. Liliane Aubert, catalogue 18, 19 et 20, p. 134-137.
  17. (en) Chris Bennett, Queen Karimala, Daughter of Osochor?, in Göttinger Miszellen 173, 1999, p. 7-8.

Bibliographie

  • Pierre Montet, « Rapport sur les fouilles de Tanis en 1939 », Compte rendu des séances de l'Académie des inscriptions et belles lettres, no 83, .
  • Liliane Aubert, Tanis, l'or des Pharaons, Paris, Association Française d’Action Artistique, .
  • Pierre Montet, Lettres de Tanis – La découverte des trésors royaux - Présentées et commentées par Camille Montet-Beaucour et Jean Yoyotte, Éditions du Rocher, .
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