Service des affaires indigènes nord-africaines

Le Service des affaires indigènes nord-africaines ou Service de surveillance et de protection des Nord-Africains (SSPNA) de la préfecture de Police de Paris a été, de sa création en 1925 à l'initiative du conseil municipal de Paris jusqu'à sa dissolution officielle fin 1945, le service central de contrôle administratif et politique des Algériens en France.

Création

À la suite d'une intense campagne de presse après un double meurtre commis en 1923 par un Algérien, le conseiller municipal André-Pierre Godin (1875-1952)[1], ancien administrateur colonial, obtient la création de ce service de surveillance et de protection des indigènes Nord-Africains (SSPINA), selon une des multiples appellations officielles de cette administration, dite de la « rue Lecomte », en raison de son lieu d’implantation dans cette rue. Inaugurée en 1925, elle visait à encadrer toute la vie des travailleurs algériens en métropole en regroupant services administratifs, sociaux, sanitaires sous le contrôle d’un service de police. L’hôpital franco-musulman, créé en 1935 à Bobigny, est sous sa responsabilité[2].

La rue Lecomte est surtout connue pour sa section policière, la brigade nord-africaine (BNA), composée d'une trentaine de membres « chargés [de] la surveillance générale des Nord-Africains, de leurs réunions, des garnis et des débits. Ils ont mission de renseigner le Préfet de police, et par son intermédiaire, le Gouvernement, sur tous les mouvements politiques ou autres, pouvant se produire dans la population nord-africaine. » Une partie des membres de la brigade ont préalablement travaillé dans les colonies[2]. Relativement autonome au sein de la préfecture de police, la BNA agit fréquemment en dehors du cadre légal[2]. Elle importe en métropole les systèmes de la Chikaïa ou de l’Amam, sortes de médiations pénales fondées sur le Code de l'indigénat[2]. En outre, elle fait pression sur les milieux nationalistes, dressant une liste des participants aux meetings de l’Étoile nord-africaine, association anticolonialiste fondée en 1927, et leur supprimant ensuite les droits aux allocations chômages ou familiales, qui leur sont versés par le SSPNA[2]. Des pressions sont aussi exercées sur les employeurs afin de les licencier puis de les expulser[2].

Sous le Front populaire

Le service est critiqué sous le Front populaire, au pouvoir à partir de 1936[2]. Le sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur, Raoul Aubaud, parle en d’un véritable service d’espionnage[2]. Trois mois plus tard, le rapport « Les Nord-Africains en France », rédigé par Pierre Laroque et François Ollive, et commandé par Léon Blum au Haut Comité méditerranéen, affirme que le service ne remplit pas ses fonctions de protection, en soulignant que les « indics » utilisés sont ceux qui exploitent les immigrés (marchands de sommeil, etc.)[2]. Le rapport Laroque met l’accent sur le fichier constitué par la Brigade, et préconise la dissociation des activités de protection sociale et de répression[2]. La chute du Front populaire, remplacé par le gouvernement Daladier, empêche cependant la mise en œuvre de ces réformes[2].

Dissolution

Le service des affaires indigènes est supprimé à la Libération pour faits de collaboration, la brigade Nord-Africaine ayant fourni en particulier les principaux auxiliaires français de la Gestapo parisienne. L’encadrement administratif de l’immigration issue de l’Algérie, de Tunisie et du Maroc est transféré aux services sociaux métropolitains, mais la guerre d’Algérie permettra au ministère de l’Intérieur de retrouver une grande partie de ses prérogatives à partir de 1956, et à certains anciens agents du bureau et de la brigade de reprendre un rôle actif.

Références

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

Sources primaires d'époque :

Sources critiques :

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