Septimontium

Le Septimontium (sept monts en latin) était une fête romaine qui se déroulait début décembre, durant laquelle on sacrifiait sept animaux, à sept moments et à sept endroits différents à l'intérieur des murs de la ville à proximité des sept collines. C'était un jour de fête où les empereurs se montraient cléments envers le peuple mais durant la République romaine on interdisait l'organisation de courses de chars[1].

Carte des collines de Rome et des lieux où était célébré le Septimontium en italien

Étymologie

L'étymologie de Septimontium est controversée[2].

Septimontium est un composé dont le second membre est -montium, un dérivé de mons, -tis avec le suffixe -ium[3].

Le controverse porte sur le premier membre : septi-. Deux thèses s'affrontent.

D'après la thèse classique, le lexème septi- est une réfection de septem[4] (« sept »). En , Georg Wissowa a proposé la thèse[5] selon laquelle Septimontium renvoie aux sept collines sur lesquelles la cérémonie avait lieu[6].

Dès , Frederik Muller, Jzn. (nl) a proposé une seconde thèse[7] qui a été reprise par Louise Adams Holland en [8] puis par Jacques Poucet en [9],[10]. D'après celle-ci, Septimontium renverrait à saepti montes.

Historique

L'écrivain romain Festus Grammaticus (ou Sextus Pompeius Festus) fait remonter l'existence du Septimontium au roi légendaire de Rome Numa Pompilius.

Le Septimontium était une fête annuelle célébrée, à date fixe[11],[12], l'avant-veille des ides de décembre[13], soit le [14],[15],[13],[16],[17],[18]. Il revient à Joseph-Juste Scaliger d'avoir, le premier, proposé la date du [19]. Il a été suivi par Fulvio Orsini[19]. La date de sa célébration nous est connue grâce, d'une part, aux Fasti Guidizzolenses[20],[13] et, d'autre part, au calendrier de Furius Dionysius Filocalus[15],[13]. Le , figurant dans le calendrier de calendrier de Polemius Silvius, est considérée comme erronée[13]. Le est une date importante. En effet, pour l'agronome romain Columelle[21], c'est le jour où, en principe, les semailles prennent fin[22]. Mais c'est aussi le jour de la célébration de l'une des quatre Agonalia : celle dédiée au dieu Sol Indiges[23].

D'après Festus, le Septimontium comportait des sacrifices (sacra)[24] qui figuraient au nombre des sacrifices publics (publica sacra)[25]. D'après le jurisconsulte romain Ateius Capiton, cité par Festus, le Septimontium n'est pas une fête publique mais une fête célébrée pro montibus[13].

Le Septimontium comprend une procession[14]. Son parcours nous est connu grâce à Labéon[26], cité par Festus. Elle part du Palatual, sur le mont Palatin[14], puis passe par la Velia, le Fagutal, la Subure, le Germal, l'Oppius et le Cælius pour s'achever au Cispius. On réalise des sacrifices près des sites de vingt-sept sépultures d'Argées sur les hauteurs des collines. Ces derniers seraient selon la tradition des princes héroïques grecs venus d'Argos dans le Latium avec Hercule, qui auraient chassés les Sicules et les Ligures de l'emplacement où sera construite Rome.

Cette fête était à son origine réservée exclusivement aux personnes d'origine latines (les tout premiers habitants de Rome) ce qui confirmerait qu'il s'agissait d'une fête très ancienne, qui pourrait même être antérieure à Numa Pompilius et correspondrait ainsi à la première extension du centre urbain de la ville sur le mont Palatin (Roma quadrata) vers les collines environnantes. Sous le roi Servius Tullius, la célébration du Septimontium aurait été étendue aux habitants descendants des Sabins demeurant sur le mont Quirinal.

Le Septimontium devient une fête publique sous l'Empire[12], dès le principat de Domitien[12].

D'après Plutarque, il est de coutume, lors du Septimontium, de ne pas se servir d'un char attelé[27],[28]. D'après Suétone, l'empereur Domitien innove en offrant un festin somptueux au peuple de Rome lors d'un Septimontium[29].

Notes et références

  1. Quaestiones Romanes, question 69.
  2. Nadjo 1984, p. 145.
  3. Nadjo 1984, p. 152.
  4. Nadjo 1984, p. 151.
  5. Wissowa 1904, p. 230-252.
  6. Richard 1978, n. 13, p. 138.
  7. Muller, Jzn. 1910.
  8. Holland 1953, p. 30-34.
  9. Poucet 1960, p. 60-68.
  10. Richard 1978, n. 14, p. 138-139.
  11. Fraschetti 1989, p. 58.
  12. Liou-Gille 2000, p. 53.
  13. Platner 1906, p. 72.
  14. Cels-Saint-Hilaire 1995, p. 46.
  15. Nadjo 1984, p. 27.
  16. Poucet 1967, p. 113.
  17. Richard 1978, p. 139 et 142.
  18. Decio Cinti, Dizionario mitologico, ed. speciale di Archeo, Milano 1998, p. 270.
  19. Poucet 1960, p. 29.
  20. Nadjo 1984, n. 42, p. 27 (lecture erronée).
  21. Columelle, II, 10, 8.
  22. Magdelain 1995, p. 22.
  23. Magdelain 1995, p. 21-22.
  24. Poucet 1967, p. 107-108.
  25. Poucet 1967, p. 107.
  26. Cels-Saint-Hilaire 1995, n. 42, p. 46.
  27. Bréchet 2003, p. 545.
  28. Scheid 2006, p. 657.
  29. Suétone, 4.

Voir aussi

Sources épigraphiques

Sources littéraires antiques

Bibliographie

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Liens externes

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