Schwabacher

La Schwabacher, ou écriture schwabacher, est une écriture gothique apparue au XVe siècle en Allemagne, dont l’usage s’est maintenu jusqu’au XXe siècle en complément de l’écriture Fraktur.

Pangramme exemple de Alte Schwabacher
Texte de Kant en Alte Schwabacher

Histoire

Il est possible que la Swabacher soit la version typographique de l'écriture manuscrite gothique bâtarde allemande.[1]

L'origine de cette typographie est inconnue. Il est possible qu'elle provienne du nom de certaines villes du sud de l'Allemagne, Swabach (dans cette hypothèse, « Swabacher » voudrait dire « provenant de Swabach »).[2] Le nom est peut-être à rapprocher des Articles de Schwabach, premiers écrits du luthéranisme, intégrés à la Confession d’Augsbourg en 1530. Il serait alors l’abréviation de Schrift der Schwabacher Artikel, « écriture de l’Article de Schwabach ».

La schwabacher dérive d’une évolution de la textura textualis sous l’influence des écritures humanistiques italiennes. C’est une écriture fraktur, c’est-à-dire brisée, mais qui conserve une certaine ampleur et des courbes qui se réduiront avec l’évolution vers la fraktur textura, plus compacte, caractérisée par son aspect étroit et brisé. Les premières fontes d’imprimerie sont des fraktur textura, mais on réalise aussi des fontes de schwabacher au XVIe siècle. On utilise la schwabacher pour emphatiser des mots dans une composition en fraktur, en raison de sa chasse supérieure qui met les mots en valeur, en l’absence d’italique ou de fontes de graisses différentes.

Troisième Reich

Lettre circulaire déclarant la typographie Swabacher comme juive et l'Antiqua comme écriture officielle

Par une lettre circulaire datée du 3 janvier 1941, l'Allemagne adopta l'Antiqua pour tous les documents officiels (dont les noms de rue et les certificats de travail) et l'enseignement scolaire. Dans cette lettre, le substitut (Stellvertreter) du Führer écrivit « de la part du Führer » qu' « [i]l est faux de considérer l'écriture gothique comme étant allemande. En réalité cette soi-disant écriture gothique est constituée des lettres juives de Swabach. » Les nazis déclarèrent que la typographie Swabacher était l'invention d'imprimeurs juifs et qu'elle avait été répandue par des juifs vivant en Allemagne. À cette époque, quasiment tous les imprimés utilisaient l'écriture Swabacher. Selon Yves Perrousseaux, déclarer l'alphabet Swabacher comme étant juif n'était qu'un prétexte pour justifier que l'Allemagne change de police d'écriture ; selon lui, la police Swabacher handicapait l'Allemagne dans tous les domaines internationaux, car cette écriture était « inexportable » et seuls les Allemandes parvenaient à la lire.[3]

Caractéristiques

L'alphabet Swabacher est une typographie radicalement différente de l'alphabet Fraktur.[2] La schwabacher se caractérise par ses formes encore arrondies par rapport à celles de la textura et de la fraktur (le o bas-de-casse arrondi des deux côtés), le dessin particulier du g bas-de-casse et du H majuscule.

Références

  1. Yves Perrousseaux, Histoire de l'écriture typographique : de Gutenberg au XVIIe siècle, Atelier Perrousseaux, (ISBN 978-2-911220-49-4 et 2-911220-49-8, OCLC 800592740), p. 82, 84
  2. Yves Perrousseaux, Histoire de l'écriture typographique : de Gutenberg au XVIIe siècle, Atelier Perrousseaux, (ISBN 978-2-911220-49-4 et 2-911220-49-8, OCLC 800592740), p. 84
  3. Yves Perrousseaux, Histoire de l'écriture typographique : de Gutenberg au XVIIe siècle, Atelier Perrousseaux, (ISBN 978-2-911220-49-4 et 2-911220-49-8, OCLC 800592740), p. 84, 87

Sources

  • Claude Mediavilla, Calligraphie, Imprimerie nationale Éditions, Paris, 1993 (ISBN 2743301597)
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