Saïd Mohamed Djohar

Said Mohamed Djohar ou suivant la tradition arabe Djahwar al Cheikh ibn Bakr bin Salim al Alaoui al Housseini[2], né le à Majunga[2] et mort dans la nuit du 22 au à son domicile de Mitsamiouli, est un homme politique comorien, président des Comores de 1990 au . Il est le premier président à arriver au pouvoir à l'issue d'un vote sans ingérence militaire[3].

Said Mohamed Djohar
سعيد محمد جوهر

Portrait officiel du président Djohar.
Fonctions
Président de la République fédérale islamique des Comores[1]

(6 ans, 3 mois et 27 jours)
Prédécesseur Haribon Chebani (intérim)
Ahmed Abdallah
Successeur Combo Ayouba
Caabi El-Yachroutu
Lui-même
Mohamed Taki
Biographie
Nom de naissance Said Mohamed Djohar
Date de naissance
Lieu de naissance Majunga (Colonie de Madagascar et dépendances)
Date de décès
Lieu de décès Mitsamiouli (Comores)
Nationalité comorienne
Présidents de la République islamique des Comores

Biographie

Né de deux parents tous les deux Grand Comoriens d'origine[2], il est nommé instituteur en 1946 dans la ville de Sima et est élu au Conseil général. Il est dès lors un fidèle de Said Mohamed Cheikh et participera à plusieurs gouvernements que présidera ce dernier notamment comme ministre de la fonction publique.

Il est réélu en 1952. De juin à octobre 1972, il est président de la Chambre des députés. De 1973 à l'indépendance (1975), il est représentant des Comores à Madagascar et y reste jusqu'à l'indépendance. Il ne fait reparler de lui qu'après le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah en 1978 et devient président de la Cour suprême. Il participe aux nombreuses réunions de discussions sur l'avenir institutionnel des Comores, et affirme que Said Mohamed Cheikh s'est prononcé pour l'indépendance des Comores depuis 1948.

Discret sous le régime de son demi-frère Ali Soilih, il retrouve une certaine importance avec le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah. Il devient ensuite président de la Cour Suprême.

Le , il devient président par intérim après le coup d'État de Bob Denard qui renverse Abdallah. Djohar essaie de s’appuyer sur les jeunes politiques exilés par Abdallah. Cela lui permet d'être élu le président, mais les élections sont contestées par les partisans d'Mohamed Taki Abdulkarim, son opposant.

En 1991, le président de la Cour suprême le déclare inapte et cherche à le destituer. Il chasse néanmoins les mercenaires et en emprisonne quelques-uns après un coup d'état raté en 1992[4].

Le , cinq mois après le retour de la droite au pouvoir en France, Denard intervient une nouvelle fois aux Comores, alors qu'avec Jacques Chirac et les « Réseaux Foccart » sont de retour à l'Élysée. Un lien de cause à effet est souvent cité. Une semaine après le débarquement de Denard, suite aux vives protestations de la communauté internationale et de certaines autorités comoriennes notamment M. Said Ali Allaoui, Ministre de l'intérieur du gouvernement Djohar qui était de passage à Paris[5], la France lance l'opération militaire Azalée. Denard et ses mercenaires sont prisonniers.

Djohar est exfiltré par les militaires français en , et en pyjama et muni de quelques effets personnels, pour sa sécurité, à la Réunion. Les marsouins français s'installent plusieurs mois dans l'ex-hôtel Comotel[6], ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Il ne peut retourner aux Comores. Sur place Cambi el-Yachroutou s'est proclamé président par intérim et ne souhaite pas laisser sa place à Saïd Ali Mohamed, régulièrement nommé premier ministre par Djohar[4]. Il faudra l'intervention sur place puis à Paris, début décembre 1995, d'un Français, Christian Azaïs, pour finalement faire libérer Djohar en février 1996. Christian Azaïs convainc les autorités comoriennes de s'adresser directement au Premier ministre français, Alain Juppé, afin que Djohar soit libéré, la détention, même « de luxe » d'un président régulièrement élu constituant un scandale ; il remet lui-même la lettre rédigée à cet effet, dès le lendemain, à son destinataire. L'effet est presque immédiat : Djohar peut rentrer à temps pour les nouvelles élections[réf. nécessaire]. C. Azaïs remet alors à l'amiral Lacoste, ancien chef des services français de renseignement militaire, un rapport impliquant la conduite de l'ambassadeur de France aux Comores, Ferrand, lequel a envoyé des rapports entachés de partialité et d'erreurs grossières ; celui-ci sera immédiatement transféré à un autre poste[réf. nécessaire].

Son régime a été également marqué par les scandales financiers opérés par son gendre Mohamed M'Changama qui, après le coup d'État de 1995 s'est empressé de divorcer avec la fille du président Djohar et a rejoint le président Mohamed Taki Abdoulkarim.

Said Mohamed Djohar a été surnommé Papa Djo, celui qui a organisé avant le Bénin les fameuses conférences nationales et celui qui a permis au peuple de participer à la vie politique qui jusque-là était réservée qu'aux notables.

Honneurs

Notes et références

  1. Par intérim du au 20 mars 1990.
  2. (Djohar, p. 11)
  3. Pascal Perri, Comores : Les nouveaux mercenaires, Editions L'Harmattan, , 171 p. (ISBN 978-2-7384-2862-2), p. 25
  4. « La justice face aux mystères du putsch raté de Denard. Le juge Perdrix a entendu à la Réunion le président comorien chassé, Saïd Mohamed Djohar. », sur Libération.fr (consulté en )
  5. Ironiquement parti signé un accord de défense de 1978 entre les Comores et la France, afin d'assurer la défense extérieure des Comores
  6. Actuel « Le Moroni »
  7. (Djohar, p. 344)

Voir aussi

Bibliographie

  • Said Mohamed Djohar, Mémoires du président des Comores : Quelques vérités qui ne sauraient mourir, Editions L'Harmattan, , 350 p. (ISBN 978-2-296-51139-2, lire en ligne), p. 350

Liens externes

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