SS Leviathan

Le Vaterland, plus tard rebaptisé Leviathan, est un paquebot transatlantique allemand puis américain, construit par les chantiers Blohm & Voss pour la compagnie maritime Hamburg America Line. C'est le deuxième navire d'une série de trois paquebots, avec l’Imperator et le Bismarck.

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Leviathan (1917-1938)

Le Leviathan quitte le port de New York, vers 1925.
Autres noms Vaterland (1914-1917)
Type Paquebot transatlantique
Histoire
Chantier naval Blohm & Voss, Hambourg
Lancement
Mise en service
Statut Démantelé le
Équipage
Équipage 1 234
Caractéristiques techniques
Longueur 290 m
Maître-bau 30,6 m
Tirant d'eau 11,51m
Déplacement 62 000 tonnes
Tonnage 54 282 tjb
Propulsion Turbines Parsons actionnant quatre hélices de 5,80 mètres
Puissance 90 400hp (100 000 hp maximum)
Vitesse de 23,5 a 26 nœuds (27,48 nœuds maximum)
Caractéristiques commerciales
Pont 11
Passagers 1 165 à l'origine , 3677 prévue, 14 000 en transport de troupes
Carrière
Armateur HAPAG (1914-1917)
U.S. Navy (1917-1919)
United States Lines (1920-1938)
Pavillon Empire allemand (1914-1917)
États-Unis (1917-1938)
Coût 40 millions de mark

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, le Vaterland est immobilisé aux États-Unis, et finalement saisi lors de leur entrée en guerre. Renommé SS Leviathan, il sert de transport de troupes de 1917 à 1919, puis reprend du service comme transatlantique pour la compagnie United States Lines. Jusqu'à sa démolition en 1938, sa carrière se révèle être un désastre financier.

Histoire

Le Vaterland en cale sèche le à Hambourg.

Construction

L’idée de la construction de trois paquebots géants pour la Hamburg America Line (HAPAG) vient de son président, Albert Ballin. En effet, le seul navire d’ampleur de la compagnie est le Deutschland, dont les nombreux problèmes d'ordre technique font fuir la clientèle. De plus, sa taille est alors nettement inférieure à celle des paquebots britanniques construits au début du XXe siècle. La compagnie a également produit l’Amerika et le Kaiserin Auguste Victoria qui ont rencontré un certain succès mais ne parviennent toujours pas à la hauteur de leurs concurrents. Le trio de Ballin a donc pour but de concurrencer les trios de la Cunard et de la White Star non pas par la vitesse, mais par la taille et le luxe. Le premier paquebot de la série est l’Imperator dont la carrière débute en 1913.

Le second paquebot, le SS Vaterland est construit par les chantiers Blohm & Voss de Hambourg, en Allemagne. La décoration intérieure des navires du trio est l'œuvre de Charles Mewès[1]. Le Vaterland est lancé le . À cette époque, il porte provisoirement le nom d’Europa[2]. Le navire bénéficie d'aménagements prestigieux, à l'instar de son jumeau, avec deux suites impériales, un café véranda et un restaurant à la carte. Le Kaiser Guillaume II participe lui-même à la décoration en offrant quatre toiles datant du XVIIe siècle, un buste le représentant (comme sur l’Imperator) et un bronze représentant la reine Marie-Antoinette.



Début de carrière

Le Vaterland effectue sa traversée inaugurale entre Cuxhaven et New York le . Son arrivée est pathétique puisque le géant des mers entre dans le port de New York traîné par les remorqueurs, ses machines ayant été victimes d'une avarie[3].

Le paquebot ne fait que quelques allers et retours (subissant d'autres problèmes techniques) lorsque, fin , éclate la Première Guerre mondiale. Le Vaterland se trouve alors dans le port de New York. Dans l'impossibilité de retourner en Allemagne du fait de la domination britannique sur les océans, le paquebot reste amarré à Hoboken, dans le New Jersey, pendant trois ans.

Première Guerre mondiale

Le Leviathan en tenue de camouflage Dazzle.

Le paquebot est saisi par les États-Unis à leur entrée en guerre, le . Il est confié à l'U.S. Navy en , et mis en service en sous le nom d'USS Vaterland, sous le commandement du capitaine J. W. Oman. Le président Wilson le baptise Leviathan le . Un essai vers Cuba est réalisé en et le bâtiment sert en décembre comme transport de troupes vers Liverpool, en Angleterre. Du fait des travaux à réaliser, il ne peut rejoindre les États-Unis qu’en .

Intégré à la Cruiser and Transport Force, un second voyage vers Liverpool en mars est à nouveau suivi de travaux. C'est à cette époque que le bâtiment est repeint d'un motif de camouflage qu'il conserve jusqu'à la fin de la guerre. Le Leviathan fait des allers et retours réguliers entre les États-Unis et le port français de Brest, transportant plus de 14 000 personnes par voyage (personnel de bord compris), pour un total cumulé de 110 591 soldats américains transportés vers la France et l'Angleterre au , date de l’Armistice, en dix traversées, faisant de lui le navire ayant transporté le plus de troupes américaines de la guerre[4].

Le Leviathan, repeint en gris dès , refait neuf allers et retours pour ramener les soldats vers les États-Unis. Le dernier voyage a lieu le . Le , l'USS Leviathan quitte la marine militaire américaine.

L'après-guerre

Le Leviathan entouré de remorqueurs.

En , le paquebot rejoint le port de Newport News, en Virginie, où il est entièrement rénové selon les standards de l'époque. Les derniers travaux prennent fin en . Les rénovations sont menées par l’architecte Gibbs, qui sera dans les années 1950 le décorateur de l’United States. N’ayant pas eu accès aux plans originaux du navire que les Allemands n'avaient pas voulu lui céder, il doit recréer totalement l’intérieur du paquebot[2].

Le SS Leviathan est le « roi » de la flotte marchande américaine et est utilisé comme paquebot transatlantique dans les années 1920. Surnommé « Levi Nathan », ce navire n'est pas aussi apprécié que ses rivaux européens, du fait de l'absence d'alcool à bord. En effet, le navire, considéré comme une extension du territoire américain, est soumis aux lois de la prohibition[3]. De plus, les lois sur l'immigration font chuter la rentabilité des troisièmes classes. Le navire ne fait donc que peu de traversées rentables. On dit également que la cuisine et le service y laissent à désirer. Cependant, l'orchestre du Leviathan enregistre plusieurs disques 78 tours au début des années 1920. La baisse de la clientèle due à la Grande Dépression frappe durement le Leviathan. Il est désarmé en 1931 et, à l'exception de quelques mois de service en 1934, reste inutilisé jusqu'au , date de sa vente à une société britannique qui lui fait faire son dernier voyage transatlantique à destination de Rosyth, en Écosse, où il est démantelé le . Ce dernier voyage se fait sans passagers, et est marqué par diverses pannes et des menaces de grève de la part de l'équipage[3].

Le Leviathan vu du pont.

Le réalisateur Alfred Hitchcock voulait utiliser le Leviathan dans une superproduction sur la tragédie du Titanic. Avant qu'il n'ait pu s'assurer de l'usage du navire, ses propriétaires l'avaient vendu pour son démantèlement en Grande-Bretagne.

La marine américaine ne posséda de bâtiment plus grand que le Leviathan qu'en 1945, avec la construction du porte-avions USS Midway. De plus, aucun bâtiment commercial des États-Unis ne dépassa par la taille le Leviathan, jusqu'à 1952, année de construction du SS United States.

Notes et références

  1. L'associé de Mewès, Arthur Joseph Davies, travaillait à la même époque sur le concurrent direct du trio de la HAPAG, l’Aquitania.
  2. (fr) Vaterland, Les Grands Paquebots. Consulté le 14 juin 2009
  3. Le Goff 1998, p. 52-53.
  4. (en) History of the U.S.S. Leviathan : Cruiser and Transport Forces, United States Atlantic Fleet, Brooklyn Eagle Press, , 219 p. (lire en ligne), p. 215.

Annexes

Bibliographie

  • (en) History of the U.S.S. Leviathan : Cruiser and Transport Forces, United States Atlantic Fleet, Brooklyn Eagle Press, , 219 p. (lire en ligne)
  • Olivier Le Goff, Les Plus Beaux Paquebots du monde, Solar,

Articles connexes

Liens externes

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