Rue Antonin-Mercié (Toulouse)
La rue Antonin-Mercié (en occitan : carrièra Antonin Mercièr) est une rue du centre historique de Toulouse, en France. Elle se trouve dans le quartier Saint-Georges, au cœur du secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.
Pour les articles homonymes, voir Rue Antonin-Mercié.
Rue Antonin-Mercié (oc) Carrièra Antonin Mercièr | |
Vue en totalité depuis son origine rue d'Alsace-Lorraine. | |
Situation | |
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Coordonnées | 43° 36′ 05″ nord, 1° 26′ 47″ est |
Pays | France |
Ville | Toulouse |
Quartier(s) | Saint-Georges (secteur 1) |
Début | no 2 rue d'Alsace-Lorraine |
Fin | no 15 rue des Arts |
Morphologie | |
Longueur | 103 m |
Largeur | entre 7 et 9 m |
Histoire | |
Anciens noms | Rue Peyras (fin du XIIIe siècle) Rue des Augustins (XVIIe siècle) Rue du Musée (25 avril 1794) Rue Antonin-Mercié (1920) |
Protection | Secteur sauvegardé (1986) |
Toponymie
Le nom de la rue Antonin-Mercié rend, depuis 1920, hommage à Antonin Mercié, sculpteur et peintre né à Toulouse le [1] et mort à Paris le . Élève d'un autre Toulousain, Alexandre Falguière, et de François Jouffroy à l'École des beaux-arts de Paris, il remporte le prix de Rome en sculpture de 1868. Avec Jean-Marie Mengue, Laurent Marqueste, Victor Ségoffin et Auguste Seysses, il fait partie du « groupe des Toulousains ». Quoiqu'il passe l'essentiel de sa carrière à Paris, la municipalité toulousaine lui confie, avec son maître Falguière, le Monument à Goudouli qui orne le bassin du square de la place Lafayette (actuelle place Wilson) à Toulouse.
Au Moyen Âge, la rue n'était que la continuation de la rue Peyras et portait donc le même nom (fin du XIIIe siècle). À partir du XVIIe siècle, elle prit également, avec l'actuelle rue Genty-Magre, le nom du couvent voisin des Augustins, car elles le bordaient au nord, et furent connues ensemble comme la rue des Augustins ou des Grands Augustins. À la Révolution française, le , lorsque toutes les rues de Toulouse reçurent des appellations révolutionnaires, on leur donna le nom de rue du Musée, car le Musée du Midi de la République, créé en 1793, avait été installée dans l'église du couvent des Augustins. La rue du Musée fut l'une des rares, avec la rue de la Fonderie et la rue de l'Écharpe, à conserver après 1806 le nom qui lui avait donné à la Révolution. Ce n'est qu'en 1920 que la rue prit le nom d'Antonin Mercié et fut à ce moment séparée du reste de la rue du Musée, qui reçut celui de Genty-Magre[2].
Description
La rue Antonin-Mercié est une voie publique située dans le centre-ville de Toulouse. Elle naît au croisement de la rue d'Alsace-Lorraine. Elle se trouve dans l'axe des rues qui traversent le centre-ville entre la place de la Daurade et la cathédrale Saint-Étienne, et prolonge donc les rues de la Daurade, Cujas, Temponières, Peyras et Genty-Magre. Longue de 103 mètres, elle se termine au croisement de la rue des Arts. Elle est prolongée à l'est par les rues Cantegril et d'Astorg.
Histoire
Au Moyen Âge, l'actuelle rue Antonin-Mercié appartient au capitoulat de Saint-Pierre-Saint-Martin. Elle n'est d'abord qu'une portion de la rue Peyras et en porte donc le nom. Plus largement, elle appartient à la principale voie qui traverse Toulouse d'est en ouest, depuis la Porte Saint-Étienne au pont de la Daurade, qui aboutit à la place du même nom.
Les premiers bâtiments couvent des Augustins - en particulier l'église - sont construits entre 1310 et 1341 sur la rue Peyras (actuelles rues Genty-Magre et Antonin-Mercié) : il se développe au cours du XIVe siècle et du XVe siècle, jusqu'à occuper tout le moulon délimité par la rue Peyras au nord, raison pour laquelle la partie est de cette rue (actuelles rues Genty-Magre et Antonin-Mercié) reçoit le nom de rue des Augustins[2].
Au XVIe siècle, la rue abrite aussi des parlementaires, puisque le président Jean-Étienne Duranti réside, entre 1563 et 1582, dans un immeuble de cette rue (emplacement de l'actuel no 11 bis)[3]. En 1604, la maison est passée au conseiller au Parlement Georges de Caulet, qui la réunit à la maison voisine (actuel no 17) pour y construire son hôtel, dont la cour est ornée d'un puits sculpté[4].
La rue des Augustins a logé plusieurs artistes. Entre 1533 et 1534, avant de s'installer dans une maison de la rue Cantegril, Nicolas Bachelier occupe comme locataire une maison en corondage de cette rue (emplacement de l'actuel no 21). À la fin du XVIIe siècle, cette même maison est occupée par un atelier fréquenté par plusieurs sculpteurs toulousains : en 1676, Bernard Blanc, puis son fils, Antoine Blanc ; en 1704, Marc Arcis, sculpteur ordinaire du roi, doyen de l'Académie royale de sculpture de Paris, puis son fils Jean-Marc Arcis ; en 1755, Jean-Baptiste Rascouaille, dit Castelnau[5]. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un autre sculpteur, Simon Mouniot, a son atelier dans une maison qui jouxte le petit cloître du couvent des Augustins (ancien no 18, disparue)[6].
À la Révolution française, la rue est touchée par les transformations révolutionnaires. En 1790, l'ordre des Augustins est dissous et le couvent des Augustins est fermé, tandis que les bâtiments deviennent bien national. Le , le couvent est affecté à la création du Musée du Midi de la République, aussi donne-t-on en 1794 à la rue des Augustins le nom de rue du Musée. Elle conserve ce nom après 1806, date à laquelle les autres noms révolutionnaires sont supprimées dans le reste de la ville[7].
En 1822, la confrérie des Pénitents gris, créée en 1577 mais supprimée à la Révolution, se reconstitue. Ses membres, après s'être réunis dans l'église Saint-Pierre, achètent en 1826 l'ancienne maison du capitoul Guillaume de Jessé, rue du Musée (actuel no 7), et la transforment en chapelle. Un bas-relief gothique, représentant la Crucifixion, dernier reste de l'ancienne chapelle des Pénitents gris, est placé au-dessus de la porte. Après 1848 cependant, la confrérie est définitivement dissoute et leur chapelle devient la propriété du diocèse[8].
Si la rue ne change pas de nom, en revanche son visage de la rue se transforme au cours du XIXe siècle. Les premiers travaux, dans le deuxième quart du XIXe siècle, visent à élargir la rue à 5 mètres, et plusieurs immeubles sont reconstruits afin de mettre les façades à l'alignement. Mais la rue du Musée est surtout bouleversée par le percement de la rue Longitudinale, rebaptisée rue d'Alsace-Lorraine en 1873, qui la coupe en deux. Plusieurs maisons, parmi lesquelles la Maison des collégiers (ancien no 9) et la maison de Siméon Mounit (ancien no 18, contre le petit cloître du Musée des Augustins), sont abattues, tandis que de nouveaux immeubles, dans le goût haussmannien, sont élevés à la place[7]. Les travaux se terminent au début du XXe siècle, lorsque plusieurs maisons du côté nord de la rue sont reconstruites afin d'élargir la rue à 8 ou 9 mètres. Ces constructions nouvelles, d'un style haussmannien influencé par l'Art nouveau (no 11 bis et 15), finissent de donner à la rue son aspect contemporain[7], mais provoquent la disparition de bâtiments plus anciens, tels que l'hôtel de Georges de Caulet en 1903 ou la maison de Nicolas Bachelier en 1910[4].
Voies rencontrées
La rue Antonin-Mercié rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :
Lieux et bâtiments remarquables
- no 7 : maison de Guillaume de Jessé (fin du XVIe siècle) ; chapelle des Pénitents gris, puis chapelle Saint-Jean-Baptiste (1re moitié du XIXe siècle).
Une première maison appartient à Guillaume de Jessé, capitoul en 1592-1593, qui la tenait de son beau-père, le marchand François Milhau. De cette époque date le portail, avec ses deux consoles sur lesquelles repose une corniche moulurée, et son blason martelé à la Révolution. En 1826, la maison est achetée par la confrérie des Pénitents gris et transformée pour devenir leur chapelle. C'est à cette époque qu'un bas-relief gothique de la Crucifixion, provenant de l'ancienne chapelle des Pénitents gris, est placé au-dessus du portail[8],[9]. En 1847, une cloche de la maison des fondeurs toulousains Louison est installée au sommet de la façade. - Face au no 11 : L'ancienne entrée du Musée des Augustins.
- no 11 bis : emplacement de l'ancien hôtel Duranti (XVIe siècle), puis de l'hôtel de Georges de Caulet (XVIIe siècle) ; immeuble (1903).
À cet emplacement s'élevait au XVIe siècle un hôtel dans lequel vécut, de 1563 à 1582, le président du Parlement Jean-Étienne Duranti, avant de déménager plus loin dans la rue des Arts (actuel no 17 de cette rue). En 1604, l'hôtel passe au conseiller au Parlement Georges de Caulet, qui le réunit à un immeuble dont la cour est mitoyenne (actuel no 17)[10], mais les bâtiments sont à nouveau séparés à sa mort. Au XVIIIe siècle, l'hôtel est complètement remanié par Michel de Mulatier, conseiller au présidial. En 1903, il est finalement démoli et remplacé par un immeuble dessiné dans un style éclectique par l'architecte Joseph Galinier.
La façade sur la rue est animée par les balconnets néo-rocaille qui ornent les fenêtres du 2e étage. Sur la cour, les corps de bâtiments du XVIIIe siècle ont été remaniés au début du XXe siècle avec l'ajout d'un oriel en structure métallique et orné de verres peints[11].
- no 21 : emplacement de la maison de Nicolas Bachelier (1533-1534), puis de Marc Arcis (1704-1739) ; immeuble (1910).
Une maison en corondage qui s'élève au XVIe siècle à cet emplacement voit passer plusieurs sculpteurs toulousains, dont les plus fameux sont Nicolas Bachelier en 1533-1534 et Marc Arcis en 1704-1739. En 1910, la maison est démolie et remplacée par un immeuble dessiné par l'architecte Jules Calbairac. L'immeuble est d'un style relativement classique, avec une façade symétrique de trois travées sur la rue Antonin-Mercié, avec un oriel en bow-window aux deux 2e et 3e étages dans la travée centrale. Il s'agit du premier immeuble construit en béton armé à Toulouse[12].
- sans numéro : fontaine Xavier Darasse (1992).
En 1992, une fontaine, dessinée par l'architecte en chef des monuments historiques Bernard Voinchet, est aménagée contre le mur de l'église du couvent des Augustins. Elle est dédiée à Xavier Darasse, organiste et compositeur toulousain[13]. Elle rappelle par ailleurs la présence ancienne d'un puits, connu comme le puits des Augustins, qui se trouvait au carrefour des rues[14].
- L'ancienne entrée du Musée des Augustins
- Éléments de style néo-rocaille du N°11bis
- Cour intérieure du N° 11bis
- Fontaine Xavier Darasse
Notes et références
- Extrait d'acte de naissance, sur le site de la base Léonore, Archives nationales, consulté le 26 juillet 2016.
- Jules Chalande, 1920, p. 335-336.
- Jules Chalande, 1920, p. 336-337.
- Jules Chalande, 1920, p. 339.
- Jules Chalande, 1920, p. 337.
- Jules Chalande, 1920, p. 338.
- Jules Chalande, 1920, p. 336.
- Jules Chalande, 1921, p. 141-142.
- Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133216 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2012, consulté le 3 août 2016.
- Georges de Caulet fait édifier un remarquable puits, disparu en 1903, qui aurait été acheté par Maurice Fenaille et rebâti dans le jardin de sa propriété près de Paris. Voir Jules Chalande, 1920, p. 336 et le Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, série no 35, Toulouse, 1905, p. 316.
- Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31131888 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2007, consulté le 3 août 2016.
- Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31131892 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2007, consulté le 3 août 2016.
- Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31131151 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2005, consulté le 3 août 2016.
- Jules Chalande, 1922, p. 110.
Voir aussi
Bibliographie
- Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 11e série, tome VIII, Toulouse, 1920, p. 335-343 et 11e série, tome IX, Toulouse, 1921, p. 141-142.
- Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545).
Articles connexes
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