Robert F. Williams

Robert Franklin Williams , né le à Monroe dans l'état de la Caroline du Nord, mort le à Baldwin dans l'état du Michigan), est une des leaders américains du mouvement des droits civiques, président de la section de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) de Monroe. Connu pour avoir préconisé le droit à la légitime défense armée des Afro-Américains face à la violence des forces de police des états sudistes ségrégationnistes et des milices armées (comme le Ku Klux Klan) s'opposant à l'application des droits constitutionnels des minorités durant les années 1950 et 1960 ; dans cette logique, il devient membre de la National Rifle Association et crée une milice d'auto-défense à Monroe. Il est également connu pour avoir mobilisé l'opinion nationale et internationale pour avoir pris la défense de deux jeunes afro-américains (âgés de sept ans et de neuf ans) accusés de viol pour avoir été embrassés par une fillette blanche âgée de sept ans, affaire qui a fait le tour du monde sous le nom du Kissing Case.

Biographie

Jeunesse et formation

Robert F. Williams est le quatrième des cinq enfants de John Lemuel Williams, un cheminot, et d'Emma (Carter) Williams[1],. Comme de nombreux Afro-Américains habitant ans un état du Sud ségrégationniste, il vit avec la peur au ventre, redoutant des actes de terrorisme du Ku Klux Klan[2]. À onze ans il est le témoin d'un passage à tabac d'une Afro-Américaine par un policier raciste, qui traîne cette femme sanguinolente, jusqu'à la prison[3]. Il suit ses études secondaires à la Winchester Street High School, ce qui lui permettra ultérieurement d'être admis dans des établissements universitaires[4].

Carrière

Pendant la seconde Guerre mondiale, il travaille dans une usine automobile, la Ford Motor Company, à Détroit dans le Michigan, où il fonde une section de l'United Auto Workers[5],[6]. En 1944, il est mobilisé, il est envoyé à Fort Bragg en Caroline du Nord, à la suite des tests d'aptitudes, il est affecté au bataillon du United States Army Signal Corps de Fort Crowder (en) dans le Missouri où il suit une formation d'opérateur radio. À sa grande déception, il est affecté à une école de maintenance de ligne téléphonique. Il tombe malade et termine l'armée dans un poste administratif en tant que dactylographe à Fort Lewis dans l'État de Washington. N'ayant pu obtenir le poste qu'il méritait grâce à sa formation, il fait l’expérience amère d'une armée ségréguée et de ses injustices. Une fois démobilisé, il profite du G.I. Bill pour suivre des cours, il suit des cours de psychologie et de création littéraire à l'université d'État de Virginie puis à l'université d'État de la Caroline du Nord à Durham, où en plus des auteurs classiques, il découvre les œuvres de Karl Marx et de Lénine, il finit son cursus universitaire à l'université Johnson C. Smith de Charlotte dans la Caroline du Nord. Sa bourse au titre du G.I Bill s'achève en 1952, il part s'installer à New York, il obtient un travail chez le constructeur aéronautique Curtiss-Wright Corporation, mais avec la fin de la guerre de Corée, les commandes chutent et il est licencié. Ne retrouvant pas de travail stable, il s'engage dans l'U.S. Marine Corps en 1954. Il est envoyé au Marine Corps Base Camp Pendleton où il apprend le maniement de toutes les armes utilisées par les Marines (fusil, fusil mitrailleur, lance-grenades, lance-roquettes, etc.). Une fois démobilisé en 1955, il rejoint Monroe et s'engage dans la lutte pour les droits civiques et prend contact avec la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) de Monroe. En 1956, les effectifs de cette section de la NAACP tombe à six membres, proche de la dissolution, Robert F. Williams se propose de la reprendre en main, il est élu président avec le Dr. Albert Perry comme vice-président. Il recrute des membres au sein de la classe ouvrière, des emplois domestiques et chez les chômeurs, beaucoup sont des anciens combattants. Ce recrutement tranche avec les normes de recrutement habituelles de la NAACP privilégiant le recrutement d'Afro-Américains intellectuels ou faisant partie de la bourgeoisie[4].

En 1959, après des meurtres commis par le Klan, il s'oppose à la politique de non violence de la NAACP, il appelle à répondre à la violence par la violence, la NAACP, réagit en le destituant de la présidence de sa section de Monroe qu'il avait redressée en 1956[7],[4],[3].

En 1962, il publie son livre Negroes with Guns qui inspirera Huey P. Newton, cofondateur du Black Panther Party et les autres leaders de ce mouvement[8].

Vie privée

Robert F. Williams repose au Hillcrest Cemetery de Monroe aux côtés de ses parents, de son épouse et de ses enfants[9]

Œuvres

  • Negroes with Guns, Wayne State University Press, 1962, rééd. 1998, 128 p. (ISBN 978-0-8143-2714-2, lire en ligne),
  • « The Potential Of A Minority Revolution », The Crusader (Monthly Newsletter), , p. 10 (lire en ligne).
  • State Constitutional Law : Cases and Materials, LexisNexis, 1993, rééd. 2006 (ISBN 978-0-8205-7003-7).

Prix et distinctions

  • 1989 : lauréat du Malcolm X Black Manhood Award, décerné par la Malcolm X Society,
  • 1991 : récipiendaire de la médaille d'or décernée par la John Brown Society,
  • 1992 : lauréat du Image Award décerné par la section de la NAACP de Newaygo dans le Michigan[4].

Bibliographie

Articles

  • (en-US) Marcellus C. Barksdale, « Robert F. Williams and the Indigenous Civil Rights Movement in Monroe, North Carolina, 1961 », The Journal of Negro History, Vol. 69, No. 2, , p. 73-89 (lire en ligne),
  • (en-US) Timothy B. Tyson, « Robert F. Williams, "Black Power," and the Roots of the African American Freedom Struggle », The Journal of American History, Vol. 85, No. 2, , p. 540-570 (lire en ligne),
  • (en-US) Timothy B. Tyson, « Robert F. Williams and the Promise of Southern Biography », Southern Cultures, Vol. 8, No. 3, , p. 38-55 (lire en ligne),
  • (en-US) Ronald J. Stephens, « Narrating Acts of Resistance: Explorations of Untold Heroic and Horrific Battle Stories Surrounding Robert Franklin Williams's Residence in Lake County, Michigan », Journal of Black Studies, Vol. 33, No. 5, , p. 675-703 (lire en ligne),
  • (en-US) Walter Rucker, « Crusader In Exile: Robert F. Williams and the International Struggle for Black Freedom in America », The Black Scholar, Vol. 36, No. 2/3,, , p. 19-34 (lire en ligne),
  • (en-US) E.L. Hamilton, « For a black boy in 1950s segregated rural South, receiving a kiss from a white girl meant arrest, beatings, and a life forever changed », sur Vintage News, ,
  • (en-US) « The Carolina Kissing Case », sur Providentia, ,

Essais

  • (en) Robert Carl Cohen, Black crusader : a biography of Robert Franklin Williams, Lyle Stuart, , 369 p. (ISBN 978-0-9884122-2-4, lire en ligne),
  • (en) Timothy B. Tyson, Radio Free Dixie : Robert F. Williams & the Roots of Black Power, University of North Carolina Press, , 424 p. (ISBN 978-1-4696-5187-3),

Notes et références

  1. (en) « Robert Williams | American civil rights leader », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en-US) « Independent Lens . NEGROES WITH GUNS: Rob Williams and Black Power . Rob Williams | PBS », sur www.pbs.org (consulté le )
  3. (en-US) « Williams, Robert Franklin | NCpedia », sur www.ncpedia.org (consulté le )
  4. (en-US) « Robert Franklin Williams | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  5. (en-US) Daren Salter, « Robert F. Williams (1925-1996) », sur Black Past, (consulté le )
  6. (en-US) « The Black Power Movement, Part 2: The Papers of Robert F. Williams »
  7. (en-US) David Stout, « Robert F. Williams, 71, Civil Rights Leader and Revolutionary », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-US) Felicia R. Lee, « Outspoken and Feared but Largely Forgotten », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-US) « Robert Franklin Williams, Sr », sur Find a Grave

Liens externes

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