Renniculture

La renniculture ou l'élevage du renne est une pratique attestée depuis au moins le Ier siècle av. J.-C.. Il est toujours pratiqué aujourd'hui en Finlande, en Norvège, en Suède, en Russie, en Mongolie, et au Canada. Certains groupes humains comme les Samis, les Iakoutes, les Tchouktches, les Nénètses, les Tsaatanes et de nombreux peuples sibériens ont organisé leurs sociétés pastorales et leurs cultures autour de cet élevage. Les rennes sont élevés pour leur viande et dans une moindre mesure pour leur lait[1]. Ils peuvent être montés et attelés.

En Norvège, seuls les Samis ont le droit d'élever des rennes[2]. C'est aussi le cas en Suède, mais pas en Finlande, où l'élevage de rennes est ouvert à tous[3].

Histoire

Traite des rennes chez les Samis en 1767.

La toundra étant impossible à cultiver, des sociétés d'éleveurs se sont constituées autour du renne[4]. La domestication du renne remonte au moins au Ier siècle av. J.-C.[5].

Économie, développement et difficultés

Éleveurs nénètses près de Narian-Mar en 2010.

En 2002, avec 600 000 têtes les Nénètses élèvent le plus important cheptel de rennes du monde. Ils transhument sur de vastes territoires sibériens en Arkhangelsk, Tioumen et Krasnoïarsk. Malgré cette réussite économique, ils se heurtent à des conflits croissants avec les propriétaires terriens, particuliers ou industriels, et parfois avec l’État russe lors de la construction d'infrastructures[6]. De même en Suède, où certains des 3 000 éleveurs samis sont régulièrement en procès avec des propriétaires terriens qui veulent leur interdire le droit de passage et de pâture depuis les premiers dépôts de plainte en 1998[7].

L'élevage des rennes est caractérisé par une grande mobilité des troupeaux, qui se déplacent en fonction des pâturages. Les rennes sont habitués à la taïga, la toundra et la toundra forestière. L'élevage des rennes peut se faire en forêt, dans la toundra ou dans les zones intermédiaires. Dans ce dernier cas, le troupeau vit dans la toundra en été, et transhume en forêt en hiver. Les gardiens de troupeaux, obligés de le suivre, doivent avoir des habitats mobiles (tchoum, tente, yaranga (en)). Leur tâche principale consiste à protéger le bétail des nombreux prédateurs durant la transhumance. Les troupeaux de rennes se déplacent en suivant un itinéraire ancien et précis, généralement inchangé au cours du temps. En forêt, les rennes peuvent être laissés paître librement durant l'été et l'automne. En automne, on les rassemble dans des enclos pour les compter, marquer les petits, administrer des soins vétérinaires, et éliminer certains spécimens. Un renne peut être abattu au milieu du troupeau, étant donné que ses congénères ne s'en effraieront pas. De nos jours, pour garder les rennes, on utilise fréquemment des motoneiges, mais les Nénètses et les Evenks se servent traditionnellement des rennes comme bête de trait.

Galerie

Notes et références

  1. (sv) Israel Ruong, Samerna i historien och nutiden, Stockholm, Bonnier fakta, , 279 p. (ISBN 91-34-50051-0), p. 67–69.
  2. Adeline Cherki, Production et revendications d'identités, Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », , 276 p. (ISBN 978-2-296-09253-2), p. 169.
  3. [PDF](en) Rapport du Rapporteur Spécial sur les droits des peuples indigènes : La situation du peuple Sami dans la région de Sapmi en Norvège, Suède et Finlande, ONU, , 22 p. (lire en ligne), p. 9.
  4. Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, Histoire des agricultures du Monde : Du néolithique à la crise contemporaine, Points, coll. « Histoire », , 705 p. (ISBN 978-2-02-053061-3), p. 119.
  5. Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, Histoire des agricultures du Monde : Du néolithique à la crise contemporaine, Points, coll. « Histoire », , 705 p. (ISBN 978-2-02-053061-3), p. 125.
  6. « Les peuples autochtones du Grand Nord », Le Courrier des pays de l'Est, no 1066, , p. 20-34 (lire en ligne).
  7. Olivier Truc, « Éleveurs de rennes contre propriétaires terriens », Le Monde, (lire en ligne).

Bibliographie

  • (en) Joachim Otto Habeck, What it means to be a herdsman : the practice and image of reindeer husbandry among the Komi of Northern Russia, Lit, Münster, 2005, 271 p. (ISBN 3825880451) (texte remanié d'une thèse)
  • (en) Reijo Helle, An investigation of reindeer husbandry in Finland, Vammalan Kirjapaino, Rovaniemi, 1966, 65 p.
  • (en) Johnny-Leo L. Jernsletten, Sustainable reindeer husbandry, Centre for Saami Studies, Tromsø, Norway, 2002, 157 p.
  • (en) Henrik Lundqvist, Review of factors affecting productivity of reindeer husbandry, Swedish University of Agricultural Sciences, Department of Animal Breeding and Genetics, Uppsala, 2003, 39 p. (ISBN 9157660352)
  • (en) L. J. Palmer, Raising Reindeer in Alaska, U.S. Department of Agriculture, 1934, 41 p.
  • (en) Sven Skjenneberg (et al.), Reindeer husbandry and its ecological principles (traduit du norvégien), U. S. Department of the Interior Bureau of Indian Affairs, Juneau, Alaska, 1979, 395 p.
  • Laure Fontana, L'homme et le renne : la gestion des ressources animales durant la préhistoire, CNRS éd., Paris, 2011, cop. 2012, 140 p. (ISBN 978-2-271-07304-4)
  • L'élevage du renne chez les Lapons, Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 1983, no 12, 121 p. (numéro spécial de Production pastorale et société)

Filmographie

  • Les derniers hommes-rennes de la taïga, film documentaire de Gwénaëlle Duriaud, ICTV, Paris, Chigua Production, Solférino Images, Paris, ICTV (distrib.), 2005, 52 min (DVD)
  • Scènes de vie chez les Évènes de Kamtchatka : région de Bystrinski, film documentaire de Joëlle Robert-Lamblin, CNRS Images, Meudon, 2007 (2004), 29 min
  • Les nomades du Cercle Polaire, film documentaire d'Andreas Voigt, Seppia, Strasbourg, 2007, 52 min (DVD)
  • À dos de renne : Russie, Mongolie, film documentaire de Patrick Bernard, Éd. musicales Lugdivine, Lyon, 2009, 26 min (DVD)
  • Charlotte de Turckheim au pays des Nénètses, réalisé par Christian Gaume, Buena Vista home Entertainment, Chessy Marne-la-Vallée ; Walt Disney studios home Entertainment (distrib.), 2010, 1 h 41 min (DVD), enregistrement de l'émission Rendez-vous en terre inconnue
  • Jon face aux vents, film documentaire de Corto Fajal, Arwestud films, Paris, 2012, 1 h 18 min (DVD + livret)

Dans les arts et la culture

La chanteuse Sofia Jannok à Oslo, devant Pile o'Sápmi, une œuvre d'art composée de crânes de rennes, en . en arrière-plan, le Storting.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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