René Sentenac

René Sentenac (1930-1957) est un sous-officier français qui s'est particulièrement illustré à Dien Bien Phu pendant la guerre d'Indochine.

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René Sentenac
Naissance
Toulouse, France
Décès  27 ans)
Timimoun, Algérie
Origine Française
Allégeance Armée française
Grade Sergent-chef
Conflits Indochine
Algérie
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Médaille militaire

Dien Bien Phu

Engagé volontaire dans les parachutistes coloniaux en 1948, il combat en Indochine et est promu sergent en 1954.

Il est caporal-chef au 6e Bataillon de parachutistes coloniaux (6e BPC), du Commandant Marcel Bigeard, pendant la Bataille de Điện Biên Phủ. Il est fait prisonnier le par les forces de l'Armée Populaire Vietnamienne (APV), après la chute du camp retranché. En compagnie de trois sous-officiers de la même unité, les sergent-chefs Maurice Rilhac, Jacques Sautereau et Michel Skrodzki, ils réussissent à s'évader le [1]. Skrodzki est blessé au bras d'une plaie pas trop sérieuse mais infectée[1]. En chemin, ils rencontrent deux appelés de Dien Bien Phu qui n’étaient pas paras[2]. Les deux soldats décident quelques jours plus tard de rester dans un village Thaï et le groupe se sépare[2]. Les évadés parcourent 200 km en brousse avant de retrouver, le , d'autres évadés, des parachutistes du 35e RALP qui ont été recueillis par les Méos. Il s’agit des soldats Nallet, Charrier et du Mdl René Delobel. Le , le groupe, privé de Jacques Sautereau qui décéda d'une crise de paludisme pernicieux pendant l'évasion le à deux jours de marche d'un Groupement de Commandos Mixtes aéroportés (GCMA)[2]. Avec l'aide d'autochtones Rilhac et Sentenac atteignent très affaiblis et amaigris un avant poste du GCMA près du village de Te-Kin[2]. Le , un hélicoptère Sikorsky vient les récupérer et les évacue sur Luang-Prabang[2]. Ils sont ensuite transportés quelques jours plus tard par Dakota pour Hanoï[2]. Skrodzki, laissé en arrière car trop faible pour marcher est hospitalisé à l’hôpital de Lanessan, sauvé d’une mort certaine par les Méos du sergent-chef Voilant[2]. Ils sont finalement rapatriés en France.

Guerre d'Algérie

René Sentenac et Martial Chevalier

René Sentenac tombe au combat en Algérie dans les rangs du 3e Régiment de parachutistes coloniaux (3e RPC), toujours sous le commandement de Bigeard, devenu colonel, lors de la bataille de Timimoun, le [3]. Il est abattu juste avant le lieutenant Pierre Roher et l'infirmier Roland Fialon ( - ) par un sniper ennemi embusqué à 400 mètres au nord de leur position. Son agonie est immortalisée par le photographe Marc Flament[4]. Les photos prises par Flament ont fait du sergent-chef Sentenac une icône du mythe du soldat parachutiste à l’époque de leur publication notamment en raison du statut de figure héroïque de René Sentenac lors de la bataille de Diên Biên Phu[4]. L'une de ces photographies illustre l'affiche du film documentaire français Les Yeux brûlés réalisé par Laurent Roth en 1986 et sorti en 2015.

À sa mort, il était titulaire de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, avec 6 blessures et 13 citations.

Le général Bigeard emportait partout où il était muté une photo de René Sentenac, mourant, la tête reposant sur un sac, les yeux clos[5]. Cette photo figure encore aujourd'hui dans le bureau du général, dans sa maison de Toul.

Bigeard rapporte les derniers instants de René Sentenac :

« Il dut encore fournir un dernier effort pour mourir. Il savait bien qu'il avait gagné, et c'est pour cela que son visage apaisé nous parut si beau. Ce qu'il cherchait de l'autre côté de la crête, ce n'était pas une poignée de Bédouins et leurs fusils, mais cette chose impossible qui le hantait depuis si longtemps, et qui ne se trouve que dans le sacrifice et la mort. Seule elle permet de se confondre avec ce qu'il y a de plus grand, de plus inaccessible. C'était sa manière, à lui Sentenac, de comprendre Dieu. »[6],[7]

Bigeard lui dédiera son livre « Aucune bête au monde »[8],[2] :

« Mais Sentenac cherchait autre chose et je sais qu’il l’a trouvé. De nous tous il fut celui qui eut le plus de chance, car il a réussi sa mort après avoir mené la vie tourmentée qu’il avait choisie »

René Sentenac est inhumé au cimetière de Saint-Martin-du-Touch à Toulouse.

Postérité

Une rue à Toulouse porte son nom : rue René Sentenac, 31300 Toulouse 43° 36′ 35″ N, 1° 22′ 42″ E .

Distinctions

Décorations

13 croix de guerres[5].

6 blessures, 13 citations, Légion d’honneur, Médaille militaire[9].

Source

  • Henri Le Mire, Les Paras Français - La Guerre d'Indochine, éditions Princesse, 1977, p. 195
  1. Georges Fleury, Donnez-moi la tourmente, Grasset, , 288 p. (ISBN 978-2-246-37439-8, lire en ligne)
  2. Maurice Rilhac, « Odyssée de quatre sous-officiers du Bataillon Bigeard : mai - juin 1954 », http://www.monumentindochine.fr, (lire en ligne)
  3. Patrick-Charles Renaud, Se battre en Algérie, Grancher, (lire en ligne)
  4. La guerre d’Algérie vue par trois photographes amateurs, ecpad, 27 p. (lire en ligne), p. 14
  5. (en) Barnett Singer, John W. Langdon et Professor of British Medieval History John Langdon, Cultured Force : Makers and Defenders of the French Colonial Empire, Univ of Wisconsin Press, , 483 p. (ISBN 978-0-299-19900-5, lire en ligne)
  6. Gilles Perrault, Les parachutistes, Fayard, , 288 p. (ISBN 978-2-213-65646-5, lire en ligne)
  7. Henri Bentégeat, Aimer l'armée : Une passion à partager, Maxima, , 160 p. (ISBN 978-2-8188-0420-9, lire en ligne)
  8. Marcel Maurice Bigeard, Aucune bête au monde : Texte du colonel Marcel Bigeard, Éditions de la pensée moderne, (lire en ligne)
  9. « Lettre ouverte au Général Bigeard (14/02/1916-8/06/2010) », Amicale des anciens de l'air de la gironde, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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