René Journiac

René Journiac est un résistant et magistrat français. Bras droit de Jacques Foccart en tant que conseiller des présidents français sur les questions africaines[1], il est le conseiller personnel du président Valéry Giscard d'Estaing pour les questions africaines jusqu'à sa mort.

Biographie

Jeunesse et éducation

René Journiac naît le dans un village de montagne des Alpes-Maritimes, Saint-Martin-Vésubie.

Après l'obtention d'un brevet de l'École nationale de la France d'outremer et d'un diplôme d'études supérieures d'économie politique et de droit public, il commence sa carrière dans la magistrature en Afrique noire, notamment au Cameroun. Il est par la suite chargé de mission au secrétariat général de la Communauté[2],[3].

Conseiller de Pompidou

Il entre au ministère des Colonies et travaille comme chargé de mission au secrétariat général de Jacques Foccart en 1959[3].

De 1962 à 1966, René Journiac travaille comme conseiller technique de Georges Pompidou, alors que celui-ci est Premier ministre[2]. Il devient le « Monsieur Afrique » de l'hôte de Matignon[3].

Le bras droit de Jacques Foccart

René Journiac est l'adjoint direct de Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » des milieux gaullistes, au secrétariat général pour les affaires africaines et malgaches, de 1967 jusqu'à la dissolution du secrétariat en 1974[2].

Valéry Giscard d'Estaing le nomme alors comme conseiller technique à la présidence de la République, où il poursuit les missions de Jacques Foccart[2]. Ses moyens sont cependant nettement réduits[4].

Homme de cabinet, il est tout autant un homme de terrain : il obtient la libération d'une française prise en otage par Hissène Habré[2].

Lutte contre l'influence de Khadafi

À partir de 1978, René Journiac est particulièrement occupé à lutter contre l'influence grandissante de Khadafi[5].

À l'été 1979, c'est lui, notamment, qui est chargé par la présidence française de ramener à la raison l'« empereur » de Centrafrique Bokassa qui voulait se rapprocher de Kadhafi, alors en guerre avec la France au Niger. La France exige son départ, notamment après le massacre d'une centaine de lycéens et d'étudiants en janvier et une autre répression sanglante en [4].

Irrité par cette intervention, Bokassa aurait donné impulsivement à Journiac un coup de sa canne sur la tête, même si l'intéressé dément avoir été touché[4].

Mort dans un accident d'avion

Le , l'ancien ministre Robert Boulin décède à proximité de sa propriété dans des circonstances troubles[6],[7].

René Journiac meurt dans un accident d'avion le . Il survole le Nord Cameroun dans l'appareil personnel d'Omar Bongo. L'avion explose alors qu'il est à proximité de la piste d'atterrissage[5].

L'hypothèse d'un accident causé par une erreur de pilotage est évoquée. Jean-Bedel Bokassa mentionne un règlement de comptes[8]. L'attentat a été attribué au Mathaba, une organisation de Kadhafi[5]. L'enquête scientifique conclue à l'absence de défaillance matérielle, excluant l'hypothèse d'un attentat. La défaillance du pilote, neveu d'Omar Bongo, ce qui empêchera toute investigation, est notamment mise en avant par un pilote témoin des faits, survenus de nuits et dans un climat de vents violents (l'harmattan)[3].

Il est remplacé auprès de Valérie Giscard d'Estaing par Martin Kirsch[3].

Service d'action civique

René Journiac est étroitement associé à la direction du Service d'action civique (SAC). Son ami Jacques Foccart est très influent au sein de l'association gaulliste. Il est associé de près à la direction de l'association. Il préside et dirige parfois les réunions importantes du SAC en remplacement de Foccart[9].

Vision de l'action de la France en Afrique

René Journiac est apprécié par Valéry Giscard d'Estaing pour « sa discrétion, sa rigueur de juriste » et sa compétence est reconnue de tous, même de ceux qui le considèrent comme froid et secret[4].

Comme Georges Pompidou, il œuvre pour que l'espace francophone en Afrique, en favorisant les milieux du négoce et de la finance, permette aux anciennes colonies françaises de sortir du sous-développement[2].

Polémiques

Il intervient en 1977 pour faire obtenir à Ali Bongo, qui l'a raté, son baccalauréat[10].

En , il est compromis par des documents oubliés par le mercenaire Bob Denard l'impliquant dans un coup d'état manqué au Bénin[3].

Notes et références

  1. Nouzille, Vincent, 1959- ..., Les tueurs de la République : assassinats et opérations spéciales des services secrets : document, Paris, J'ai lu, dl 2016, 408 p. (ISBN 978-2-290-12212-9 et 2290122122, OCLC 957659468, lire en ligne)
  2. « La mort de M. René Journiac », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Pascal Airault et Jean-Pierre Bat, Françafrique: Opérations secrètes et affaires d’État, Tallandier, (ISBN 979-10-210-4352-7, lire en ligne)
  4. « Giscard l'Africain », sur LExpress.fr, (consulté le )
  5. Jean-Pierre Bat, « 6 février 1980 : le « Monsieur Afrique » de Giscard d’Estaing meurt au Cameroun », sur L'Opinion, (consulté le )
  6. Emmanuel Fansten, « L’enquête qui relance l’affaire Boulin », sur Libération.fr, (consulté le )
  7. Anne Crignon, « Que cache la mort de Robert Boulin ? », sur Bibliobs (consulté le )
  8. Jean Bodel Bokassa, « Révélations de Bokassa sur Giscard. »
  9. Frédéric Turpin, Jacques Foccart. Dans l'ombre du pouvoir: Dans l'ombre du pouvoir, CNRS Editions, (ISBN 978-2-271-08845-1, lire en ligne)
  10. « Sur France 2, le portrait inachevé d'Ali Bongo », sur LExpress.fr, (consulté le )
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