Religion des îles Ryūkyū

La religion des îles Ryūkyū (comprenant Okinawa, Amami-Oshima et divers archipels) est une sorte de shintō primitif plus ou moins commun avec diverses pratiques du Kyūshū et du sud de la Corée ; elle est probablement assez proche de la religion originelle des paysans japonais de l'époque Yayoi et surtout a été peu touchée par les interférences dues à l’utilisation politique du shintō nippon. En effet, le shintō a été utilisé depuis le 5Ve siècle par les Empereurs japonais pour asseoir la légitimité de leur pouvoir en se faisant les descendants de la déesse Amaterasu : ce mythe fut mis de côté jusqu’au XVIIIe siècle où divers lettrés japonais se penchèrent sur les origines de leur pays. Le shintō des Ryūkyū ne présente pas toutes ces déviances et permet de s’approcher un peu plus près des croyances populaires même si on voit bien à travers les rites divers un effort de syncrétisme entre shintō, bouddhisme, taoïsme et confucianisme qui en fait une religion originale.

Une religion sous influence

Buchidan/Butsudan des îles Ryūkyū

La religion des Ryūkyū est donc le système de croyance indigène des îles Ryūkyū, lequel s'est enrichi d'apports divers et variés, principalement en provenance de Chine du Sud, Corée et Sud du Japon. Les légendes et les traditions pouvant varier légèrement d'un endroit à l'autre et d'île en île mais la base se caractérise généralement par le culte des ancêtres et le respect des relations entre les vivants, les morts, les dieux et les esprits du monde naturel (kami). Certaines de ces croyances, telles que celles concernant les esprits genius loci et de nombreuses autres entités situées entre dieux et hommes, sont révélatrices d'anciennes racines animistes, comme la notion de mabui (マブイ), ou essence de vie qui ne semble pas d'origine continentale. Une des caractéristiques les plus originales de cette religion est l'onarigami (オナリガミ), la supériorité politique et spirituelle de la femme dans le contact avec les esprits et les dieux mais également dans la gestion des affaires. L'onarigami a permis le développement d'une forme de matriarcat géré par des noro (prêtresses) et par l'importante présence des yuta (femmes ou hommes chaman) dans la vie quotidienne.

Une croyance centrée sur la famille

Une importance considérable est donnée au respect et à la vénération des ancêtres : sur cette base s’est construit l’essentiel de la pratique religieuse quotidienne dans la cellule familiale. Lorsqu’une famille a atteint la septième génération, elle commence à vénérer ses propres kami qui sont au nombre de deux, un masculin et un féminin : ce sont eux qui représentent les âmes des ancêtres, des plus récents jusqu’aux fondateurs du clan. En fait il s’agit d’une adaptation du yin-yang chinois mixée à du confucianisme et qui s’est croisée à une pratique ancienne basée sur la notion de clan.

Deux femmes de la famille sont choisies pour accomplir les cérémonies, chacune servant un des deux kami. La plus âgée des deux femmes est le principal célébrant du culte, exécu-tant les rituels concernant les ancêtres, les dieux du foyer et ceux de la famille ; elle est active aussi bien à l’intérieur de la maison qu’en dehors, effectuant des offrandes quotidiennes d’encens et récitant des prières à voix haute dans lesquelles chaque membre de la famille est décrit à l’esprit invoqué ; la matriarche est également chargée de l’entretien du buchidan (autel des ancêtres), de l’hinukan (dieu du foyer/feu et son abri) et du furugan (dieu du bain et des toilettes).

Les ancêtres suprêmes, ceux dont est issue toute vie, sont Utin (Le Ciel, le père), Jiichi (La Terre, la mère), et Ryuuguu (La Mer, le lieu où ils sont apparus) ; ils existent (avec les kami ou dieux du monde) depuis Usachi-yu, l’Âge Ancien. On les reconnait comme seule source de toute chose et sont célébrés dans l’utaki, le sanctuaire de la communauté. Les ancêtres ayant vécu dans un passé lointain mais pas dans Usachi-yu (c’est-à-dire les ancêtres ayant vécu depuis plus de vingt-cinq générations mais n’ayant pas vécu avec les dieux au début des temps) sont dits avoir vécu pendant le Nakaga-yu, le Moyen-Âge ; ces ancêtres sont révérés comme esprits collectifs et appelés futuchi (ou futuki). Les ancêtres les plus proches sont ceux qui vivaient entre aujourd’hui et les vingt-cinq générations précédentes, période appelée Ima-ga-yuu, l’Âge Actuel. Ce sont ceux qui sont vénérés dans le buchidan familial et qui rendent visite à la famille lors d’occasions spéciales ou lors de cérémonies au haka, la tombe familiale.

Au Japon le buchidan (jap. butsudan, litt. étagère du Bouddha) est le premier lieu dédié au culte des ancêtres : c’est un espace, habituellement un petit meuble, dédié à l’autel familial, au Bouddha et à diverses inscriptions rappelant les noms des ancêtres auxquels de l’encens et de l’alcool sont offerts. Aux Ryūkyū le buchidan n’abrite pas de statue du Bouddha mais des tablettes sur lesquelles sont inscrits les noms des ancêtres de la famille : il est installé dans une pièce appelée ichibanza (litt. premier siège) qui sert également pour recevoir les invi-tés, une pratique qui semble dérivée du confucianisme. Le buchidan se transmet de généra-tion en génération, de premier fils à premier fils mais seulement s’il a hérité de la maison paternelle ; il sert pour les réunions familiales lors des périodes festives comme la Nouvelle Année ou O-bon (ou bon tout court, l’équivalent bouddhiste du Jour des Morts chez nous mais qui dure presque un mois ; pendant le bon les morts reviennent visiter les humains sous forme d’esprit). Habituellement le buchidan reçoit des offrandes d’encens, de thé, d’eau et de riz cuit ; durant les fêtes on rajoute des fruits, du sucre et des gâteaux de riz : pendant cette période les familles offrent parfois de l’alcool (sake ou awamori).

Quelques kami plus ou moins domestiques

L’hinukan est un dieu terrestre symbolisé par trois petites pierres et habitant généralement dans la cuisine ; c’est un dieu du feu, chargé de sa bonne conservation : son culte est organisé par la matriarche. Par extension un hinukan de la communauté est le gardien du feu sacré communal dont le culte est organisé par la prêtresse locale (norō) ; l’hinukan, pendant qu’il habite la maison familiale n’a pas de domicile propre et ne quitte la maison que pour retourner chez lui célébrer la Nouvelle Année solaire. Il peut être comparé à Kamui Fuchi, déesse du foyer dans la religion des Aïnou.

Le fuuru nu kami, ou dieu des toilettes, est le protecteur familial de la zone des déchets, des déjections des cochons et des humains (les Japonais auront beaucoup de mal à faire cesser la coutume de faire vivre les cochons dans la zone des toilettes) ; lorsque ce dieu bienveillant est absent, l’endroit peut devenir maléfique et potentiellement hanté par un mauvais esprit (tel qu’un akaname ou tout autre esprit déplaisant attiré par l’accumulation de matières fécales). Comme fuuru nu kami est considéré essentiel à la bonne tenue de la maison, son habitat (la salle de bains et les toilettes) est nettoyé régulièrement ce qui est une marque de déférence à son égard ; des comptes-rendus familiaux réguliers lui sont d’ailleurs faits. Cet esprit est semblable à celui de la déesse des salles de bains en Corée, Cheukshin.

Les dieux les plus fréquemment invoqués sont clairement ceux de la maison, mais certains autres puissants dieux sont révérés par la communauté dans son entier ; de plus certaines créatures mythiques sont respectées sans être considérées comme des déités. Dans les communautés villageoises, le culte implique le plus souvent des déités marines ou montagnardes qui déterminent les succès ou échecs des cultures, de la pêche, du commerce, de la navigation : ces entités comprennent également des esprits « cachés » habitant des rochers, des arbres, des grottes, des cascades et sont respectés par les habitants. Des offrandes leur sont faites, il ne faut pas déplacer tel rocher, entrer dans telle grotte ou couper tel arbre, etc.

Un modèle d'utaki près de Motobu (Okinawa).

Certains ancêtres très anciens ou très puissants de leur vivant sont promus au rang de déité et leur esprit demeure dans un utaki : c’est en général un bosquet, une cascade, une grotte située près du village, dont l’accès est souvent limité et le caractère sacré toujours respecté. La partie la plus sacrée d’un utaki est l’ibi et ses environs (ibi nu mae) : seules les norō peuvent entrer dans l’ibi pour faire des offrandes et dire des prières dans l’ibi nu mae. L’utaki le plus célèbre et le plus sacré des Ryūkyū est Sefa-utaki situé sur Okinawa en face de Kudaka-jima : la légende explique que la déesse Amamikyu, qui a donné naissance aux îles de l’archipel, y serait descendue du ciel ; depuis cet espace sacré les gens priaient en se tournant vers Kudaka-jima. L’intronisation de la grande prêtresse de la Cour de Shuri, la kikoe-ōgimi, se déroulait ici. Kudaka est également le site de plusieurs utaki, de même que les environs du château de Nakijin ainsi que ceux de Gusukuyama (Ie-shima).


A propos des kami

La séparation entre kami, ancêtres et autres esprits peut être floue dans l’esprit des gens : la raison en est que kami est un terme fourre-tout, signifiant plutôt « concentration d’énergie spirituelle » : dans le cas d’ancêtres très anciens, ils sont traités comme des kami à cause de leur puissance supposée. Quand une norō meurt, elle devient le contenant de sa grande énergie et par là-même devient un kami. Les esprits négatifs sont souvent considérés comme des « fantômes » mais pas tout à fait comme en Occident (âmes errantes de dé-funts) : généralement ce sont les esprits de ceux qui eurent une mort horrible ou qui ne reçurent pas de sépulture correcte. Comme la fin des combats de la 2e Guerre Mondiale à Okinawa furent particulièrement violents, il y a beaucoup d’histoires de fantômes de militaires et d’endroits hantés par des soldats morts et par ce qui leur est arrivé.

D’autres esprits malins se dissimulent sous une forme entre dieux et esprits des morts : ces esprits sont supposés être irrités ou fâchés par la présence humaine. Ils sont responsables d’accidents, de maladies, voire de morts causées par la proximité des habitations. Même de nos jours les endroits hantés sont spécialement évités, au point que de nombreuses per-sonnes refusent d’habiter dans des endroits enchanteurs sous prétexte que les lieux sont occupés par un esprit malfaisant : un exemple en est les ruines de l’hôtel Nakagusuku à moitié terminé et proche du château de Nakagusuku à Kitanakagusuku, abandonné pendant sa construction à cause de plusieurs décès dans et autour du site ; la plupart des Okinawans ne veulent même pas s’en approcher.

Divers endroits sont supposés hantés parce que les gens en contact avec ces lieux ont eu à subir de graves difficultés : il faut faire venir une yuta ou même plusieurs pour rentrer en contact avec l’esprit offensé, déterminer comment l’offenseur peut se faire pardonner et quelles compensations sont nécessaires ; les yuta peuvent également déterminer quels moyens utiliser pour détourner l’esprit de ces agissements et permettre au demandeur d’atteindre son but. Parfois l’esprit n’accepte pas l’irruption humaine dans son domaine ni les arrangements proposés, auquel cas il faut appeler encore une autre yuta, un moine bouddhiste ou un prêtre shintō pour faire disparaître cet esprit.

Créatures

Poterie de shisa posée sur un toit.

Le kijimuna ou bunagaya est une des plus fameuses créatures magiques d’Okinawa : c’est un lutin qui ressemble à un jeune garçon aux cheveux rouges et qui aurait l’apparence d’une poupée troll… Certains disent que seuls les enfants ou les gens dont le cœur est pur peuvent le voir. Il peut être accompagné par du feu et vit en haut des banians (gajumaru), ils sont spécialement présents dans la région de Yomitan où leurs représentations peuvent être vues en de nombreux endroits. Ils peuvent vous aider mais changent fréquemment d’idée, ils aiment pêcher et manger du poisson, ils sont associés aux arbres de manière générale.

Une autre créature, représentée en poterie sur la plupart des toits d’Okinawa, sont les shisa chien-lion ») utilisés pour leur capacité à éloigner le mal des maisons. C’est une représentation modifiée des shisa que l’on trouve à l’entrée des temples chinois.

Représentants du pouvoir de l’Océan on trouve les dragons (ryū) qui apparaissent souvent dans les légendes ryūkyūanes. Par exemple dans l’Iro-Setsuden (recueil de contes compilé au XVIIIe siècle), les dragons montrent des pouvoirs semblables à ceux des dieux et vivent dans leur propre royaume sous-marin. Cette conception semble provenir de Chine également.

Le mabui

Le mabui est un concept de la religion ryūkyūane, mélange des concepts d’âme et de mana. L’âme dans de nombreuses traditions est immortelle, de même que le mabui qui est égale-ment une caractéristique de l’individu. Le mabui d’un mort peut s’accrocher à un vivant, demandant un rituel de séparation (mabui-wakashi) ou nécessitant un déplacement de l’endroit de la mort vers l’endroit du repos (suukaa). Dans le cas d’une mort subite, un rituel complexe se déroule pour séparer le mabui de là où il s’est accroché vers un endroit où il pourra demeurer.

Le mabui est comme le mana (supposé être une forme d’énergie), transférable par contact. Par exemple, la grand-mère qui a conservé son alliance de nombreuses années, décède ; son mabui va trouver refuge dans cette alliance qui pourra être transférée à quelqu’un qui récupèrera ainsi le mabui ; de même, si on prend une photo de quelqu’un on transfère une partie de son mabui. Le mabui peut quitter le corps de quelqu’un, résultant en mabui-utushi (perte du mabui) avec divers résultats physiques.

Le mabui peut être perdu par peur, stress, isolement ou impuissance, toutes situations où la personne souffre d’un choc subit ou d’un manque de ressources psychologiques ou physiques. Un quasi-coma est une des manifesta-tions les pires de la perte de mabui ; moins violentes sont la dépression ou l’anxiété et plus généralement les situations de léthargie ou de maladie sont de bons indicateurs. Deux rituels sont mis en œuvre en lien avec le mabui : mabui-gumi pour la personne qui a perdu son mabui et uchatou-mintou pour empêcher la perte de mabui : toutes les prières sont ex-primées à voix haute.

Mabui-gumi est exécuté lors de la perte (réelle ou potentielle) du mabui. Après ou pendant avoir été effrayé ou même après un éternuement, on récite : « mabuya, mabuya, utikuyou » ou simplement « mabuya, mabuya ». On peut alors récupérer son mabui perdu en faisant sim-plement une activité habituelle : rester assis sur une chaise, dormir dans son propre lit, tenir des objets familiers, etc. Plus formellement, une cérémonie spéciale peut être exécutée par la matriarche de la famille à l’endroit où le mabui a été perdu.

Tout d’abord des prières sont adressées aux ancêtres et aux dieux du foyer puis on visite le lieu où la perte se serait produite ; une offrande d’encens et de fruits aux ancêtres est effectuée ainsi que des prières de remerciement : trois pierres de l’endroit en question sont alors attachées à un vêtement porté pendant la perte et rapportées avec des boules de riz en offrande à la maison par la matriarche. Si le cas est spécialement inquiétant, une yuta peut être requise comme intermédiaire. Uchatou-mintou protège des pertes de mabui ainsi que de la possession par des esprits étrangers (kakaimun) : le matin on doit offrir de l’eau et du thé aux dieux du foyer accompagnés de prières pour une bonne journée. Le soir, les prières décrivent les activités et les caractéristiques de chaque membre de la famille ; de l’encens est également brûlé en général.

Les gens

Les kaminchu

Les kaminchu (oki. kamigutsu, « gens des dieux », jap. kannushi) sont des personnes spécialisées dans les rituels magico-religieux des Ryūkyū, habituellement ceux impliquant des comportements incorporels. Leur rôle social correspond à celui d’un chaman, agissant suivant ses qualifications et servant de médium pour toutes sortes d’activités mystiques (guérisseurs, devins, diseurs de bonne aventure, etc.) ainsi que de médiateurs entre esprits matériels et immatériels.

Bien qu’ils puissent accompagner le transfert du mabui d’un mort, ils ne peuvent guider un esprit en dehors du monde réel vers l’au-delà. Dans la langue d’Okinawa, shiji représente la capacité de ressentir et contrôler le pouvoir des ancêtres-kami ainsi que de communiquer avec eux. Bien que les hommes puissent montrer certaines de ces capacités et souvent participer aux rituels, les femmes sont les premiers médiateurs entre les humains et les esprits ou les dieux : pour cela elles sont extrêmement respectées (ce qui n’est pas le plus courant en Asie).

Norō/Nūru

Les prêtresses norō (oki. nūru) sont les plus anciens kaminchu des îles Ryūkyū : elles communiquent avec les ancêtres, les dieux locaux et certaines déités plus puissantes, leur faisant les offrandes et parfois les apaisant. Leurs obligations principales consistent à assurer les offices pour toute la communauté ainsi que l’organisation des célébrations et des rituels : elles sont généralement assistées par deux hommes (guji okkan) qui battent le tambour rituel. Les cérémonies se déroulent dans des lieux sacrés, habituellement un bosquet (ong), une grotte ou en mer, la prêtresse y récite des formules de conjuration de sorts, danse, devine, etc. Les hommes sont interdits d’entrer dans les espaces consacrés mais il leur arrive de braver cet interdit en se déguisant en femme.

Une autre de leurs activités consiste à protéger et entretenir le feu communal utilisé pour établir de nouvelles maisonnées, enfin pour assurer leur emprise sur la population elles se livrent à divers tours comme manipuler les redoutables serpents trigonocéphales (jap. habu, Ovophis okinavensis).

Les norō procèdent aux rituels divinatoires destinés à déterminer les meilleurs jours pour les cérémonies sacrées, pour les rites sociaux (mariages, décès) et pour les activités agricoles. Une pièce de terre (niigami) était réservée à la norō du village, en général sœur du chef (nitchu) de la plus vieille (ou plus puissante) famille de la communauté (niiya). La norō devait rester vierge  ; elle était assistée par une fille de chaque maisonnée pour ses activités religieuses. Les symboles de sa fonction sont les vêtements blancs en fibre de bananier et les colliers de magatama pierres sacrées en forme de virgule.

Sur les îles plus petites des traditions locales survivent comme sur Kudaka où la population considère que toutes les femmes entre 31 et 70 ans peuvent être norō ; le rite d’initiation destiné aux femmes entre 31 et 40 ans, Izaiho, se tenait tous les douze ans : à cause du manque de femmes de cet âge, le dernier véritable rituel s’est déroulé en 1978.

Les norō étaient parfois des prêtresses-reines disposant des pouvoirs temporels et spirituels de leur communauté ; des rapports chinois de la dynastie Wei du nord (vers 500) décrivaient le pouvoir des norō et des miko (comme les norō à l’origine, mais au Japon) comme celui décrit par César pour les Druides : leur mainmise sur le spirituel permettait d’influer sur les domaines judiciaires et militaires.

Une norō, Pimeku, devint leader dans les îles vers 240 grâce à son rôle de chaman ; elle envoya des ambassades aux colonies chinoises en Corée. Sa mort précipita une guerre civile qui ne se calma que lorsqu’une jeune fille de treize ans appartenant à sa famille reprit la fonction. Le Kojiki et le Nihongi rapportent que l’on trouvait souvent des femmes dans des rôles dirigeants dans l’ouest et le sud du Japon : l’histoire de Pimeku ressurgit d’ailleurs dans divers lieux du Kyūshū, au sud (Hyūga) comme au nord (Buzen) ainsi qu’à Amami-Ōshima.

Graduellement, le rôle des norō comme leader rituel et consultant religieux devint indépendant de leur rôle politique, peut-être parce qu’elles devaient en partie partager le pouvoir avec les mâles de leur famille, étant trop occupées à leurs activités sacerdotales.

Au fil du temps les norō devinrent davantage prêtresses que reines, bien qu’elles aient gardé une influence politique non négligeable : elles finirent par être appointées comme autorités religieuses à partir du roi Shō Shin (vers 1480). Ces nominations se firent d’abord dans les puissantes familles locales pour desservir leurs sites sacrés à travers toute l’île d’Okinawa avant d’être utilisées dans les autres groupes d’îles, Miyako et Yaeyama : le but était de contrôler les centres de pouvoir indépendants à travers les norō.

Le roi lui-même gouvernait accompagné par la principale norō (souvent une de ses sœurs ou tantes), appelée kikoe-ōgimi, qu’il accompagnait tous les ans faire le tour des principaux utaki, la procession se terminant à Sefa-utaki où les hommes n’avaient pas le droit d’entrer ; en 1677, le roi, souhaitant affirmer son pouvoir personnel, surtout en face des dirigeants de Satsuma, envoya un fonctionnaire pour le remplacer dorénavant et rétrograda la kikoe-ōgimi du premier au troisième rang protocolaire, la plaçant même en dessous de son épouse.

La cérémonie d’intronisation (uarauri) d’une nouvelle kikoe-ōgimi se déroulait à Sefa-utaki : elle représentait le mariage entre Amamikyu et son alter-ego masculin Shinerikyu et était destinée à lui donner assez de force pour supporter sa possession par le kimitezuri (esprit habitant le Nirai-Kanai, voir plus loin). Une fois nommée la kikoe-ōgimi restait en place jusqu’à sa mort. Ce système perdurera jusqu’en 1879 et la mise sous tutelle japonaise définitive du royaume : la dernière kikoe-ōgimi continuera ses activités jusqu’à sa mort en 1944.

Yuta

Les yuta (sanjinsou, « détecteur » ; à Yonaguni : monoshiri, « celui qui sait » ; à Miyako : kami-gakariya, « celui qui est comme une maison pour les dieux ») sont des personnes (chaman homme ou femme) qui affirment posséder un don spécial pour communiquer avec les morts. Le nom yuta était à l’origine péjoratif, dérivé de tokiyuta ou « celui qui se fait des illusions » ; par ailleurs depuis la réunification du royaume au cours du XVe siècle, on décourageait ces pratiques qui étaient d’ailleurs souvent réprimées.

Les yuta étaient employés dans des cas de troubles psychiques ou en prévention. Bien que les norō soient les guides officiels de la communauté, les yuta agissent plus près des familles et des clients individuels pour déterminer quelles circonstances spirituelles ont amené ou amèneront la santé ou la maladie. Ils communiquent alors avec les esprits des morts afin de déterminer ce qui peut ramener l’harmonie dans la vie de leurs clients ; à cause de ce don d’interagir avec les ancêtres et de résoudre les problèmes du quotidien, les yuta sont probablement les kaminchu les plus influents actuellement, respectés et un peu craints.

La capacité des yuta à canaliser les esprits des morts récents par kuchiyose (invocation) est un moment particulièrement douloureux pour l’officiant ; de toutes manières c’est leur activité principale de transmettre les messages et de s’occuper des désirs des morts les plus récents…

95 % des yuta sont des femmes : elles utilisent certaines techniques comme l’analyse des rêves, la connaissance de cas historiques en combinaison avec la relation aux esprits. Elles agissent souvent comme conseillères, réglant des problèmes familiaux qui peuvent durer depuis des générations en discutant simultanément avec les membres vivants ou avec les morts de la famille. Les problèmes traités peuvent aller d’une piètre performance scolaire d’un enfant à l’alcoolisme d’une personne résultant de la négligence de certains ancêtres.

Les yuta ont également la capacité d’appeler et de bannir les esprits : ils sont employés dans des cas d’esprits collants ou coléreux ; certains peuvent posséder le don de prévoir les désastres comme les tremblements de terre ou les typhons ; d’autres montrent diverses capacités comme deviner l’emplacement des puits ou des objets perdus ou volés. La plu-part des yuta découvrent leurs capacités dans leur jeunesse presque systématiquement au cours d’une maladie, souvent psychosomatique, et en souffrent fréquemment : la possibilité de communiquer avec les morts et résoudre les problèmes familiaux se développe notamment à travers ces traumatismes mais l’individu peut être réfractaire et diverses souffrances en résulter. Très souvent ce n’est qu’après un long processus et la mise à l’épreuve du corps (kamidari) que la personne, accompagnée par une yuta de la famille, se résout à accepter sa vocation et à se mettre sous la protection du dieu qui l’a choisie et lui envoie des messages répétés.

Mythe de la création des Ryūkyū et analogies avec les mythes japonais

Nirai Kanai est l’emplacement mythique d’où toute vie est issue : les traditions le placent à l’est et serait situé sur Kudaka-jima. Les dieux de Nirai Kanai auraient apporté diverses céréales et outils au peuple ryūkyūan à plusieurs périodes. Dans l’Iro-Setsuden, Nirai Kanai est le royaume submergé du Dragon ou Roi de la Mer (Ruuguu). « Autrefois, l’Empereur du Ciel, qui vivait dans le Gusuku Céleste, ordonna à la déesse Amamikyu de créer les îles Ryūkyū : "En bas, il y a un endroit où les dieux doivent habiter mais il ne s’y trouve aucune île. Va et prépare-le en ordre !" Amamikyu descendit et vit que les vagues de la mer d’Est passaient par-dessus la mer d’Ouest et que les vagues de la mer d’Ouest passaient par-dessus la mer d’Est ; les îles n’étaient pas encore constituées. Alors elle remonta au ciel, fit descendre la terre, les pierres et les arbres et forma d’innombrables îles. Ainsi plusieurs fois dix-mille ans passèrent, mais l’homme n’existait pas encore. Amamikyu monta au Ciel et demanda à l’Empereur du Ciel la semence des hommes. Le souverain du Ciel lui répondit : "Comme tu le sais il y a de nombreux dieux au ciel, mais il n’y a pas de dieu que je puisse faire descendre. Pourtant je ne peux rester sourd à ta de-mande". Et il fit descendre un homme et une femme. Ceux-ci ne savaient pas encore l’amour, mais ils apprirent en voyant d’autres espèces. Et la déesse devint enceinte de Shinerikyu, son homologue masculin, et peupla alors les îles ; elle donna naissance à trois garçons et à deux filles : le fils aîné devint le premier roi, le second fils le premier chef local (aji), le troisième fils le premier paysan, la fille aînée la première norō royale et la seconde fille la première norō de village. À ce moment, le peuple habitait dans les cavernes, man-geait les fruits et buvait le sang des animaux. Amamikyu monta pour la troisième fois au ciel et reçut les semences des cinq céréales qu’elle sema dans les îles et, avec les récoltes, elle célébra la fête du ciel, de la terre et des dieux. Mais à mesure que le temps passait, les dieux-gardiens disparurent et les calamités commencèrent de s’abattre sur le pays. »

Quelques correspondances avec le mythe shintō japonais sont assez remarquables : le monde inférieur est recouvert d’eau et pour l’aménager l’entité suprême eut recours à un ou deux de ses sujets, mais les choses ne se passèrent pas très bien, aussi ils durent s’y re-prendre à plusieurs fois. Amamikyu correspond à Amaterasu, Shinerikyu est Susanō ; les dieux japonais Izanagi et Izanami (parents des deux précédents, mais qui n’apparaissent pas dans le Kojiki, donc provenant probablement de la version Izumo du shintō) enfon-cent une lance dans les eaux et fouillent les profondeurs marines, ainsi ils font émerger une (ou plusieurs) île, ce qui est également un mythe polynésien. Amamikyu et Shinerikyu sont-ils frère et sœur ? Dans le Nihonji ils sont les enfants du dieu Aokashikine : le mariage du frère et de la sœur (entre Amaterasu et Susanō au Japon) est une constante dans les mythes : aux Ryūkyū le frère et la sœur descendirent du ciel et vécurent en mangeant les coquillages de la côte. Un jour ils remarquèrent un oiseau de mer qui remuait la queue, ainsi ils appri-rent l’acte d’amour. Autre version : après avoir échappé à une pluie de feu, ils se marièrent et devinrent les ancêtres de nouvelles générations. Ces thèmes existent également à Taïwan, en Polynésie, Indonésie, Chine du Sud, Indochine, etc. avec de nombreuses variantes.

La vie quotidienne

Objets et amulettes

Divers objets magiques existent aux Ryūkyū : les amulettes sont appelées munnukimun ; les plus fréquemment achetées proviennent des temples shintō tels que des charmes de chance ou de bonne santé, les autres sont davantage liées aux croyances locales.

  • Sangwaa (susuki = Miscanthus sinensis, sorte de roseau ; herbe nouée porte-bonheur). D’après la légende un vieux pêcheur du nord d’Okinawa revint à la maison une nuit avec un gros panier rempli de poissons. Il cuisina son souper mais des fantômes apparurent et mirent leurs mains dans la nourriture ; quand il commença à manger, il eut une terrible diarrhée. Ceci se reproduisit nuit après nuit jusqu’à ce qu’il fabrique un san ou sangwaa, deux bouts d’herbe pliées et nouées entre elles au milieu. Les fantômes ne voulurent plus toucher à la nourriture protégée par l’objet et il put profiter de son repas en paix. Traditionnellement on mettait un san sur le cercueil d’un mort afin de le protéger et l’aider à passer dans le monde spirituel des ancêtres. Même aujourd’hui cet objet peut être employé de diverses manières comme protection contre le mal et dans le cas de cadeaux alimentaires, protéger contre la pourriture (Okinawa Folk Stories, 46–54).
  • Les ishiganto sont les inscriptions portées sur des tablettes-talisman qui sont disposées dans divers endroits stratégiques pour protéger des maléfices et des esprits indésirables. Ils sont généralement de forme rectangulaire, les inscriptions écrites verticalement ; dans de rares occasions le rectangle peut être placé horizontalement. L’origine semble chinoise, ces tablettes étaient généralement placées aux quatre routes d’une intersection, aux trois routes d’une intersection en forme de T ou à la fin d’une route. On pensait que les esprits ne pouvaient se déplacer qu’en ligne droite ou le long des routes, les tablettes étaient supposées les empêcher de tourner… En bout de route l’ishiganto arrêtait le mauvais esprit : de nombreuses maisons en bord de route ont encore leurs ishiganto.
  • Des branches de mûrier sont souvent offertes en août pour protéger des mauvais esprits.
  • Akufugeshi sont réalisés à l'aide de coquillages et suspendus près de l'étable, toujours comme protection.
  • Shakogai sont fabriqués avec des coquilles de clam géant et posés près des murs et aux angles, toujours comme protection. On peut en voir sur Miyagi,[1] Ikei,[2] and Tsuken[3] Islands.
  • Gen est une herbe nouée à l'angle d'une maison.
  • Du sel est souvent posé aux angles et aux portes des maisons.

Les fêtes

Voir Ryukyuan festivals and observances, page Wikipédia en anglais.

Le mariage

Le mōasibi (litt. amusement des champs) était une coutume répandue dans tout l’archipel qui permettait aux garçons et aux filles à partir de 14-15 ans d’aller se divertir ensemble dans les champs la nuit tombée, surtout l’été quand il y avait moins de travail. Au cours de ces réunions, propices aux rapports sexuels, se formaient généralement les couples : les promis dansaient et chantaient en général seuls puis ensemble mais on ne touchait pas à la promise d’un autre. Ces chants à voix alternées garçons-filles (guiku-bushi) accompagnés d’une danse collective font maintenant partie du folklore ryūkyūan et sont produits dans des spectacles.

Quand il y avait promesse de mariage, les jeunes gens couchaient librement l’un avec l’autre : si un enfant était conçu sans qu’il y ait ultérieurement mariage (c’était rare), il était envoyé à son père vers 3-4 ans. Un jeune homme qui venait chercher une jeune fille d’un autre village devait subir diverses brimades et surtout payer une somme d’argent (éventuellement en sake) aux jeunes hommes du village de la fille. Toutes ces pratiques furent sévèrement réprimées par les autorités japonaises après 1872 et disparurent vers 1930.

La naissance

Voici le rite de naissance tel qu’il était pratiqué à Kudaka (il y a diverses variantes suivant les endroits de l’archipel) : pendant une semaine personne n’était autorisé à entrer dans la maison de l’accouchée, un feu était entretenu à côté du lit. Cette dernière se purifiait avec de l’eau froide ; la famille s’agitait et faisait du bruit, si bien que ni la mère ni l’enfant ne pouvaient dormir ! Le sixième jour c’était la fête de sortie de couches (relevailles) : le feu à côté de la mère était éteint, l’enfant présenté au kami du foyer et on procèdait au choix de son nom devant le butsudan ou devant les dieux de l’utaki. Le placenta était placé dans une natte de paille et suspendu à un arbre à côté de la maison : si on déménageait la famille l’emmenait avec elle (ailleurs c’est le cordon ombilical qui était conservé).

La tête de l’enfant était lavée chaque jour pendant une semaine avec du blanc d’œuf ; aussitôt après le premier lavage, la mère faisait une brassée de paille dans laquelle elle mettait du charbon de bois brûlant et sortait : elle fabriquait alors un petit arc et une flèche au bout de laquelle elle fichait un clou ou une pointe de fer, puis mettait son pagne sur la tête laissant son visage découvert, mettait la brassée de paille avec le feu devant elle, tournait le visage de l’enfant vers le soleil et tirait trois fois avec l’arc et la même flèche. Elle hachait la paille, rentrait chez elle avec l’enfant, le couchait sur une natte, mettait son pagne sur lui pour chasser les démons et faisait marcher un crabe sur le dos de l’enfant…

La mort

Un haka, tombe familiale du type dos-de-tortue.

Traditionnellement des réunions de la famille étendue sont faites sur le haka. Les tombes les plus usuelles parmi les familles aisées ressemblent à des maisons avec une cour, des inscriptions avec les noms de la famille et un porche sur lequel sont faites les offrandes. Dans plusieurs régions on trouve des tombes dont le toit est en forme de « dos de tortue » (kamekokata) que les Okinawans trouvent d’ailleurs davantage ressemblantes à un ventre de femme enceinte : le mort « retourne à l’origine ».

À l’intérieur de la tombe se trouvent les restes (funishin) de plusieurs générations. La trente-troisième année après la mort est particulièrement importante : à ce moment le défunt est supposé avoir trouvé sa place parmi tous ses ancêtres dans l’au-delà. Une réunion familiale est alors organisée, diverses offrandes sont faites aux ancêtres et un pique-nique se déroule avec toutes les personnes présentes. En général le plus âgé des mâles de la famille a la responsabilité de l’entretien de la tombe, voire la création d’une nouvelle tombe s’il y a déjà trop d’occupants ou si elle est trop abimée.

Divers tabous existent en relation avec la tombe : il est impoli de montrer une tombe du doigt, on doit parler doucement d’un mort près d’une tombe ou prendre des photos sans avoir la permission ; il peut être dangereux d’y graver des graffiti, d’enlever des offrandes ou d’endommager la tombe de quelque manière que ce soit. De même il est déconseillé d’approcher d’une tombe sans l’autorisation de la famille ou de visiter une tombe la nuit…

Le mort ne peut être transformé en esprit ancestral uniquement après un long et intense processus réalisé à toutes les étapes de l’inhumation par ses proches ou les personnes les plus touchées par sa mort. Un travail régulier, coordonné et précis, réalisé en plusieurs fois produit la complète transformation de la dépouille dans laquelle l’esprit du mort devient un ancêtre avec tout son potentiel d’interaction avec les vivants. Plusieurs de ces pratiques tel le lavage du corps, la veillée mortuaire, les cérémonies commémoratives régulières, ressemblent à celles du Japon, néanmoins, jusqu’à récemment, le rituel mortuaire okinawan se distinguait par le senkotsu (litt. lavage des os), le nettoyage des os, qui en était une particularité jusqu’à la fin des années 1980 où eut lieu le dernier rituel officiel répertorié.

Le mode d’inhumation actuel est plutôt la crémation, fortement encouragée par les autorités, même si la mémoire de cette ancienne pratique reste vivace et est peut-être encore pratiquée dans diverses petites îles ou des villages éloignés de Naha.

Après la mort, le cercueil contenant le corps du mort était placé au centre de la tombe et la porte scellée. Durant cette première étape de l’enterrement, l’esprit (mabui) restait accroché aux restes humains et était confiné aux environs immédiats du caveau. Étant présent dans les deux mondes, matériel et spirituel, son comportement était imprévisible. Parfois, durant les trois ou sept années suivantes, le cercueil était extrait de la tombe familiale et apporté dans l’enceinte où la famille proche était rassemblée, éventuellement avec une norō, puis retournait dans sa maison.

Au bout d’une période de trois, cinq, sept ou treize ans suivant les coutumes locales, le cercueil était ouvert, on détachait les os du cadavre et on les grattait sans utiliser de couteau : parfois il fallait retirer des restes de chair avec les dents. Une fois ceci fait tous les os du corps étaient nettoyés, rangés méticuleusement et mis dans une jarre avec le crâne posé par-dessus et le couvercle scellé, la jarre posée sur une étagère dans la tombe. Les époux étaient mis dans la même jarre, les enfants de moins de six ans allaient avec leurs grands-parents. Enfin, au bout de 25 ou 33 ans, suivant la coutume locale, le mort devenait kami, les os étaient ressortis de leur jarre et rangés avec les os d’autres squelettes afin de libérer de la place dans la tombe. Quand il n’y avait pas de tombe on laissait les jarres à l’air libre sous un « toit de paille ».

À Kudaka-jima on posait les cercueils en face de l’océan, loin des habitations, sans les enterrer : au bout de treize ans les os étaient propres ; on ne parle plus alors pour l’âme de mabui mais de tamashii car l’âme était montée au ciel ; le mabui quant à lui, est devenu propre mais est resté avec les vivants. Finalement au bout de trente-trois ans le mort a rejoint ses ancêtres et la puissance de son esprit a pris toute sa dimension.

Références

  • Edward E. Bollinger. The Shaman of Okinawa vs. the Gospel. Meynard Publishing Ltd.: Tokyo, Japan, 2000. (ISBN 978-4-944025-73-2) C0039.
  • George H. Kerr. Okinawa: the History of an Island People. Tuttle Publishing: Boston, MA, U.S., 2000. (ISBN 978-0-8048-2087-5)
  • Masaharu Matayoshi & Joyce Trafton. Ancestors Worship: Okinawa's Indigenous Belief System. Printed at University of Toronto Press, Inc.: Toronto, Canada, 2000. (ISBN 978-0-9701798-0-7).
  • Masaaki Nagata, trans. by Katsue Hyatt. Okinawan Folk Stories. A collection of Uchinanchu folk tales.
  • Manabu Ooshiro, trans. by Marie Yamazato. Eisaa. Yui Publishing Co. for Okinawa Department of Culture and Environment, Cultural and International Affairs Bureau, Culture Promotion Division, Naha City, 1998.
  • trans. by Sally Ooshiro. Irōsetsuden (遺老説伝). Presented as thesis towards completion of M.A., University of Hawaii, 1964. Along with the Omoro Sōshi, it is one of the collections of Ryukyu history and legend. Compiled in the 17th century by Shuri scholars.
  • Susan Sered. Women of the Sacred Groves: Divine Priestesses of Okinawa. New York: Oxford University Press, 1999. (ISBN 978-0-19-512487-3).
  • Beillevaire, Patrick, Présences françaises à Okinawa : de Forcade (1844-1846) à Haguenauer (1930), Ebisu 49, 2013
  • Haguenauer, Charles & Beillevaire, Patrick, Okinawa 1930, notes ethnographiques, Collège de France, 2010
  • Martin, J. M. (SMEP), Le shintoïsme ancien, Lib. d’Amérique et d’Orient, J. Maisonneuve, 1988 (1927)
  • Matsumoto Nobuhiro, Essai sur la Mythologie Japonaise, Lib. Paul Geuthner, 1928
  • Furet Louis, Lettres à M. Léon de Rosny sur l’archipel japonais et la Tartarie orientale (2e éd.), Paris, Maisonneuve, 1860-1861 (Gallica)

Voir aussi


Notes

  • Portail des religions et croyances
  • Portail de la préfecture d'Okinawa
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.