Relations

Fondée en 1941, la revue Relations est publiée par le Centre justice et foi, un centre d’analyse sociale progressiste fondé et soutenu par les Jésuites. Depuis plus de 75 ans, elle œuvre à la promotion d’une société juste et solidaire en prenant parti pour les exclus et les appauvris. Libre et indépendante, la revue pose un regard critique sur les enjeux sociaux, culturels, économiques, politiques, environnementaux et religieux. Pour contribuer au débat public et offrir une parole alternative dans un contexte où l’opinion prime souvent sur l’analyse, Relations propose des analyses de fond, des éditoriaux, des chroniques culturelles et littéraires dans un cadre aéré, où la beauté de l’iconographie fait écho à l’intelligence du texte. Elle offre aussi une diversité de voix – chercheurs, acteurs sociaux, penseurs, artistes, croyants et non-croyants de différentes générations.

Relations

Pays Canada
Zone de diffusion International
Langue Français
Périodicité Bimestriel
Genre Revue d'analyse sociale
Prix au numéro 9,95$CAN
Date de fondation 1941
Ville d’édition Montréal

Comité éditorial Jean-Claude Ravet, Emiliano Arpin-Simonetti, Catherine Caron et Christophe Genois-Lefrançois
Site web https://cjf.qc.ca/revue-relations/

Histoire

1941: Fondation

Relations est née en janvier 1941. Ses fondateurs, les jésuites Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau, revenaient d’Europe où ils avaient complété leurs études en sciences sociales. Inspirés par l’action ouvrière et les courants novateurs du catholicisme social en Europe, ils entendent donner une nouvelle orientation à l’École sociale populaire fondée en 1911 pour former prêtres et laïcs à la doctrine sociale de l’Église. Les éditoriaux du premier numéro de la nouvelle revue en disent l’esprit ou les intentions, les orientations majeures : (1) « l’instauration d’un ordre nouveau, social et économique, vraiment juste » tel que promu par le pape Pie XII; (2) la défense et la sauvegarde du « particularisme » québécois lié à l’héritage d’une « riche culture (française) dans la province de Québec et tous les groupements de culture française au Canada » (en opposition aux recommandations du rapport de la Commission Rowell-Sirois).

1948 : La Crise de la silicose

En mars 1948, Relations publie un article explosif, qui allait indigner la société québécoise : « La silicose ». Faisant le constat de conditions de conditions de vie et de travail inacceptables, le journaliste Burton Ledoux y dénonce les ravages d'une maladie pulmonaire dont sont victimes les travailleurs d'une mine appartenant au groupe financier Timmins, à Saint-Rémi-d’Amherst (dans les Laurentides). Il dénonce aussi les conditions de vie misérables des mineurs et la lourde responsabilité des propriétaires, le groupe financier Timmins, qui réagit rapidement et, en accointance avec le gouvernement de Maurice Duplessis, menace les jésuites d'une poursuite en diffamation. Le directeur de la revue Jean-d'Auteuil Richard est démis et affecté à d'autres fonctions dans l'Ouest canadien, tandis que le père Adélard Dugré, directeur par intérim de la revue, publie une rétractation humiliante en juillet 1948 — dans la seule parution toute en noir de la revue. Le quotidien LE DEVOIR prendra le relais... et ne sera finalement pas poursuivi, tant le dossier était consistant. L'année suivante, en 1949 donc, l'amiantose, une autre maladie pulmonaire liée à l'exploitation d'une autre mine, entraînera une longue et dure grève dite la Grève de l'amiante, à Thedford Mines (dans les Cantons de l'Est), avec le support cette fois de tout le Québec (grâce à des collectes de nourriture et des quêtes dans de nombreuses églises du Québec). La revue RELATIONS mit près de dix ans à se remettre de cette crise et à retrouver un lectorat critique.

1960...: la Révolution tranquille québécoise et le Concile Vatican 2

Deux dynamiques sociales en quelque sorte apparentées marqueront la société québécoise au cours de la décennie 1960 et font l'objet d'analyses dans la revue RELATIONS : (1) ce qu'on appellera la Révolution tranquille québécoise, par laquelle le Québec rattrape sur les plans économique, social, culturel les avancées de l'Europe et des États-Unis de l'après-guerre 1939-1945; (2) le renouveau ou l'aggioramento de l'Église catholique que le Concile Vatican 2 à la fois illustre et suscite.

(1) L’élection du Parti libéral de Jean Lesage en 1960 donne le coup d’envoi d’une série de grandes réformes. Un vent de démocratisation et de modernisation souffle sur le Québec, après les années dites de La Grande Noirceur du « règne » de Duplessis. De retour dans le camp des opposants déclarés à ce régime avec l’arrivée à sa tête de Richard Arès en 1956, Relations saluera les transformations de la Révolution tranquille.

Plusieurs contributions publiées dans la revue RELATIONS s'inscrivent alors dans les débats sur des enjeux cruciaux de l’époque, contribuant à façonner les contours du Québec moderne. C’est notamment le cas lors des travaux et consultations de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec, mieux connue sous le nom de commission Parent, entre 1960 et 1966 ((( réf. art wiki Commission Parent ))). Ou en lien avec les débats entourant, par exemple, la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec (1965) ((( réf. art. WIKI Caisse de dépôt et placement du Québec ))) ou, plus tard, l'adoption de mesures visant à protéger et assurer la langue française au Québec (loi 101, 1977) (((art. Wiki))).


(2) Il y a une semblable effervescence, au Québec comme ailleurs dans le monde, dans l'Église catholique. Le concile Vatican II (1962-1965), convoqué par le pape Jean XXIII, donne à voir la possibilité de changements profonds dans une Église catholique qu’on croyait immuable et sclérosée. Relations, qui bénéficie d’un vaste réseau international de collaborateurs jésuites, produira plusieurs analyses des débats durant Concile et de l’encyclique Pacem in terris Paix sur la Terre ») qui en teintera les conclusions. Elle se fera porte-parole d’un christianisme critique et radical dans sa lutte contre les structures sociales oppressives.

1969-1976

En septembre 1969, la revue fait état de la constitution d’une nouvelle équipe, sous la direction d'Irénée Desrochers, afin d’avoir « un éventail élargi d’opinions », et de la nomination d'un nouveau secrétaire de la rédaction, Guy Bourgeault. Un éditorial signé par le directeur juge inacceptable, dans une ‘’société juste’’ de [chercher à] « résoudre le problème complexe de l’inflation-chômage » sans prendre acte, comme le fait pourtant le « programme d’austérité » annoncé par le Premier ministre du Canada, « du sort des chômeurs, du revenu insuffisant des nombreux économiquement faibles [et du] niveau de leur bien-être à […] améliorer ». Dans ce même numéro, Julien H. discute d’une éthique de la violence exigeant que celle-ci soit libératrice. Car la société québécoise, et cela est davantage manifeste à Montréal où se déroulent d’ailleurs, après les bombes de 1968, dans les derniers mois de 1969 et en 1970, bien des manifestations. En décembre de la même année, la revue présente un bilan de la décennie 1960 et un effort de prévision pour la décennie à venir La thèse qui sous-tend les prises de position de la revue dans ce contexte peut se résumer comme suit : les violences que les pouvoirs en place tentent de contrer en interdisant les manifestations, par exemple, sont des réponses aux violences faites aux moins nantis par un système économique (et politique) foncièrement inéquitable. Ce qu’explicite fermement, après « la crise d’octobre », l’éditorial de novembre 1970 : « La violence, soyons assez lucides pour le reconnaître, n’est pas née avec octobre; elle était là, en germe et déjà agissante, avant de se manifester aussi brutalement [...] dans la coïncidence des trois frustrations collectives les plus éprouvantes qui soient : […] la pauvreté économique, l’impuissance politique et l’infériorité ethnique […]. Nous condamnons la violence. Nous aurons pourtant à vivre sous sa menace aussi longtemps que nous n’aurons pas le courage, la lucidité, la compétence qu’exige l’extirpation de ses causes.» Avec l'arrivée dans l'équipe d'Yves Vaillancourt, des liens seront faits avec le courant latino-américain de la théologie de la libération. Il serait toutefois abusif de parler, comme l'a fait Gregory Baum, d'adhésion au marxisme.

Le texte de novembre 1970 cité plus haut se terminait comme suit : « Comme croyants membres d’une Église, [...] nous n’avons pas le droit de réclamer et de promouvoir à l’échelle de la société globale la liberté, l’équité et la participation que nous n’aurions pas le courage d’exiger et de pratiquer dans l’Église elle-même. En outre, parce que nous sommes engagés de façon spéciale dans l’Église d’ici, notre statut ecclésial particulier et nos compétences propres font que notre premier devoir et notre tâche privilégiée sont de promouvoir dans l’Église ce que nous cherchons à implanter dans une société nouvelle, et de dénoncer ce qui en retarde l’avènement. » De 1971 à 1975, un examen critique des pratiques et des enseignements de l'Église catholique, notamment celle de Montréal, donnera lieu à de rudes remises en question tant sur le plan dogmatique (ecclésiologie ou conception de l'église et de l'autorité) que sur le plan éthique et proprement politique. Ce qui entraînera en 1976, la nomination d’un nouveau comité de rédaction et sa mise en tutelle par la création d’un conseil de direction chargé d’approuver les nouveaux membres.


« Toute notre histoire est là pour expliquer la progressive dégradation chez nous de la faculté de décider. Et la démission massive de ce qu'on appelle nos élites — professionnels, hommes d'affaires, « tuteurs » traditionnels qui furent depuis toujours dans la position de maîtres à penser — dit assez clairement le degré atteint par cette dégradation collective: ces « élites » n'ont plus de réflexes que j'appellerais communautaires; elles ne sont capables que de réflexes d'assimilés de l'esprit ou du portefeuille, de gens fondamentalement annexés déjà à un autre type de société et pour qui la communauté qui est la leur ne possède plus ce dynamisme — sur lequel, nous, nous continuons de compter — capable d'auto-définition et de décision dans l'élucidation des chemins de l'avenir. Notre faculté collective de décision est profondément atteinte — et de très loin en arrière. Sa restauration constitue l'enjeu d'un pari qui est loin d'être gagné. - René-Lévesque (entrevue), Juin 1970. »


[[ ??? En avril 1972, une loi spéciale force le retour au travail de quelque 210 000 employés de l’État québécois, en grève générale depuis dix jours. Les dirigeants syndicaux Louis Laberge (FTQ), Marcel Pepin (CSN) et Yvon Charbonneau (CEQ), qui recommandent de défier la loi, sont emprisonnés. Des débrayages et manifestations monstre éclatent partout au Québec, ce qui fera pencher le rapport de force du côté des syndiqués. Léa Roback, notamment, abordera ce conflit historique dans les pages de Relations. ]]

Des années 2000 à aujourd'hui

Dans les années 2000 et jusqu’à aujourd’hui, Relations continue d’être à l’avant-garde de l’analyse de la mondialisation capitaliste, qui entraîne de multiples crises, l’accroissement des inégalités, la marchandisation de tout et l’affaiblissement, voire le déni de la démocratie. Elle ose parler de la « classe des enrichis », fait connaître dès 2000 les méfaits des compagnies minières canadiennes dans le monde et son dossier « Les veines ouvertes de l’Afrique » (décembre 2006) sera rapidement épuisé.

Refusant le fatalisme et la pensée unique, la revue s’inscrit au cœur des résistances et de la recherche d’alternatives. Elle suit de près celles émanant des altermondialistes, de la Marche mondiale des femmes et des féministes croyantes, des mouvements sociaux du Québec et des peuples autochtones, entre autres.

Après le 11 septembre 2001, le monde est « Sur un pied de guerre » (dossier de février 2002). Un regard attentif sur la montée de la répression et du militarisme, sur l’impérialisme américain et les fondamentalismes s’impose. La revue accompagne aussi les réflexions qui traversent la société québécoise concernant l’islam, les nouvelles migrations, le racisme, les exigences du pluralisme et de la laïcité.

Mais jamais Relations ne perd de vue une autre guerre : celle que notre modèle civilisationnel – basé sur la surconsommation et l’idée d’une croissance infinie – mène contre la Terre. Elle amène ainsi ses lecteurs à réfléchir à la décroissance, aux impasses du progrès et aux façons solidaires d’inventer de nouveaux modèles ouvrant des chemins d’humanité.

Prix d'excellence

  • Prix d’excellence de l’Association des médias catholiques et œcuméniques (AMécO) pour le texte de Frédéric Barriault « Des sources chrétiennes aux luttes sociales », paru dans notre dossier sur la mémoire des luttes au Québec (no 796, juin 2018).
  • Prix Pierre-Vadeboncoeur 2016 : Mention spéciale du jury décernée à Jean-Claude Ravet, rédacteur en chef de Relations, pour son livre Le désert et l’oasis. Essais de résistance (Nota Bene, 2016).
  • Prix d’excellence 2016 de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP), catégorie portrait ou entrevue, nomination de « Mes langues à moi sont toutes mortes » de Rodney Saint-Eloy (no 778, juin 2015).
  • Prix Lyse-Daniels 2016, volet international, décerné par Impératif français
  • Prix d’excellence de l’Association des médias catholiques et œcuméniques (AMécO) pour le dossier « Fragments d’éphémère »] (no 779, août 2015)
  • Prix d’excellente de la SODEP 2014, catégorie création en prose, pour le texte « Sofialorène, si loin de la délivrance » de Marie-Célie Agnant et, dans la catégorie meilleur dossier ou reportage, nomination du dossier « La promesse du don » (no769, décembre 2013)
  • Prix d’excellence de la SODEP 2013, catégorie meilleur dossier ou reportage, pour le dossier « La mémoire vivante » (no 758, août 2012)
  • Prix d’excellence de la SODEP 2012, catégorie meilleur dossier ou reportage, pour le dossier « La force de l’indignation » (no 747, mars 2011)
  • S’ajoutent plusieurs nominations aux prix de la SODEP et d’autres prix décernés par l’AMÉCO (ex-ACPC) dans le passé.

Les rubriques

Aujourd'hui, la revue Relations se découpe de la façon suivante :

  • L’éditorial
  • Actualités: de courts articles et nouvelles brèves sur des sujets d’actualité
  • Espoir: une capsule sur des initiatives inspirantes
  • Débat: un espace de débat riche, loin du simple « pour ou contre », sur les enjeux de société
  • Dossier: un dossier thématique illustré par un artiste invité
  • Regard: des textes de fond variés couvrant des sujets hors dossier
  • Ailleurs: l'analyse d’enjeux méconnus ou occultés concernant la réalité d’un pays, d’une région
  • Questions de sens: des réflexions où le politique et le social rejoignent le spirituel, une ouverture à ce qui ébranle – avec Bernard Senécal (2019-2020) Dans le passé : Anne Fortin (2018-2019), Hélène Dorion et Guy Côté en alternance en 2016, suivis par Jean Bédard en 2017
  • Sur les pas d’Ignace (avant appelée Horizons): la voix de jésuites engagés dans le monde et de leur collaborateurs
  • Chronique littéraire ou poétique: une percée dans le monde d’un écrivain, mise en lumière par un artiste visuel – avec Violaine Forest, Benoit Aquin (2019-2020) Dans le passé : Olivia Tapiero, Léa Trudel (2018-2019), Denise Désautels, Sylvie Cotton (2017-2018), Rodney Saint-Éloi, Mance Lanctôt (2016-2017), Natasha Kanapé Fontaine, Fanny Aïshaa (2015-2016); Paul Chamberland, Christine Palmieri (2014-2015); Marie-Célie Agnant, Ronald Mevs (2013-2014); Virginia Pésémapéo Bordeleau (2012-2013); Suzanne Jacob, Marie Surprenant (2011-2012); Louise Warren, Sophie Lanctôt (2010-2011); Élise Turcotte, Chloé Surprenant (2009-2010); José Acquelin, Michel Depatie (2008-2009); Ying Chen, Zohar (2007-2008); Jean-Marc Desgent, René Lavoie (2006-2007); Pascale Quiviger (2005-2006); Jean-François Casabonne, Stéphanie Béliveau (2004-2005); Hélène Monette, Janice Nadeau (2003-2004); Hélène Dorion, Elmyna Bouchard (2002-2003); Wajdi Mouawad, Marc Séguin (2001-2002)
  • Recensions – livres et ressources documentaires
  • Le carnet: les réflexions d’une personnalité du monde des arts sur la vie, la culture et la société – Marie-Célie Agnant (2019-2020) Dans le passé : Marc Chabot (2018-2019), Robert Lalonde (2017-2018), Catherine Mavrikakis (2016-2017), Bernard Émond (2015-2016), Marie-Andrée Lamontagne (2014-2015), Naïm Kattan (2013-2014), José Acquelin (2012-2013), Wajdi Mouawad (2011-2012), Brigitte Haentjens (2010-2011), Bernard Émond (2009-2010)

70e et 75 anniversaire

Recueil des textes lus lors de la soirée soulignant le 70e anniversaire de la revue Relations le 14 mars 2011 au Gesù à Montréal :

  • Le mot du Provincial des jésuites du Canada français, Jean-Marc Biron, s.j.;
  • Le projet de Relations, par Jean-Claude Ravet;
  • De l’Affaire silicose à aujourd’hui, par Suzanne Clavette;
  • De l’Affaire silicose à aujourd’hui, par André Paradis;
  • L’engagement des chrétiens, par André Myre;
  • L’engagement des chrétiens, par Marco Veilleux;
  • La présence des femmes, par Albert Beaudry;
  • La présence des femmes, par Carolyn Sharp;
  • Le Québec cassé en deux, par Gisèle Turcot;
  • Le Québec cassé en deux, par Vivian Labrie;
  • Les arts et la culture, par Jean Pichette;
  • Les arts et la culture, par Catherine Caron.

Lien externe

  • Portail du Québec
  • Portail du Canada
  • Portail de la Compagnie de Jésus
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.