Rémi Brodard
Rémi Brodard, né à La Roche le , et décédé le [1], est une personnalité politique suisse, membre du parti démocrate-chrétien
Rémi Brodard | |
Portrait de Rémi Brodard | |
Fonctions | |
---|---|
Président des tribunaux de la Glâne et de la Veveyse | |
– | |
Préfet de la Glâne | |
– | |
Conseiller d'État fribourgeois | |
– | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | La Roche (Suisse) |
Date de décès | |
Nationalité | Suisse |
Parti politique | Parti démocrate-chrétien |
Conjoint | Michèle Dousse |
Diplômé de | Université de Fribourg |
Profession | Avocat |
Religion | Catholique |
Biographie
Cadet d’une fratrie de quatorze enfants, Rémi Brodard, originaire de La Roche et de Pont-la-Ville, dans le district de la Gruyère, naît le à La Roche. Il est de religion catholique. Son père, Albert, est agriculteur, sa mère, Marie, née Brodard, est maîtresse de maison. Il suit l'école primaire de La Roche puis entreprend des études secondaires au Collège Saint-Michel à Fribourg. Licencié en droit de l'université de Fribourg, il obtient son brevet d'avocat et ouvre une étude à Fribourg pour y pratiquer le barreau de 1957 à 1960.
Cette année-là, tournant capital de sa vie, il bifurque vers la magistrature : le Collège électoral (Conseil d’État et Tribunal cantonal réunis) le nomme à la fois juge d’instruction et président des Tribunaux de la Glâne et de la Veveyse. Nouvelle orientation encore en 1965 : le Conseil d’État le nomme préfet du district de la Glâne.
Dans l'exercice de ses fonctions préfectorales, Rémi Brodard s'est basé sur loi cantonale sur les auberges pour emprisonner des personnes au pénitencier de Bellechasse. Il s’agissait d'internements administratifs de jeunes et d'adultes pour des raisons d'inconduite ou de fainéantise qui, selon lui, « compromettent par ce fait même la santé et la sécurité du public »[2]. Ces personnes font partie des 60 000 victimes emprisonnées sans jugement et sur la seule décision d'autorités communales et cantonales entre la seconde moitié du XIXe siècle et 1981, date de la suppression de l'internement administratif en Suisse. Ces victimes ont reçu, lors d'une cérémonie officielle en 2013 les excuses de la Confédération. Une loi fédérale a été adoptée en 2016 en vue de la création d'un fonds de réparations pour les victimes d'internements[3]
Candidat à 44 ans sur la liste démocrate-chrétienne lors des élections fort disputées au Conseil d’État de 1971, il est élu au deuxième tour. Durant deux législatures, soit jusqu'au , il est chargé de la Direction de la Justice, des Communes et des Paroisses, puis dès le de celle de la Justice, de la Police et des Affaires militaires. Il préside le Conseil d’État en 1977 et en 1984, année où il reçoit le pape Jean Paul II en visite en Suisse.[4]
En 1986, il brigue un quatrième mandat : doyen de fonction du Gouvernement, il n’a que 59 ans et se sent « physiquement et psychiquement en forme ». Mais, arrivé en quatrième position sur la liste PDC lors du premier tour de scrutin, il renonce à se présenter au deuxième. En effet, depuis 1981, le « grand vieux parti » pratique la « proportionnelle de fait », selon la formule 3 PDC + 2 PRD + 2 PS. Il déclare "je souhaite à mon successeur une moisson abondante de fruits déjà mûrs, parce que mûrement réfléchis avec l'aboutissement d'importants projets législatifs".
De 1972 à 1986, les deux Directions placées successivement sous l’autorité de Rémi Brodard élaborent trente-sept projets de lois d’importance diverse. Cette fructueuse activité est marquée de trois échecs. Le , l’importante loi de 1973 sur les fusions obligatoires de communes est rejetée par le peuple. Ce dernier ne lui en tient pas rigueur : en 1976, il est seul élu au premier tour et, en 1981, il sort en tête au deuxième. Au demeurant, onze décrets de fusion de communes sont pris de 1972 à 1986.
Si sa seconde législature (1976–1981) est un « sans-faute », la troisième et dernière (1981–1986) est marquée par un double revers. Le , le peuple rejette la loi de 1983 sur les armes et les munitions, combattue par le puissant lobby des tireurs. Le , il repousse la loi de 1985 concernant les rapports entre les Églises et l’État, contestée par divers milieux aussi bien ecclésiastiques que laïcs.
On retient, dans l’activité du conseiller d’État, une loi sur le Recueil systématique de la législation fribourgeoise (1984). A mentionner aussi, dans l’ordre chronologique, les lois suivantes : la juridiction pénale des mineurs (1973), la profession d’avocat (1977), les communes (1980), l’expropriation (1984), l’état civil (1986), le contrôle des habitants (1986), la responsabilité civile des collectivités publiques et de leurs agents (1986), enfin l’épuration de la législation fribourgeoise, aux termes de laquelle quelque 800 lois devenues obsolètes sont abrogées (1986).
Sont également menées à bien les transformations du pénitencier de Bellechasse, ainsi que la construction d’une vaste annexe (ateliers). Rémi Brodard entend, selon ses propres termes : « développer les liens de confiance entre la police et la population ».
Résolu, décidé, il mène son action politique en se référant à des valeurs dont la nécessité est, consciemment ou non, unanimement exigée: l'ordre, la fermeté, guidées par la compréhension des hommes et des choses, quel que soit le regard qu'ils requièrent.
Enfin, sur le plan administratif, Rémi Brodard préside – tâche accaparante – trois commissions : celle des sanctions de la Centrale cantonale d’économie laitière, celle d’arbitrage en matière d’améliorations foncières et celle d’arbitrage en matière de remaniements parcellaires urbains.
En 1987, après la fin de son activité gouvernementale, Rémi Brodard, 60 ans, rouvre son étude d’avocat en ville de Fribourg, à laquelle il joint le notariat. En compagnie de son épouse Michèle, née Dousse, il réside aujourd'hui à Villars-sur-Glâne. Le couple a eu trois enfants.
Il a rempli, en accord avec ses convictions religieuses et sociales, plusieurs mandats, telle la présidence de l’Association des amis de la Fille-Dieu, à laquelle on doit l’important soutien financier à la restauration de l’église abbatiale en son état originel. A témoin également la présidence, de 2000 à 2010, du Conseil de fondation de la Villa Beausite, home pour personnes âgées.
Sources et références
- « L'ancien conseiller d'Etat fribourgeois Rémi Brodard est décédé », sur rts.ch,
- Reportage de la Télévision suisse romande "Les barreaux de la honte" de Temps Présent, 9 min 45 s — 11 min 55 s
- Le processus de réhabilitation des victimes d’internements forcés ne fait que commencer, selon les experts, 2 septembre 2019, Le Temps.
- Marianne Rolle, « Brodard, Rémi » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Georges Andrey, John Clerc, Jean-Pierre Dorand et Nicolas Gex, Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011 : son histoire, son organisation, ses membres, Fribourg, Éditions La Sarine, (ISBN 978-2-88355-153-4)
- Tracts électoraux du PDC
- Annuaire officiel
- Ces hommes que nous avons élus, (ouvrage à propos des élections)
- La Liberté (divers numéros en nov.-déc.1986 au moment de son échec et de son retrait)
- La Liberté du .
- Portail de la politique suisse
- Portail du canton de Fribourg