Psautier Chludov

Le Psautier Chludov (Moscou, Hist. Mus. MS. D.29) - en transcription française Khloudov - est un psautier enluminé à illustrations marginales du milieu du IXe siècle dénonçant l'iconoclasme. Témoignage unique de l'art byzantin de l'époque dénonçant l'iconoclasme[1], c'est l'un des trois seuls psautiers enluminés byzantins à survivre au IXe siècle.

Le Psautier Chludov

Selon une tradition, les miniatures auraient été créées clandestinement et plusieurs d'entre elles sont des caricatures des iconoclastes. Le style polémiste de l'ensemble est très inhabituel et est une démonstration de la passion que la dispute iconoclaste a générée.

Description

Le psautier, en langue grecque, mesure 195 mm sur 150 mm et contient 169 folios. Les marges, habituellement laissées en blanc, sont couvertes d'illustrations. Le texte et ses légendes sont écrits en onciale, mais beaucoup de ces dernières ont été réécrites en minuscule rudimentaire près de trois siècles plus tard. Le livre contient le Livre des Psaumes dans l'agencement de la Septante et les répons à chanter lors de sa récitation, conformément à la liturgie de Sainte-Sophie, l'église impériale de Constantinople.

Il contient un ensemble de 225 miniatures, des illustrations qui occupent la partie basse ou la marge latérale, dans quelques cas la marge supérieure. Elles associent aux versets des psaumes des épisodes de l'Ancien ou du Nouveau Testament[1]. Beaucoup de ces miniatures comportent des dessins commentés (le commentaire étant écrit juste à côté). Des petites flèches relient le texte principal et l'enluminure afin de montrer la ligne qui fait référence à l'image.

Folio 67 du psautier

Sur le folio 67, le Christ est vêtu d'un colombium sans manches, il a les yeux clos et la tête inclinée vers son épaule droite[1]. Le miniaturiste illustre la ligne « ils m'ont donné du fiel à manger, et lorsque j'ai eu soif, ils m'ont donné du vinaigre à boire » (Ps. LXVIII, 22.) avec un dessin d'un soldat offrant au Christ du vinaigre sur une éponge attachée à une lance. À côté, se trouve un dessin représentant le dernier patriarche iconoclaste de Constantinople, Jean VII le Grammairien frotter une icône du Christ avec une éponge attachée à un lance. Jean est caricaturé, ici comme sur d'autres pages, avec des cheveux en désordre partant dans toutes les directions, ce qui marquait le ridicule dans l'esthétique byzantine.

Dans la miniature du Folio 72v, le Christ est vêtu seulement d'un pagne qui lui couvre les reins ; le sang qui jaillit de son côté est plus abondant que dans les images précédentes. On y voit Marie et Jean qui n'apparaissent pas dans les autres scènes[1].

Historique

Nicodème Pavlovitch Kondakov, l'historien russe, a émis l'hypothèse que le psautier a été créé dans le célèbre monastère du Stoudion à Constantinople. D'autres chercheurs pensent que les répons liturgiques qu'il contient ont été uniquement utilisés à Sainte Sophie et qu'il est donc un produit des ateliers impériaux de Constantinople, peu après le retour des iconophiles au pouvoir en 843[2]. Il est conservé au Mont Athos jusqu'à 1847, quand un savant russe l'emporte à Moscou.

Le psautier est ensuite acquis par Alexeï Khloudov, un commerçant moscovite du XIXe siècle, dont il porte le nom aujourd'hui.

Il fait partie du legs Khloudov au monastère du Cimetière de Preobrajenskoïe, puis au musée historique d'État (Moscou, Hist. Mus. MS. gr.129d).

Postérité

Plusieurs manuscrits sont produits dans le même monastère, dont les décorations sont inspirées du psautier Chludov : c'est le cas du psautier de Théodore, achevé en 1066 au monastère Stoudion[3].

Références

  1. François Boespflug, La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Montrouge, Bayard Editions, , 559 p. (ISBN 978-2-227-49502-9), p. 80
  2. N. Malitzki: Le psautier byzantin à illustrations marginales du type Chludov est-il de provenance monastique?“ L’art byzantin chez le slaves, II. Paris 1932, 235–243.
  3. (en) Helen C. Evans et William D. Wixom, The Glory of Byzantium : Art and Culture of the Middle Byzantine Era, A.D. 843-1261, New York, Metropolitan Museum of Art, , 574 p. (ISBN 978-0-87099-777-8, lire en ligne), p. 98-99

Voir aussi

Bibliographie

  • Carlo Bertelli, « Pour une évaluation positive de la crise iconoclaste byzantine », Revue de l'Art, no 1, , p. 9-16 (DOI 10.3406/rvart.1988.347702, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Robin Cormack, Writing in Gold, Byzantine Society and its Icons, Londres, George Philip, , 1re éd., 270 p. (ISBN 978-0-540-01085-1)
  • A. Frolow, « La fin de la querelle iconoclaste et la date des plus anciens psautiers grecs à illustrations marginales », Revue de l'histoire des religions, t. 163, no 2, , p. 201-223 (DOI 10.3406/rhr.1963.7955, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Helen C. Evans et William D. Wixom, The Glory of Byzantium : Art and Culture of the Middle Byzantine Era, A.D. 843-1261, New York, Metropolitan Museum of Art, , 574 p. (ISBN 978-0-87099-777-8, lire en ligne), p. 97-98 (notice 52)

Article connexe

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